VI-2. Les conditions socioculturelles de la perception des
campagnes de soins et de santé gratuits.
Ici, les campagnes gratuites proposées par l'Etat sont
perçues comme essentiellement une dysfonction de leur manière de
penser et d'agir. On observe ici une incapacité ressentie par ces
individus au niveau du degré de leur entendement. Pour ceux-ci, c'est
à eux- mêmes de mesurer le degré de leur souffrance, de
leur statut et non l'Etat.
Les personnes malades ou susceptibles d'attraper les maladies
orientent leur trajectoire thérapeutique non seulement à partir
de leurs sentiments propres mais motivées par l'entourage qui peut
être ici la famille ou les proches. C'est pourquoi Mme ZENABOU Bello nous
explique :
Les produits de l'occident ne sont pas plus efficaces que
le remède de palu que ma voisine prépare. Ici nous on ne part pas
à l'hôpital n'importe comment.
9
Il y'a de cela trois jours ma dernière fille
était souffrante je n'ai pas attendu de midi à quatorze heures,
je lui ai donné deux verres et c'est passé.160
La majorité des parents interrogés ici à
la Briqueterie ont une vision réticente et reconnaissent beaucoup plus
la médecine traditionnelle dont ils pensent efficace. Ici c'est d'abord
l'Etat qui leur donne la maladie pour chercher à leur proposer les
produits toxiques par la suite. Ceci pour tuer les cellules dans leurs corps.
Alors dans cette localité de Yaoundé, on remarque sur le terrain
que les soins palliatifs ou encore le traitement des maladies à base de
l'absorption d'une potion issue des plantes médicinales, soit en bain
soit en humant sont une mesure appréciée. Celles-ci sont
accompagnées des sacrifices rituels.
160 Zenabou BELLO, entretien du 03/03/2018.
Au terme de ce chapitre, il ressort clairement que les
comportements de réticences construites autour des campagnes de soin et
de santé gratuits relèvent des habitudes (us et coutumes) rigides
qui rejettent les innovations scientifiques. Les pratiques locales, les rites,
les croyances de toutes sortes, sont à la base ou encore constituent des
éléments qui fondent les réticences. Là, les
populations de la Briqueterie adoptent des stratégies leur permettant
d'esquiver et même de fuir les agents de campagnes sur le terrain. Puis,
les menaces de l'environnement politique qui perturbent et limitent
également la pertinence du « pourquoi » des campagnes de soin
et santé gratuits dans cette localité de Yaoundé.
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