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La doctrine Monroe après la fin de la bipolarisation


par Gautier DE CHANTERAC
Université de Toulon - Master 2 Droit public parcours sécurité défense 2017
  

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B.L'Equateur.

Rafael Correa arriva au pouvoir le 15 janvier 2007.Cet économiste était opposé aux politiques d'austérité et grâce là aussi aux revenus du pétrole, celui-ci lança une politique de relance par une réhabilitation des infrastructures et une augmentation du salaire minimum.

De surcroît,Il entendait redonner le « pouvoir au peuple », qui approuva en 2008 la rédaction d'une nouvelle constitution46(*).

Durant sa présidence, Il refuse systématiquement les programmes d'ajustement structurel (mesures d'austérité) imposés par le FMI.

La grande mesure de sa présidence fût l'audit de la dette publique équatorienne. Il créa en 2007 la commission pour l'audit intégral de l'endettement public, qui jugea illégitime la totalité de la dette publique. Le président Correa refusa alors d'en payer la majeure partie, ce qui vaudrait à l'Equateur de ne plus pouvoir avoir recours au marché international, et de se replier sur des financements plus régionaux, notamment à travers la banque du Sud47(*).

Correa appliquait le programme que n'avait jamais pu faire Allende : un socialisme progressiste.

Son refus de renouveler la concession de la base antidrogue de Manta montrait la perte d'influence des Etats-Unis et sa défiance vis-à-vis de l'administration Bush puis Obama.

Sylvain48(*) Biville49(*) illustre bien l'importance des répercussions engendrées par cette décision. Les Etats-Unis allaient devoir redéfinir leur stratégie dans la guerre contre la drogue.

La Colombie restait le seul allié des Etats-Unis dans la région Andine.

La géopolitique latino-américaine avait changé en une décennie. Un bloc hostile aux Etats-Unis, mené par le Venezuela, l'équateur et la Bolivie remettait ouvertement en cause l'hégémonie politique et économique des Etats-Unis.

C. La Bolivie

nationalisation 

Evo Morales devînt président le 22 janvier 2006. Le  1er mai  2006, le président annonça par décret la nationalisation des hydrocarbures et la renégociation de tous les contrats des entreprises étrangères dans un délai de 180 jours.

L'objectif était que 82 % des revenus des hydrocarbures soient réservés à l'Etat. De plus, comme Correa, il augmenta le salaire minimum et lança une grande campagne d'alphabétisation.

Morales se dressa contre la politique américaine de lutte contre la drogue.

Il pensait que sous couvert de cette lutte, les Etats-Unis installaient des bases en Amérique latine pour asseoir leur hégémonie. Morales autorisa la culture de la coca 50(*)et décida de se passer de l'aide des Etats-Unis en matière de lutte contre la production de cocaïne.

L'administration Bush se contentera de soutenir et de peut-être financer51(*) les velléités séparatistes des provinces de l'Est. En d'autres temps, le gouvernement Morales aurait été renversé mais l'administration Bush était engluée en Irak et en Afghanistan. La stratégie était la même que pour le Venezuela : isoler diplomatiquement le pays et mener une guerre économique.

En 2008 l'Est du pays riche en minerais et gaz tenta de faire sécession. L'administration Bush soutînt timidement cette tentative. A la différence de la guerre froide qui avait laissé très peu de chance à Allende et sa transition vers un socialisme « doux », Morales sortît renforcé par cette crise. La priorité n'était plus l'Amérique latine.

Lamia Oualalou52(*) illustre parfaitement la division du pays en deux entités antagonistes53(*).

Morales avec l'appui du Brésil et du Venezuela surmonta le conflit. L'intervention de puissances régionales indique la baisse d'influence américaine.

Le  10 septembre  2008, le président Morales expulsa l'ambassadeur des États-Unis  Philip Goldberg qu'il accusait d'alimenter le séparatisme en Bolivie.

Le  1er novembre  2008, il rompît sa collaboration avec la Drug Enforcement, l'accusant d'espionner le gouvernement.

L'administration Bush en représailles demanda au Congrès de retirer à la Bolivie le bénéfice de l' Andean Trade Promotion and Drug Eradication Act54(*) , décision qui affecta l'économie bolivienne.

L'émergence de puissances régionales d'obédience socialiste est une des caractéristiques de la présidence Bush. Les attentats du 11 septembre 2001 ont engendré un mouvement de repli sur soi et de durcissement de la politique migratoire des États-Unis.

§2. Retour à une politique isolationniste

La ratification du Secure Fence Act traduit bien l'esprit de retrait des Etats-Unis de l'après 11 septembre.

