1.3.1 Impacts des changements climatiques sur le
Maroc
Le Maroc, de par sa position géographique, son climat,
son littoral, entre autres, est fortement affecté par le changement
climatique et présente une vulnérabilité de plus en plus
croissante. Le réchauffement moyen global sur tout le territoire
estimé autour de 1°C, variabilité temporelle et spatiale des
précipitations avec une baisse significative oscillant entre 3% et 30%
selon les régions, accélération des
phénomènes extrêmes (notamment les sécheresses et
les inondations), tendance à la hausse des vagues de chaleur et à
la baisse des vagues de froid, élévation du niveau de la mer,
constituent les principaux phénomènes recensés au Maroc
durant les dernières décennies.
Cette vulnérabilité est accentuée par
différents facteurs dont la structure du tissu économique, le
niveau de conscience et de connaissance, le cadre légal, l'absence
d'approche adaptée par territoire, etc. Par ailleurs, le Maroc se situe
dans une zone de transition entre le climat tempéré et le climat
sous influence désertique et tropical.
Cette situation lui confère un climat varié et
contrasté et donc une grande vulnérabilité aux changements
climatiques, ce qui signifie aussi des conséquences et des incidences
souvent graves sur les écosystèmes forestiers nationaux.
Les climatologues marocains s'accordent sur le fait que les
changements climatiques sont déjà une réalité avec
une augmentation des températures moyennes annuelles de 1,0 à
plus de 1,8°C et une réduction des précipitations pouvant
atteindre les 30%, avec une baisse de 26% au Nord-Ouest du pays,
considérée depuis longtemps comme étant la zone la plus
humide du Maroc.
Parmi les aléas météorologiques,
conséquents des changements climatiques, figurent les tempêtes,
les gros orages, la grêle, les crues torrentielles, les inondations et la
sécheresse. Les risques qui en découlent sont variables selon les
régions, les années et les saisons et ils peuvent affecter
gravement les biens matériels et les vies humaines, de manière
directe, violente et subite ou de manière insidieuse.
Les incidences prévisibles du changement climatique
sur l'agriculture sont importantes, notamment en ce qui a trait aux besoins en
eau d'irrigation et les conséquences sur les rendements des principales
cultures vivrières et industrielles. Par ailleurs, des études sur
les effets du réchauffement climatique sur les écosystèmes
forestiers convergent vers un constat inquiétant, celui de la
disparition de certaines espèces et la migration d'autres vers des zones
plus accueillantes.
Les variations climatiques résultent de l'interaction
entre plusieurs facteurs dont les principaux sont :
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Atlantique à l'ouest (plus de 3000km), et en marge du
plus grand désert chaud du monde : le Sahara au sud.
? La topographie qui crée des zones climatiques
fortement différenciées : les chaînes montagneuses de
l'Atlas (altitude moyenne 3000 m) constituent un obstacle aux vents dominants
créant une zone désertique au sud-est, et celles du Rif (altitude
moyenne 2000 m) forment une barrière à l'influence
méditerranéenne.
? Sa position géographique entre deux grands centres
d'action de la circulation générale atmosphérique :
l'anticyclone des Açores, obstacle à la trajectoire des
perturbations pluvieuses du front polaire, et la dépression
saharienne.
Les études nationales réalisées à
ce jour par la DMN (2007) ont montré que durant les quarante-cinq
dernières années, les régions qui étaient
classées sous climat humide et subhumide régressent au profit des
régions à climat semi-aride et aride ; en témoignent
l'augmentation de la température annuelle moyenne estimée
à 0,16°C par décennie et la baisse des précipitations
printanières de 47% à l'échelle nationale.
Les projections établies par la DMN (op, cil)
prévoient une augmentation des températures moyennes estivales de
l'ordre de 2°C à 6°C et la diminution de 20% en moyenne des
précipitations d'ici la fin du siècle. Ainsi, ces CC pourraient
exacerber les impacts suivants :
? Pénuries d'eau : le Maroc fait partie des pays
à pénurie hydrique avec moins de 1000 m3/hab./an, et devrait
après les années 2025 connaître une situation de
pénurie d'eau avec moins de 500m3/hab./an (Bedhri, 2000). Ces
évaluations ne tiennent pas compte des effets du changement climatique.
Si on intègre cet élément, l'évolution pourrait
être plus effrayante.
? L'augmentation de la température : Ce facteur
entraînera une élévation de l'évapotranspiration, et
donc, une diminution sur le plan quantitatif du potentiel hydrique du pays. De
point de vue qualitatif, l'élévation de la température de
l'air telle que prévue devra limiter le potentiel en oxygène des
eaux, et donc, diminuer leur capacité à dégrader les
éléments polluants. De plus, sur les zones côtières
la qualité des aquifères pourra être dégradée
par les intrusions salines.
Par ailleurs, l'agriculture reste le secteur à plus
grand risque. Avec une élévation forte de la température,
des sécheresses et des inondations le devenir de ce secteur sera
compromis. Le Maroc connaît une désertification importante, avec
des taux d'érosion hydrique particulièrement élevés
dans le nord et éolienne dans le sud.
Au-delà des différents scénarios
envisageables, l'impact du changement climatique sur l'agriculture marocaine se
manifesterait en premier lieu par la diminution de la disponibilité en
eau pour l'irrigation et par une baisse de la productivité agricole,
notamment celle des cultures pluviales.
Les sols perdraient de leur fertilité à cause
de la baisse de leur teneur en matière organique et sous l'effet de
l'érosion hydrique et éolienne.
La production animale connaitrait des situations de
détérioration corrélativement aux impacts négatifs
sur la production végétale. Les projections climatiques
réalisées indiquent que l'aridité augmenterait
progressivement en raison de la diminution de la pluviométrie et de
l'augmentation de la température. Cette augmentation de l'aridité
aurait des répercussions négatives sur les rendements agricoles
surtout à partir de 2030.
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Toutes les zones agro-écologiques ne seraient pas
affectées de la même manière par les impacts du changement
climatique. Les cultures pluviales (C, D, E, F) subiraient les impacts les plus
importants. Ces nouveaux résultats vont dans le même sens que ceux
présentés dans la seconde communication nationale (SCN, 2010). En
outre, selon les scénarios RCP (Representative Concentration Pathways)
établis par le GIEC dans le 5e rapport
d'évaluation, la longueur de la période de croissance des
cultures céréalières diminuera de 30 jours à
l'horizon 2050 et de 90 jours à l'horizon 2090, par rapport aux
années 2010. La période de croissance, qui s'étale de
novembre à avril actuellement, se rétrécira aux mois de
novembre à mars à l'horizon 2050 et de janvier à mars
à l'horizon 2090. Le Tableau 1 donne un aperçu
sur les impacts attendus du changement climatique sur les rendements des deux
céréales (orge et blé) en conditions pluviales, aux
horizons 2020, 2050 et 2080.
Tableau 1. Aperçu sur les impacts du
changement climatique sur les cultures de blé et d'orge aux horizons
2020, 2050 et 2080.
2020
Les rendements enregistreraient une légère
baisse ne dépassant pas 5% selon A2 et 4% selon B2. Les besoins en eau
d'irrigation :
Les modèles annoncent des stress bien marqués
au niveau des Bassins Versants (BV) de Oum Errabia, Moulouya, Tensift et
Draa.
Blé Cependant, par rapports aux
apports actuels, les besoins futurs restent stationnaires.
2050
Source (SCN, 2010 ; El Hairech et al.,
2009).
Par ailleurs, le changement climatique a un impact certain
sur les écosystèmes forestiers qui jouent un rôle important
pour l'économie du pays et pour les populations rurales. Dans des
bioclimats saharien, semi-aride et aride, cela se traduit par un stress
hydrique sur la végétation, ce qui favorisera l'extension de la
désertification, et par conséquent, des déplacements
progressifs de peuplements vers le Nord, à la recherche de
fraîcheur et d'humidité.
Dans les bioclimats humides et subhumides, la tendance est
une évolution vers des bioclimats plus secs et la disparition de
certaines espèces forestières telles que, le Sapin de
Talasemtante, le cèdre de Tizi Ifri, le chêne liège de la
nappe numidienne, le cèdre de Ketama au Rif, le genévrier
thurifère du Haut Atlas. A ces disparitions, succèderaient des
espèces plus adaptées au stress hydrique comme le thuya, le
caroubier, le genévrier rouge, le pin d'Alep, le pistachier et le
genévrier rouge. En ce qui concerne, les impacts potentiels sur la
biodiversité, les effets des différentes formes de
dégradation et de déperdition qui affectent les
écosystèmes forestiers, sont particulièrement importants
dans les zones montagneuses. Or, ce sont ces zones qui concentrent la plus
grande biodiversité, raison pour laquelle elles sont, dans
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leur majorité, classées « réserves
naturelles ». Au-delà de l'intérêt de
biodiversité et de son rôle dans la préservation du capital
génétique, plusieurs activités humaines en sont
dépendantes.
En outre, dans ces milieux particulièrement
vulnérables au changement climatique (littoral, zones humides, oasis et
montagnes), le risque d'extinction des espèces (voire des
communautés végétales) a augmenté de façon
significative en raison de problèmes migratoires et de
compétition interspécifique. L'interaction du CC avec
d'autres facteurs, notamment le changement d'utilisation du sol et la
surexploitation des ressources naturelles, pourrait affecter gravement la
biodiversité (dérégulation des chaînes trophiques et
suppression des gènes).
1.3.2 Engagements internationaux du Maroc contre le
changement climatique