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Les représentations sociales des campagnes de soins et de santé gratuites dans les aires urbaines camerounaises de santé prioritaires. Cas de la briqueterie à  Yaoundé.


par Mama Nourdi Moungoum
Université de Yaoundé 1. - Master en sociologie 2018
  

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DEUXIEME PARTIE :

LES REPRESENTATIONS SOCIALES DES CAMPAGNES DE SOINS ET DE SANTE GRATUITS AU CAMEROUN

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CHAPITRE III :

LE REGARD DE LA POPULATION LOCALE (Yaoundé-Briqueterie)

Le contenu des campagnes de soins et de santé gratuits est lui-même multidimensionnel. En se focalisant sur les représentations sociales des campanes de soins et de santé gratuits, il se signale aussi des points de vue différents, parfois divergents et motivés par la conception socioculturelle et même sociopolitique. L'analyse scientifique s'intéresse dès lors aux facteurs de réticence de soins et de santé gratuits. Ce chapitre III de notre travail intitulé le regard complexe de la population locale nous permet de comprendre les perceptions et les représentations aussi bien les différentes sortes de stigmatisations autour de ces campagnes.

Le regard complexe des résidents du quartier-Briqueterie.

Du latin « complexus » qui signifie ensemble de contenus inconscients. La notion a pu être utilisée tant dans le domaine juridique, mathématique, chimique, psychologique que linguistique et économique. Ce terme complexe veut dire « contenir plusieurs idées, plusieurs éléments ». C'est dans cette optique qu'on parlera d'un regard complexe, ou d'idées complexes.

Dans la psychanalyse, cette notion « complexe » est l'ensemble de représentations, d'affects et de sentiments inconscients organisés selon une structure donnée, liée à une expérience traumatisante vécue par un sujet, et qui coordonne son comportement. Nous parlerons de ce fait de complexe d'OEdipe tel développé par le psychanalyste SIGMUND FREUD98. En plus, le complexe d'infériorité, qui selon ADLER, est un sentiment d'infériorité dévalorisant à l'égard de lui-même éprouvé par le sujet.

Dès lors, ces variétés d'essais définitionnelles du terme complexe scient bien évidemment à notre étude sur le regard complexe de la communauté locale au sujet des campagnes de soins et de santé gratuits. Le développement des programmes et stratégies qui permette de favoriser, d'améliorer, voire de consolider le comportement de la population locale. Car le regard que porte cette dernière est ancré dans les considérations profondément

98 WWW.complexe.com. Site consulté le 05/05/2018.

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motivées par des nombreuses croyances. C'est ainsi que les sensibilisateurs et vaccinateurs vont rencontrer des difficultés sur le terrain puisque l'accessibilité ici n'est pas aisée. L'interrogation ou la recherche menée sur ce regard complexe nous permet de comprendre les facteurs de réticences qui sont non loin liés au niveau d'éducation, aux difficultés de transmission et de compréhension, à la crainte des effets secondaires, à l'existence d'une suspicion vis-à-vis de l'immunisation par le vaccin, à l'existence des fausses croyances et même au niveau de l'appartenance ethnique ou socioculturelle et sociopolitique.

Les habitants de Yaoundé-Briqueterie profondément inclus dans les motivations diverses vont développer les pensées de réticences relatives d'une part et farouches d'autres part. La complexité devient du fait que pour certains, les vaccins n'arrivent pas toujours à éradiquer les épidémies. Bien au contraire les vaccins favorisent plutôt l'émergence des nombreuses maladies. Pour d'autres c'est une politique d'aliénation. Ces habitants vont ainsi dire qu'il y'a des maladies d'autant plus redoutables que celles qu'on veut éradiquer. Les effets secondaires ne sont pas épargnés. C'est le cas de Mme NGONO nous détermine en ces termes :

Mon appréciation n'est pas favorable. Mon appréciation ici n'est pas élogieuse pour les campagnes et les sensibilisations dont vous parlez. Je vous assure que les bavardages des médias, les campagnes que vous faites sont juste pour vous remplir les poches et rien de plus. C'est juste parce qu'ils attendent un paiement qu'ils viennent nous harceler pour vacciner nos enfants. Et, parfois c'est même leur vaccin-là qui donne même les maladies à nos enfants. C'est vraiment absurde. D'ailleurs est-ce que tu sais que c'est nous qui sommes souvent responsable des effets secondaires ? Or comme ce qui leur intéresse c'est leur argent, ils ont déjà pris et ils sont partis. Alors c'est l'une des raisons qui m'agace et me tend les nerfs lorsqu'arrivent chez moi. Je n'ai rien personnellement contre eux. Mais je ne veux pas de leurs produits. Mes enfants, lorsqu'ils sont malades, je les emmène à l'hôpital. Avec mes petits « sous » j'arrive par la grâce de Dieu à m'en sortir. Je peux bien vivre sans ces choses-là. Ce qui est d'ailleurs important à faire, c'est baisser le coût des médicaments dans les hôpitaux et non nous flatter ces campagnes gratuite 99

Nous constatons que la peur et l'incertitude constituent des éléments de base du refus des campagnes de soins et de santé gratuits. Cette population pense que c'est un réseau de détournement de derniers publics. Les pouvoirs publics en charge de la santé n'attribuent pas l''importance à sa population en tant que telle. Proposer les campagnes de soins gratuits, c'est soit chercher à les endormir soit à les fragiliser davantage.

99 Martine NGONO ménagère, entretien du 12/01/2018.

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III. Perceptions et représentations des CGSS.

Depuis les années 60 pendant lesquelles la plupart des pays africains ont accédé à l'indépendance, le constat est toujours amer. La famine par ici, les épidémies et les pandémies par là. C'est un continent où la situation sanitaire sociale est la plus préoccupante et la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement la plus lente malgré l'effort déployé par l'OMS jusqu'ici dans ce domaine. Les organismes internationaux en collaboration avec le ministère de la santé publique vont mettre à la disposition de la population une variété des campagnes de soins et de santé gratuits. Ce programme qui sera perçu avec des appréciations diverses en rapport avec leur position socioculturelle.

Or la priorité de l'OMS consiste à soutenir les efforts des autorités sanitaires nationales et les systèmes d'informations nationales de renforcer leurs principales responsabilités y compris celle concernant les agents de services de santé. Concernant la connaissance des campagnes de soins et de santé gratuits, la population de Yaoundé-Briquèterie fait généralement preuve d'une connaissance partielle de la maladie le plus souvent très rapproché de celle de la médecine moderne ou conventionnelle mais avec beaucoup de méfiance. Toutefois, au vu de la singularité des populations urbaines en contexte africain, ces dernières pour la plupart sont des « citadins qui sont des ruraux de coeur »100, parmi lesquels on retrouve l'essence ou le substrat du comportement de réticence. C'est ainsi que les individus de la population de Yaoundé-Briqueterie perçoivent ces campagnes avec un regard réifiant bourré de crainte et de peur. Alors, ANABA explique que :

« Moi, en tant que chef de ce bloc, j'accepte certains programmes de vaccination surtout pour servir d'exemple. Tu sais qu'ici tout est politisé. Notre environnement est, je veux dire gouverner par des personnes très peu sensibles aux problèmes réels des autres. Mon fils, les campagnes que tu vois là, nous acceptons parfois seulement. Mais laisse-moi te dire que je n'accepte pas tout. Tu sais bien qu'ils déposent souvent certains des leurs produits plutôt ici. Ce n'est pas pour autant dire que mes petits enfants doivent en bénéficier »101.

Ici, le doute construit autour des campagnes de soins et de santé gratuits ne galvanise pas les populations à les accepter. C'est ainsi qu'il développe un regard mitigé pour refuser ces offres.

100 Jean marc ELA. L'Afrique des villages, Paris, Kartala. 1986.

101 Chef ANABA. Entretien de 08/01/2018

Tableau 3 : Personnes interrogées et leur niveau de vie

Nom ou prénom du chef
de famille ou le/la
représentant(e)

Revenu mensuel par
ménage

Carnet régulier de santé

01

Halimatou Sadia

Au jour le jour

Inexistant

02

Mme Brigitte

80000 francs CFA

Inexistant

03

Mvondo Jean Paul

Au jour le jour

Inexistant

04

Oumarou Nour

Au jour le jour

Inexistant

05

Aminatou

60 000 francs CFA

Existant

06

Aboubakary Bello

Au jour le jour

Inexistant

07

Abdoul Karim

Au jour le jour

Inexistant

08

Mme Choîbou

75 000 à 80 000 francs
le mois

Inexistant

09

Mohammadi

120 000 francs CFA

Inexistant

10

Anaba Carine

Au jour le jour

Inexistant

11

Mme Awawou

Au jour le jour

Inexistant

12

Djibrila Bouba

Au jour le jour

Inexistant

13

Imam Assan

Au jour le jour

Existant

14

Estelle

70 000 francs CFA

Inexistant

15

Christelle Abomo
Onambele

Au jour le jour

Inexistant

16

Baba Sani

10 000 à 110 000
francs CFA

Inexistant

17

Fatimtou Bouba

Au jour le jour

Inexistant

18

Ngono Martine

Au jour le jour

Inexistant

19

Elisabeth flore

50 000 francs

Inexistant

20

Mfopou Abdou

Au jour le jour

Inexistant

21

Mme Mfokou

70 000 francs FCA
environ

Inexistant

22

Ambassa Jean

Au jour le jour

Inexistant

23

Fokou

Au jour le jour

Inexistant

24

Mbida Arnaul

100 000 francs CFA

Inexistant

25

Papa Nana

Au jour le jour

Inexistant

26

Ousmanou Ali

Au jour le jour

Inexistant

27

Bernadette

Au jour le jour

Inexistant

28

Imam Aboubakari

Au jour le jour

Inexistant

29

Njikam Assan

Au jour le jour

Inexistant

30

Papa Yannick

220 000 francs CFA

Existant

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Au regard de l'interview menée auprès de cette population, l'on constate que c'est une population hétérogène prédominée par un niveau de vie relativement faible. Ces personnes interviewées de façon aléatoire dans cette localité de Yaoundé donnent des explications motivées par des raisons diverses au sujet des campagnes de soins et de santé gratuits.

En plus la question de la santé ici reste un sujet tabou lorsqu'on croit être en bonne santé. On y pense plus, on va à l'hôpital si seulement et seulement si on est malade. D'ailleurs d'après l'interview menée auprès de cette population le 11 Janvier 2018, Mme Mfokou nous fait comprendre que :

Ce sont les choses des blancs, je suis bien portante alors je n'ai plus besoin de l'hôpital. Les temps sont durs, c'est difficile. Et les médicaments sont également chers alors tu ne peux pas prendre l'argent qui peut te servir à manger avec les enfants pour aller donner cadeau au médecin soit disant, tu fais le bilan de santé. C'est réserver aux « bobos ». Même quand on est malade ici, on ne part pas directement à l'hôpital. C'est lorsque ça devient critique ou bien grave avec la panique qu'on se précipite102.

Nous comprenons dès lors que ces individus en état de pauvreté ne vont à l'hôpital que lorsqu'ils sont gravement malades. La vie est chère et les médicaments aussi.

III-1. Situation actuelle et stigmatisation.

Malgré une multitude d'efforts déployés par l'OMS et le MINSANTE pour améliorer la condition sanitaire de la population, nombreux cas de réticence ont été relevés à Yaoundé-Briqueterie. Ceci à cause des considérations diverses. S'agissant du Programme Elargi Vaccination (PEV), nombreuses ressources ont été mobilisées aussi bien par les autorités sanitaires que les partenaires pour relever les couvertures vaccinales. Malgré ces dispositions qui ont été prises très tôt, la mise en oeuvre de ce programme rencontre des problèmes dans notre pays particulièrement dans cette localité de Yaoundé. L'enquête menée sur le terrain démontre un taux considérable des personnes réticentes pour des raisons diversifiées et diversifiées

a) La rumeur sur les campagnes gratuites.

Le concept « rumeur » ici tire ses origines dans les recherches en psychologie judiciaire. C'est à partir de 1902 que l'allemand WILLIAM STERN103, expose le premier « protocole expérimental» de la rumeur, c'est ainsi qu'il devient depuis lors l'un des

102 Madame KONFOU, entretien du 27/01/2018.

103 STERN William, le temps des médias interdits-numero1. Christian Delporte. 2003. P.226

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exemples les plus classiques de la psychologie sociale et de la sociologie. Ici, il s'agit juste de créer une chaine de sujets qui se passent une idée ou une histoire de bouche à l'oreille, sans droit à la répétition ou à l'explication ; à la fin, on compare l'histoire racontée par le premier sujet et celle racontée par le dernier ; naturellement, l'histoire est au mieux tronquée, au pire déformée. La lecture de certains psychologues (ALLPORT ET POSTMAN)104 dans les années 1947 fait ressortir trois processus complémentaires de la rumeur : le processus de réduction avec la simplification du message initial, le processus d'accentuation avec les opinions qui se tissent dans l'âme pour persuader et en fin le processus d'assimilation. Ce dernier montre comment les individus s'approprient les messages en fonction de leurs valeurs, croyances ou émotions. Ce phénomène de sélection est à l'origine de la déformation de la rumeur.

Dans la sphère communicationnelle, la médiatisation de la rumeur s'effectue à partir d'un guide d'opinion selon la théorie de la communication à double étage dont parle Paul LAZARSFELD105. Ce guide influence les personnes efficacement en mettant en jeu une de trois implications que nous pouvons noter entre autres l'implication d'identification personnelle (la rumeur concerne directement la personne), de valorisation de l'enjeu (la rumeur est importante) et de capacité d'action (les personnes peuvent agir sur cette rumeur).

On comprend dès lors que la plupart des rumeurs sont produites fortuitement et ne sont pas les fruits d'un complot mais d'un mensonge ou de paroles en l'air dont un groupe ou une société se saisit, pour des raisons diversifiées et l'amplifiant ainsi. Ici c'est une sorte de communication qui véhicule des informations officieuses. Le principe de la rumeur est qu'elle est tenace, particulièrement si elle touche au scandale : en général tout démenti n'est qu'un pis-aller.

Pour tout dire jusqu'ici, la rumeur peut également faire partie des techniques de manipulation de la population dans le cadre du harcèlement moral, foncièrement puni par la loi. Cette rumeur peut être lancée par une seule personne ou par des groupes dans le cadre du harcèlement d'un réseau social ou de la société en générale. C'est pour cette raison que la population de Yaoundé-Briqueterie est plongée sous l'inquiétude multiforme marqué par les « ont dit ». Pour elle, les campagnes de soin et de santé gratuits sont un moyen efficace de fragilisation, d'aliénation, et même de trouble car « on » leur a dit que les blancs ne veulent plus la croissance démographique en Afrique. C'est pour eux un moyen de baisser la

104 ALLPORT et POSTMAN, the psychology of rumeur : Gordon w. Allport. Leo Postman. 1947.

105 LAZARSFELD Paul, Bulletin de psychologie. Groupe d'étude de psychologie. 1955.

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croissance démographique en Afrique et au Cameroun. C'est la raison pour laquelle la demoiselle ESTHELLE mère d'une fillette nous dit lors de notre entretien :

On raconte partout que le continent africain évolue nuit et jour et les blancs, pour nous maintenir sous leur domination, inventent ces campagnes pour réduire la fécondité. Je n'ai pas besoin d'être expert. Rien n'est pour rien. Et, on dit aussi souvent que les blancs diminuent notre intelligence à travers ces produits destinés à notre utilisation. Ils sucent notre cerveau. Même comme on ne peut pas les éviter, qu'ils attendent au moins quand on est malade pour en finir avec nous. 106

Cette réaction de notre interviewée nous a permis de comprendre ses raisons, ses motivations qui occasionnent la peur mieux encore le refus des vaccinations lors des campagnes de soins et de santé gratuits. Le phénomène de rumeur reste au centre de refus car l'explication qui découle des motivations n'a pas une portée scientifique. Cependant la croyance et la considération de ces idées, de ces opinions fondent l'âme de cette population. C'est ainsi le cas de Monsieur Omgba qui dit :

J'allais gifler un agent ici chez moi. Les histoires qu'on dit que c'est empoisonné là. C'est ce qu'il trouve pour donner à nos enfants ? Je leur ai dit que je ne cherche pas les problèmes et que, également ils ne doivent pas me chercher les problèmes. Les problèmes de santé, on ne blague pas avec. Ce sont des mauvaises personnes. On m'a même dit qu'ils créent des maladies pour nous107.

