VI-4. Une réticence perpétuelle
Au quartier Briqueterie, certaines femmes interrogées
ne croient pas trop à la vulnérabilité des enfants de
zéro à cinq ans au sujet des maladies évitables dont nous
pouvons rappeler ici le paludisme, la fièvre jaune, la
poliomyélite, la rougeole, le cholera... D'après le docteur
AYISSI NKO :
Les premières années de la vie sont
déterminantes pour la suivie de l'enfant. Tout au long de ces
premières années, nos enfants sont vraiment exposés.
Puisque ces maladies nuisent gravement à la santé de ces
derniers. Elles peuvent les emmener à nous quitter si tôt.
L'immunité de l'enfant à la naissance, les conditions
d'hygiène, l'alimentation sont les facteurs très importants
à ne pas négliger car le respect et l'assurance de ces facteurs
sont susceptibles de promouvoir une meilleure santé de
l'enfant.152
Les femmes vivant dans cette localité rejettent les
campagnes de soin et de santé à cause de non maitrise des
conséquences que courent leurs progénitures en se
désintéressant ou en adoptant un comportement de réticence
vis -à -vis de campagnes de santé.
L'enquête auprès de BOUBA en ressort à ce
sujet que :
Je suis peu content de ce changement ou cette variation.
Ils veulent nous enterrer une fois. Mes enfants sont suivis traditionnellement
et ils ont moins de problème. Ce qui nous arrive aujourd'hui, c'est que
nous avons abandonné
151 Infirmier TOTCHUM, entretien du 22/05/2018
152 Dr AYISSI NKO G. DLMEP. Entretien du 02/05/2018.
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nos traditions. Moi je fais toujours les scarifications
préventives à mes enfants. Mes enfants dès la naissance
sont protégés contre les sorciers. 153
La réticence de la population de la Briqueterie n'est
pas un leurre. C'est un phénomène observable et observé
dans cette localité. Pour certains il y'a pas de traits qui prouvent que
les campagnes gratuites au soin et à la santé peuvent
améliorer leur système de santé. Ils insistent sur la
récurrence des maladies qui gravitent autour de leur
microsociété. AMOMBO Rose, non loin du centre de santé PMI
brique porte à notre connaissance que : « chaque année
on vaccine mes enfants ici, mais ils sont toujours malades. Moi je vois que
c'est même leur affaire-là qui nous donne la maladie
»154 Elle continue en disant :
« Nous les grands-parents on part moins à
l'hôpital c'est juste parce que nous n'avons pas connu ces nouvelles
maladies. Je peux même dire que c'est votre vaccin qui fragilise
même les enfants et ils tombent malade »155 Toujours
dans cet état de colère elle ne s'abstient pas de nous dire que :
« moi, j'ai toujours depuis un temps demandé à mes
petits enfants de ne jamais ouvrir la porte quand ils entendent campagnes de
vaccination ».
VI-4-1. L'écho du paludisme à
Yaoundé Briquèterie.
Tout d'abord, d'après le rapport de l'OMS, près
de la moitié de la population africaine est exposée au risque de
paludisme. En 2015, on a enregistré environ deux cents douze
millions (212 000 000) de cas et quelque quatre cents vingt-neuf mille
(429 000) décès dus à cette maladie. Et, là,
l'Afrique subsaharienne représente toujours une proportionnalité
élevée.
Ainsi TOTCHUN Arnaud nous précise que, « dans
ce centre de santé, le paludisme est à la merci de presque toutes
les familles. C'est très élevé. En ce sens, les CGSS n'ont
pas d'effet ». Cela peut s'observer au niveau mondial d'après
les statistiques. En Afrique subsaharienne, un enfant meurt du paludisme toutes
les trois secondes (03s). C'est très dangereux pour l'humanité.
« La hiérarchie a bel et bien parlé du diagnostic test
jusque c'est officiel mais ce n'est pas encore présent .On attend
»156.
La statistique nationale approuve que, la mortalité sur
les vingt-un mille deux cents soixante-huit décès dont
on a enregistré, deux mille six cent trente- sept
étaient attribués au paludisme soit un taux de 12,4% en
2016. Ce taux d'après les membres du gouvernement connait une
amélioration.
153 BOUBA, maçon et chef de famille, entretien du
27/01/2018.
154 Rose AMOMBO, entretien du 11/01/2018.
155 Rose AMOMBO, entretien du 11/01/2018.
156 TOTCHUN AUBIN, infirmier de l'hôpital du centre de
santé de la briqueterie. (Mission catholique). Entretien du
22/05/2018.
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Madame BODO reproche également le caractère de
l'insalubrité « la brique est sale »157
pour elle, même si on crée un comité de surveillance pour
assurer la mise oeuvre pratique de l'installation des moustiquaires chaque
nuit, cela ne vas pas résoudre le problème. « Le
problème ici ce sont les herbes partout. Les rigoles sales. Peut-on donc
rester en longueur de la journée à l'intérieur des
moustiques ? »158
En effet les propos de cette infirmière du centre
social PMI Brique nous assignent une orientation sur la question des
stratégies de lutte parlée plus haut. Il est donc
nécessaire de revoir les méthodes, les stratégies de
résolutions pour sauver des vies. Ici, la réticence ne concerne
pas que les profanes, les analphabètes mais aussi les personnes
instruites. Celles du domaine qui travaillent bien évidement sur le
terrain.
Si le Cameroun enregistre quatre mille décès
par an dont 70% d'enfants des enfants de zéro à cinq ans,
l'inquiétude va au-delà du profane. Mais ici à la brique,
l'on pense que les campagnes de santé gratuite proposées par
l'Etat sont plutôt un moyen d'aliénation visant plutôt la
recherche des intérêts personnels. C'est ce qui fait dire à
un habitant retraité de la briquèterie Mr OMGBA :
J'ai suivi la somme énorme déboursée
pour la lutte contre le paludisme. Au lieu de nous apporter les solutions
adéquates, il nous raconte l'histoire des moustiquaires MILDA. Moi
j'avais refusé cela. Ce sont des bandits. On souffre comme ça
c'est eux.159
Pour celui-ci, les campagnes de soins et de santé
gratuits sont un moyen pillage de fond de l'Etat en faveur de caisses
personnelles. Au lieu de sortir de l'argent pour aider la population en plein
souffrance, il vide de l'argent pour l'utiliser dans un domaine qui ne sert
vraiment pas à la nation.
157MBODO, infirmière. Directrice du centre de
santé PMI Briqueterie
158 MBODO, idem
159 OMGBA, entretien du 12/01/2018.
Photo n° 12 : L'insalubrité à la
briqueterie
Source : photo prise lors d'une enquête de
terrain. 03/03/2018 par MOUNGOUM.
Cette image présente une habitation entourée
d'herbes. Ces herbes sont susceptibles d'attirer les moustiques qui
s'infiltrent à l'intérieur de la maison. Et d'ailleurs,
l'extérieur de cette habitation est aussi cet espace qui
représente le lieu par excellence de jeux aux enfants jusqu'au coucher
du soleil. Les enfants seront donc contaminés par des piqures des
moustiques.
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