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Les droits des peuples autochtones sous le nouveau constitutionnalisme latinoaméricain en Bolivie et en Equateur


par Thayenne Gouvêa de Mendonça
Université Clermont Auvergne - Master 2 Droit Public Approfondi 2022
  

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CONCLUSION

Les États de l'Équateur et de la Bolivie ont été les précurseurs de ce qu'on appelle le troisième cycle du NCL, consacrant l'existence d'un État plurinational et interculturel à partir des revendications des peuples autochtones. Ces derniers furent les protagonistes de ce nouveau constitutionnalisme, après des centaines d'années confinés à la marge de la société latino-américaine, ce qui fut la grande nouveauté par rapport à d'autres théories constitutionnelles, généralement fondées par des intellectuels chacun de leur côté et mises en pratique par l'État. Cette nouvelle théorie constitutionnelle est née de la réalité sociale, dès lors, elle est devenue un objet d'étude particulier par les chercheurs. Ainsi, dans cette recherche, nous avons démontré que l'idée centrale de ce constitutionnalisme est la décolonisation de l'État, qui se fait à travers l'incorporation de droits collectifs des peuples autochtones dans les constitutions, mais aussi l'incorporation de leurs cosmovisions pour la construction d'un État juste, plurinational et interculturel. Par ailleurs, nous avons pu constater que la plurinationalité et l'interculturalité sont les deux concepts, ou principes, les plus importants développés au sein de ces deux États, la plurinationalité étant liée à la reconnaissance de l'existence de plusieurs systèmes juridiques, économiques et culturels au sein d'un même État et l'interculturalité étant le principe qui permet une relation équitable entre eux.

Nous avons également démontré, à partir du droit comparé, la volonté commune des deux pays de promouvoir les droits et la culture des nations et peuples autochtones à travers leurs dispositions constitutionnelles. Nous avons démontré que la reconnaissance de droits collectifs à certaines collectivités au sein de l'État est compatible avec le système de droits individuels universels, ces derniers devant être respectés et garantis par les autonomies autochtones. Cependant, nous n'avons pas nié l'existence de possibles conflits au sein de cette compatibilité. Notre réponse à ce problème a été de dire que lorsqu'il y a un conflit entre les droits collectifs et les droits individuels, le droit qui favorise le plus l'émancipation des peuples devrait être pris en compte, toujours au sein d'un dialogue interculturel. Concernant les droits collectifs, nous avons mis en évidence trois d'entre eux que nous avons jugé les plus significatifs du nouvel ordre instauré : le droit au « vivre bien », le droit à la consultation préalable et le droit au pluralisme juridique. Nous avons pu voir comment ces droits sont exprimés dans chaque constitution et constater que malgré leurs différences, les difficultés pour garantir ces nouveaux droits sont les mêmes. Concernant le « vivre bien », nous avons démontré qu'il est un objectif

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des deux États. Chaque constitution le prévoit d'une manière ; en Bolivie il est clairement un objectif de l'État, mais en Équateur il est plutôt un principe qui imprègne toute action de l'État. La consultation préalable, à son tour, est garantie par les constitutions comme devant être non seulement préalable à l'action de l'État qui affecte directement un peuple autochtone, mais également libre, informée et de bonne foi. Enfin, concernant le pluralisme juridique, nous avons vu qu'il est le droit qui caractérise le plus l'État plurinational. À partir du moment où la plurinationalité est reconnue, le pluralisme juridique est lui aussi reconnu, l'État n'est alors plus la seule source du droit.

Dans la théorie, la reconnaissance constitutionnelle des droits des peuples autochtones a été d'une grande importance. Pourtant, nous avons démontré que l'État n'est pas prêt à surmonter la colonialité. Le « vivre bien » est constamment menacé par l'économie extrativiste des deux États, cette dernière étant contradictoirement reconnue et protégée par les constitutions elles-mêmes. La consultation préalable est également menacée par cette économie et, en outre, par les politiques, qui ne mettent pas en place une loi afin de garantir la forme de déroulement de la procédure, ce qui permettrait de concrétiser la règle constitutionnelle. Ils considèrent que le consentement des peuples autochtones n'est pas nécessaire et donc pas important et réduisent ainsi le droit à la consultation préalable à une simple formalité. Concernant le pluralisme juridique, nous avons pu démontrer qu'il subit lui aussi de grandes difficultés de concrétisation tant en Bolivie qu'en Équateur. Les deux États essayent de réduire la portée de la juridiction autochtone et de la comprendre à travers la lecture occidentale du droit et de la justice et non pas par le dialogue interculturel. Cependant, nous avons vu qu'en Bolivie le juge constitutionnel tend à protéger la juridiction autochtone, peut-être parce que le TCP compte obligatoirement avec quelques juges issus de la juridiction autochtone, ce qui annonce un bel avenir pour le pluralisme juridique dans ce pays. Il n'en va pas de même pour l'Équateur. En effet, dans ce pays, c'est le juge constitutionnel lui-même (en Équateur il n'y a pas de loi qui réduit le pluralisme juridique à l'instar de la Bolivie) qui minimise le pluralisme juridique, comme nous avons pu le voir avec l'étude du cas La Cocha II, ce qui indique nettement la difficulté à surmonter la colonialité du savoir. Pour finir, nous pouvons dire que le constitutionnalisme développé au sein des deux États est toujours en transition, car sa finalité de décolonisation n'est pas encore atteinte. Pour cela, il faudra encore une maturité de l'idée de refondation de l'État pour inclure les peuples et nations autochtones également comme ses fondateurs, à travers le dialogue interculturel, qui ne peut prospérer qu'avec l'expérience acquise au fil du temps.

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