Les produits de la vaccination ont du mal à intégrer ce quartier à cause du doute et de l'incertitude autour de ces différents produits. La qualité et la composition de ces produits sont inquiétantes. Dès lors ces résidents deviennent fugaces en jugeant ces produits, des offres empoisonnées.

b) La gratuité des soins : une notion ambiguë.

La gratuité des soins pour les patients a un coût pour l'Etat et ses partenaires. Elle s'enracine dans le domaine public et doit également être financée dans l'optique d'améliorer ou de lutter contre les maladies évitables. D'après Charles NSANGOU, « l'Etat paye ses vaccins. Et, ces vaccins coutent chers »108 Il continu ses explications en disant :

Lorsqu'on parle de gratuité, cela ne concerne pas l'Etat. C'est juste au niveau de la population. Ce n'est pas la gratuité chez nous (l'Etat). Il est certes vrai

106 ESTHELLE, mère d'une fillette, entretien. 12 /10/2018.

107 Monsieur OMGBA, entretien du 27/01/2018.

108 Dr NSANGOU Charles. PEV. Entretien du 05/02/2018.

0

que nous payons une partie et nos partenaires à l'instar de GAVI qui nous aide avec L'UNICEF au niveau de transport de vaccin. Mais ici, c'est l'Etat qui dépense le plus. L'Etat a le gros morceau. L'Etat dépense beaucoup d'argent chaque année pour les vaccins. Sur douze vaccins dont on doit administrer par an, l'Etat à lui seul paye six vaccins et les autres sont encore départagés entre l'Etat et ses partenaires. 109

Ainsi, la demande d'une participation financière aussi petite soit-elle, entrave l'accès aux soins des plus pauvres. L'aide de soin gratuit n'est pas gratuite au niveau du haut (l'Etat) mais chez la population bénéficiaire, Charles NSANGOU reprécise que « les vaccins sont chers, très chers si bien que, si on demande aux gens de bénéficier ces vaccins en donnant de l'argent vraiment, ils ne vont pas le faire et c'est l'Etat qui perd ». 110

c) « Ce qui est gratuit est mauvais ».

Devenu un phénomène courant, les individus de la population de Yaoundé-Briqueterie pensent que « ce qui est gratuit est mauvais ». En effet, l'interprétation axée sur la gratuité des soins vient du fait que, pour certains, le capitalisme a envahi le monde. Tout le monde aspire à un bénéfice ou encore à un gain après un acte. Pour eux, parler de gratuité marque immédiatement une chose cachée dont les gouvernants ne veulent pas dévoiler. Dans cette façon de voir, FOKOU nous explique en basant sur sa conception du mot Dieu en disant :

Tous les bienfaits de Dieu Tout Puissant sont conditionnés par l'injonction de la prière et des actes. Alors combien de fois les hommes qui sont d'ailleurs des êtres de besoins ? S'ils n'avaient rien à gagner ces soins gratuits ne devraient pas exister. Pour tout dire, parler de soins gratuits c'est masquer ce que les dirigeants refusent de dévoiler111.

La qualité des médicaments ici selon FOKOU est également au centre du débat. Les interrogations sur son efficacité et ses effets secondaires. De ce fait, on n'est toujours pas loin du paradigme « tout ce qui est gratuit est mauvais ». Il continu en disant :

Je suis bien contre les campagnes de soins et de santé gratuits, J'ai mes raisons. D'abord, si la vie est chère au Cameroun c'est la santé qui sera gratuite ? Encore moins les vaccinations ? Non, ils savent ce qu'ils cherchent, ce qui les motive. Comme ils savent qu'on se désintéresse de l'argent pour faire nos enfants, est ce qu'ils ne sont pas en train de vouloir réduire nos

109 Dr NSANGOU Charles. Idem

110 Dr NSANGOU Charles. Idem

111 FOKOU, le boutiquier de la brique, entretien 02/03/2018

capacités d'accoucher ? Et les vaccins par-ci par-là. Tu peux me montrer un enfant rougeoleux ici ? Qu'ils nous disent la vérité. C'est vraiment énorme.112

Les campagnes gratuites trouvent alors ici des obstacles du fait de la gratuité, du fait des aides sans aucun conditionnement financier.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"