Le multilinguisme et l'expression de la philosophie de khudi dans la pensée d'iqbalpar Hibah Shabkhez University of the Punjab - Master of Arts 2002 |
2.2 L'origine et le choix du mot « Khudi »L'idée de l'être comme une existence qui englobe l'esprit et le corps mais se distingue nettement de l'un et de l'autre, qui va au-delà de deux, mais reste indépendant de toute qualification éthique s'exprime pas facilement en ourdou ou en persan. D'après S. Ataur Rahim, le Soi se distingue du corps et de l'esprit par sa capacité d'agir: [...] in what sense can we say that the self is distinct and separate from body and mind? ... `I' or `self' ... is capable of both physical and mental acts and is better known as a `person.7 [...] dans quel sens peut-on dire que le soi est distinct and séparé du corps et de l'esprit?... `Le je' ou `le soi' ... est capable des actions physiques aussi que mentales et il est mieux connu comme une `personne' Dans The Reconstruction of Religious Thought in Islam Iqbal explique son idée d'une « vrai personnalité » comme un « acte plutôt qu'une chose »8. Mais le « mot sans couleur pour le soi, l'égo, n'ayant aucune signifiance éthique »9 qu'il cherchait n'existait pas, et il a du choisir bon gré mal gré un mot moins neutre ; il a choisit Khudi, pour les raisons qu'il explique en détaille : The word Khudi was chosen with great difficulty and most reluctantly. From a literary point of view it has many shortcomings and ethically it is generally used in a bad sense, both in Urdu and in Persian... What is needed is a colourless world for self, ego, having no ethical significance. As far as I know there is no such word in either Urdu or Persian ... considering the requirements of verse, I thought that the word Khudi was the most suitable. There is also some evidence in the Persian language of the use ofKhudi in the simple sense of self, i.e. to say the simple fact ofI.10 Le mot Khudi a été choisi avec beaucoup de difficulté et de réluctance. D'un point de vue littéraire, il a plusieurs défauts, et il s'utilise éthiquement dans un mauvais sens, en ourdou comme en persan... Ce qu'il faut, c'est un mot sans couleur pour le soi, l'égo, qui n'a aucune signification éthique. À ma connaissance, un tel mot n'existe ni en ourdou ni en persan... en considérant les exigences de la poésie, j'ai pensé que le mot Khudi était le plus approprié. Il y a aussi quelques indices dans la langue persane pour l'utilisation du Khudi dans le sens simple du soi, c'est-dire pour dire le simple fait du Je. 7 Rahim, S.A. (Avril 1987) « The Self» (Le Soi ). (M. Munawwar, éd.) Iqbal Review, 28, (1), Iqbal Academy Pakistan, date d'accès: 19-02-2014, [URL: http://www.allamaiqbal.com/publications/journals/review/apr87/5.htm] 8 Iqbal, Muhammad. The Reconstruction of Religious Thought in Islam (Reconstruire la pensée religieuse de l'Islam) Éd. & annoté par M.S. Sheikh. Lahore, Institute of Islamic Culture, 1999, p. 125. 9 Iqbal, M. Discourses of Iqbal (Discours d'Iqbal) Compilé par Shahid Hussain Razzaqi, Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2003, p. 211 10 Ibid. p.211 Hibah Shabkhez 54 Ce renouvellement du mot Khudi qui a permis en ourdou et en en persan l'expression d'une nouvelle idée a été accueilli avec enthousiasme dans les traditions littéraires et philosophiques associées aux deux langues. Or, le bagage traditionnel du mot a crée parfois les malentendus, et Iqbal a été accusé de vouloir propager « des idées rustres de l'arrogance personnelle »11 Dans les littératures classiques persanes et ourdoues le terme « Khudi » n'est employé qu'au sens péjoratif chez les grands poètes. Par exemple, Roumi parle de « trancher la tête de Khudi avec une épée » ; pour lui, l'homme idéal est le derviche « sans ego »12 Erâqi déclare qu'il faut « renoncer » la Khudi pour atteindre au but13. Pour Sauda, c'est une « prison », une « piège » d'où il n'arrive pas à sortir14. Akbar préconise l'effacement « de la couleur de Khudi dans la couleur de l'Unicité » pour se « prouver digne de confiance »15. « Khudi » dans ce sens négatif est conçue comme la vanité, l'arrogance, l'égotisme, l'égoïsme.16 Dans les écrits d'Iqbal, cependant, s'introduise une nouvelle connotation positive du mot, pour exprimer, d'après Iqbal : « self-reliance, self-confidence, self-preservation, even self-assertion »17. Autrement dit, chez Iqbal le mot « Khudi » signifie « le respect du soi, la confiance en soi, et l'instinct de conservation du soi et de l'indépendance du soi »18. 11 Nazeer, S. La critique Iqbalienne de la modernité : une étude comparative, Paris, Sorbonne-Nouvelle Paris 3, 2011. 12 Ibid 13 Ibid 14 Ibid 15 Ibid 16 Ibid 17 Iqbal, M. Discourses of Iqbal (Discours d'Iqbal) Compilé par Shahid Hussain Razzaqi, Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2003, p.212 18 Nazeer, S. La critique iqbalienne de la modernité : une étude comparative, Paris, Sorbonne-Nouvelle Paris 3, 2011. Hibah Shabkhez 55 |
|