5.2.1 Introduction
Pour préserver et développer durablement son
patrimoine forestier, le HCEFLCD a adopté des stratégies et
programmes nationaux pour l'atténuation des changements climatiques. De
ce fait, il a réorienté et refondu sa politique sur la
construction de processus de développement durable dans sa dimension
multiple écologique, économique et socioculturelle. Ainsi,
l'ensemble des réflexions et d'études stratégiques d'appui
au développement durable des secteurs forestiers et agricoles ont abouti
à l'élaboration du Programme Forestier National (PFN) en
conformité avec l'Agenda 21 de la CNUED (Mhirit et al., 2010).
Le PFN constitue donc un outil stratégique de
développement durable du secteur forestier à l'horizon 2020. Il
définit les objectifs globaux et détaillés de la
stratégie, les programmes prioritaires opérationnels et les
actions prioritaires pour conduire le changement ; il précise aussi les
principales conséquences micro-économiques, juridiques,
constitutionnelles, financières et organisationnelles. En rupture avec
l'approche sectorielle technique et dans le cadre du PFN, le HCEFLCD a
engagé en 2004 un processus de planification opérationnel
territorialisé pour une période décennale (2005-2020).
La mise en place des principales mesures d'accompagnement du
PFN, constituent les leviers nécessaires pour permettre aux programmes
retenus de donner les résultats attendus. Ces mesures concernent les
premières actions mises en oeuvre en vue d'intégrer l'adaptation
au changement climatique dans la stratégie de gestion des
écosystèmes forestiers.
Par ailleurs, le département de l'Agriculture s'est
investi dans l'adoption de la stratégie de développement agricole
PMV qui va imprimer au secteur agricole une dynamique d'évolution
harmonieuse qui tient compte de ses spécificités. Cette
stratégie s'articule autour d'une approche globale qui repose d'ailleurs
sur deux piliers majeurs : l'agriculture moderne et solidaire.
L'objectif de l'agriculture solidaire étant de
développer une approche orientée vers la lutte contre la
pauvreté, par l'augmentation de manière significative le revenu
agricole des exploitants les plus fragiles, notamment dans les zones
périphériques. Parmi les impacts attendus de cette
stratégie, on citera la croissance, la mise à niveau et
l'augmentation du revenu agricole comme moteur de lutte contre la
pauvreté rurale, à la fois dans les campagnes, mais aussi dans le
périurbain défavorisé. Ces résultats ne sont
obtenus que par la mise en oeuvre d'importants moyens financiers et
institutionnels.
5.2.2 Les initiatives d'acteurs
institutionnels
? L'agriculture et les aléas
climatiques
Les effets de l'augmentation de la température sur
l'agriculture restent, à ce jour, peu perceptibles par rapport à
ceux de la pluviométrie et de sa rareté de plus en plus
marquée. Aussi on peut dire que l'agriculture marocaine est bel et bien
vulnérable aux changements climatiques et ce tant au
réchauffement apporté par ce changement qu'au manque d'eau que
cela entraîne. Les effets du climat et de ses aléas ont eu une
grande part dans les crises qu'a connues l'agriculture au Maroc ce dernier
siècle (Laouina, A. 2006).
Le secteur bour au Maroc soumis aux
aléas du temps se caractérise par un système
d'exploitation traditionnel et vivier avec une prédominance des
céréales qui occupent 57% de la SAU nationale ; et une
productivité faible par rapport à la main-d'oeuvre et aux
facteurs de production. Cette faible productivité est expliquée
par une utilisation limitée des nouvelles technologies à savoir
la mécanisation,
Le Maroc a accordé une importance particulière
à la mobilisation des ressources en eau à travers la construction
des barrages qui sont au nombre de 145 dont la capacité de stockage
atteint 18,67 milliards
62
les semences certifiées, engrais, les traitements
phytosanitaires et autres. Ces problèmes se répercutent sur le
niveau de vie des agriculteurs de ces régions qui représentent
90% de la population rurale.
A ce propos, Laouina, A. (2006) rapporte les cultures
pratiquées en bour subissent en plein fouet l'effet des
sécheresses et le rendement céréalier peut vaciller entre
17qx/ha pour une année de bonne pluviosité (1995-96) et 4 qx/ha
pour une année sèche comme la campagne (1994-95).
Les interventions de l'Etat à Tiddas pouvant s'inscrire
dans le registre de la lutte contre la désertification, concernent
l'ensemble des actions menées par les services de l'agriculture,
à travers la vulgarisation des bonnes pratiques agricoles, dans le cadre
de projets spécifiques ou à travers les tâches que leur
impose la fonction d'encadrement des agriculteurs d'une manière
générale. Ces interventions territorialement localisées au
niveau de l'espace d'une commune, envisagent le développement local
selon les mesures préconisées par l'agriculture solidaire du PMV
tels les aides à l'investissement en matériel d'irrigation de
complément, le renforcement des capacités techniques des
producteurs.
? Forêt : un secteur soumis à toutes
sortes de pressions
La forêt Marocaine dans son ensemble est sous
l'influence de plusieurs pressions qui peuvent être d'origine
anthropiques ou liées au climat et à ses aléas dans notre
région. La vulnérabilité de la forêt Marocaine sous
l'impact des pressions anthropiques peut être évaluée par
les dégâts causés par le surpâturage sur la
régénération naturelle des différentes essences :
la possibilité fourragère de la forêt est de 1,58 milliards
UF et la quantité totale annuelle d'UF prélevée par
cheptel en forêt est 2,5 fois la possibilité de la forêt.
Les coupes abusives de bois de feu et les élagages des branches d'arbres
au profit du bétail en périodes de sécheresse ne font
qu'aggraver la situation.
A ces pressions anthropiques sur la forêt s'ajoutent
celles liées aux changements climatiques qui sont observables. Elles ont
eu des conséquences visibles sur les massifs forestiers avec des
mortalités massives d'arbres sur pied, et une absence totale de jeunes
semis. Ceci confère à la forêt Marocaine le qualificatif
d'état statique qui est le stade ultime de l'équilibre
climatique.
Dans le domaine de la conservation des eaux et du sol,
initiée sous le Protectorat a été poursuivie après
l'indépendance. Les actions menées dans ce domaine par
l'administration forestière consistent en des reboisements de protection
et de production, qui sont à l'origine des plantations de pins et
d'eucalyptus qui constituent autant de boisements artificiels sur le domaine
public, sur les terres collectives et sur les terres melk. Ces actions
étatiques sont renforcées par le plan national de lutte contre la
désertification (1986) qui vise le maintien du potentiel forestier et
des équilibres naturels, la satisfaction des besoins prioritaires de la
population, la complémentarité entre la forêt et les
activités agricoles et l'amélioration des
écosystèmes pastoraux s'inscrivaient dans une dimension de lutte
contre la désertification (Aderghal & al, 2011).
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