La doctrine Monroe après la fin de la bipolarisationpar Gautier DE CHANTERAC Université de Toulon - Master 2 Droit public parcours sécurité défense 2017 |
A. Les conséquences des révélations Snowden.Le 6 juin 2013, Edouard Snowden132(*) révélait que depuis une quinzaine d'années les agences de renseignements américaines et britanniques surveillaient les communications mondiales ainsi que des chefs d'Etat ou des diplomates. L'affaire Snowden eût un retentissement mondial et dans le cas de l'Amérique, compliqua les relations déjà tendues par l'installation des bases américaines en Colombie. L'espionnage des pays d'Amérique Latine décrédibilisa l'image des Etats-Unis et d'Obama. « Le 7 juillet 2013, à la suite des révélations d'Edward Snowden concernant l'espionnage des entreprises et particuliers brésiliens, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères brésilien, Tovar Nunes, a qualifié ces révélations « d'extrêmement graves »133(*) La présidente Dilma Roussef annula son voyage officiel aux Etats-Unis. Trois Etats Latino-américains proposèrent l'asile à Snowden : Le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua. Les Etats-Unis menacèrent de sanctions économiques ces trois pays. La politique de la « carotte et du bâton » était de retour et la déclaration de John Kerry134(*) en décembre 2013 ne serait qu'une supercherie. Les relations devinrent donc conflictuelles avec de nombreux Etats notamment le Venezuela, la Bolivie ou l'Argentine. La politique d'hégémonie économique était de retour. B. Le soutien à l'opposition et la lutte économique contre le Venezuela. Le Venezuela entra en récession en 2013 avec la chute brutale des cours du pétrole. Le gouvernement Maduro n'était plus en capacité de maintenir les politiques sociales misesen placedepuis 1999 ainsi que sa « diplomatie pétrolière ». En effet, une partie de la manne pétrolière n'avait pas été réinvestie dans la diversification de l'économie. Le Venezuela dépendait des cours du pétrole. En 2015, l'opposition remporta les élections législatives. La cohabitation entre un président « chaviste » et un parlement « libéral » paralysa le fonctionnement du gouvernement et de sa diplomatie. Le pays était donc dans une situation de blocage institutionnel et le régime Maduro se durcît. L'administration américaine prît des sanctions contre certains dirigeants. Maduro demanda à l'OPEP d'augmenter le prix du baril mais l'Arabie refusa. Le gouvernement Maduro pensait que les Etats-Unis étaient derrière ce refus et avaient provoqué cette crise économique. L'administration Obama était certes en « guerre économique » contre le Chavisme mais la mauvaise gestion économique et la dérive autoritaire du régime ne sont pas du fait des Etats-Unis. « Après les sanctions de décembre contre 53 fonctionnaires vénézuéliens accusés de corruption ou d'atteinte aux droits de l'homme, Barack Obama a pris lundi, par décret, de nouvelles mesures contre sept généraux, directeurs des services d'intelligence et procureur vénézuéliens. Inculpés pour « abus de force » lors des manifestations de 2014, ils voient leurs avoirs gelés aux Etats-Unis et sont interdits d'entrée sur le territoire. « L'érosion des garanties de respect des droits de l'homme au Venezuela [...] constitue une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité des Etats-Unis », s'est justifié le président américain. »135(*) * 132 http://www.lemonde.fr/surveillance-NSA-France/article/2016/12/07/en-trois-ans-qu-a-t-on-appris-des-documents-snowden * 133 http://www.lemonde.fr/surveillance-NSA-France/article/2016/12/07/en-trois-ans-qu-a-t-on-appris-des-documents-snowden * 134« The era of the Monroe Doctrine is over »John Kerry, 18 novembre 2013 * 135 http://www.liberation.fr/planete/2015/03/12/venezuela-obama-voit-rouge_1219543 |
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