* 46 Le projet comportait, entre autres, les propositions suivantes :

· le droit de tous aux soins médicaux, à la nourriture, à la sécurité sociale et à l'éducation ;

· la gratuité des soins pour les personnes âgées ;

· le renforcement du contrôle de l'État sur les ressources essentielles, tels le pétrole et les minerais ;

· la possibilité d'exproprier et de redistribuer les terres arables inusitées ;

· la légalisation des mariages homosexuels ;

· la possibilité pour le président de se présenter pour un second mandat

* 47Article du Monde du 10 décembre 2007 : 
«  La Banque du Sud, qui se veut une riposte latino-américaine au Fonds monétaire ' international (FMI), a été lancée, dimanche soir 9 décembre, à Buenos Aires, au cours d'une cérémonie à laquelle participaient six des sept présidents des pays d'Amérique du Sud impliqués dans ce ' projet : le ' Venezuela, le ' Brésil, la ' Bolivie, l'' Equateur, l'' Argentine, l'' Uruguay et le ' Paraguay. "Cette banque doit être le premier pas vers une monnaie commune à l'Amérique du Sud", a déclaré au cours de la cérémonie le président bolivien, Evo Morales. Cette banque régionale, dotée au départ d'un capital de 7 milliards de dollars (4,8 milliards d'euros), a pour vocation, a expliqué le président brésilien, Luis Inacio Lula da Silva, de "financer des projets dans des secteurs-clés de l'économie, comme les infrastructures, la science et la technologie, et pour la réduction des inégalitésdans la région".

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2007/12/10/sept-pays-latino-americains-lancent-officiellement-la-banque-du-sud

* 48 Journaliste, directeur France de Crisis Action

* https://greatspeeches.wordpress.com

ANNEXE49

« Les Etats-Unis se retirent de Manta, dernière base américaine en Amérique du Sud

par Sylvain Biville

Article publié le 17/07/2009 

L'armée américaine a commencé vendredi l'évacuation de sa base aérienne de Manta, en Equateur. Ce retrait fait suite à la décision du président équatorien Raphaël Correa de fermer l'installation, considérée par Washington comme stratégique dans la lutte anti-drogue. La fermeture de Manta va contraindre les Etats-Unis à revoir leur présence militaire en Amérique latine.

Membres de la patrouille de l'US Air Force sur le tarmac de la base militaire de Manta en Equateur, le 23 Octobre 2008.
(Photo : AFP)

« Tout homme politique latino-américain qui accepte une base militaire nord-américaine est un traître à son pays, un traître à sa patrie », a lancé jeudi à La Paz le président bolivien Evo Morales, entouré de ses homologues vénézuélien Hugo Chavez et équatorien Rafael Correa. La déclaration de l'un des chefs de file de la gauche radicale latino-américaine vient à point nommé, alors que débute ce vendredi le démantèlement de la base militaire de Manta, sur la côte pacifique de l'Equateur.

A quoi servait la base militaire américaine de Manta ?

Manta était une base stratégique pour les Etats-Unis dans la lutte contre le trafic de drogue. Relativement récente, elle a été créée en 1999. Ce n'est pas une base traditionnelle, du type de celles que les Etats-Unis ont installé en Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec des milliers de soldats stationnés en permanence. Manta est un « poste avancé » - pour reprendre la terminologie du Pentagone -, rattaché au Commandement Sud (USSOUTHCOM), basé à Miami en Floride.

D'une capacité maximale de 400 hommes, Manta servait surtout de piste d'envol et d'atterrissage pour les avions de renseignement américains, chargés de traquer les mouvements de drogue dans la région. Sa position idéale permettait de couvrir aisément les principales zones de production de la cocaïne, en Colombie, au Pérou, et en Bolivie. Il existe deux autres bases du même type dans la région : au Salvador (Amérique centrale) et à Curaçao, île néerlandaise des Caraïbes. Les Etats-Unis estiment que les renseignements recueillis grâce à ces trois « postes avancés » ont permis la saisie de 1 600 tonnes de drogue ces dix dernières années.

Les Etats-Unis évacuent leur base militaire de Manta en Equateur.
(Carte : L. Mouaoued/RFI)

Pourquoi la base américaine de Manta doit-elle fermer aujourd'hui ?

Les autorités équatoriennes ont décidé de ne pas renouveler le bail de 10 ans, signé en 1999 entre Washington et Quito, qui expire en novembre 2009. C'était une promesse de campagne de Rafael Correa, avant même son élection à la présidence équatorienne en 2006. Une fois au pouvoir, il en a fait une question de principe, en parlant même de « bouter les `gringos' hors du pays ». Il a même fait inscrire dans la nouvelle Constitution du pays, approuvée par referendum en septembre 2008, l'interdiction de toute présence militaire étrangère permanente sur le sol national.

