Les représentations sociales des campagnes de soins et de santé gratuites dans les aires urbaines camerounaises de santé prioritaires. Cas de la briqueterie à Yaoundé.par Mama Nourdi Moungoum Université de Yaoundé 1. - Master en sociologie 2018 |
II-3. L'information au centre des réticences et des refus farouches de la vaccination etde soin gratuit. a) L'Information sur la santé. L'on perçoit des phénomènes sociaux qui méritent parfois une attention particulière et significative. Parmi ceux-ci figure la communication. Car elle met constamment en contact les membres d'un même groupe. Elle crée la solidarité et renforce la cohésion sociale mais le conflit social n'est pas en reste. Voilà pourquoi les dirigeants, l'élite en charge de la santé ont pour souci permanent d'informer la masse pour transmettre des nouvelles. Charles NSANGOU nous donne son avis en ces termes. « Les dirigeants en charge de la santé doivent faire circuler l'information sur la gratuité de soins avant d'envoyer les agents sur le terrain »87. La communication médiatique est partout et, avec les nouvelles technologies, le mouvement n'est pas près de diminuer. Ainsi, la communication médiatique dans des pays en développement doit être des pignons d'appui pour permettre et faciliter l'accès à toute amélioration. Pour ce faire, cet échange avec la population permet de sensibiliser, d'informer et d'éduquer cette dernière. Cette communication passe par l'apprentissage à la population les données importantes dans la pratique quotidienne vis-à-vis de leur santé. S'agissant de l'action des médias proprement dit, les chaines des radios, télévisions représentent des unités fondamentales capables de booster les campagnes de soins et de santé gratuits. Ils doivent être au centre pour permettre la transmission de l'information à toute la population. Cette représentativité est visible dans certaine chaine de radio (amplitude FM) avec des spots publicitaires concernant l'usage de MILDA. Cependant, seuls les spots publicitaires ne garantissent pas toujours l'acceptation de vaccinations et sensibilisations de la population sur la question de la santé. Voilà pourquoi AYISSI NKO nous fait des éclaircissements au sujet des difficultés de terrain à ces termes : 87Dr Charles NSANGOU, PEV. Entretien du 05/05/2018. 56 Nous avons toujours voulu que les médias nous aident dans le projet de santé pour tous. Je ne minimise pas leur effort mais c'est encore trop bas. Le cas de refus observé vient du fait que cette population n'est pas suffisamment informée au préalable. Elle a du mal à cerner la pertinence du produit et même son efficacité.88 Face à cette mission, nous pouvons dire que les medias permettent à la communauté de connaitre des offres que propose l'Etat dans le cadre d'améliorer la santé de sa population. En plus, la sensibilisation sur la question de l'hygiène de santé favorable pour lutter contre le paludisme nécessite l'effort des médias. Ainsi, pour éduquer la population de s'éloigner davantage de la saleté comme le précise l'infirmier TOTCHUN : « on doit mettre sur pied non seulement une équipe de services d'hygiène rigoureuse mais l'accompagnement médiatique »89. Pour lui, ces médias doivent alors s'appesantir sur les différentes formes et les axes communicationnelles surtout celle de plaidoyer pour le bien-être de tous, de changement de comportement pour prévenir les maladies. La technologie de l'information et de la communication est alors appelée à jouer un rôle très important dans le secteur de la santé dans la mesure où elle doit permettre notamment d'améliorer la diffusion de l'information. Ici, pour Charles NSANGOU, ce n'est pas l'Etat qui doit courir après les informations diffusées sur WhatsApp et autres. Si « l'Etat avait bien organisé une équipe chargée de l'information sur la question de la santé, les risques que courre la population non vaccinée, on ne serait plus là »90. b) Les mobilisateurs de terrain. Les campagnes de soins et de santé gratuits connaissent des freins à partir de la formation des mobilisateurs. Charles NSANGOU nous démontre que « les personnes formées pour qu'elles acheminent les travaux ne le font pas bien. Si les mobilisateurs ne sont pas compétents, ils ne vont pas mieux faire leurs travaux »91. Ainsi la population locale étant surprise par l'arrivée de personnes peu convaincantes dans leur parole restera hostile au programme des CSSG. 88 Docteur NKO AYISSI George du DLMEP. Entrevue du 02 Mai 2018. 89 TOTCHUN AUBIN, infirmier du centre de santé notre Dame de la Briqueterie, entretien du 22/05/2018. 90 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018. 91 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018. 5 En effet, lors de la formation dans les centres sociaux tels que la PMI Briqueterie, les personnes convoquées sont majoritairement les femmes plus précisément les femmes (ménagère, et les vendeuses au bord de la route) tout près du centre. C'est le cas de HALIMATOU qui dit que « les mères qui arrivent ici ne connaissent même pas bien parler le français. Deuxièmement tu leur demandes, c'est quoi la rougeole, elles ne savent pas. Et vous voulez qu'on accepte comment. Non moi je ne suis pas motivée ».92 Cette déclaration vient confirmer la pensée ou encore le point de vue de Charles NSANGOU sur le problème de la transmission de l'information chez les mobilisateurs de terrain. Pour lui, La population ou la communauté locale bénéficiaire doit - être alertée d'abord au niveau des médias, radio comme télévision ensuite par l'organisation des colloques des séminaires dans chaque quartier pour informer et enfin organiser une équipe constituée des personnes qui maitrisent l'objectif des campagnes de soins et de santé gratuits pour bien informer la population. C'est ce qu'on appelle ici le porte-à-porte93. L'analyse de cette intervention laisse comprendre que les premiers obstacles dont les campagnes de soins et de santé gratuits sont victimes se trouvent au niveau des méthodes de l'information. Il est bel et bien à relever d'après ses interventions que la politique de l'information et de la communication au sujet des campagnes de soins et de santé gratuits gratuites mérite une attention particulière. c) Les media et mass média au service des CSSG A partir de sa définition étymologique partant du latin « medium », ce vocable veut dire milieu, intermédiaire et liaison. Alors le media désigne un intermédiaire de type technologique d'après POCHR qui, selon lui, Les media...sont des objets techniques, si l'on voulait simplifier à l'extrême, on pourrait dire que les media sont des appareils ; c'est-à-dire des objets construits. Ils sont donc artificiels d'abord comme des objets techniques qui servent d'intermédiaire entre les hommes simplement, les médias ne sont pas seulement des machines parmi d'autres ils sont des machines à communiquer et leur spécificité. De ce fait les media sont toujours, sous un certain angle des intermédiaires entre les hommes et d'autres hommes.94 92 HALIMATOU, ménagère, entretien du 05/03/2018. 93 Dr NSANGOU, PEV, entretien du 05/05/2018. 94 Pocher la dictature des médias ? Paris, Hatier, 1976. P 09 58 Par cette définition, nous pouvons retenir que les media constituent d'après l'analyse d'AMOUGOU AKOA95. Cette fonction du relais leur donne par conséquent une place importante dans le processus de la communication sociale moderne. C'est ainsi qu'avec une multitude de Radio et de Télévision au Cameroun, la population locale n'arrive plus à cerner plus exactement le comportement positif face aux diffusions des informations entre autres les campagnes de soin et de santé gratuits au Cameroun. Les mass médias d'une manière générale est un moyen de communication de masse. Notons ici tout d'abord que l'application des mass media tient ses origines depuis les Etats Unies d'Amérique. Nous pouvons également dire que les mass media sont des media qui s'adressent à plusieurs personnes ou plusieurs individus à la fois. De ce fait le message est suivi par un ensemble d'individus en même temps. D'après PORCHER « Les mass-médias... sont des moyens massifs de communication, ou, si l'on préfère qui peuvent toucher à la fois un nombre considérable d'individus. Ce phénomène est particulièrement clair lorsqu'il s'agit de la radio et télévision. Un nombre infini, d'auditeur ou de spectateurs peut ainsi être atteint-en même temps... Les mass-médias sont capables d'arroser une immense population... pour être mass-média, les media doivent s'adresser au moins potentiellement à un publique massif ». Ici, la conséquence immédiate de cette caractéristique est l'uniformisation des consciences. L'effet de ces unités informationnelles est à l'origine des réactions diverses auprès de la population locale. d) Les TIC dans la banalisation des CSSG. Bien qu'une variété d'avantages découle des médias (réseaux sociaux), les jugements dépréciatifs sont aussi nombreux. On se rend compte à partir de l'observation que toutes les informations diffusées dans ces plates-formes touchent les potentiels récepteurs parfois sans remise en cause chez la plupart. Les internautes du Facebook dans la plupart de temps diffusent sur cette plate-forme les « dangers » du programme des campagnes gratuites qui seront renforcées par les commentateurs majoritairement constitués des profanes. Ces images et ces informations peu crédibles vont pousser la population à se méfier davantage des programmes de campagnes de soins et de santé gratuits. 95 AMOUGOU AKOA, mass media et monde rural : le cas de radio « des canaux par lesquels les hommes communiquent ». Mémoire. 1985. 59 Dans les années 2016-2017, l'image diffusée sur Facebook lors des campagnes de lutte contre la poliomyélite dont j'étais agent vaccinateur avait suscité des critiques voire d'insultes auprès des adeptes de Facebook lors des campagnes de lutte contre la poliomyélite. Pour la plupart dans leurs commentaires, c'est stupide de voir un jeune étudiant de sociologie se permettre d'encourager les produits qui dégradent les enfants d'Afrique. Pour eux, les blancs ont un seul objectif ; maintenir les noirs. L'image commentée et détaillée dans ce tableau ci-dessous démontre les différentes positions dont les adeptes du Facebook prennent pour influer sur le public. Tableau 2 : Tableau représentant la réaction de quelques internautes Facebook au sujet des CSSG
Source : page, Facebook henry lumière.16/06/2017. C'est ainsi qu'un membre important de cette plate-forme, doctorant en faculté des sciences à l'université de Yaoundé I va animer les commentateurs du réseau Facebook en donnant immédiatement sa position au sujet de ces campagnes gratuites. Voilà pourquoi il dira : «Il faut avoir peur de tout ce qui est gratuit »96. Cette thèse approuvée par beaucoup des commentateurs a suscité même des querelles et aussi des débordements sur la plate-forme Facebook. Et, les témoignages ici laissent ressortir que les blancs développent les stratégies d'anéantissement des noirs passant par les gouvernants. Pour eux les agents de MINSANTE acceptent tous les produits venant de l'Europe contre une forte somme d'argent pour faucher le pauvre noir. Au lieu de guérir, il nous donne plutôt les maladies. ISSAH dira par la suite précise que : « Nous sommes leurs cobayes, vu que leurs enfants sont protégés en Europe ». C'est ainsi qu'à partir de ces réactions, la population de YaoundéÀBriquèterie va donc émettre des étiquettes en s'opposant au programme des campagnes de soin et de santé gratuits. Alors, l'image de la sensibilisation est ici considérée comme une destruction des 96 Issah ndi. www.facebook.com (commentaire publié en 2012) 60 noirs. Les réseaux sociaux en font l'usage de construire dans la mentalité des nombreux d'individus de la localité de Yaoundé-briquèterie un rejet farouche. La plate-forme WhatsApp également n'est pas en reste. On relève également cette montée importante des diffusions des images et même des caricatures qui décréditent les campagnes de soin et de santé gratuits. Or dans celle-ci, certaines personnes arrivent à déformer l'information et créent des images et des interprétations dont eux-mêmes, ils sont responsables. Ces images vont par la suite faire le tour des « crew » et, les personnes beaucoup sensibles vont assimiler la pertinence et croiront par la suite à ces messages des internautes. Madame Ewane, l'une de femmes dynamiques de la Briqueterie Nord nous apporte des éclaircissements à ce sujet : Nos téléphones nous enseignent déjà tout. Le monde est gâté. Même les gens qui vous envoient ont leur intérêt là-dedans. Avant nous, on nous mentait, on nous faisait consommer n'importe quoi. Aujourd'hui, c'est impossible. Les amis nous informent sur Facebook et sur WhatsApp. Nous avons également compris que les informations étaient très bien masquées quand il y'avait pas WhatsApp. Maintenant nous sommes sauvés. C'est la volonté de Dieu. C'est dans notre groupe WhatsApp qu'on a véritablement appris les mascarades du gouvernement pour réduire la montée et la croissance des individus. Ils nous tuent à petit feu avec leurs produits des vaccinations. La jeunesse d'aujourd'hui souffre de faiblesse sexuelle à cause de ces produits. Avant nos parents sans ces produits arrivaient à bien vivre. C'est pourquoi, à chaque fois qu'on m'envoie ces messages je transfert directement à d'autres97. Nous comprenons ici que les plates-formes WhatsApp, Facebook et biens d'autres constituent de nos jours un déterminant dans le cadre de la transmission de l'information et la communication. Les résidents du quartier Briqueterie s'intéressent aux messages diffusés dans ces plates- formes pour adopter les comportements de réticence. Ici, les campagnes de soin et de santé gratuits sont taxées des produits toxiques qui tuent et, ces produits sont à l'origine de nombreuses maladies comme par exemples les faiblesses sexuelles. Pour tout dire ces derniers pensent que ce qui est gratuit détruit plutôt les jeunes enfants. Alors l'information captée dans les réseaux sociaux (WhatsApp, Facebook...) arrive à convaincre ces individus et ils s'y accrochent pour esquiver les campagnes de soins gratuits. 97 Madame Ewane. Entretien du 12 janvier 2018. Arrivé au terme de ce chapitre, il ressort que la stratégie pratique de la vaccination et de la sensibilisation de soins et de santé gratuits révèle plusieurs types d'organisations. Ces différentes méthodes développées dans le but de couvrir cette localité ont connu des obstacles divers liés à leur degré d'entendement. L'information également placé au centre de réticence a fait ressortir comment les médias et surtout les TIC (WhatsApp, Facebook) contribuent au rejet des campagnes de soins et de santé dans les aires de santé-urbaine camerounaise notamment celui de la Briqueterie. |
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