Le multilinguisme et l'expression de la philosophie de khudi dans la pensée d'iqbalpar Hibah Shabkhez University of the Punjab - Master of Arts 2002 |
5.4.15. Khudi et la nationLa khudi est au fond individuelle, mais Iqbal en envisage une dimension sociale aussi. Il appelle cette idée « bîkhudi », une terme qui signifie à la fois l'extension de l'ego individuel pour embrasser la nation, et l'immersion de l'identité individuelle dans la conscience collective. Saléha Nazeer explique ainsi cette dimension de la philosophie d'Iqbal : La transformation de khudi à bîkhudi s'explique par le fusionnement de khudi d'un individu en khudi de toute la nation. Iqbal montre la transcendance que signifie le terme de bîkhudi. 167 ÿÀ ÊÑØ áÏæÕÞã íÀííÇãáÓã áÒãÑ íÀí
Tel est le but final de la nature et le secret de l'islam
: Le Soi, « unique, assertive and agressif », tout en préservant son caractère individuel, doit se fusionner dans la communauté. « Il doit accepter sa négation (non soi) comme une force également vitale, l'affronter, et développer par des synthèses continuels170 » Iqbal vivait dans une époque ou l'état de sa nation, esclave depuis deux siècles des britanniques, était particulièrement pitoyable, et il y avait un besoin impératif une philosophie de réforme au niveau national. S. A. Vahid explique « les conditions essentielles pour une société humaine idéale » au coeur de la vision social qu'Iqbal avait pour sa nation:
167 Nazeer, S. La critique iqbalienne de la modernité : une étude comparative, Paris, Sorbonne-Nouvelle Paris 3, 2011. 168 Iqbal, M. Bâng-e darâ (L'appel de la cloche) 1924; Kulliyât-e Iqbal (ourdou), Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2013, p. 300. 169 Nazeer, S. La critique iqbalienne de la modernité : une étude comparative, Paris, Sorbonne-Nouvelle Paris 3, 2011. 170 Fayyaz, M. (Octobre 1987) « Self and Synthesis » (Le soi et la synthèse). (M. Munawwar, éd.) Iqbal Review, 28, (3), Iqbal Academy Pakistan, date d'accès : 19-02-2014, [Url : http://www.allamaiqbal.com/publications/journals/review/oct87/4.htm] Hibah Shabkhez 173 According to Iqbal a society can attain immortality only byfulfilling these requirements.171
Si une nation ne répond pas à ses critères, elle manque évidemment quelque élément important : et le diagnostic que propose Iqbal nous ramène à l'individu. La nation devient faible et sujette à la domination étrangère, constate-t-il, lorsque les membres individuels de la nations perdent contact avec leur khudi, leur « force vitale ». Il étudie le cas de sa propre communauté, les musulmans de l'Inde: The life-force of the Indian Muhammadan ... has become woefully enfeebled. The decay of the religious spirit, combined with other causes of a political nature over which he had no control ... developed in him a habit of self-dwarfing, a sense of dependence, and above all, that laziness of spirit, which an enervated people call by the name of contentment to conceal their own enfeeblement.172 La force vitale du Muhammadan indien ... s'est affaiblie pitoyablement. Le déclin de l'esprit religieux, unit aux autres raisons de nature politique sur lesquelles il n'avait aucun control ... et avant tout, cette paresse de l'esprit qu'un peuple ont développé en lui l'habitude de s'effacer, un sentiment de dépendance, qu'un peuple débilité appelle contentement afin de cacher son propre affaiblissement. Pour la salvation de la the nation, l'individu doit se débarrasser de ce faux contentement, de cette complaisance funeste, et réveiller sa khudi afin de regagner sa liberté. Il doit agir, s'il veut une récompense dans ce monde où le prochain, il doit rechercher la gloire de sa nation. Comme Iqbal nous montre ironiquement dans ce vers persan, c'est exactement cela que le musulman indien néglige; et sa passivité condamne sa nation.
ÔÇÈ ÔæÎ À ÇÑ ·ÇãáÓã íÏÀ æêÈ 171 Vahid, S. A. (Avril, 1973) « Iqbal - A Survey of His Work » (Iqbal - Un aperçu de son oeuvre). (S. A. Vahid, éd.) Iqbal Review : Journal of the Iqbal Academy Pakistan, 14 (1), Iqbal Academy Pakistan, date d'accès: 17-08-2014, [Url : http://www.allamaiqbal.com/publications/journals/review/apr73/6.htm] 172 Iqbal, M. Discourses of Iqbal. Compilé par Shahid Hussain Razzaqi, Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2003, p. 32. Hibah Shabkhez 174 ÊÓÇ ãÀ Ç áíÈÓ í ÿÊÔÀÈ!173 Il y a un paradis pour les gardiens de la mosquée
sacrée (les hommes spirituels) La khudi implique l'individualité, mais, comme nous avons discuté, cette individualité n'est pas restreinte à l'ego qui réside dans une seule personne. Une nation peut aussi avoir une identité unique. La khudi est essentielle à une nation comme elle est essentielle à un individu. Une nation qui perd la contact avec sa khudi périt; l'esclavage et la misère deviennent sa destinée : ÿÀ íãæáÙã æ íãæÇÍã ·íã ÑíÏÞÊ í ÓÇ ÇÕÇ ÿÓ íÏæÎ íÇ íÓ Ç Ñ À æÌ ãæÞ174 Le destin de cette nation est la servitude et la misère Qui n'as pas pu faire la justice avec leur « khudi »175 Pour émerger de cet état honteux, la nation doit s'orienter encore sur sa « force vitale »; et cette force vitale est sa khudi : ÆÇÏÌ ÿÓ ÒÑã ÿÀ Êæã ÿíá ÿ ·æãæÞ ÆÇÏÎ ÿÀ Çí
íÏæÎ æÊ ÒÑã
ÈÍÇÕ æÀ !176 L'essor de la khudi donne à l'individu de la force; de la même façon, il rend la nation puissante. Une nation dont les membres possèdent la khudi devient invincible: íÊÀÑ ·íÀ ÊÌÇÍ í ÑíÔãÔ æ ãæÞ ÓÇ Ïáæ ÊÑæÕ íÏæÎ í ·æÇæÌ ÿ ÓÌ æÀ178 Ce peuple n'a pas besoin d'épée dont les jeunes gens 173 Iqbal, Muhammad. Armughân-e-Hijâz (Le cadeau du Hijâz) 1938, en Kolliyât-e Iqbâl (1e partie de l'oeuvre est en persan) - Fârsi, tome 2, Lahore, Sheikh Ghulam Ali & Sons Ltd., 1992, p. 2022. 174 Iqbal, M. Zarb-e Kalîm (Le coup de Moïse) 1936; Kulliyât-e Iqbal (ourdou), Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2013, p. 599. 175 Iqbal, M. Le Coup de Moïse, (Zarb-e kalîm), trad. fr. par Laeeq Babree, Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2009, p. 60. 176 Iqbal, M. Zarb-e Kalîm (Le coup de Moïse) 1936; Kulliyât-e Iqbal (ourdou), Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2013, p. 687. 177 Iqbal, M. Le Coup de Moïse, (Zarb-e kalîm), trad. fr. par Laeeq Babree, Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2009, p. 122. 178 Iqbal, M. Zarb-e Kalîm (Le coup de Moïse) 1936; Kulliyât-e Iqbal (ourdou), Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2013, p. 585. Hibah Shabkhez 175 Possèdent la « khudi » comme le fer179 La philosophie d'Iqbal met la khudi au coeur de tout aspect individuel ou collectif de la vie humaine. La fortification de la khudi est sa recette pour tout succès, et l'affaiblissement de la khudi la raison de tout échec. Comme nous avons vu, Iqbal a dédié son oeuvre multilingue à l'expression et la popularisation de sa philosophie de khudi. 179 Iqbal, M. Le Coup de Moïse, (Zarb-e kalîm), trad. fr. par Laeeq Babree, Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2009, p. 49 Hibah Shabkhez 175 |
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