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Le multilinguisme et l'expression de la philosophie de khudi dans la pensée d'iqbal


par Hibah Shabkhez
University of the Punjab - Master of Arts 2002
  

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1.1 Iqbal - vie et vision

Muhammad Iqbal, surnommé « Allama » par ses contemporains orientaux pour son érudition et « Sir » par le gouvernement anglais pour sa contribution à la philosophie et à la littérature, était, selon Ahmed S. Khan, « un oracle, un visionnaire, un poète, un philosophe et un penseur »1. Il occupe une position unique dans l'histoire, la philosophie et la littérature non seulement de l'Inde mais du monde. Jaliluddin Ahmad Khan décrit ainsi les aspects infiniment variés de sa pensée et son oeuvre:

Iqbal is at one and the same time a poet of nature and a poet of human emotions, a poet of the self and a poet of the cosmos, a poet of the inner world of man and a poet of civilization, a national poet of Pakistan and an international and humanitarian poet, a poet of tradition and a poet of progress, a poet of the East, who nevertheless ceases not to address himself to the West, a poet of Islam and accordingly a universal poet, a philosophical poet and a poet with a political vision, a lyric poet and a poet of dramatic dialogues.2

Iqbal est à la fois un poète de la nature et un poète des émotions humaines, un poète du Soi et un poète du cosmos, a poète du monde intérieur de l'homme et un poète de la civilisation, un poète national du Pakistan et un poète international humanitaire, un poète de la tradition et un poète du progrès, un poète de l'Est qui n'arrête cependant jamais à s'adresser à l'Ouest, un poète d'Islam et donc un poète universel un poète philosophe et un poète doué d'une vision politique, un poète lyrique et un poète des dialogues dramatiques.

Le multilinguisme fait partie de l'héritage et du milieu socioculturel d'Iqbal. Il était né en 1877 à Sialkot, une ville du nord Panjab, dans une famille d'origine Kashmiri. La famille n'avait jamais rentré au Kashmir, et Iqbal ne connaissait pas personnellement la langue. Mais le souvenir du pays et l'affiliation comme pays d'origine ne s'était jamais effacée, et Iqbal restera un avocat passionné du principe d'auto-détermination pour les citoyens du Kashmir tout au long de sa vie.3 Né comme ses parents à Sialkot, Iqbal avait effectivement pour langue maternelle Panjabi, quoique les langues de son éducation élémentaire étaient l'ourdou, l'arabe et de persan. De son père Nur Muhammad, un coutrier doué d'une finesse

1 Khan, A. S. (June 2007) « Gabriel's Wing: Dr. Annemarie Schimmel's Masterpiece on Iqbal » (L'aile de Gabriel : Le chef d'oeuvre de Dr. Annemarie Schimmel sur Iqbal).

Date d'accès: 07-11-2013, [URL: http://www.pakistanlink.com/Opinion/2007/June07/22/05.htm]

2 Khan, J. A. (Avril 1963) « Iqbal As A Poet With A Message To The Modern World» (Iqbal comme un poète avec un message pour le monde moderne). (M. Rafiuddin, éd.) Iqbal Review: Journal of the Iqbal Academy Pakistan, 04, (1), Iqbal Academy Pakistan, date d'accès: 19-02-2014,

[URL: http://www.allamaiqbal.com/publications/journals/review/apr63/7.htm]

3 Razak, M. A. A. (Décembre 2011) « Iqbal: An Analysis on his Life, Works and Mission » (Iqbal: Une analyse de sa vie, ses oeuvres, et sa mission). Journal of Islam in Asia, (4), Kuala Lumpur, International Islamic University Malaysia (IIUM), p. 366-381, date d'accès : 03-03-2014

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extraordinaire d'esprit, et ensuite de Mir Hasan, un Soufi érudit, Iqbal a appris les sciences islamiques et la littérature ourdoue, arabe et persane. Iqbal créditera Mir Hasan d'avoir développé ses facultés critiques et écrira plus tard que « sa souffle a donné au bouton de mon désir la capacité de fleurir »4

Une fois que cette première étape de son éducation s'était accomplie, Mir Hasan lui a conseillé de s'inscrire dans le Scotch Mission College. À l'école, Iqbal a appris l'anglais et il a reçu une éducation sur le modèle occidentale. Au même temps, son talent poétique précoce commençait à se manifester. Jeune poète amateur, Iqbal envoyait ses poèmes à Dagh Dehlavi, un des derniers poètes classiques célèbres d'ourdou,5 qui les appréciait beaucoup. En 1899, Iqbal fait sa maitrise de Government College, Lahore. À Government College, l'influence le plus profonde sur la pensée d'Iqbal était celle de Sir Thomas Arnold, un savant d'Islam et de la philosophie moderne. Iqbal lui dédiera en reconnaissance sa dissertation doctorale. La connaissance approfondie de l'occident et l'orient que possédait Arnold a inculqué dans la pensée d'Iqbal la même tendance de sélectionner et synthétiser les éléments des deux civilisations.6