La fermeture de la base est acquise depuis un an et demi. C'est sa mise en oeuvre qui débute aujourd'hui. La fermeture sera définitive en septembre.

Le débat idéologique autour de Manta

La décision de fermer la base américaine de Manta est éminemment politique. Rafaël Correa en a fait une question de souveraineté nationale, en accusant les Etats-Unis d'avoir utilisé la base pour autre chose que la lutte anti-drogue. Il affirme notamment que ce sont des informations recueillies par les avions espions américains de Manta qui ont permis à l'armée colombienne de mener le raid du 1er mars 2008 en territoire équatorien contre les FARC, qui a coûté la vie à Raul Reyes, numéro deux des FARC. « Il ne fait aucun doute que l'armée colombienne a bénéficié de la surveillance aérienne et des radars des avions américains stationnés à Manta », confirme Larry Birns, directeur du  Council of HemisphericalAffairs, organisme basé à Washington, spécialisé dans les relations entre les Etats-Unis et l'Amérique latine.

Face aux critiques, les autorités américaines défendent l'utilité de la base de Manta. Ils assurent avoir injecté annuellement, ces dix dernières années, 6,5 millions de dollars dans l'économie locale. Ils vantent le soutien financier apporté à plusieurs organisations caritatives locales, à des écoles et des orphelinats. Plus largement, ils assurent que la base a joué un rôle stratégique dans la lutte contre le trafic de drogue et donc dans la protection des populations de la région, y compris des Equatoriens. « Manta ne menace la souveraineté d'aucun pays », assure l'ambassadeur Jeffrey Davidow, conseiller de Barack Obama pour le sommet des Amériques de Trinidad et Tobago en avril dernier et président de  l'Institute of the Americas, basé à La Jolla en Californie.

Comment le départ des militaires américains est-il perçu à Manta ?

En Equateur, le début du démantèlement de la base militaire de Manta suscite peu de commentaires  (Voir la revue de presse des Amériques de Michèle Gayral). A Manta même, cela fait longtemps que la population s'était désintéressée du sort des soldats américains, qui vivaient en cercle fermé sur les 27 hectares qui leur avaient été concédés. « La base s'en va et ici, personne n'en parle », note Christophe Moreau, un Français installé à Manta, où il dirige Oro Verde, principal établissement de la ville.


Les Américains vont-ils chercher à remplacer la base de Manta ?

A partir de ce vendredi, plus aucun vol de renseignements ne pourra être effectué par des appareils américains à partir de la base de Manta. Mais les Etats-Unis ont déjà trouvé une solution de remplacement. Adieu l'Equateur, vive la Colombie ! Le ministre colombien de la Défense a annoncé cette semaine un accord de principe sur la possibilité pour les avions américains chargés de la lutte anti-drogue d'opérer à partir de bases aériennes en Colombie. « Il n'y aura depuis la Colombie aucune opération impliquant une projection de forces vers une autre nation », a précisé le général Freddy Parilla de Leon, pour rassurer les voisins vénézuélien et équatorien. Le chef de la diplomatie colombienne a quant à lui insisté sur le respect de la souveraineté nationale, les bases restant sous commandement colombien, contrairement à Manta. Les Etats-Unis pourraient en tous cas gagner au change dans ce redéploiement de leurs activités de l'Equateur vers la Colombie, puisque Bogota s'apprête à accepter la présence de 800 soldats américains sur leur sol, contre moitié moins à Manta. » http://www1.rfi.fr/actufr/articles/115/article_82802.asp

* 50 http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/04/13/la-bolivie-lutte-contre-la-cocaine-mais-defend-la-coca_4614850_3244.html

* 51 Le ministre bolivien de gouvernement, Carlos Romero, a signalé que des documents révélés par Wikileaks, ont démontré l'ingérence des États-Unis dans les affaires internes du pays andin dans la période 2006-2008.

* 52Lamia Oualalou journaliste basée à Rio, elle collabore régulièrement à Mediapart et au Figaro.

* ANNEXE 53

« Le conflit en Bolivie préoccupe ses voisins

L'état de siège est déclaré dans la région du Pando, où plus de trente personnes ont été tuées.

Pour l'Unasur, l'union des pays d'Amérique du Sud née il y a quelques mois à peine, c'est le baptême du feu. Les douze chefs d'État qui en sont membres se retrouvent aujourd'hui à Santiago, puisque c'est le Chili qui assure la première présidence tournante de l'Union, afin de discuter de la crise en Bolivie.

Le pays est secoué par des explosions de violence, provoquées par l'opposition contre le gouvernement d'Evo Morales. À l'origine, ces manifestations, issues de quatre régions de l'est du pays (Santa Cruz, Beni, Tarija et Pando), ont pour objectif d'exiger la fin d'un impôt destiné à financer une allocation pour les personnes âgées les plus pauvres, la «rente dignité». Les préfets et les comités civiques, qui regroupent les entrepreneurs de ces régions, les plus riches de Bolivie, affichent ainsi leur volonté d'autonomie par rapport au pouvoir central. Concentrant la quasi-totalité des réserves d'hydrocarbures, mais aussi les terres les plus fertiles, ils s'opposent au projet d'Evo Morales d'instituer une nouvelle constitution favorable aux populations indiennes des hauts plateaux, dans l'ouest du pays. Premier président à revendiquer son origine indienne de Bolivie, Evo Morales prévoit notamment de lancer une réforme agraire au profit des paysans sans terre.

· Occupation de bâtiments publics

Le 10 août dernier, un référendum remettant en cause les mandats du président et des préfets a montré que la cause de l'autonomie était populaire dans les régions orientales, mais qu'Evo Morales l'était plus encore. Plus de 67 % des électeurs lui ont renouvelé leur confiance, c'est 13 points de plus qu'en décembre 2005, quand il a été élu dès le premier tour à la tête de la Bolivie. En position de force, le président a appelé les préfets à la négociation, tout en refusant de faire marche arrière sur la « rente dignité ». Du coup, ces derniers ont multiplié les actions. Depuis deux semaines, des troupes de choc sèment la terreur en envahissant les bâtiments publics, en occupant les aéroports et les postes-frontières et en tentant d'empêcher les exportations de gaz naturel vers l'Argentine et le Brésil.

Vendredi, la tension est montée d'un cran dans le département du Pando, à la frontière avec le Brésil et le Pérou. Plus de trente corps ont été retrouvés, la plupart repêchés dans des rivières, à la suite des affrontements entre partisans et opposants d'Evo Morales. Rappelant que les victimes sont dans leur immense majorité des paysans acquis à sa cause, le président estime qu'il s'agit d'un « massacre à la mitraillette », auquel auraient participé «des narcotrafiquants et des tueurs à gage brésiliens et péruviens sous l'ordre du préfet du Pando». Il a déclaré l'état de siège dans le département : le port d'arme est interdit, tout comme la circulation et la réunion de plus de trois personnes entre minuit et six heures du matin. Constatant que des milices armées continuaient à patrouiller à Cobija, la capitale du département, le gouvernement a ordonné dimanche la détention du préfet pour non-exécution des ordres.

En déclarant l'état de siège, Evo Morales veut surtout calmer l'armée, alors que des rumeurs de coup d'État circulent depuis plusieurs jours à La Paz. Depuis le début du conflit, le président bolivien a ordonné aux soldats de ne pas tirer contre les manifestants, alors que l'opposition cherchait justement à l'acculer à la faute. Une attitude saluée par l'OEA, l'Organisation des États américains, mais incomprise au sein du haut commandement. Profondément nationaliste, l'armée laissait entendre qu'elle ne pouvait rester les bras croisés face aux provocations des groupuscules. Cette nervosité est devenue plus palpable encore jeudi, quand le président vénézuélien, Hugo Chavez, a fait savoir qu'il était prêt à envoyer ses troupes en Bolivie. L'offre, perçue comme une humiliation, a aussitôt été rejetée par le général bolivien Luis Trigo. Pour le président bolivien, il devenait urgent de montrer qu'il restait maître de la situation.

Le soutien affiché par certains de ses voisins latino-américains contribue à cette réaffirmation d'autorité. Sortant de son habituelle réserve diplomatique, le plus puissant d'entre eux, le Brésil, a fait savoir qu' «il ne tolérerait aucune tentative de renverser le gouvernement», et il a qualifié les attaques des opposants d'«actions terroristes».

Lamia Oualalou  http://www.lefigaro.fr/international/2008/09/15/01003-20080915ARTFIG00298-le-conflit-en-bolivie-preoccupe-ses-voisins-.php

* 54« Loi sur l'éradication de la drogue et la promotion du commerce andin » est une loi américaine promulguée le 31 octobre 2002 par l' administration Bush dans le cadre de la «  guerre contre les drogues » poursuivie par les États-Unis en Amérique latine, et notamment dans les pays andins ( Bolivie, Pérou, Équateur et Colombie).

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo