La doctrine Monroe après la fin de la bipolarisationpar Gautier DE CHANTERAC Université de Toulon - Master 2 Droit public parcours sécurité défense 2017 |
Section 2. La continuité de la politique extérieure américaine sur le continent.Le discours d'Obama ne résista pas à la réalité de la politique étrangère américaine. Il avait suscité l'illusion de voir émerger une diplomatie américaine animée par le respect du droit international et les pratiques de concertation et de négociation. Cependant, l'installation de sept bases américaines en Colombie en 2009 afin d'intensifier la lutte contre le trafic de drogue provoqua un tollé dans la région. De plus, la faible récrimination contre le coup d'Etat institutionnel au Honduras fût condamné. Obama poursuivait la même politique coercitive voire d'ingérence. §1. L'intensification de la lutte contre la drogue en Colombie Les tensions commencèrent avec l'installation de bases en Colombie. A. Uribe : un allié belliciste.Uribe voulait affaiblir le trafic de drogue ainsi que les guérillas avant toutes négociations. Le Venezuela et l'Equateur autorisaient le repli des guérillas sur leur territoire. Uribe avec l'aval de Washington ordonna le bombardement d'un camp des Farc en Equateur en février 2008. Au mépris de la souveraineté nationale et du droit international, Uribe avait ordonné cette opération. La non condamnation de Washington avait décrédibilisé les discours d'Obama. La fermeture des bases américaines en Equateur avait obligé Washington à revoir sa stratégie dans la région Andine. Uribe, fidèle allié de Washington, accepta l'installation de bases américaines. B. Déploiement de troupes en Colombie : Un tollé sur le continent Les américains installèrent sept bases : 3 terrestres, 2 navales et 2 aériennes L'annonce provoqua un tollé, le Venezuela gela ses relations diplomatiques avec la Colombie. Le président Correa condamna également. Lula et Bachelet, plus modérées dans leur relation avec la Maison Blanche, condamnèrent. Le redéploiement de troupes était perçu par les autres Etats de la région comme une réminiscence des sombres heures du passé. C.Continuité d'une stratégie guerrière.Les sept bases permettaient une intensification de la lutte contre les cartels et des guérillas selon Uribe et les Etats-Unis « Le Pentagone investira 31,6 millions d'euros pour l'aménagement de Palanquero, au bord du río Magdalena. L'installation disposera d'une piste de trois mille cinq cents mètres pouvant accueillir des avions C-17 (Galaxy) capables d'emporter soixante-dix tonnes et possédant une autonomie de plus de huit mille kilomètres sans réapprovisionnement en carburant. D'Apiay opéreront des appareils de reconnaissance et des Awacs (radars volants de longue portée). »127(*) Les Etats de la région y voyaient surtout un prétexte pour espionner et continuer la vieille politique d'ingérence de la doctrine Monroe. Le département d'Etat expliquait cette stratégie « un spectre complet d'opérations dans une sous-région critique de notre hémisphère où la sécurité et la stabilité sont sous la constante menace d'insurrections narcoterroristes, de gouvernements antiaméricains, d'une pauvreté endémique et de constants désastres naturels ».128(*) Obama continuait donc la même politique que ses prédécesseurs. Les cartels et les Farc furent durablement affaiblis mais le problème se déplaça ailleurs plus au Nord. Les cartels colombiens s'étaient alliés aux cartels mexicains. La menace était donc aux frontières. §2. La nouvelle menace des cartels mexicains. * 127 https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-08-19-Colombie-US * 128 https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-08-19-Colombie-US |
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