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Les représentations sociales des campagnes de soins et de santé gratuites dans les aires urbaines camerounaises de santé prioritaires. Cas de la briqueterie à  Yaoundé.


par Mama Nourdi Moungoum
Université de Yaoundé 1. - Master en sociologie 2018
  

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CONCLUSION GENERALE

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Cette étude, intitulée « les représentations sociales des campagnes gratuites de soins et de santé gratuits dans les aires urbaines-camerounaises de santé prioritaire. Le cas du quartier Briquèterie » a été menée dans cette localité notamment tout l'étendue de la Briquèterie. Son but était d'analyse et de comprendre le « pourquoi » et le « comment » la réticence vis-à-vis des CSSG dans cette aire de santé. Dans ce sens il a été important de présenter les facteurs déterminants images construites par cette population autour des CSSG dans cet univers et son impact sur la question de la santé. Cependant, avant cela, il a été nécessaire pour nous de vous rappeler que notre effort a surtout visé à appréhender d'une part les différentes perceptions développées par les individus de cette localité et les images construites par ces derniers autour des campagnes de soins et santé gratuits. Et d'autres part, de montrer comment les résidents de la Briqueterie développent des mesures de contournement pour éviter ces campagnes mises à leur disposition.

Pour mieux saisir l'objet d'étude dans le cadre de cette recherche, il est important de définir un fil conducteur devant nous guider tout au long de notre étude. C'est dans ce sens que le travail s'est structuré autour de la question suivante : quel est le jeu des représentations sociales sur la dynamique et l'efficacité des campagnes de soins et de santé gratuits chez les résidents du quartier Briqueterie ? A la suite de cette question, trois autres questions secondaires ont été formulées à partir de la question secondaire de recherche. Quels sont les savoirs et les perceptions voire les représentations construites par la population de la Briqueterie au sujet des campagnes de soins et de santé gratuits ? Ces interrogations sont formulées comme suit :

- Quelles sont les moyens de réticences ou de rejets du programme des soins gratuits dans ce quartier ?

- Quelles sont les compétences des agents sensibilisateurs et vaccinateurs convoqués ?

- Quelles sont les actions des représentations médiatiques sur responsabilité de l'acceptation ou le rejet à des campagnes de soins et de santé gratuits ?

Suivant, l'observation sociologique, nous sommes partis des refus farouches et même stratégiques lors des campagnes de soins et de santé gratuits observés sur le terrain. En termes de réponse éventuelle nous pourrions considérer de façon générale que le phénomène récurrent de répulsion des campagnes de soins et de santé gratuits est dû à des facteurs sociaux d'une part et d'autres part à des facteurs culturels et anthropologiques lié aux représentations et aux valeurs culturelles. Car les populations de la Briqueterie ont du mal à

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intégrer ou à accepter les campagnes de soins et de santé gratuits ceci à cause de leurs mentalités, des images captées des médias, des réseaux sociaux et les incidences négatives engendrées par les effets secondaires des médicaments gratuits.

Soulignons d'abord que cette hypothèse n'était qu'une réponse provisoire à la question de départ posée, et elle a été mise à l'épreuve par des faits et des réalités du terrain sur lesquelles porte notre étude. Car la santé au même titre que la sociologie générale a pour but ultime de débusquer la réalité sociale cachée derrière les apparences sociales. Dans le cadre de cette étude, les données recueillies via l'investigation sur le terrain ont permis d'arriver à des certitudes dans ces trois hypothèses secondaires corollaires à celle-ci :

Premièrement, l'accès au bien-être de cette population sur le plan sanitaire est la préoccupation fondamentale de l'OMS qui, à travers le programme des campagnes de soins et de santé gratuits cherche à relever l'espérance de vie dans les différentes régions du globe notamment de l'Afrique. Mais à cause de « l'ignorance » caractérisée liée à l'indicateur socioculturel, la population de la Briqueterie reste réfractaire aux programmes des campagnes de soins et de santé gratuits car pour elle, ces programmes interviennent pour leur donner soit de nouvelles maladies soit pour les exposer à la stérilité. Cette affirmation péremptoire viendrait du fait que pour certains les hommes tombent fréquemment malade de nos jours comme affirme certain : « nos parents n'utilisaient pas ces produits de la médecine moderne mais ils vivaient plus d'un siècle ». Dans ce tissu d'idées, les campagnes de soins et de santé gratuits rencontrent des blocages et la tâche devient si ardue à cause de leur adhésion à d'autres logiques. Comme disait Voltaire : « l'ignorance a fait plus de mal à l'humanité que toutes les religions»161

