CONCLUSION GENERALE
00
Cette étude, intitulée « les
représentations sociales des campagnes gratuites de soins et de
santé gratuits dans les aires urbaines-camerounaises de santé
prioritaire. Le cas du quartier Briquèterie » a
été menée dans cette localité notamment tout
l'étendue de la Briquèterie. Son but était d'analyse et de
comprendre le « pourquoi » et le « comment » la
réticence vis-à-vis des CSSG dans cette aire de santé.
Dans ce sens il a été important de présenter les facteurs
déterminants images construites par cette population autour des CSSG
dans cet univers et son impact sur la question de la santé. Cependant,
avant cela, il a été nécessaire pour nous de vous rappeler
que notre effort a surtout visé à appréhender d'une part
les différentes perceptions développées par les individus
de cette localité et les images construites par ces derniers autour des
campagnes de soins et santé gratuits. Et d'autres part, de montrer
comment les résidents de la Briqueterie développent des mesures
de contournement pour éviter ces campagnes mises à leur
disposition.
Pour mieux saisir l'objet d'étude dans le cadre de
cette recherche, il est important de définir un fil conducteur devant
nous guider tout au long de notre étude. C'est dans ce sens que le
travail s'est structuré autour de la question suivante : quel est le jeu
des représentations sociales sur la dynamique et l'efficacité des
campagnes de soins et de santé gratuits chez les résidents du
quartier Briqueterie ? A la suite de cette question, trois autres questions
secondaires ont été formulées à partir de la
question secondaire de recherche. Quels sont les savoirs et les perceptions
voire les représentations construites par la population de la
Briqueterie au sujet des campagnes de soins et de santé gratuits ? Ces
interrogations sont formulées comme suit :
- Quelles sont les moyens de réticences ou de rejets du
programme des soins gratuits dans ce quartier ?
- Quelles sont les compétences des agents sensibilisateurs
et vaccinateurs convoqués ?
- Quelles sont les actions des représentations
médiatiques sur responsabilité de l'acceptation ou le rejet
à des campagnes de soins et de santé gratuits ?
Suivant, l'observation sociologique, nous sommes partis des
refus farouches et même stratégiques lors des campagnes de soins
et de santé gratuits observés sur le terrain. En termes de
réponse éventuelle nous pourrions considérer de
façon générale que le phénomène
récurrent de répulsion des campagnes de soins et de santé
gratuits est dû à des facteurs sociaux d'une part et d'autres part
à des facteurs culturels et anthropologiques lié aux
représentations et aux valeurs culturelles. Car les populations de la
Briqueterie ont du mal à
0
intégrer ou à accepter les campagnes de soins et
de santé gratuits ceci à cause de leurs mentalités, des
images captées des médias, des réseaux sociaux et les
incidences négatives engendrées par les effets secondaires des
médicaments gratuits.
Soulignons d'abord que cette hypothèse n'était
qu'une réponse provisoire à la question de départ
posée, et elle a été mise à l'épreuve par
des faits et des réalités du terrain sur lesquelles porte notre
étude. Car la santé au même titre que la sociologie
générale a pour but ultime de débusquer la
réalité sociale cachée derrière les apparences
sociales. Dans le cadre de cette étude, les données recueillies
via l'investigation sur le terrain ont permis d'arriver à des certitudes
dans ces trois hypothèses secondaires corollaires à celle-ci :
Premièrement, l'accès au bien-être de
cette population sur le plan sanitaire est la préoccupation fondamentale
de l'OMS qui, à travers le programme des campagnes de soins et de
santé gratuits cherche à relever l'espérance de vie dans
les différentes régions du globe notamment de l'Afrique. Mais
à cause de « l'ignorance » caractérisée
liée à l'indicateur socioculturel, la population de la
Briqueterie reste réfractaire aux programmes des campagnes de soins et
de santé gratuits car pour elle, ces programmes interviennent pour leur
donner soit de nouvelles maladies soit pour les exposer à la
stérilité. Cette affirmation péremptoire viendrait du fait
que pour certains les hommes tombent fréquemment malade de nos jours
comme affirme certain : « nos parents n'utilisaient pas ces produits
de la médecine moderne mais ils vivaient plus d'un siècle
». Dans ce tissu d'idées, les campagnes de soins et de
santé gratuits rencontrent des blocages et la tâche devient si
ardue à cause de leur adhésion à d'autres logiques. Comme
disait Voltaire : « l'ignorance a fait plus de mal à
l'humanité que toutes les religions»161
Deuxièmement les premières expériences
avec la prise des comprimés « Mectizan » avaient
provoqué des troubles sanitaires dans certaines familles de cette
localité. Par conséquent les campagnes gratuites viendraient
plutôt détruire les hommes au lieu de leur sauver la vie. En
effet, à cause des effets secondaires liés à la prise des
comprimés « Mectizan »162 qui servaient
plutôt de nettoyage dans l'ensemble du corps et qui déclenchait
aussi les symptômes cachés de certaines maladies, beaucoup de
personnes ont considéré cet acte comme un danger pour leur
santé et de deviennent réticent aux campagnes de soins et de
santé gratuits. Vu qu'ils n'ont pas la maitrise de ce programme et de
ses effets secondaires.
161-voltaire, étude sur l'histoire de
l'humanité : la philosophie du XVII et le christianisme. Paris
15éme boulevard Montmarte. 1806.
162- Programme de santé en Afrique 2000. Comprimé
3MG.
0
C'est ainsi que d'autres diront : « tout ce qui est
gratuit relève un danger »163. Les agents
vaccinateurs et sensibilisateurs en manquent la pertinence auprès de
cette population. Ce qui soulève un problème de compétence
des agents de terrain. Par conséquent ces informateurs et ces agents
semblent moins convainquant sur le terrain vu que le choix du mobilisateur
dépend du réseau relationnel et amical avec le responsable de
l'aire de santé de la Briqueterie. Les critères de
sélection pour la sensibilisation et la distribution des vaccins ne
respectent pas la loi de l'expertise.
Troisièmement les campagnes de soin et de santé
gratuits sont aussi considérées comme une promotion de
marchandage caché. Les réseaux sociaux en font l'usage de montrer
comment les blancs, à travers la médecine moderne cherchent
à exterminer le noir qui est même déjà entraine de
se découvrir. Dans cette affirmation brutale sur des plates-formes
WhatsApp, Facebook, beaucoup d'entre eux vont rejeter sans remise en cause
toute campagne gratuite liée à la santé que ce soit de
vaccination ou de sensibilisation.
Ainsi, de ce qui précède, il convient de dire
que toutes ces hypothèses ont été confirmées
à l'issue du traitement, de l'analyse et de l'interprétation des
données collectées sur le terrain. Les résultats de la
confrontation de nos trois hypothèses secondaires aux faits concourent
à corroborer le contenu de l'hypothèse principale qui indique que
: « le phénomène récurrent de répulsion des
campagnes de soins et de santé gratuits est dû à des
facteurs sociaux d'une part et d'autres part à des facteurs culturels et
anthropologiques lié aux représentations et aux valeurs
culturelles. Car les populations de la Briqueterie ont du mal à
intégrer ou à accepter les campagnes de soins et de santé
gratuits ceci à cause de leurs mentalités et les incidences
négatives engendrées par les effets secondaires ».
Pour mener à bien la vérification de ces
hypothèses et dans le souci d'avoir plus de lisibilité pour
comprendre les facteurs réels de la faible acceptation des campagnes de
soin et de santé gratuits à la Briqueterie. Nous avons
commencé par un travail de construction de notre objet sociologique qui
a consisté à analyser, à explorer et à mettre
à nu les différentes représentations construites autour
des campagnes de soin et de santé gratuits. C'est après avoir
construit notre objet d'étude sociologique qu'il nous a
été possible à l'analyse et à la
démonstration des comportements, des pratiques relatives aux rejets des
campagnes de soin et de santé gratuits. De ce fait, nous avons fait
recours aux modèles théoriques et techniques de collecte des
données.
163-Idem
03
Sur le plan théorique, pour vous faire comprendre de
fond en comble la réalité qui nous a intéressée,
nous avons mobilisé trois grilles d'analyse. Nous avons
évoqué entre autres la théorie culturaliste, la
théorie de représentation sociale et la théorie de
l'individualisme méthodologique.
Sommairement, la théorie culturaliste qui fait de la
culture un instrument ou l'élément déterminant et
explicatif présent dans la conduite d'un individu. Cette théorie
nous a permis de comprendre comment le poids de la culture favorise la
réticence aux produits de la médecine moderne. Comment le
rattachement profond à cette culture traditionnelle influe les CSSG.
Cette observation nous permis de mettre en évidence l'influence
prépondérante de la culture et des habitudes culturelles
d'éduction sur la personnalité de base. Cette grille de lecture
s'intéresse à la relation existante entre l'homme et la culture.
Elle nous a permis de montrer comment les campagnes de soins et de santé
gratuite aperçues comme l'innovation aliénante trouvent de la
peine à s'enraciner auprès des habitants de Yaoundé
Briqueterie. Dans ce quartier de la capitale, le poids de la religion, de la
tradition, de certaines croyances prend le dessus l'acceptation des CSSG. Cette
population est socialisée à partir du respect rigoureux des
normes et valeurs traditionnelles au détriment de toute autre
considération, s'il faut parler de la médecine moderne. Le
culturalisme cherche à rendre compte de l'intégration sociale de
ces individus et les mobiles explicatifs du comportement réfractaire aux
différentes campagnes de soins et de santé gratuits dans cette
localité.
Deuxièmement, nous avons également fait recours
à la théorie des représentations sociales. Cette
théorie a permis d'expliquer les motivations des images construites
autour des campagnes de soins et de santé gratuits partant de leur
appréhension personnelle et collective. La représentation sociale
est construite à partir de l'expérience quotidienne des acteurs
sociaux. S'il faut parler comme JODELET, c'est une « forme de
connaissance socialement élaborée et partagée ayant une
visée et concourant à la construction d'une réalité
commune à un ensemble social ».164Là, ces
représentations sociales sont donc un ensemble organisé
d'opinions, de croyances, d'attitudes se référant à un
objet ou à une situation. Elles se construisent à partir de leurs
expériences, leurs savoirs, leurs manières de penser qui se
réfèrent aux coutumes, la communication, la socialisation. Elles
sont ici considérées comme une interprétation qui doit
servir la compréhension des logiques et des croyances
développées par les acteurs sociaux sur les campagnes de soin et
de santé gratuits chez les résidents du
164 JODELET Denis. « Représentations sociales :
phénomènes concepts et théories » in Serge MOCOVICI :
psychologie sociale, Paris, PUF, 1984.
0
quartier Briqueterie. Voilà pourquoi ces
résidents ont rencontré des difficultés dans l'acceptation
des campagnes de soins et de santé gratuits. Car leur statut cognitif
leur permet d'appréhender les aspects de la vie ordinaire par un
recadrage de leur conduite à l'intérieur des interactions
sociales.
A travers ce courant, nous voulons montrer qu'il existe des
savoirs et des perceptions socialement construites qui constituent un obstacle
pour des campagnes de soins et de santé gratuits à
intégrer de façon considérable leur mode de vie. Autrement
dit, leur manière de sentir, d'agir, et même de penser visible
dans leur comportement. Cette théorie des représentations
sociales nous a permis la compréhension des motivations profondes
liées à la réticence.
Enfin, la théorie de l'individualisme
méthodologique. Nous avons pu détailler comment les individus
sont donc considérés comme des atomes de base de l'analyse de
processus sociaux et collectifs envisagés comme simple résultat
des activités individuelles. Ainsi, ce sont ces motivations qui
intéressent qui nous ont intéressé. Ainsi, Les motivations
des habitants de la Briqueterie sont inscrites dans des logiques propres
à leurs sentiments pris individuellement. Chacun participe à la
construction des réticences aux campagnes de soins et de santé
gratuite en donnant son avis propre puisé dans ses penchants et ses
réflexions personnelles. La théorie de l'individualisme
méthodologique nous a alors permis de comprendre les raisons
personnelles qui expliquent leurs comportements de réticences.
Au plan méthodologique, la recherche documentaire,
l'observation directe et les entretiens ont constitué la phase
importante de notre entreprise de collecte des données. L'approche
documentaire a permis l'accès aux informations relatives à la
conquête, à la saisie, et à la construction de notre objet
de recherche. Elle a été bien évidemment le point de
départ de notre travail de recherche. Ensuite, l'observation directe
nous a permis de démystifier les comportements, les attitudes et les
mentalités des acteurs sociaux en rapport avec la réticence des
campagnes de soins et de santé gratuits. Toutefois, les entretiens
semi-directifs, nous ont permis de recueillir des informations sur les
différents savoirs et les perceptions construites autour des campagnes
de soins et santé gratuits. Cette association d'éléments
méthodologiques ou encore de techniques de collecte a favorablement
contribué à une « vigilance
épistémologique 165» puis à un savoir
profond dans la production de ce travail de recherche. Nous avons
travaillé sur la base de l'échantillon théorique et
aléatoire. Par
165 Pierre BOURDIEU, le métier du sociologue, Paris, PUF,
2001.
échantillonnage, il faut comprendre le nombre restreint
de personnes, minutieusement choisi pour apporter des informations
crédibles sur le sujet de l'enquête. En d'autres termes, c'est une
technique par laquelle le chercheur choisit une partie représentative de
la population pour déterminer les caractéristiques de l'ensemble
de la population à étudier. Il permet dans une recherche
d'obtenir les informations utiles à la compréhension du
phénomène étudié. De ce fait nous avons
jumelé l'échantillon théorique et l'échantillon
aléatoire.
Pour mieux rendre compréhensible les réticences
de résidents de la Briqueterie nous avons opté pour
l'échantillon théorique et aléatoire. Ces techniques nous
ont permis de parcourir de façon pyramidale notre population cible.
C'est dans ce processus que nous avons parcouru la population
générale de ce quartier afin de sélectionner les
répondants de façon aléatoire.
Ici, beaucoup de personnes portées à la critique
pourraient se poser la question de savoir qu'est la
représentativité d'un tel découpage au regard de
l'abondance des éléments susceptibles d'intervenir sur cette
problématique. L'échantillon théorique nous a servi
d'aller à la rencontre des décideurs ou des personnes ressources
susceptibles de donner les informations dans le domaine de la santé.
Quant à l'échantillon aléatoire, il a permis de
sélectionner les enquêtés de façon aléatoire
dans le quartier Briqueterie de Yaoundé.
Sur le plan interdisciplinaire, ce travail souscrit sans
aucune réserve à l'exigence de l'interdisciplinarité.
Ainsi, en nous intéressant à une thématique qui peut
sembler à première vue de l'anthropologie de la santé,
nous avons voulu fonder notre lecture sur l'approche interdisciplinaire. Dans
cette logique, nous avons voulu dans ce cas vanter les mérites de
l'interdisciplinarité dans l'analyse et la compréhension de notre
sujet de recherche. Ce qui nous a permis de dépasser ou de sortir de
notre domaine strict de l'analyse pour aller fouiller les connaissances
complémentaires dans d'autres disciplines.
Cette étude a bien évidemment permis de
confirmer un certain nombre de connaissances déjà établies
sur la question des campagnes de soins et de santé gratuits en
générale. A travers ces savoirs, nous avons pu montrer comment
les images construites autour des campagnes de soins et de santé
gratuits dans les aires-urbaines camerounaises de santé prioritaire
constituent une menace pour certaines, d'où le comportement de
réticence lors de la période de sensibilisation et de
vaccination. Ce regard complexe au sujet des campagnes de soins et de
santé gratuits d'après le traitement des informations recueillies
sur le terrain s'enracine autour des obstacles réels au niveau de la
transmission de l'information, de crainte
des effets secondaires bref de l'« ignorance »
autour de ce projet chez la population ou les résident de ce
quartier.
L'analyse des différentes perceptions
développées par les acteurs révèlent des
disparités, des images, des lacunes qui seraient susceptibles d'entraver
la mise en oeuvre d'un programme des campagnes de soin et de santé
gratuits capable de couvrir toute la localité.
Il est important de rappeler que nous ne prétendons pas
être pionnier après avoir effectué une étude sur les
représentations sociales des campagnes de soins et de santé
gratuits, cette étude qui s'est inspirée de nombreux travaux de
recherche effectués dans le cadre de la santé, est une
contribution au renforcement de méthodes de mise en oeuvre des campagnes
de soins et de santé gratuits. D'une manière beaucoup
spécifique, cette étude vise à donner l'air nouveau au
système de mise en oeuvre d'un système efficace d'une part et
d'autres parts une amélioration au niveau de connaissance puis de
compréhension de la population sur la question des campagnes de soin et
de santé gratuits. Cette recherche nous a permis de mettre à nu
les facteurs déterminant les différents types de rejets ou encore
les réticences. En réalité ici, les difficultés
orchestrées par la mise en oeuvre des campagnes de soin et de
santé gratuits sont issues de manque de connaissance réelle de la
population sur l'origine, la qualité, le « pourquoi » de ces
produits dont elle doit bénéficier. Par ailleurs une bonne
étude de faisabilité nécessaire pour la bonne marche de ce
programme de gratuité de soin devrait prendre en compte tous les
composantes en s'intéressant à l'aspect culturel, politique,
économique et social. Vu que, compte tenu de
l'hétérogénéité de cette population aucun
élément ne devrait être négligé. Nous pouvons
déduire par-là que cette situation traduit l'effort limité
des pouvoirs publics. La lecture des informations captées notre terrain
de recherche nous permet de dire que l'Etat a encore jusqu'ici beaucoup de
mesures à prendre pour améliorer davantage la santé de sa
population. Par contre en dépit des efforts de l'OMS en collaboration
avec le MINSANTE par la mise à la disposition des populations
camerounais des campagnes de luttes contes les maladies évitables, on
relève toujours des cas ou encore des enfants non vaccinés et la
persistance des épidémies et les pandémies pour des
raisons diverses. Nous n'avons pas pu nier ce problème de gestion et de
maltraitance des agents vaccinateurs et sensibilisateurs qui, à leurs
tours vont travailler selon le degré de motivation.
Cependant, la mise en place d'une politique
générale de la programmation de campagnes de soins et de
santé gratuits apparait comme une pierre angulaire pour la construction
et l'amélioration de notre système de santé. Si nous nous
attelons sur la vulnérabilité et la précarité qui
s'observent dans ce quartier, les campagnes de soins et de
santé gratuits seront indéniables pour reculer
le taux de mortalité au Cameroun. Ici, l'Etat a encore d'efforts
à fournir. C'est pourquoi il est souhaitable que le ministère en
charge de la santé accentue les campagnes de sensibilisation et de
vaccination. Celles-ci passeront par la prise de conscience. Puis qu'il ne
suffit pas de venir annoncer et vacciner les enfants, mais informer les parents
sur l'origine, la qualité, le but, et même dire pourquoi c'est
gratuit.
Améliorer la santé de la population camerounaise
est une nécessité pour l'Etat. Les pouvoirs publics doivent
mettre à la disposition de ce domaine les moyens importants pour lutter
contre ces maladies évitables. Ces moyens doivent être repartis
d'une façon rigoureuse pour permettre aux agents de terrain d'exercer ou
de mener un travail sérieux. En effet, les agents de santé
présentent sur le terrain trouvent la rémunération
vraiment dérisoire, très faible. Là, mener à bien
un travail laborieux devient difficile. Alors il est important de revoir la
somme donc bénéficie chaque membre, agent sensibilisateur ou
vaccinateur lors des campagnes de soins et de santé gratuits. Les
pouvoirs publics en charge de la santé devraient organiser des
équipes de sensibilisations bien avant la période des campagnes.
Et, par la stratégie de porte- à- porte ces équipes
devront convaincre les populations par un dialogue en leur expliquant le
'pourquoi' 'des campagnes de soins en telle ou telle
période.
De même, la panique qui survient lors de
l'identification peut être dépassée par ces
stratégies de sensibilisation. La distribution des Moustiquaires
Imprégnées à Longue Durée d'Action (MILDA), pour
garder sa connotation de lutte contre le paludisme devrait avoir d'autres
paramètres de partages, c'est -à- dire la stratégie par
ciblage des maisons dont le refus de l'identification a été
enregistré pour les expliquer comment les campagnes de soins et de
santé gratuits sont apolitiques. Vu que, dans une société
où les habitants ont les connaissances, les savoirs, l'état
d'esprit ouvert, celles-ci applaudissent les prouesses de la science sans
réticence ou rejet non expérimenté.
En ce qui concerne les agents sensibilisateurs et vaccinateurs
de terrain, les pouvoirs publics doivent chercher ou encore à recruter
les personnes disponibles jouissant d'une bonne moralité et
travailleurs. Ces personnes recrutées devraient également
être capables de parcourir « maison après maison » les
localités distinctes comme le cas de la Briqueterie. Celles-ci devraient
être supervisées par les contrôleurs dynamiques. Ces
contrôleurs auront pour mission d'inspecter, de vérifier et
même de contribuer à l'explication de la pertinence des campagnes
de soins et de santé gratuits à cette population. Il serait
également louable que le MINSANTE prend attache avec les chefs de chaque
secteur de la Briqueterie afin qu'ils organisent des colloques de
sensibilisation et d'éducation. Cette démarche permettra
08
d'apprendre à cette population l'idée selon
laquelle les produits de santé dont les camerounais
bénéficient gratuitement ne sont pas gratuits ; l'Etat paye ses
vaccins et, c'est la population qui bénéficie de façon
gratuit vu qu'ils sont couteux. Dans cette circonstance de la pauvreté,
et avec la morphologie de ce quartier qui fait état de la
précarité, ces résidents non pas la possibilité
d'aller à l'hôpital faire un bilan de santé à cause
de manque de moyens financiers. La plupart y vont quand la maladie est
très grave.
En plus, cette étude sociologique, qui au départ
se voulait une contribution à la sociologie de la santé dans un
cadre plus large s'est vue s'étendre dans d'autres domaines de la
sociologie générale comme la sociologie de la connaissance. Nous
ne pouvons pas hésiter de dire également qu'elle s'ouvre aussi
dans le domaine la sociologie du travail.
A travers la sociologie de la connaissance, nous avons compris
que l'élaboration est influencée ici par des circonstances
sociohistoriques. La mise sur pied d'une stratégie laborieuse
d'apprentissage dans le but de connaitre clairement comment les gens
connaissent et pensent des campagnes de soin et de santé gratuits a
contribué à la réalisation de ce travail de recherche.
Plus que, comme le disait Emile DURKHEIM166, les
représentations collectives mettent la pression sur l'individu pour
s'assimiler aux normes morales et intellectuelles de la
société.
Pour ce qui est de la sociologie du travail, nous avons tout
d'abord questionné les rapports que tissent les agents sensibilisateurs
et vaccinateurs avec les responsables dans ces milieux lors des campagnes de
soins et de santé gratuits. Cette lecture a permis de voir comment le
« dedans » se déploie autour de la subjectivité
animée par des souffrances qui créent des tensions
cachées.
Jusqu'ici, de nombreuses difficultés ont
été rencontrées pendant cette recherche. Par ailleurs
celles qui sont nécessaires d'être évoquées
relèvent de celles qui ont véritablement constitué un
écueil à la saisie des données utiles pour cette
étude. En fait nous étions également victimes des
soupçons qui sont d'ailleurs fréquentes chez les chercheurs en
science sociales. Concrètement à la phase initiale de notre
travail de recherche, nous sommes apparus auprès des agents de
santé comme des espions, les personnes « de services secrets »
qui peuvent les nuire. La présentation d'une autorisation de recherche
dûment signée par le chef du département n'avait pas effet
en tant que tel. Cependant, certains agents de santé et
répondants sont restés distants et craintifs. Dans ce domaine
très sensible, il était important
166 Emile DURHKEIM, les formes élémentaires de
la vie religieuse, Paris, PUF, 1912. 647P
09
d'entrer en possession d'une autorisation de recherche
signée par André MAMA FOUDA, le MINSANTE. Ce processus a pris
également du temps.
En dépit de ces difficultés rencontrées,
et eu égard des efforts que nous avons fournis dans le but de rendre
sociologiquement compte des logiques qui sous-tendent un
phénomène aussi complexe que celui des représentations
sociales des campagnes de soins et de santé gratuits dans les aires
urbaines camerounaises de santé prioritaire, nous sommes bien loin de
que ce travail de recherche soit exempt de toute critique et nous ne pensons
pas avoir soulevé tous les aspects du sujet. On pourrait nous reprocher
à la lecture de cette recherche de n'avoir pas tenu compte des
fabricants ou encore de la composition de ces différents produits de
campagnes de soins et de santé gratuits. Nous pensons bien que ces
omissions n'enlèveront en aucun cas la pertinence de nos
résultats de recherche. Ici, les limites amendées à ce
travail, nous l'espérons, feront l'objet des travaux ultérieurs.
Vu que, Gaston BACHELARD167, nous a précisé que
l'esprit scientifique se construit comme une série d'erreurs
rectifiées et c'est en revenant sur un passé d'erreurs qu'on
trouve la vérité en un véritable repentir
intellectuel.
Très certainement nous pensons que ce document pourrait
servir pour une réflexion à l'amélioration des
stratégies de lutte contre les maladies évitables par des
campagnes de soin et de santé gratuits dans les aires-urbaines de
santé et aires de santé en générale dans toutes les
localités où les images campagnes de soins et de santé
gratuits provoquent de rejets ou de réticences.
.
167 Gaston BACHELARD, la formation de l'esprit
scientifique, paris, librairie philosophique, Vrin, 1999 (première
édition) : 1938, chapitre 1er.
|