Donc sa formation scolaire et universitaire était fondée sur l'analyse critique et comparée de plusieurs traditions littéraires orientales et occidentales. Selon Mohd Abbas Abdul Razak:

If it was Mir Hasan in Sialkot who had great influence on Iqbal, teaching him the past intellectual heritage of the Muslims, in Lahore, it was Thomas Arnold, the cultured Englishman who introduced Iqbal to many of the positive aspects of the Western culture and civilization.7

Si c'était Mir Hasan à Sialkot qui avait une grande influence sur Iqbal, l'enseignant l'héritage culturel passé des musulmans, à Lahore, c'était Thomas Arnold, l'anglais cultivé, qui a introduit Iqbal aux plusieurs aspects positifs de la culture et civilisation occidentales.

Il devient après sa maitrise ensuite enseignant de la philosophie, la finance et les sciences politiques à Lahore.8 En Mai 1899, il était nommé « Macleod Punjab Reader of Arabic »

4 Razak, M. A. A. (Décembre 2011) « Iqbal: An Analysis on his Life, Works and Mission » (Iqbal: Une analyse de sa vie, ses oeuvres, et sa mission). Journal of Islam in Asia, (4), Kuala Lumpur, International Islamic University Malaysia (IIUM), p. 366-381, date d'accès : 03-03-2014

5 Ibid.

6 Ibid.

7 Ibid.

8 Durrani, S. A. (Octobre 1990) « Iqbal's Life and Work» (La vie et l'oeuvre d'Iqbal). (W. Quraishi, éd.) Iqbal Review: Journal of the Iqbal Academy Pakistan, 31, (3), Iqbal Academy Pakistan, date d'accès: 3112-2013, [Url : http://www.allamaiqbal.com/publications/journals/review/oct90/6.htm]

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(Macleod Panjab lecteur d'arabe) à University oriental College, Lahore. Il enseignait aussi intermittemment l'anglais à Islamia College Railway Road et à Government College Lahore.9

En 1905, Iqbal a commencé ses études supérieures en Europe. Il a été reçu bachelier en 1907 à l'université de Cambridge pour sa dissertation Development of Metaphysics in Persia (Le développement de la métaphysique en Perse) et a été discerné un diplôme doctoral par l'université de Munich la même année. Il s'était inscrit aussi à Lincoln's Inn, Londres, et reçoit donc son diplôme d'avocat en 1908.10

À Cambridge, Iqbal a connu plusieurs philosophes illustres qui ont eu un impact profond sur sa pensée: notamment John McTaggart, James Ward, et les orientalistes renommés E.G. Brown and Reynolds A. Nicholson. Nicholson traduira plus tard le chef d'oeuvre persan d'Iqbal, Asrâr-e Khudi (Les secrets du soi). Pendant son séjour à Londres, il a rencontré aussi Attiya Faizi, une jeune étudiante de philosophie dont Iqbal admirait la finesse d'esprit. Ils ont échangé leurs idées par moyen des lettres, qui ont été publiées plus tard. Ses lettres en allemand à son professeur de philosophie et de la langue allemande, Ema Vaganast ont été également collectées et publiées.

À Lahore, il gagnait pendant plusieurs années sa vie par son métier d'avocat, mais sa vraie vocation était toujours celle de poète, philosophe et penseur. La gloire du passé Islamique, la décadence de la civilisation islamique moderne et l'appel à l'unité et à la reforme sont devenus les préoccupations principales. De cette période datent ses poésies nostalgiques (telles que ses vers sur la Sicile qui ont tellement choqué Aldous Huxley11) et les plaintes telles que Shikwa12 (la plainte) et Jawab-e-Shikwa13 (réponse à la plainte). Mais en 1915, il avait enfin trouvé sa réponse, sa philosophie de vie, celle de la Khudi. Il agissait désormais avec une conscience de son rôle de penseur engagé et réformateur, avec un sens de sa mission directrice qu'il a exprimé en 1924 à Hadi Hassan:

9 Razak, M. A. A. (Décembre 2011) « Iqbal: An Analysis on his Life, Works and Mission » (Iqbal: Une analyse de sa vie, ses oeuvres, et sa mission). Journal of Islam in Asia, (4), Kuala Lumpur, International Islamic University Malaysia (IIUM), p. 366-381, date d'accès : 03-03-2014

10 Durrani, S. A. (Octobre 1990) « Iqbal's Life and Work» (La vie et l'oeuvre d'Iqbal). (W. Quraishi, éd.) Iqbal Review: Journal of the Iqbal Academy Pakistan, 31, (3), Iqbal Academy Pakistan, date d'accès: 3112-2013, [Url : http://www.allamaiqbal.com/publications/journals/review/oct90/6.htm]

11 Huxley, A. Jesting Pilate, London, Chatto and Windus, 1928.

12 [Cf. Iqbal, M. Bâng-e darâ (L'appel de la cloche) 1924; Kulliyât-e Iqbal (ourdou), Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2013, p. 190.]

13 [Cf. Ibid, p. 227.]

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I feel I have touched the hidden wound of the Muslim of today and hope to be able to tell him `thou ailest here' I am fully conscious of the seriousness of my task and hope those who read me also realize the responsibility that lies on their shoulders.14

Je ressens que j'ai touché la blessure cachée du musulman d'aujourd'hui et j'espère pouvoir lui dire `tu a mal ici'. Je suis totalement conscient de la gravité de ma tâche et j'espère que ceux qui me lisent se rendent compte de la responsabilité qui leur incombe.

Dans le poème æÒÑ íÇ (Une voeu) Iqbal se montre dédié à sa mission de secouer et réveiller l'humanité égarée:

ÿÏ áÑ ÇÑã ÇäæÑ æ áÏ ÏäãÏÑÏ ÑÀ

ÿÏ ÇêÌ ·íÀäÇ ÏíÇÔ ·íÀ ÿ æÌ ÔæÀ ÿÈ15

Que mes pleurs font pleurer tous les coeurs tendres
Qu'ils réveillent ceux qui sombrent

Iqbal a voyagé beaucoup, à l'orient et à l'occident. De l'Espagne à l'Egypte, de Londres à Kabul, il a visité les sites historiques sur lesquels il a basés ensuite des poèmes (comme la mosquée de Cordoba)16, il a donné les discours, les adresses et les conseils, et il a participé dans les cérémonies et les conférences où il a rencontré les journalistes, les savants éminents et les hommes politiques du pays17, ce qui a approfondie encore son expérience multilingue et multiculturelle. Jusqu'à sa morte en 1938, malgré la maladie aigue qui le tourmentait pendant les derniers ans de sa vie, il restera très actif au niveau social - « [...] en donnant des conférences, écrivant dans des journaux et des magazines, participant dans la production des cursus écoliers, etc. » - et au niveau politique pour « libérer l'humanité de l'esclavage, des forces impériales, de faux systèmes politiques, et de l'exploitation économique »18 Il présente en 1930 lors d'une adresse à l'assemblée générale de la Ligue des musulmans de l'Inde son idée d'un territoire distinct pour les musulmans du nord-ouest de l'Inde qui était crée moins d'une décennie après sa mort.

14 Dar, B.A. Letters and Writings of Iqbal (Les lettres et les discours d'Iqbal), Karachi, Iqbal Academy Pakistan, 1967.

15 Iqbal, M. Bâng-e darâ (L'appel de la cloche) 1924; Kulliyât-e Iqbal (ourdou), Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2013, p. 79.

16 Iqbal, M. Bâl-e Jibrîl (L'aile de Gabriel) 1935; Kulliyât-e Iqbal (ourdou), Lahore, Iqbal Academy Pakistan, 2013, p. 419.

17 Khalid, M. S. (Avril-Octobre 2009) « An Introduction to Arabic translation ofAllama Iqbal's Urdu Poetry» (Une introduction aux traductions en arabe de la poésie ourdoue d'Iqbal ). (M. S. Umar, éd.) Iqbal Review: Journal of the Iqbal Academy Pakistan, 50, (2-4), Iqbal Academy Pakistan, date d'accès : 07-112013, [URL: http://www.allamaiqbal.com/publications/journals/review/aproct09/11.htm]

18 Nazeer, S. La critique iqbalienne de la modernité : une étude comparative, Paris, Sorbonne-Nouvelle Paris 3, 2011.

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La profondeur de sa philosophie et la perspicacité de sa vision continuent à impressionner les lecteurs partout dans le monde. « Personne n'assertera qu'il soit un prophète, » a dit Annemarie Schimmel, « mais nous pouvons avouer qu'il a été touché par l'aile de Gabriel »19

19 Khan, A. S. (June 2007) « Gabriel's Wing: Dr. Annemarie Schimmel's Masterpiece on Iqbal » (L'aile de Gabriel : Le chef d'oeuvre de Dr. Annemarie Schimmel sur Iqbal).

Date d'accès: 07-11-2013, [URL: http://www.pakistanlink.com/Opinion/2007/June07/22/05.htm]

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery