5.4.13. Khudi et la vertu
Le critère de vertu chez Iqbal est l'affirmation l'ego.
Pour Iqbal, la vertu nait de la liberté et de l'essor de
l'individualité. Il soumit la religion, l'éthique et la morale
avant tout à ce critère de personnalité ou
individualité. L'homme a la capacité de la plus haute vertu, mais
ce n'est pas dans l'esclavage qu'il peut la réaliser : pour vivre la
vertue parfaite, il faut se respecter et être « libre et sans peur
» :
That which intensifies the sense of individuality in man
is good, that which enfeebles it is bad. Virtue is power, force, strength; evil
is weakness. Give a man a keen sense of respect for his own personality, let
him move fearless and free in the immensity of God's earth, and he will respect
the personalities of others and become perfectly virtuous156
« Ce qui intensifie le sens d'individualité dans
l'homme est bon, ce qui l'affaiblit est mauvais. La vertu est le pouvoir, la
force, la puissance ; le mal est la faiblesse. Donnez à l'homme un sens
de respect pour sa propre personnalité, laissez-lui agir librement et
sans peur dans l'immensité de la terre de Dieu, et il respectera les
personnalités des autres et deviendra parfaitement vertueux. »
Ainsi l'homme qui veut devenir vertueux doit développer
la connaissance et le respect du soi. Une simple compréhension de
l'existence de la khudi n'assure cependant pas la vertu absolue. L'ego
aussi a un coté basse et un coté élevé, et le
conflit entre le bien et le mal continue à l'intérieur de
l'âme. Ce qui nait des nobles impulses du Soi est bon; ce qui nait de ses
basses impulses est mauvais :
ÈíÔ æ ÒÇÑ
ÈÍÇÕ ÿÀ íÈ Ç
íÏæÎ
·ÇÀÌ ÈæÎÇ ÿÓ
ÈæÎ ÿÀ ÇÑÂ
ÀÑÚã íÈ
·ÇÀí áíãÌ
Àæ æÀ ÿÓ íÏæÎ
ÒÇÑ í ÓÌ
Ïæã ÈæÈÍã Ç
æ ÍíÈÞ ÇÏí
·íã ÈíÔ æÀ æÌ
!157
Le monde d'individualité a aussi le Seigneur de hauteur
et de bassesse Le conflit entre le bien et le mal demeure Ce qui est
né de la hauteur de l'individualité est beau Ce qui est
né de la bassesse est laid est difforme158
L'homme qui gagne cette bataille dévient
véritablement vertueux, et sa vertu n'est pas confiné à
lui-même Il devient un gardian de tout ce qui est bon et sacré, et
illumine le chemin
156 Iqbal, M. Discourses of Iqbal. Compilé par
Shahid Hussain Razzaqi, Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2003, p. 32
157 Iqbal, M. Zarb-e Kalîm (Le coup de
Moïse) 1936; Kulliyât-e Iqbal (ourdou), Lahore, Iqbal Academy
Pakistan, 2013, p. 593.
158 Iqbal, M. Le Coup de Moïse, (Zarb-e kalîm),
trad. fr. par Laeeq Babree, Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2009, p.
53.
Hibah Shabkhez 169
de vertu pour les autres. Dans ces vers sur Ali
Hajweri159, Iqbal nous montre l'influence extraordinaire qu'un homme
vraiment vertueux peut avoir :
ÈÇÊÇáÇ
æãÇ Ê æÒÇ
äÇÈÓÇ ÈÇÑÎ
áØÇÈ ÀÇÎ
ÔÀÇê ÒÇ ÊÔê
ÀÏÒ æÇ ãÏ ÒÇ
ÈÇÌ ÇÎ ÊÔê
ÀÏÈÇÊ æÇ ÑÀã
ÒÇ Çã
ÍÈÕ ÞÔÇ
ÑÇæíØ
ÏÕÇÞãÀ æ
ÞÔÇÇ ÞÔÇ
ÑÇÑÓÇ ÑÇÇÔÂ
ÔíÈÌ ÒÇ160
Il était le gardien de l'honneur du livre
sacré Son regard a détruit la fausseté en Inde La
terre du Panjab est devenue vivante grâce à sa
présence Son soleil a illuminé notre matin Il était
passionné et il était prêcheur de la passion Son front
rayonnant a révélé les secrets de l'amour
159 Un sainte soufie
160 Iqbal, M. Asrâr-e Khudi, 1915,
Romûz-e bîkhudi, 1918, (Les secrets du soi & Les
mystères du non-moi) : les deux recueils publiés sous le nom de
`Asrâr-o Romûz' en Kolliyât-e Iqbâl,
(Fârsi), tome 1, Lahore, Sheikh Ghulam Ali & Sons Ltd., 1992, p.
130
Hibah Shabkhez 170
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