Deuxièmement les premières expériences avec la prise des comprimés « Mectizan » avaient provoqué des troubles sanitaires dans certaines familles de cette localité. Par conséquent les campagnes gratuites viendraient plutôt détruire les hommes au lieu de leur sauver la vie. En effet, à cause des effets secondaires liés à la prise des comprimés « Mectizan »162 qui servaient plutôt de nettoyage dans l'ensemble du corps et qui déclenchait aussi les symptômes cachés de certaines maladies, beaucoup de personnes ont considéré cet acte comme un danger pour leur santé et de deviennent réticent aux campagnes de soins et de santé gratuits. Vu qu'ils n'ont pas la maitrise de ce programme et de ses effets secondaires.

161-voltaire, étude sur l'histoire de l'humanité : la philosophie du XVII et le christianisme. Paris 15éme boulevard Montmarte. 1806.

162- Programme de santé en Afrique 2000. Comprimé 3MG.

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C'est ainsi que d'autres diront : « tout ce qui est gratuit relève un danger »163. Les agents vaccinateurs et sensibilisateurs en manquent la pertinence auprès de cette population. Ce qui soulève un problème de compétence des agents de terrain. Par conséquent ces informateurs et ces agents semblent moins convainquant sur le terrain vu que le choix du mobilisateur dépend du réseau relationnel et amical avec le responsable de l'aire de santé de la Briqueterie. Les critères de sélection pour la sensibilisation et la distribution des vaccins ne respectent pas la loi de l'expertise.

Troisièmement les campagnes de soin et de santé gratuits sont aussi considérées comme une promotion de marchandage caché. Les réseaux sociaux en font l'usage de montrer comment les blancs, à travers la médecine moderne cherchent à exterminer le noir qui est même déjà entraine de se découvrir. Dans cette affirmation brutale sur des plates-formes WhatsApp, Facebook, beaucoup d'entre eux vont rejeter sans remise en cause toute campagne gratuite liée à la santé que ce soit de vaccination ou de sensibilisation.

Ainsi, de ce qui précède, il convient de dire que toutes ces hypothèses ont été confirmées à l'issue du traitement, de l'analyse et de l'interprétation des données collectées sur le terrain. Les résultats de la confrontation de nos trois hypothèses secondaires aux faits concourent à corroborer le contenu de l'hypothèse principale qui indique que : « le phénomène récurrent de répulsion des campagnes de soins et de santé gratuits est dû à des facteurs sociaux d'une part et d'autres part à des facteurs culturels et anthropologiques lié aux représentations et aux valeurs culturelles. Car les populations de la Briqueterie ont du mal à intégrer ou à accepter les campagnes de soins et de santé gratuits ceci à cause de leurs mentalités et les incidences négatives engendrées par les effets secondaires ».

Pour mener à bien la vérification de ces hypothèses et dans le souci d'avoir plus de lisibilité pour comprendre les facteurs réels de la faible acceptation des campagnes de soin et de santé gratuits à la Briqueterie. Nous avons commencé par un travail de construction de notre objet sociologique qui a consisté à analyser, à explorer et à mettre à nu les différentes représentations construites autour des campagnes de soin et de santé gratuits. C'est après avoir construit notre objet d'étude sociologique qu'il nous a été possible à l'analyse et à la démonstration des comportements, des pratiques relatives aux rejets des campagnes de soin et de santé gratuits. De ce fait, nous avons fait recours aux modèles théoriques et techniques de collecte des données.

163-Idem

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Sur le plan théorique, pour vous faire comprendre de fond en comble la réalité qui nous a intéressée, nous avons mobilisé trois grilles d'analyse. Nous avons évoqué entre autres la théorie culturaliste, la théorie de représentation sociale et la théorie de l'individualisme méthodologique.

Sommairement, la théorie culturaliste qui fait de la culture un instrument ou l'élément déterminant et explicatif présent dans la conduite d'un individu. Cette théorie nous a permis de comprendre comment le poids de la culture favorise la réticence aux produits de la médecine moderne. Comment le rattachement profond à cette culture traditionnelle influe les CSSG. Cette observation nous permis de mettre en évidence l'influence prépondérante de la culture et des habitudes culturelles d'éduction sur la personnalité de base. Cette grille de lecture s'intéresse à la relation existante entre l'homme et la culture. Elle nous a permis de montrer comment les campagnes de soins et de santé gratuite aperçues comme l'innovation aliénante trouvent de la peine à s'enraciner auprès des habitants de Yaoundé Briqueterie. Dans ce quartier de la capitale, le poids de la religion, de la tradition, de certaines croyances prend le dessus l'acceptation des CSSG. Cette population est socialisée à partir du respect rigoureux des normes et valeurs traditionnelles au détriment de toute autre considération, s'il faut parler de la médecine moderne. Le culturalisme cherche à rendre compte de l'intégration sociale de ces individus et les mobiles explicatifs du comportement réfractaire aux différentes campagnes de soins et de santé gratuits dans cette localité.

Deuxièmement, nous avons également fait recours à la théorie des représentations sociales. Cette théorie a permis d'expliquer les motivations des images construites autour des campagnes de soins et de santé gratuits partant de leur appréhension personnelle et collective. La représentation sociale est construite à partir de l'expérience quotidienne des acteurs sociaux. S'il faut parler comme JODELET, c'est une « forme de connaissance socialement élaborée et partagée ayant une visée et concourant à la construction d'une réalité commune à un ensemble social ».164Là, ces représentations sociales sont donc un ensemble organisé d'opinions, de croyances, d'attitudes se référant à un objet ou à une situation. Elles se construisent à partir de leurs expériences, leurs savoirs, leurs manières de penser qui se réfèrent aux coutumes, la communication, la socialisation. Elles sont ici considérées comme une interprétation qui doit servir la compréhension des logiques et des croyances développées par les acteurs sociaux sur les campagnes de soin et de santé gratuits chez les résidents du

164 JODELET Denis. « Représentations sociales : phénomènes concepts et théories » in Serge MOCOVICI : psychologie sociale, Paris, PUF, 1984.

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quartier Briqueterie. Voilà pourquoi ces résidents ont rencontré des difficultés dans l'acceptation des campagnes de soins et de santé gratuits. Car leur statut cognitif leur permet d'appréhender les aspects de la vie ordinaire par un recadrage de leur conduite à l'intérieur des interactions sociales.

A travers ce courant, nous voulons montrer qu'il existe des savoirs et des perceptions socialement construites qui constituent un obstacle pour des campagnes de soins et de santé gratuits à intégrer de façon considérable leur mode de vie. Autrement dit, leur manière de sentir, d'agir, et même de penser visible dans leur comportement. Cette théorie des représentations sociales nous a permis la compréhension des motivations profondes liées à la réticence.

Enfin, la théorie de l'individualisme méthodologique. Nous avons pu détailler comment les individus sont donc considérés comme des atomes de base de l'analyse de processus sociaux et collectifs envisagés comme simple résultat des activités individuelles. Ainsi, ce sont ces motivations qui intéressent qui nous ont intéressé. Ainsi, Les motivations des habitants de la Briqueterie sont inscrites dans des logiques propres à leurs sentiments pris individuellement. Chacun participe à la construction des réticences aux campagnes de soins et de santé gratuite en donnant son avis propre puisé dans ses penchants et ses réflexions personnelles. La théorie de l'individualisme méthodologique nous a alors permis de comprendre les raisons personnelles qui expliquent leurs comportements de réticences.

Au plan méthodologique, la recherche documentaire, l'observation directe et les entretiens ont constitué la phase importante de notre entreprise de collecte des données. L'approche documentaire a permis l'accès aux informations relatives à la conquête, à la saisie, et à la construction de notre objet de recherche. Elle a été bien évidemment le point de départ de notre travail de recherche. Ensuite, l'observation directe nous a permis de démystifier les comportements, les attitudes et les mentalités des acteurs sociaux en rapport avec la réticence des campagnes de soins et de santé gratuits. Toutefois, les entretiens semi-directifs, nous ont permis de recueillir des informations sur les différents savoirs et les perceptions construites autour des campagnes de soins et santé gratuits. Cette association d'éléments méthodologiques ou encore de techniques de collecte a favorablement contribué à une « vigilance épistémologique 165» puis à un savoir profond dans la production de ce travail de recherche. Nous avons travaillé sur la base de l'échantillon théorique et aléatoire. Par

165 Pierre BOURDIEU, le métier du sociologue, Paris, PUF, 2001.

échantillonnage, il faut comprendre le nombre restreint de personnes, minutieusement choisi pour apporter des informations crédibles sur le sujet de l'enquête. En d'autres termes, c'est une technique par laquelle le chercheur choisit une partie représentative de la population pour déterminer les caractéristiques de l'ensemble de la population à étudier. Il permet dans une recherche d'obtenir les informations utiles à la compréhension du phénomène étudié. De ce fait nous avons jumelé l'échantillon théorique et l'échantillon aléatoire.

Pour mieux rendre compréhensible les réticences de résidents de la Briqueterie nous avons opté pour l'échantillon théorique et aléatoire. Ces techniques nous ont permis de parcourir de façon pyramidale notre population cible. C'est dans ce processus que nous avons parcouru la population générale de ce quartier afin de sélectionner les répondants de façon aléatoire.

Ici, beaucoup de personnes portées à la critique pourraient se poser la question de savoir qu'est la représentativité d'un tel découpage au regard de l'abondance des éléments susceptibles d'intervenir sur cette problématique. L'échantillon théorique nous a servi d'aller à la rencontre des décideurs ou des personnes ressources susceptibles de donner les informations dans le domaine de la santé. Quant à l'échantillon aléatoire, il a permis de sélectionner les enquêtés de façon aléatoire dans le quartier Briqueterie de Yaoundé.

Sur le plan interdisciplinaire, ce travail souscrit sans aucune réserve à l'exigence de l'interdisciplinarité. Ainsi, en nous intéressant à une thématique qui peut sembler à première vue de l'anthropologie de la santé, nous avons voulu fonder notre lecture sur l'approche interdisciplinaire. Dans cette logique, nous avons voulu dans ce cas vanter les mérites de l'interdisciplinarité dans l'analyse et la compréhension de notre sujet de recherche. Ce qui nous a permis de dépasser ou de sortir de notre domaine strict de l'analyse pour aller fouiller les connaissances complémentaires dans d'autres disciplines.

Cette étude a bien évidemment permis de confirmer un certain nombre de connaissances déjà établies sur la question des campagnes de soins et de santé gratuits en générale. A travers ces savoirs, nous avons pu montrer comment les images construites autour des campagnes de soins et de santé gratuits dans les aires-urbaines camerounaises de santé prioritaire constituent une menace pour certaines, d'où le comportement de réticence lors de la période de sensibilisation et de vaccination. Ce regard complexe au sujet des campagnes de soins et de santé gratuits d'après le traitement des informations recueillies sur le terrain s'enracine autour des obstacles réels au niveau de la transmission de l'information, de crainte

des effets secondaires bref de l'« ignorance » autour de ce projet chez la population ou les résident de ce quartier.

L'analyse des différentes perceptions développées par les acteurs révèlent des disparités, des images, des lacunes qui seraient susceptibles d'entraver la mise en oeuvre d'un programme des campagnes de soin et de santé gratuits capable de couvrir toute la localité.

Il est important de rappeler que nous ne prétendons pas être pionnier après avoir effectué une étude sur les représentations sociales des campagnes de soins et de santé gratuits, cette étude qui s'est inspirée de nombreux travaux de recherche effectués dans le cadre de la santé, est une contribution au renforcement de méthodes de mise en oeuvre des campagnes de soins et de santé gratuits. D'une manière beaucoup spécifique, cette étude vise à donner l'air nouveau au système de mise en oeuvre d'un système efficace d'une part et d'autres parts une amélioration au niveau de connaissance puis de compréhension de la population sur la question des campagnes de soin et de santé gratuits. Cette recherche nous a permis de mettre à nu les facteurs déterminant les différents types de rejets ou encore les réticences. En réalité ici, les difficultés orchestrées par la mise en oeuvre des campagnes de soin et de santé gratuits sont issues de manque de connaissance réelle de la population sur l'origine, la qualité, le « pourquoi » de ces produits dont elle doit bénéficier. Par ailleurs une bonne étude de faisabilité nécessaire pour la bonne marche de ce programme de gratuité de soin devrait prendre en compte tous les composantes en s'intéressant à l'aspect culturel, politique, économique et social. Vu que, compte tenu de l'hétérogénéité de cette population aucun élément ne devrait être négligé. Nous pouvons déduire par-là que cette situation traduit l'effort limité des pouvoirs publics. La lecture des informations captées notre terrain de recherche nous permet de dire que l'Etat a encore jusqu'ici beaucoup de mesures à prendre pour améliorer davantage la santé de sa population. Par contre en dépit des efforts de l'OMS en collaboration avec le MINSANTE par la mise à la disposition des populations camerounais des campagnes de luttes contes les maladies évitables, on relève toujours des cas ou encore des enfants non vaccinés et la persistance des épidémies et les pandémies pour des raisons diverses. Nous n'avons pas pu nier ce problème de gestion et de maltraitance des agents vaccinateurs et sensibilisateurs qui, à leurs tours vont travailler selon le degré de motivation.

Cependant, la mise en place d'une politique générale de la programmation de campagnes de soins et de santé gratuits apparait comme une pierre angulaire pour la construction et l'amélioration de notre système de santé. Si nous nous attelons sur la vulnérabilité et la précarité qui s'observent dans ce quartier, les campagnes de soins et de

santé gratuits seront indéniables pour reculer le taux de mortalité au Cameroun. Ici, l'Etat a encore d'efforts à fournir. C'est pourquoi il est souhaitable que le ministère en charge de la santé accentue les campagnes de sensibilisation et de vaccination. Celles-ci passeront par la prise de conscience. Puis qu'il ne suffit pas de venir annoncer et vacciner les enfants, mais informer les parents sur l'origine, la qualité, le but, et même dire pourquoi c'est gratuit.

Améliorer la santé de la population camerounaise est une nécessité pour l'Etat. Les pouvoirs publics doivent mettre à la disposition de ce domaine les moyens importants pour lutter contre ces maladies évitables. Ces moyens doivent être repartis d'une façon rigoureuse pour permettre aux agents de terrain d'exercer ou de mener un travail sérieux. En effet, les agents de santé présentent sur le terrain trouvent la rémunération vraiment dérisoire, très faible. Là, mener à bien un travail laborieux devient difficile. Alors il est important de revoir la somme donc bénéficie chaque membre, agent sensibilisateur ou vaccinateur lors des campagnes de soins et de santé gratuits. Les pouvoirs publics en charge de la santé devraient organiser des équipes de sensibilisations bien avant la période des campagnes. Et, par la stratégie de porte- à- porte ces équipes devront convaincre les populations par un dialogue en leur expliquant le 'pourquoi' 'des campagnes de soins en telle ou telle période.

De même, la panique qui survient lors de l'identification peut être dépassée par ces stratégies de sensibilisation. La distribution des Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d'Action (MILDA), pour garder sa connotation de lutte contre le paludisme devrait avoir d'autres paramètres de partages, c'est -à- dire la stratégie par ciblage des maisons dont le refus de l'identification a été enregistré pour les expliquer comment les campagnes de soins et de santé gratuits sont apolitiques. Vu que, dans une société où les habitants ont les connaissances, les savoirs, l'état d'esprit ouvert, celles-ci applaudissent les prouesses de la science sans réticence ou rejet non expérimenté.

En ce qui concerne les agents sensibilisateurs et vaccinateurs de terrain, les pouvoirs publics doivent chercher ou encore à recruter les personnes disponibles jouissant d'une bonne moralité et travailleurs. Ces personnes recrutées devraient également être capables de parcourir « maison après maison » les localités distinctes comme le cas de la Briqueterie. Celles-ci devraient être supervisées par les contrôleurs dynamiques. Ces contrôleurs auront pour mission d'inspecter, de vérifier et même de contribuer à l'explication de la pertinence des campagnes de soins et de santé gratuits à cette population. Il serait également louable que le MINSANTE prend attache avec les chefs de chaque secteur de la Briqueterie afin qu'ils organisent des colloques de sensibilisation et d'éducation. Cette démarche permettra

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d'apprendre à cette population l'idée selon laquelle les produits de santé dont les camerounais bénéficient gratuitement ne sont pas gratuits ; l'Etat paye ses vaccins et, c'est la population qui bénéficie de façon gratuit vu qu'ils sont couteux. Dans cette circonstance de la pauvreté, et avec la morphologie de ce quartier qui fait état de la précarité, ces résidents non pas la possibilité d'aller à l'hôpital faire un bilan de santé à cause de manque de moyens financiers. La plupart y vont quand la maladie est très grave.

En plus, cette étude sociologique, qui au départ se voulait une contribution à la sociologie de la santé dans un cadre plus large s'est vue s'étendre dans d'autres domaines de la sociologie générale comme la sociologie de la connaissance. Nous ne pouvons pas hésiter de dire également qu'elle s'ouvre aussi dans le domaine la sociologie du travail.

A travers la sociologie de la connaissance, nous avons compris que l'élaboration est influencée ici par des circonstances sociohistoriques. La mise sur pied d'une stratégie laborieuse d'apprentissage dans le but de connaitre clairement comment les gens connaissent et pensent des campagnes de soin et de santé gratuits a contribué à la réalisation de ce travail de recherche. Plus que, comme le disait Emile DURKHEIM166, les représentations collectives mettent la pression sur l'individu pour s'assimiler aux normes morales et intellectuelles de la société.

Pour ce qui est de la sociologie du travail, nous avons tout d'abord questionné les rapports que tissent les agents sensibilisateurs et vaccinateurs avec les responsables dans ces milieux lors des campagnes de soins et de santé gratuits. Cette lecture a permis de voir comment le « dedans » se déploie autour de la subjectivité animée par des souffrances qui créent des tensions cachées.

Jusqu'ici, de nombreuses difficultés ont été rencontrées pendant cette recherche. Par ailleurs celles qui sont nécessaires d'être évoquées relèvent de celles qui ont véritablement constitué un écueil à la saisie des données utiles pour cette étude. En fait nous étions également victimes des soupçons qui sont d'ailleurs fréquentes chez les chercheurs en science sociales. Concrètement à la phase initiale de notre travail de recherche, nous sommes apparus auprès des agents de santé comme des espions, les personnes « de services secrets » qui peuvent les nuire. La présentation d'une autorisation de recherche dûment signée par le chef du département n'avait pas effet en tant que tel. Cependant, certains agents de santé et répondants sont restés distants et craintifs. Dans ce domaine très sensible, il était important

166 Emile DURHKEIM, les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, PUF, 1912. 647P

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d'entrer en possession d'une autorisation de recherche signée par André MAMA FOUDA, le MINSANTE. Ce processus a pris également du temps.

En dépit de ces difficultés rencontrées, et eu égard des efforts que nous avons fournis dans le but de rendre sociologiquement compte des logiques qui sous-tendent un phénomène aussi complexe que celui des représentations sociales des campagnes de soins et de santé gratuits dans les aires urbaines camerounaises de santé prioritaire, nous sommes bien loin de que ce travail de recherche soit exempt de toute critique et nous ne pensons pas avoir soulevé tous les aspects du sujet. On pourrait nous reprocher à la lecture de cette recherche de n'avoir pas tenu compte des fabricants ou encore de la composition de ces différents produits de campagnes de soins et de santé gratuits. Nous pensons bien que ces omissions n'enlèveront en aucun cas la pertinence de nos résultats de recherche. Ici, les limites amendées à ce travail, nous l'espérons, feront l'objet des travaux ultérieurs. Vu que, Gaston BACHELARD167, nous a précisé que l'esprit scientifique se construit comme une série d'erreurs rectifiées et c'est en revenant sur un passé d'erreurs qu'on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel.

Très certainement nous pensons que ce document pourrait servir pour une réflexion à l'amélioration des stratégies de lutte contre les maladies évitables par des campagnes de soin et de santé gratuits dans les aires-urbaines de santé et aires de santé en générale dans toutes les localités où les images campagnes de soins et de santé gratuits provoquent de rejets ou de réticences.

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167 Gaston BACHELARD, la formation de l'esprit scientifique, paris, librairie philosophique, Vrin, 1999 (première édition) : 1938, chapitre 1er.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand