La doctrine Monroe après la fin de la bipolarisationpar Gautier DE CHANTERAC Université de Toulon - Master 2 Droit public parcours sécurité défense 2017 |
C.BilanLes Etats latino-américains étaient en position de force et exigèrent le retour de Cuba au prochain sommet ainsi que la fin de l'embargo. Obama promît ce changement et de surcroit, il admît que la politique menée pendant cinquante ans par les Etats-Unis à l'égard de Cuba était un échec. Toutefois, Cuba devait aussi faire un geste. « Les questions relatives aux prisonniers politiques, à la liberté d'expression et la démocratie sont importantes, et ne sauraient être simplement mises de côté »118(*) Les chefs de gouvernement étaient pour une fois satisfaits. 119(*) « C'est le début d'une nouvelle ère très intéressante dans la relation entre l'Amérique du Sud et les États-Unis », déclarait Rafael Correa.120(*) Christina Kirchner, dont les relations avec les Etats-Unis étaient rendues difficiles par le problème du remboursement des épargnants depuis la crise de 2002, se félicita qu'un « dialogue différent (ait) été ouvert, plus horizontal », mais n'était pas dupe pour autant. Les paroles devaient être suivies par des actes concrets. « Nous espérons que ses intentions pourront se traduire en politiques concrètes ».121(*) La levée de restrictions sur les voyages et les transferts d'argent d'Américano-Cubains vers Cuba en 2009 laissait augurer d'une nouvelle approche de l'administration Obama. Cuba malgré l'embargo avait tenu bon et avait su toujours trouver des alliés de circonstance pour sauver son économie : l'URSS ou le Venezuela de Chavez. §3. Le rapprochement historique avec Cuba « Les temps où les États-Unis pouvaient commettre des actes d'ingérence dans l'impunité en Amérique latine sont révolus »122(*). A. Origines du rapprochementObama était convaincu de la résilience de Cuba et pensaitque le changement passerait par un dialogue : « Il est évident que ces décennies d'isolation ont échoué à atteindre notre objectif, à savoir l'émergence d'une démocratie. Nous ne voulons pas que les sanctions américaines s'ajoutent au fardeau des citoyens cubains, que nous cherchons à aider. » Un réchauffement permettrait aussi de trouver de futurs débouchés. Si la force n'avait pas vaincu le Castrisme, l'ouverture du pays au monde le ferait. Comme mentionné précédemment, la levée de certaines restrictions était un pas en avant. L'arrivée de Raul Castro changea la donne. Plus pragmatique que son illustre frère, il était conscient d'une nécessaire ouverture de l'ile. De plus l'exemple de la République de Chine prouvait bien qu'une dictature pouvait changer son système économique sans perdre le pouvoir politique. B. Les étapes du rapprochement La détente fût le fruit de négociations secrètes, menées dix-huit mois durant, sous l'impulsion du Canada et du pape François. La libération d'Alan Gross, un Américain écroué depuis cinq ans à Cuba impulsa ce rapprochement. Cet ancien contractuel du gouvernement américain purgeait une peine de quinze ans pour avoir introduit du matériel de transmission satellitaire, interdit dans l'île. En échange, Washington libéra trois Cubains, incarcérés aux Etats-Unis depuis une quinzaine d'années. Puis, à la demande de Washington, Raul Castro a également libéré une cinquantaine de prisonniers politiques. Obama ne pouvait pas lever l'embargo sur Cuba sans un vote du Congrès. En attendant, il imposa une série d'ordonnances afin d'alléger autant que possible les sanctions. L'ambassade allait réouvrir à Cuba, les voyages seraient permis pour les journalistes, professeurs, sportifs et artistes. L'administration Obama rétablît aussi une partie des relations commerciales entre les deux pays. Un nouveau marché s'ouvrait pour l'exportation de matériaux de construction et d'engins agricoles. Le célèbre cigare pouvait être exporté. Dans un pays où internet ne s'était pas développé (5% des cubains), les opérateurs télécoms avaient trouvé leur « eldorado ». Ils auraient désormais le droit d'étendre leurs réseaux et d'exporter tablettes et téléphones. Le soft power est ici à son firmament. Tel Ulysse et le stratagème du cheval de Troie, Washington pensait distiller subrepticement la démocratie par le biais des échanges commerciaux et le désenclavement de l'Ile. En marge du septième sommet des Amériques le onze avril 2015 à Panamá, Raul Castro et Obama officialisèrent le rapprochement entre Cuba et les Etats-Unis. 123(*) « Après cinquante sans changement de la politique américaine à l'égard de Cuba, j'ai pensé qu'il était temps de tenter autre chose ».124(*) Néanmoins, des points de friction subsistèrent mais la nouvelle politique serait le dialogue et le respect mutuel. « Washington continuera à évoquer la démocratie et les droits de l'homme et le discours passionné du président Raul Castro au sommet montre qu'il ne manquera pas de faire part de ses préoccupations sur la politique américaine. »125(*) « Tout peut se discuter si cela se fait avec beaucoup de respect pour les idées de l'autre »126(*) L'ingérence américaine avait certes faibli mais n'avait pas pour autant disparu. * 118 www.summit-americas.org/V_Summit/remarks_usa_en.pdf * 119 www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/04/16/barack-obama-tend-la-main-a-l-amerique-latine * 120 www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/04/16/barack-obama-tend-la-main-a-l-amerique-latine * 121 www.lemonde.fr/ameriques/article/2009/04/16/barack-obama-tend-la-main-a-l-amerique-latine * 122Barack Obama avril 2015 * 123 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/04/10/le-sommet-des-ameriques-sous-l-egide-des-retrouvailles-avec-cuba * 124 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/04/11/sommet-des-ameriques-raul-castro-qualifie-barack-obama-d-homme-honnete_4614433_3222.html * 125 www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/04/11/sommet-des-ameriques-raul-castro-qualifie-barack-obama-d-homme-honnete * 126 www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/04/11/sommet-des-ameriques-raul-castro-qualifie-barack-obama-d-homme-honnete |
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