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La doctrine Monroe après la fin de la bipolarisation


par Gautier DE CHANTERAC
Université de Toulon - Master 2 Droit public parcours sécurité défense 2017
  

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A. Le Secure Fence Act

Le problème migratoire était perçu comme un danger pour l'administration Républicaine. Le Secure Fence Act traduisait une volonté isolationniste et un traitement dur du problème migratoire.

Le 26 octobre 2006 Bush, signa la loi sur la sécurité des clôtures en déclarant : « Ce projet de loi aidera à protéger le peuple américain. Ce projet de loi rendra nos frontières plus sécurisées. C'est une étape importante vers la réforme de l'immigration. »55(*)

Cette loi fût également votée par Obama et Hilary Clinton. En matière de politique étrangère, les deux partis se rejoignent.

Cette loi prévoyait la construction d'une barrière longue de mille cent kilomètres pour séparer les Etats-Unis du Mexique. Le but était de lutter contre l'immigration clandestine, le trafic de drogue et le terrorisme.

Le problème de l'immigration clandestine le long de la frontière américano-mexicaine remonte à 1965 et à la suppression des autorisations de travail temporaire pour les paysans mexicains. Cette suppression changea la donne et fît croître le nombre de migrants illégaux. Emergea alors la question de l'immigration clandestine et avec elle, les mesures mises en place par les Etats-Unis pour tenter de la freiner.

Dans les années 1980-1990, le nombre d'immigrants en provenance du Mexique augmenta nettement aux Etats-Unis ; par exemple, en 1992 le nombre de clandestins arrêtés et emprisonnés s'éleva à un million. Si bien qu'à la fin des années 1980, le contrôle frontalier s'accentua encore par la construction de pans de mur en tôles métalliques.

Georges Bush en tant qu'ancien gouverneur du Texas, connaissait l'importance grandissante de la communauté hispanique aux Etats-Unis (la population hispanique présente sur le sol américain en 2006 était de quarante-trois millions d'individus, dont 65,5 % de Mexicains.) et envisageait une ouverture plus importante des flux migratoires en provenance du Mexique. Mais les évènements terroristes du onze septembres survinrent et la politique d'ouverture vers l'Amérique latine fût reconsidérée.

La Fence Act suscita des réactions virulentes de la part de l'ensemble de l'Amérique latine et même de la Colombie et du Chili ses plus fidèles alliés.

Ainsi lors du sommet Ibéro-américain du 3 novembre 2006 à Montevideo, les vingt-deux ministres des affaires étrangères déclarèrent :

«Convinced that cooperation and dialogue should prevail in order to find just and balanced solutions to the phenomenon of international migration, the heads of state and governments of the Ibero-American countries consider that constructing walls is a practice that is incompatible with friendly relations and cooperation among states. The construction of walls doesn't stop undocumented migration nor the trafficking of migrants... it incites discrimination and xenophobia and favors the formation of trafficking groups that endanger people... We express our profound concern at the decision adopted by the United States government to build a wall on its border with Mexico, which constitutes a unilateral measure contrary to the spirit of understanding that ought to characterize attention to common problems between neighboring countries...» 56(*)

Michelle Bachelet n'approuvait pas cette loi

"As a country, we join in the serious questioning of the construction of walls to address migration" Chilean President Michelle Bachelet 57(*)

«President Bachelet Attends 16th

Ibero-American Leaders' Summit, Presidency of the Republic of Chile.

Même le plus fidèle allié désapprouvait cette politique.

«When my generation was studying at university, we felt sad that it seemed unthinkable that the Berlin Wall would fall, and when it fell we were very happy; at that moment, we thought that the world would never again have these walls»

La réaction la plus virulente fût celle du président Calderon.

«It is a deplorable decision by the Congress and the United States to go forward with the decision

to build a wall. Nothing is solved by this»

Devant l'isolationnisme américain, le Brésil devînt une puissance régionale sous l'égide de LuizInácio Lula da Silva.

B. L'émergence du Brésil

Le Brésil ne cachait pas ses ambitions et aspirait à devenir une puissance régionale et internationale. Conscient de ses atouts (ressources naturelles et système institutionnel stabilisé), il mettait en avant ses attributs de puissance.

Sa volonté d'acquérir une place au Conseil de sécurité des Nations Unies et la mise à jour de sa doctrine nationale de dissuasion, destinée à renforcer son industrie de défense et à renouveler l'équipement de son armée témoignaient de cette volonté.

Stuart Grudgings étaye parfaitement cette montée en puissance.

« L'attribution, vendredi 2 octobre, des Jeux olympiques d'été 2016 à Rio de Janeiro consacre la rapide montée en puissance du Brésil. Tout comme les JO 2008 de Pékin marquaient l'entrée de la Chine sur la scène internationale en tant que puissance mondiale, ceux de 2016 à Rio sont le symbole de l'émergence du Brésil sous la houlette de Luiz Inacio Lula da Silva, premier président du pays issu de la classe ouvrière. Son arrivée au pouvoir, en 2002, a coïncidé avec le début d'un boom économique qui a sorti des millions de ses concitoyens de la pauvreté et a fait de lui l'un des chefs d'Etat les plus populaires au monde. La crise financière mondiale n'a pas réussi à renverser longtemps la tendance et l'économie brésilienne est sortie rapidement de la récession pour renouer cette année avec la croissance. »58(*)

Alain Rouqué souligne le potentiel économique du Brésil.

« Aucun pays sur le sous-continent Amérique du Sud n'a les capacités, les moyens, la richesse du Brésil. Fort de ses 8,5 millions de kilomètres carrés et de ses 190 millions d'habitants, le Brésil est à la fois un grand producteur de produits agricoles et un pays industrialisé. Le premier exportateur du Brésil est Embraer, quatrième avionneur mondial. Évidemment, le Brésil est premier pour le jus d'orange, premier pour le café et dans maints autres domaines. Il est très difficile à d'autres pays d'Amérique du sud de rivaliser avec ce pays qui représente 50% du PIB de l'Amérique du sud. Le PIB de São Paulo est à peu près égal au PIB de l'Argentine ! L'Argentine a d'autres capacités, dans le domaine intellectuel, dans le domaine de la formation des élites, mais il est très difficile d'équilibrer le poids du Brésil »59(*).

Le sociologue Laurent Delcourt souligne l'émergence de son rôle de leader régional et son émancipation vis-à-vis des entre Etats-Unis.

« Fort de son rôle de leader en Amérique latine, considéré comme « naturel », le Brésil de Lula se posera enfin en garant de l'unité régionale, de l'intégrité territoriale et de la démocratie. Aussi, relancera-t-il le processus d'intégration régionale (Mercosur), jouera-t-il le rôle d'arbitre dans plusieurs pays de la région (Venezuela, Bolivie) en proie à des conflits internes, et condamnera-t-il de manière virulente le coup d'Etat du 28 juin 2009 au Honduras, quitte à entamer un bras de fer avec Washington, tout ceci en dépit d'un principe jusqu'alors sacré de non intervention de sa politique extérieure. Malgré d'inévitables tensions et la méfiance de ses voisins, lesquels le soupçonnent de poursuivre un projet de domination, le Brésil de Lula s'est finalement révélé être un allié de poids pour les autres régimes de gauche latino-américains. » 60(*)

Le Brésil de Lula n'était plus le relais de la puissance américaine en Amérique du Sud mais un acteur émergeant dans la diplomatie mondiale (coopération avec l'Inde, l'Afrique du Sud et relations avec l'Iran).

Mais, en dépit de ses récents succès économiques, le pays demeurait fragile économiquement car les inégalités sociales persistaient. La crise Argentine de 2002 reflète là aussi le peu d'intérêt pour la région de l'administration Bush.

C. L'abandon de l'Argentine.

En appliquant à l'extrême et sans véritable fil conducteur une politique ultra libérale, l'Argentine fît faillite en 2002.Les États-Unis n'intervinrent pas et le FMI prît le relais61(*).

L'Argentine était pourtant un fidèle allié dans la région. Instaurer par la force la démocratie en Irak et en Afghanistan était beaucoup plus important que de sauver un allié.

La « dynastie Kirchner » n'oublia pas et l'Argentine se détourna pour un temps de l'influence américaine et refusa de rembourser les prêteurs américains.

La crise argentine amena le FMI à reconsidérer le bien fondé des politiques économiques ultra libérales.

La politique étrangère américaine était donc tournée vers le Moyen Orient ce qui explique le faible intérêt de l'Administration Bush pour l'Amérique latine.

Toutefois, la présence Américaine demeurait grâce à la « guerre contre la drogue » et la fin du second mandat de Bush vît un regain d'intérêt pour la région.

* 55 «The bill I'm about to sign is an important step in our nation's efforts to secure our border and reform our immigration system.»

https://georgewbush-whitehouse.archives.gov/news/releases/2006/10/20061026.html

* 56« Convaincu que la coopération et le dialogue devraient prévaloir afin de trouver des solutions justes et équilibrées au phénomène de la migration internationale, les chefs d'Etat et des gouvernements des pays ibéro-américains considèrent que construire des murs est une pratique incompatible avec des relations amicales et une coopération entre les États. La construction des murs n'arrête pas les migrations illégales ni la traite des migrants ... elle incite à la discrimination et à la xénophobie et favorise la formation de mafias qui mettent en danger les gens ... Nous exprimons notre profonde préoccupation devant la décision adoptée par le gouvernement des États-Unis de construire un mur à la frontière américano-mexicaine, qui constitue une mesure unilatérale contraire à l'esprit d'attention et de compréhension que l'on doit avoir entre voisins confrontés à un problème. »

Declaration signed by 22 foreign ministers at the Iberoamerican Presidential Summit Montevideo, Uruguay, Nov. 3, 2006, Latin America News & Views An occasional series of viewpoints from the Latin American press

* 57« En tant que pays, nous nous joignons à la perplexité générale sur le bien-fondé de la construction d'un mur pour répondre au problème migratoire. »

Latin America News & Views An occasional series of viewpoints from the Latin American press

* 58 Stuart Grudgings, agence Reuters, samedi 3 octobre 2009, traduit en français par Nicole Dupont, repris sur le site http://www.nationlatina.com

* 59 Intervention d'Alain Rouquié, Politologue, ancien ambassadeur au Brésil et président de la Maison de l'Amérique latine, Colloque du 14 décembre 2009 : « L'Amérique latine en mouvement ».

* 60 LAURENT DELCOURT, Sociologue et historien, chercheur au Centre tricontinental

* ANNEXE 61

« 23 décembre 2001 : quand l'Argentine fit défaut sur sa dette.

Quand l'Argentine s'est déclarée en défaut de paiement sur 100 milliards de dollars de dette à la veille de Noël 2001, le 23 décembre, le pays était en effervescence. Après la répression sanglante de manifestations populaires, le président Fernando De La Rua (1999-2001) avait fui en hélicoptère le palais présidentiel assailli par les manifestants. Quelques semaines plus tôt, des restrictions aux retraits bancaires avaient mis le feu aux poudres, affectant notamment la classe moyenne, qui s'était mobilisée lors de concerts de casseroles. Le chômage était de 20% et le taux de pauvreté avait passé la barre des 50%.

La troisième économie d'Amérique latine avait contracté une dette colossale, notamment durant la dictature des généraux (1976-1983), pour acheter du matériel militaire, et durant les années 1990 pour financer l'alignement à parité du peso argentin sur le dollar, un mécanisme qui voulait enrayer 40 ans d'inflation. Des mois avant le défaut argentin, marchés et observateurs avisés avaient compris que l'Argentine était au bord de l'abîme, en raison "d'une longue récession (3 ans), d'un fort déficit budgétaire, de la parité peso-dollar et de programmes d'ajustements absurdes", énumère l'ex-ministre de l'Économie (2002-2005) Roberto Lavagna.

En 2001 et 2002, avant et après le défaut, de nombreuses entreprises ont fermé, le chômage a bondi et la dévaluation a lourdement amputé le pouvoir d'achat de la population. Après le défaut, une grande instabilité politique a fragilisé le pays : en l'espace d'une semaine, cinq présidents ont défilé au palais présidentiel.
Grâce notamment à une agriculture tournée vers l'exportation permettant d'engranger des devises, le pays sud-américain a pu remonter la pente. Fin 2002, le cycle de récession a été stoppé et des entreprises fermées un an ou deux ans plus tôt, ont rouvert, redonnant un élan à l'économie.

Pour rembourser, il faut de la croissance

L'Argentine doit d'abord retrouver la croissance avant de pouvoir rembourser sa dette, renaître de ses cendres, tel le Phénix. "Nous allons faire avec les moyens du bord", avait prévenu l'économiste du Plan Phénix Aldo Ferrer, l'oeil rivé sur le cours des matières premières agricoles, qui allaient exploser.

En 2003, le gouverneur méconnu d'une province dépeuplée de Patagonie, Nestor Kirchner, était élu président, adoptant une posture audacieuse face aux créanciers, pour régler la question de la dette, restée en suspens depuis fin 2001. "Jamais personne n'a jamais réussi à faire payer une dette à un mort", a-t-il alors lancé à la tribune de l'Onu. Kirchner accuse le FMI d'avoir précipité la perte de l'Argentine en soutenant les politiques libérales des présidents Carlos Menem (1989-1999) et De La Rua. »

http://www.latribune.fr/economie/international/23-decembre-2001-quand-l-argentine-fit-defaut-sur-sa-dette-485901.html

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle