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Les représentations sociales des campagnes de soins et de santé gratuites dans les aires urbaines camerounaises de santé prioritaires. Cas de la briqueterie à  Yaoundé.


par Mama Nourdi Moungoum
Université de Yaoundé 1. - Master en sociologie 2018
  

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CHAPITRE IV :

LE JEU SOCIOCULTUREL DANS LES AIRES URBAINES DE SANTE PRIORITAIRE : cas de la briqueterie.

La sensibilisation et la vaccination lors des campagnes de soins et de santé gratuits comptent parmi les mesures de santé publique efficace permettant de prévenir la mortalité et la morbidité ainsi que les différentes complications des maladies infectieuses. Par ailleurs les résidents du quartier Briqueterie adoptent des comportements de réticences liés à des considérations qui s'enracinent dans leurs modes de penser, de sentir et d'agir. Ce chapitre consacré aux différents blocages, fait un détaille sur les types de blocages qui structurent la mentalité de ces individus.

IV. Blocages socioculturels

En ce qui concerne les représentations sociales de la maladie et de la santé, la littérature est abondante au niveau des motivations et les différentes formes de perception. Beaucoup a été dit, cependant, les anthropologues s'accordent sur le fait que ces représentations sont liées à la culture qu'E B TYLOR définit dans primitive culture en 1871 :

la culture ou la civilisation, entendue dans son sens ethnographique étendu, est un ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l'art, le droit, la morale, les coutumes, et toutes les autres aptitudes et habitudes qu'acquiert l'homme en tant que membre d'une société.128

Par conséquent, autant il y'a les cultures autant il y'a des représentations de la maladie et le regard porté sur les campagnes gratuites. On peut comprendre ici que, l'interprétation de la maladie diffère d'une culture à l'autre. Ce qui est maladie ou la cause d'une maladie dans une culture ne l'est pas dans l'autre, de même que les symptômes de la maladie, qui ne sont pas communs aux cultures.

La socialisation et l'inculturation modèlent l'individu face à tous les projets du développement. De ce fait, chaque peuple définit ses maladies, sa façon de percevoir, ses représentations liées aux campagnes de soin et de santé gratuits.

128 TYLOR E.B, Primitive culture: Researches into the development of mythology, philosophy, religion, language, art aund custom. 1973.

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Pour A. KLEINMAN129, (1980) la maladie n'est pas une entité intérieure au corps humain. C'est un modèle explicatif. Le système médical est un système culturel, ce qui signifie que la maladie est en rapport avec la culture une partie intégrante du système. Et, la culture est un moyen de compréhension de la maladie. La maladie est représentée par ces acteurs par ces acteurs sociaux, les soignants et ces soignés à travers une série d'activités interprétatives. C'est ainsi la trilogie maladie C, maladie sociale, la souffrance.

Le Cameroun dans sa diversité culturelle comporte environ plus deux cents soixante-dix (270) ethnies. Avec un taux de croissance démographique très important tous ces dernières années car, cette population est estimée aujourd'hui à vingt-cinq million d'habitants. Elle en résulte de charge importante en matière de sensibilisation sur la question de la santé. C'est ainsi que l'Etat à travers les campagnes mondiales de santé publique offrent d'importants projets de santé pour prendre soin de la population camerounaise en ce qui concerne la santé, puis favorise une meilleure compréhension des enjeux en la matière et mobilise les communautés au niveau local afin d'agir pour un monde en meilleure santé. Cependant compte tenu de la diversité culturelle des individus du quartier Briquèterie, ces derniers vont refuser les campagnes de soins gratuits de façon ouverte et même stratégique dont les raisons proviennent des penchants culturels.

Ici, ces populations sont hétérogènes. Elles vivent en communauté en clan pour la plupart. Ces individus obéissent à des normes et aux valeurs du groupe. Les traditions sont alors très présentes dans leur vie quotidienne et les activités culturelles prennent une grande place dans leur vie. Ce qui n'est pas une erreur dans la mesure où le professeur MBONJI EDJENGUELE

Nos cultures ne sont pas exemptes de connaissances scientifiques. Il faut donc les prendre en compte et non les balayer du revers de la main pour les remplacer par celle que nous proposent les sciences actuelles. Productrices des sciences, nos traditions sont capables d'assimiler n'importe qu'elle autre connaissance rationnelle.130

C'est ainsi que la connaissance des personnes interviewées sur les campagnes gratuites est encore faible. La population ne maitrise pas et ne comprend donc pas l'utilité des campagnes de soin et de santé gratuits. Ceci s'observe à travers cette considération, les croyances de ces individus motivées par le clan d'appartenance. L'entretien effectué laisse

129 Arthur KLEINMAN, psychiatre, proceedings. Volume 22. P. 762. Consulté le 01/05/2018 au www.culture et santé. Cm.

130 MBONJI EdJenguèlè, les cultures de développement en Afrique.PUY. 1998. P. 233-234.

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comprendre que les campagnes gratuites sont un mode d'aliénation. C'est une stratégie nouvelle qui ne valorise aucunement les valeurs locales. C'est ainsi que la soeur de la cheftaine du quartier Briqueterie Est4 Mme EVINA nous dit :

Je ne suis pas contre vous mais ces histoires là...je ne vous comprends même pas. Mais je ne vois pas comment tu n'as pas encore le discernement, sans te mentir mon fils. Les campagnes répétées que vous faites là montrent vraiment votre ignorance. Pour quoi vous faite seulement la publicité des choses des blancs au détriment de vos produits locaux ? Alors que la bonne médecine est africaine. Si vous vous n'êtes pas là pour le paludisme c'est le cholera ; après cholera la rougeole. Attend c'est n'est pas fini. Autrefois c'était la rubéole. Attend dis-moi ? La rubéole c'est quoi ? Qui en souffre ici ? Voyez-vous que vous êtes en train de tuer votre société avec ces histoires de campagnes gratuites.131

La conception de la sensibilisation et même de la vaccination sont entendues ici comme un marchandage des produits occidentaux. Les africains ne valorisent pas leurs produits ; c'est pour le blanc qui est bien.

a) Blocages spirituels

La croyance religieuse est au carrefour des comportements de réticence sur tous les plans. C'est ainsi que pour certains habitants de la Briqueterie à l'instar de cheik BOUBA Djibrila « la maladie est une épreuve » ; il continu dans une interview en invoquant DIEU communément appelé dans leur tradition religieuse « Allah » en disant : « d'après le Hadith rapporté par TIRMIDI, le croyant est sans cesse éprouvé dans sa personne, dans sa progéniture et dans ses biens jusqu'à ce qu'il se rende à Dieu, exempt de toute faute ». Toujours dans son discours il précise que :

C'est par la maladie que Dieu nous apprécie. C'est à l'occasion de ce grand événement de notre foi est mise à l'épreuve et qu'elle révèle soit son authenticité soit sa fausseté. Dieu nous met en garde, les épreuves sont inéluctables et il faut s'y préparer afin de ne pas être pris au dépourvu. Elles existent pour nous éprouver. Pour tout dire ce qui va arriver arrive toujours. Mais sachez seulement que seul Dieu est au contrôle et non ces histoires des campagnes gratuites. Moi personnellement je me rends difficilement à l'hôpital.132

Par la suite l'îman Hassan interrogé emboite le pas en disant

131 Mme EVINA. Entretien du 18/01/2018.

132 Djibrila BOUBA.

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Vos histoires des blancs-là ne servent à rien. Il y a deux jours seulement que je suis resté ici on est venu avec un enfant qui avait un violent maux de tête. Et cela survenait d'un rêve nocturne. Or si franchement ils avaient appris les versets coraniques qui préservent contre les rêves nocturnes, on ne serait pas à ce stade. Je profite pour te dire que la protection, c'est dans les versets coranique et non dans vos produits là. Mes enfants ne prennent et ne prendrons jamais ce genre de produits. J'y veille personnellement. Et, j'ai toujours demandé à ma femme de ne jamais admettre ces gens-là dans ma maison.133

Photo n° 8 : Imam praticien au « MAKARANTAN »

Source : 8- photo prise lors de l'entretien du 18/01/2018 par MOUNGOUM.

Durant cet entretien la remarque primordiale est que la réticence tire son origine dans la considération du pouvoir spirituel de cette population. Il suffit d'ouvrir les mains vers le haut, la solution est là. « L'enfant que vos voyez là, je le soigne chaque matin, il était maladif mais ça déjà grâce à mes prière »134. Dans cette même réflexion, Mme Mbarga135elle nous précise également que seul Dieu est au contrôle de tout.

En plus la bible déclare que JESUS CHRIST est venu sur terre pour « guérir ceux qui avaient besoin de guérison » JESUS est le fils de DIEU et il a le pouvoir et même la capacité d'enclencher un processus de guérison et même de guérir instantanément. Tout le monde le sait très bien que nous pouvons guérir nos corps, nous donner un coeur nouveau et transformer notre état d'esprit. Il guérit complétement tous les aspects de notre vie, le corps, l'esprit et l'âme. Ici tu peux suivre le chemin qui mène de la maladie à la santé en arrêtant de faire ce

133 HASSAN. Entretien du 18/01/2018.

134 Iman guérisseur.

135 Madame BARGA, servante de l'Eglise (Mission Catholique de la Briqueterie). 05/03/2018.

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qui a pu te conduire à être malade, en suivant les directives du docteur. Mais le plus important encore, c'est remettre ta vie en Christ en disant avec la sérénité : « Cher Jésus Christ, j'ai besoin de ta protection, et ta guérison ».

? Les rites et pratiques qui sauvent vie.

Suivant les prescriptions de l'ordre de la nature, l'enfant vient au monde par accouchement. C'est l'action d'expulser l'enfant hors de l'utérus. Ce phénomène permet à ce nouveau venu de changer de monde. L'accueil chaleureux dont il bénéficie ici de prime à bord est une panoplie des rites susceptibles de lui garantir une meilleure vie et une bonne santé pour les restes de sa vie sur terre. Ici, d'après Bernadette YOUSSOUFOU,

L'allaitement doit d'être maternel. Et on doit se servir des rites traditionnels qui sauveront l'enfant par la suite et non les vaccins, les moustiquaires et autres. Quand l'enfant est passé par tous les rites et les pratiques de naissances, il ne peut même plus attraper les maladies dont les campagnes gratuites viennent chercher à éradiquer. Donc à la naissance, si on fait surtout absorber à l`enfant des infusions des plantes aussi l'enfant n'aura aucun problème. Même le paludisme va le voir et passer.136

Nous constatons la place attribuée aux rites traditionnelles est très importante dès la naissance. Ces pratiques sont susceptibles de garantir la santé des enfants. C'est une méthode de prévention la plus efficace et la plus durable.

b) L'interprétation complexe de la médecine traditionnelle

Lors de la conférence d'Alma Ata de l'époque en union soviétique au mois de septembre 1978, les représentants du gouvernement et d'organismes non gouvernementaux, s'étaient fixés pour objectifs « santé pour tous en l'an 2000 ». Pour y parvenir, on devrait faire appel à toutes les ressources médicales disponibles. La déclaration d'Alma Ata, pose alors les bases historiques de la politique officielle, du programme de la médecine traditionnelle, en facilitant le dialogue dans le système traditionnel des soins et le système moderne d'assistance sanitaire. Elle encourage seulement les méthodes jugées et efficaces sur la base d'expérience médico-scientifique.

Cependant la population de la Briqueterie ne s'intéresse pas vraiment à la lecture sérieuse et profonde de cette thèse. Pour certains les blancs ont enfin compris que la médecine traditionnelle avait raison. Mais au lieu de revenir venter les plantes africaines et les écorces

136 BERNADETTE YOUSSOUFOU, entretien du 05/03/2018.

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et apprendre mieux ici, ils continuent de tromper les noirs avec les produits qui détruisent à petit feu les enfants d'Afrique. PAPA Yannick, un patriarche de la Briqueterie Nord nous parle en ses termes :

Si je ne suis pas encore mort jusqu'aujourd'hui, c'est juste parce que j'ai toujours évité, fuis, m'éloigné davantage des tout ce qui est produit de soins de votre médecine soit disant moderne. Les comprimés que les gens de campagnes de santé gratuites donnent après avoir injecté ou déposé les gouttes de vaccins dans la bouche des enfants ne sont pas plus efficaces les écorces noires. S'agissant même de la vitamine, on n'arrive pas à les comprendre. Tu as l'enfant qui mange bien mais on vient encore lui donner les vitamines pour dire que c'est la science, mais fait attention. Ce n'est pas sérieux. Pour tous dire mes petits enfants ne se vaccine pas n'importe comment.137

Ici nous comprenons que les produits chimiques fragilisent plus les populations. Le refus ici vient du fait que ces populations ne comprennent pas les raisons qui expliquent le fait que l'enfant n'est pas malade et on vient les vacciner. Pour elles c'est une erreur, car les écorces que leurs grands-parents ont laissées rendent plus fort que les produits de la médecine moderne.

VI-1. Blocages sociopolitiques

Tout d'abord, l'une des premières caractéristiques de la lutte institutionnelle contre diverses maladies au Cameroun et dans plusieurs autres pays africains, était son caractère vertical. Au Cameroun, un autre facteur a marqué l'élaboration de la stratégie de lutte contre ces derniers vu que la mise sur pieds réel des campagnes de soins et de santé gratuits, notamment contre le SIDA coïncide avec la crise des années 1992 au Cameroun. Ainsi tous les indicateurs économiques entre 1985 et 1993 sont passés au rouge et le Cameroun était appauvri pendant cette période avec des villes mortes. Cette crise va profondément et considérablement marquer la vie politique dans la gestion des campagnes des soins et de santé gratuits.

Ensuite, le constat est également que, de 1985 -1998 une succession très importante des présidents à la tête de l'organe exécutif du programme laisse voir une instabilité politique et une sorte de mangeoire pour les dirigeants. C'est ainsi les appartenances sociopolitiques vont se manifester chez la population de Briquèterie des interrogations diverses animées d'une hostilité au sujet des campagnes de soins et de santé gratuits. Cette micro société dans ses rapports avec la politique connait des indifférences.

137 PAPA YANNICK, entretien du 05/03/2018.

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Ainsi, d'aucuns pensent que la longévité au pouvoir du chef de l'Etat camerounais et même sa réélection perpétuelle au pouvoir deviennent pour eux une menace. Pour ceux-ci, l'acceptation d'être inscrit dans un registre pour la sensibilisation ou la vaccination est déjà une façon de voter pour le parti au pouvoir sans se rendre compte. C'est la raison pour laquelle madame Bernadette nous précise ici en ces termes :

Les campagnes gratuites pour la santé, ce n'est pas mauvais. Ce qui est gênant c'est que vous demandez aux gens toutes les informations sur eux et surtout leur numéro de Carte Nationale d'Identité. C'est ce qui n'est pas claire. Si c'est vraiment gratuit comme vous dites souvent, qu'est ce qui peut alors nécessiter l'enregistrement de nos numéros d'identification ? Là, nous on connait ce qui se cache derrière. D'ailleurs, j'ai même constaté que la prolifération de ces campagnes sont toujours à la veille des élections notamment les campagnes de lutte contre le paludisme avec l'enregistrement pour les moustiquaires imprégnées MILDA.138

L'enregistrement va donc connaître des difficultés, des refus et même des réticences violentes à cause des déclarations pareilles. Cette population pense légitimement que les campagnes de soins et de santé gratuits qui figurent à la veille des élections sont un moyen pour faire voter involontairement le parti au pouvoir. De ce fait pour éviter de voter contre sa volonté, on doit alors ici boycotter l'enregistrement surtout s'il faut nécessairement le numéro de la Carte Nationale d'Identité. C'est ainsi que, pendant les campagnes de soin et de santé gratuits dans certains secteurs de cette localité on rencontre des femmes très hostiles à toutes sortes de négociations pareilles. Lors de la dernière campagne de lutte contre la rougeole et la rubéole, nous avons rencontré les femmes au niveau de la Briqueterie NORD qui refusaient le minimum de courtoisie, nous stipule YIPOU : « mon mari n'est pas là ; je ne peux pas parler si mon mari n'est pas là ; sortez de chez moi »139 et elle appuyait en langue maternelle : « dil lou,dil lou » assez sèchement accueilli, la négociation devenait très difficile. Il fallait immédiatement rejoindre la porte de peur d'une surprise désagréable.

En fait avec la non maitrise du phénomène et à cause de simple coïncidence, le rejet des MILDA était lié au fait qu'en 2011, c'était à la veille des élections et pour certains, pourquoi cela se répète en 2016 quand le président de la république réfléchit pour son prochain mandat. Cela laisse croire à la majorité que « les campagnes de soins et de santé gratuits veulent dire tout simplement, voter gratuitement pour le parti au pouvoir ». Mr MVONDO Jean Paul nous étaye en ces termes :

138 BERNADETTE YOUSSOUFOU, entretien du 05/03/2018.

139 YIPOU, agente de sensibilisation et de vaccination. Entretien du 03/03/2018.

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Je ne sais pas ce que vous cherchez au juste. Si effectivement c'était les campagnes de soins et de santé gratuits purement et simplement sans rien de cacher derrière, on ne devrait pas attendre les moments des élections. C'est justement pour dire aux autres qui sont naïfs que vraiment le gouvernement pense à vous. Alors dès qu'ils vont descendre sur le terrain pour les meetings électoraux les villageois seront facilement corrompus. Or ce jeu politique qu'on administre dans le domaine de santé, je n'encourage pas. Je suis contre les manigances. Pour conclure, les campagnes gratuites de soins et de santé gratuits sont les moyens de domination systématique surtout ici au Cameroun. En vérité, ils construisent combien d'institutions hospitalières par an ? C'est nul. Ils doivent plutôt baisser le frais des médicaments si vraiment ils veulent aider.140

Alors pour ce dernier la simple coïncidence de certain programme de santé avec l'année électorale représente un danger pour la société car les campagnes de soins et de santé gratuits ici sont présentes à temps opportun pour aliéner psychologiquement les individus.

Secondairement, d'autres à l'instar de YOUCOUBOU marié et père de sept enfants précise :

C'est la nouvelle stratégie de nous corrompre. L'Etat met sur cette politique pour faire croire aux gens qu'il s'occupe bien de sa population. Ils ont même des soins gratuits. Alors que ce sont les conneries. Les gens du gouvernement peuvent toujours faire leur manigance sans nous introduire. Regarder comment on souffre. Regarder comment on n'arrive pas à bien se nourrir, se vêtir, payer la scolarité des enfants. Ils laissent les vrais problèmes sans les résoudre pour nous parler du programme des campagnes gratuites. Mais ce n'est pas bien. Je suis contre ça, même si on me met devant la télévision je vais donner mon point de vue. Moi, je n'ai pas peur, les campagnes de ceci, de cela... ce n'est pas ça notre problème. On vit mal.141.

Nous comprenons dès lors selon cette population que, l'Etat corrompt la population par le biais des campagnes de soins et de santé gratuits. Les pouvoirs publics se servent de l'occasion pour décaisser l'argent au trésor et utiliser à des fins personnelles.

VI-2. Les types de rejets contre les CGSS

Nous distinguons ici trois types de rejets des CSSG auprès de la population de Yaoundé notamment du quartier Briqueterie. Ces rejets sont classés comme suit :

140 Jean Paul MVONDO, entretien du 06/03/2018.

141 YACOUBOU, entretien du 12/01/2018.

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a) Les rejets stratégiques.

? La tricherie

Entendu ici comme action de tromper, les populations de Yaoundé Briqueterie développent des stratégies pour contrer mieux encore éviter les vaccinations de leurs enfants. C'est ainsi qu'ils procèdent par l'achat des marqueurs identiques que ceux du MINSANTE. Ces derniers vont colorer les doigts de leurs enfants pour indiquer que leurs enfants sont déjà vaccinés. Alors pendant la descente sur le terrain les agents vaccinateurs vont rencontrer les enfants avec les auriculaires déjà noircis. Se disant effectué par les collègues, ils vont dont traverser ces derniers (ces enfants) sans les vacciner. C'est d'ailleurs une stratégie très récurrente en ce milieu. Mlle YIPOU, affirme également ici en ses termes :

Ils sont tous comme ça. On vient les aider mais ils nous mettent les bâtons dans les roues. On les a déjà trop parlé. S'ils veulent ils acceptent c'est leur problème. En vérité. Ici là, notre travail c'est de les aider. Alors pour refuser le vaccin indirectement ils te montrent le doigt de l'enfant avec déjà l'empreinte qui prouve que l'enfant est déjà vacciné. Moi je ne force personne. Quand je vois comme ça je passe. Mon problème c'est de percevoir le peu qu'on nous donne en fin de journée. Dans ce cas on peut se balader un peu sur la rue et aller par la suite s'asseoir quelques parts pour attendre 15h 00 minutes et aller remettre. Journée pointée, c'est bon.142

Pour celle-ci, les habitants de la briqueterie refusent la vaccination des leurs enfants, elles sont d'après cette dernière, responsable de leur situation. Ici, ce qui est important c'est attendre l'heure du dépôt pour aller se débarrasser des glaciers et autres. Ceci à cause du fait que même le coté humanitaire n'est pas présent chez ces agents et le manque de bon management.

Photo n° 9 : « Balade perd temps » sur les rues de la briqueterie.

Source : 9- photo prise par téléphone le 03/03/2018.JNV par MOUNGOUM.

142 Mlle YIPOU agente de vaccination de masse. Entretien du 21 /07/2017.

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Cette image montre au claire le déplacement de deux équipes qui, au lieu de s'infiltrer dans le quartier pour travailler, se baladent aux abords des rues pour se plaire et par la suite irons s'asseoir quelques part. L'une de composante de cette équipe nous donne ses raisons :

Je ne vois pas mon intérêt d'insister sur des personnes qui acceptent les vaccins malgré eux. D'ailleurs on souffre pour avoir à peine 1500f ou 2000f la journée quand ils ont trop fait. Moi je viens aussi ici parce que j'ai besoin d'argent pour satisfaire mes besoins. Mine de rien on vient gérer et puis voir ce qu'on peut faire. Mais en réalité ici, l'essentiel c'est d'être présent pour passer en soirée confirmer la présence si c'est même nécessaire.143

b) Les rejets ouverts

C'est ce qui se caractérise par la violence en acte et en parole. Ici à la Briqueterie, nous avons rencontré ces différentes réticences. Cette action de repousser ou de refus entre dans le contexte socioculturel car ici nous avons observé la lutte entre la tradition et la modernité. Le mythe des considérations du blanc comme responsables des malheurs des noirs. Puis la question d'adaptabilité avec les outils modernes de soin et de santé. Plusieurs éléments constituent ces formes de rejets.

? La Bélonephobie

Entendue ici comme la peur des aiguilles, les victimes de la bélonepobie sont nombreuses, et partagent en particulier une forte aversion pour les aiguilles qui sont supposées les piquer. Prise de sang, injection, de vaccin sont à l'origine des véritables accès de terreur. Ces phobiques naturelles, sont aussi achmophobique, puisqu'ils craignent les objets pointus qui traversent la peau (seringue).

En effet, généralement associé à la phobie de la vue du sang ou hématophobie, la peur des piqures est souvent motivée par la crainte qui provoque les réticences aux campagnes gratuites au soin et à la santé. C'est pourquoi Mr BOUBA nous parle de façon désintéressée en rejetant les campagnes de soins et de santé gratuits. « Je ne veux pas de vos piqures sur mes enfants. Donc je vous prie de retourner chez vous. Mes enfants et moi, nous n'aimons pas ça. »

143 Rachida agente de vaccination de masse. Entretien du 21/07/2017.

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Photo n° 10 : Un accueil désintéressé

Source : photo prise par téléphone le 21/07/2017 par MOUNGOUM.

Cette image présente un accueil irrégulier et même désintéressée chez Bouba qui, pour lui, il y'a rien qui fait mal comme la vaccination alors que ça ne soigne même pas « si vous êtes venus pour ça sortez de chez moi ». Cette forme de rejet nous trouve l'essence dans sa conception et ses imaginations. Ce dernier, couvert sous ce manteau de représentations autour des campagnes de soins et de santé gratuits en occurrence la vaccination nous dit :

Parfois j'accepte même les autres pratiques (médicaments). Mais dès que j'attends le mot seringue, prise de sang, piqûre, vaccin, injection, je refuse. Moi-même je n'aime pas ça. Alors ce n'est pas mon enfant qui doit bénéficier. Je prends toujours l'exemple sur moi car dès qu'on ne touche le bras, les épaules ou autres et qu'on dit en même temps piqûre me délire. Difficilement, on admet quand c'est l'unique solution. Or avec les campagnes de soins et de santé gratuits, j'ai le choix. D'ailleurs mes enfants ne sont pas malades par conséquent, je ne peux laisser qu'on les vaccine.144

Il poursuit son discours en disant :

Ce n'est pas seulement la douleur qui fait peur mais aussi les seringues, le fait d'imaginer inconsciemment comment cela rentre dans les veines des enfants alors qu'en réalité, ils ne sont pas malades145.

Une telle phobie représente un obstacle pour la population de la Briqueterie face au programme élargie de vaccination, voire les campagnes de soins et de santé gratuits. Car plusieurs examens et traitements préventifs nécessitent des prises de sang. Et la

144 Mr BOUBA. Entretien du 27/01/2018

145 Mr BOUBA. Entretien du 27/01/2018.

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bélonephobie146 est bien entendu aussi handicapante dans le cas d'analyses de dépistage ou de la vaccination.

Photo n° 11 : Vaccination contre la rougeole et la rubéole.

Source : photo prise par téléphone, JNV contre la rougeole et la rubéole 2011 par MOUNGOUM.,

Ici, on observe les pratiques de la vaccination entourée de certains qui viennent uniquement voir et aller rapidement soit cacher leurs enfants soit colorier les derniers doigts (auriculaires) de leurs enfants pour éviter la vaccination.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault