? A. L'Aménagement de Bassin Versant outil de
conservation des eaux et sols
L'administration forestière a réalisé,
à travers les études de bassins versants et de plans de
développement des zones de montagne, des activités
agro-pastorales orientées essentiellement sur l'arboriculture rustique
(olivier, figuier, amandier), etc. ce qui permet à la fois de valoriser
les terres pauvres et assurer la défense et la restauration des sols.
Ainsi, elle concourt efficacement à maintenir les populations des zones
de montagne et freiner l'exode rural.
63
de m3. Dans son nouveau programme de renforcement de
l'approvisionnement en eau potable du milieu rural et d'irrigation pour la
période 2020-2027, il a prévu la construction de 20 nouveaux
barrages.
Les orientations du Plan Décennal 2014-2025 de la
DEFLCD-RSK, en ce qui concerne la zone d'étude, visent le
développement de la population locale compatible avec les
impératifs de conservation des ressources naturelles. Ainsi, un certain
nombre de travaux de restauration des sols ont été
programmés dans le cadre de l'aménagement du BV de l'oued
Bouregreg en général et de la région de Tiddas en
particulier, qui relève du sous bassin versant du moyen Bouregreg,
classé selon la priorité d'intervention 5 (cf.
encadré ci-bas et figure 16).
Le BV de Bouregreg (délimité entre les deux BV
d'Oued Grou et Oued Beht) est subdivisé en cinq sous bassins sur la base
de ces cinq principaux affluents : Oued Aguennour, bas et moyen Bouregreg,
Tabahahrt et Ksiksou. Les deux derniers sous-bassins occupent 52% de la
superficie totale du BV de Bouregreg. La hiérarchisation selon la
priorité d'intervention des Sous Bassins Versants (SBV) est
synthétisée comme suit :
Priorité 1 : SBV de l'oued Ksiksou. ;
Priorité 2 : SBV de l'oued Tabahahrt ;
Priorité 3 : SBV du bas Bouregreg ;
Priorité 4 : SBV de l'oued Aguennour ;
Priorité 5 : SBV du moyen Bouregreg.
64
Zone d'étude
Figure 16. Carte des SBV et des Zones
prioritaires. Source (DREFLCD-NO, 2012).
Ces interventions de lutte contre l'érosion hydrique
ont concerné des traitements mécaniques (travaux d'installation
de murs de protection des berges contre les sapements et des travaux de
traitements mécaniques du réseau hydrographique) et des
reboisements de protection (cf. tableau 12).
65
Tableau 12. Travaux de reboisements de
protection dans la forêt de Tiddas.
Aménagement proposé
|
Superficie (ha)
|
% / forêt
|
Reboisement de protection
|
256
|
6,54
|
Reboisement de protection en forte densité
|
53
|
1,34
|
Entretien des reboisements
|
5
|
0,13
|
Total
|
314
|
7,96
|
Source (HCEFLCD, 2012).
Il est important de souligner que le domaine montagneux
souffre à la fois du sous-développement et de la
dégradation de son environnement en liaison avec la pression accrue sur
les ressources. L'intervention répressive ne peut régler le
problème de la dégradation des ressources naturelles, tant que
les problèmes économiques des populations ne sont pas
résolus et tant que des compensations équitables ne sont pas
proposées. Ainsi, la protection de la montagne ne peut être
réalisée que dans le cadre des progrès économiques,
une équité sociale et plus de solidarité
inter-régionale.
Pour atteindre le progrès économique, le PMV
doit nécessairement à travers l'agriculture solidaire (Pilier II)
renforcer la capacité des acteurs pour pouvoir produire mieux et
suffisamment, des productions de terroirs d'une forte valeur ajoutée.
Ces productions devraient être commercialisées, pour assurer une
rentabilité suffisante, et ce malgré l'exigüité des
terroirs.
L'amélioration des conditions de vie des populations
défavorisées par la mise en place d'équipements et de
services sociaux (habitat, écoles, assainissement, santé,
désenclavement, etc.) est à même de sensibiliser les
populations à prendre soin de leur environnement (Laouina, 2006).
? B. Sauvegarde de la forêt et la gestion
durable
B1. Aménagement des forêts du bassin
de Bouregreg et leur équipement
L'exploitation de la forêt, par la coupe de bois, le
parcours, etc., constituent des menaces importantes pour sa durabilité.
Pour garantir une gestion durable à cette forêt en vue de
satisfaire les besoins de la société rurale sans nuire à
sa pérennité, l'administration forestière a
procédé à l'aménagement de cette forêt.
Ainsi, la gestion durable de cette forêt est à même de
garantir la satisfaction des besoins dans des limites raisonnables des besoins
en énergie, parcours, dans le cadre de développement rural
intégré, etc. La gestion de la forêt de Tiddas est
facilitée par une infrastructure d'accès aux différents
massifs qui composent la forêt et la lutte contre les incendies de
forêts. Parmi les infrastructures on trouve un réseau de pistes
forestières qui facilite toutes les activités de mise en valeur
(reboisement, sylvicultures et exploitations), et d'intervention rapide en cas
de déclaration d'incendies. Ce réseau totalise une longueur 13
kilomètres environ, soit en moyenne 3,3 ml/ha (DEFLCD, 2012).
Bien que les tranchées Pare-feu sont des
infrastructures très importantes dans un massif forestier pour la lutte
contre les incendies de forêts, la forêt de Tiddas ne comporte
aucune tranchée. Ainsi, pour mieux prévenir et lutter contre les
sinistres et conserver la biodiversité, il est envisagé
l'ouverture de tranchées pare feu au courant de l'aménagement en
cours. Par ailleurs, le poste vigie situé dans la forêt de
66
Bouregreg lieudit Mouchène Harcha (X :427,848 ; Y
:321,691) remplit convenablement le rôle de surveillance des
sinistres dans la région.
Il est intéressant de signaler que la fréquence des
sinistres est rare ; toutefois on a enregistré en 2013 un incendie qui a
ravagé une étendue de près de 1000 m2.
Quant aux points d'eau existants, la forêt de Tiddas
dispose de deux réservoirs d'eau dont les informations sont
signalées dans le tableau suivant :
Tableau 13. Réservoir d'eau au niveau
du massif de Tiddas.
Secteur
|
Type
|
Coordonnées
|
Accès
|
Source
|
Etat
|
|
|
X
|
Y
|
|
|
|
Tighza/Maaziz
|
Oued
|
415177
|
329273
|
Piste
|
Oued
|
Moyen
|
Tighza/Maaziz
|
Oued
|
415806
|
326700
|
Piste
|
Oued
|
Moyen
|
Source : (DEFLCD, 2018).
Les maisons forestières qui abritent le personnel
forestier qui gère la forêt de Tiddas ; il existe quatre maisons
forestières qui pour un meilleur confort du personnel nécessite
des travaux d'entretiens annuels.
B2. Initiatives pour faciliter la participation
des parties prenantes
Les zones forestières connaissent ces dernières
décennies de grandes mutations par l'accroissement du cheptel qui
surexploite le milieu naturel. Une pression sans précédent se
fait sentir au niveau de la forêt, incluant coupes et surpâturage
qui portent préjudice à la couverture végétale
herbacée au sol qui n'a plus le temps d'accomplir le cycle
végétal jusqu'à la reproduction. La
régénération naturelle (in situ) par graines est
désormais chose impossible.
De ce fait, le renouvellement des essences forestières
autochtones constitue un défi majeur pour le gestionnaire forestier. Sur
le plan usage, la surface dédiée à la
régénération (reboisement), constitue une restriction
importante pour le parcours forestier. Ainsi, pour remédier à la
situation, et garantir la réussite de ce reboisement, l'état a
prévu une pour le manque à gagner, une subvention annuelle de 350
dhs l'hectare. Dans ce contexte, deux associations dites Groupements
sylvopastoraux sont créés au niveau de la forêt de Tiddas,
pour participer au fait pastoral et bénéficier de la subvention
annuelle accordée (cf. encadré ci-bas).
? Association Takmate : Crée en 2013
cette association regroupe 37 personnes. La
superficie mise en défens est de 400 ha reparti entre
les périmètres de Mcharta (100ha), Arkoudi1 (100ha), Arkoudi2
(100ha), et Arkoudi3 (100ha). L'association a déjà
bénéficié de la compensation en 2015 soit 100.000 dhs.
? Association Ain Lkheul : la superficie mise
en défens est de 300 ha repartis entre la forêt
de Tiddas (100 ha de pin d'Alep) et la forêt de
Bouregreg sur 200 ha de pin d'Alep. Cette association qui a été
créé en 2013 regroupe 30 adhérents et a
bénéficiée de 3 ans de compensation. Les sommes
perçues ont été reparties à hauteur de 1500 dhs par
bénéficiaire, le reste est utilisé comme frais de
fonctionnement de l'association.
Il y a lieu de souligner que ces reboisements constituent un
recours essentiel pour équilibrer l'offre et la demande en bois
énergie, et atténuer la dégradation des espaces forestiers
nationaux.
67
Ces initiatives sont capitales, pour faciliter la
participation des parties-prenantes qui, à travers leurs comités
représentatifs, peuvent participer à la planification des actions
de nature à gérer durablement les forêts. Par ailleurs, ces
deux associations renforcées par l'adhésion des populations
locales, sont appelées, si elles sont bien encadrées, à
constituer un cadre d'échange, d'apprentissage, de solidarité et
de bonne gouvernance, ce qui renforce d'avantage la cohésion sociale
pour faire face aux effets des changements climatiques.
Pour les prélèvements considérés
comme sociaux, il est nécessaire de trouver des solutions à la
pauvreté en prônant un développement rural
intégré. Sur le plan spatial, les forêts et leurs espaces
limitrophes doivent être traités de manière globale, en
valorisant de nouvelles activités, génératrices de
revenus, afin de limiter la pression sur la ressource (Laouina,
op.cit.).
B3. Développement de la Filière
Bois-énergie : Quelques mesures
Le droit forestier marocain garantit aux usagers de la
forêt la possibilité de bénéficier à titre
gratuit du bois mort gisant pour les besoins domestiques. Cependant, la
croissance démographique aidant, les besoins dépassent souvent
les possibilités réelles de la forêt et provoquent un
déséquilibre entre l'offre et la demande en bois. Si ce
système archaïque continue, la forêt sera soumise à la
rude épreuve de la surexploitation et pourra par la suite disparaitre
avec des conséquences désastreuses sur le milieu naturel et les
habitants.
Ce déficit est enregistré à
l'échelle du Maroc où la demande en bois au Maroc, comme source
d'énergie est supérieure à la production annuelle de la
forêt. En effet, la forêt produit environ 3,25 millions de tonnes
de bois par an alors que les besoins du monde rural (cuisson, chauffage) se
chiffrent à près de 6 millions de tonnes (DEFLCD, 2018).
Cette exploitation irrationnelle de coupe de bois durera tant
que si on ne mettra pas à la disposition des usagers, une source
d'énergie alternative au bois, accessible sur le plan financier, pour le
chauffage et la cuisson. L'économie d'énergie et de substitution
ne peut être obtenue que par le développement de l'utilisation
d'autres sources énergétiques renouvelables permettant
d'économiser la quantité de bois consommée. Dans ce sens,
la distribution des fours améliorés et adaptés aux
conditions locales et aux traditions de la région pour la
réduction de la consommation de bois de feu ; et l'introduction des
produits de substitution au bois par encouragement du recours à
l'utilisation de l'énergie solaire.
Par ailleurs, pour parvenir à équilibrer l'offre
et la demande (en milieu urbain et rural), la stratégie
bois-énergie 2015-2024 évaluée à 60 millions de
dirhams, prévoit la distribution de 60.000 fours améliorés
en vue de réduire la consommation du bois. Cette stratégie est de
nature à améliorer les conditions de vie de la population rurale
en matière d'hygiène et de santé, notamment pour la femme
rurale, qui a pris toujours la lourde charge de ravitaillement de la famille en
bois (Ibid.).
L'efficacité énergétique des fours
améliorés dépasse de 50% les fours utilisés
jusque-là. Ainsi, l'usage de ces fours améliorés
contribuera efficacement à conserver le patrimoine forestier. Cette
solution est renforcée par des opérations de reboisement à
l'horizon 2030, prévues dans le cadre de la stratégie «
Forêt du Maroc 2020-2030 » dans les douze
régions du Maroc. Ces reboisements sont estimés à 600.000
hectares et concernent de nombreuses espèces comme l'arganier, le thuya,
le caroubier, le cèdre, le chêne liège, le pin, le
chêne vert, l'eucalyptus et d'autre essences forestières (DEFLCD,
op.cit.).
Un programme est mis en place qui vise l'amélioration
de la gestion, la conservation et l'utilisation des écosystèmes
naturels de ce parc et de leur biodiversité. La participation des
populations locales à la
68
B4. Le reboisement outil de reconstitution des
milieux forestiers
La superficie reboisée de 479, 9 ha
constitue une part réduite du paysage de Tiddas. Le pin d'Alep
en constitue l'essence principale qui est plantée sur plusieurs
campagnes et cela depuis 2008 jusqu'à nos jours. Bien que le pin d'Alep
soit une essence robuste, le taux de réussite enregistré est
relativement faible (en moyenne de 40 %), en raison du manque de soins, de
suivi et des sècheresses consécutives (DEFCLC, 2018). Les
techniques de plantation respectent les principes de CES qui consistent en
l'ouverture des éléments de fossés. Le tableau
n°14 donne l'essentiel sur les superficies
plantées et les essences utilisées pour le reboisement.
Tableau 14. Périmètres de
reboisement de la forêt de Tiddas.
Périmètre Essence Superficie
réussie
(ha)
|
|
Mcharta Pin d'Alep, Eucalyptus Camal, Acacia
85
Tiddas Pin d'Alep 29
Mcharta Pin d'Alep 40
El-Koudi 3 Ain Lkheul
|
Pin d'Alep Pin d'Alep
|
40
30
|
|
El-Koudi 1,2 Pin d'Alep 7,5
Total 231,5
(Source : enquêtes CCDRF de
Maaziz).
B5. Le parc du plateau central et la conservation
des ressources naturelles
Afin d'assurer la conservation de la diversité
biologique du plateau central, le HCEFLCD a élaboré en 2005 un
projet de création du Parc Naturel dans la région du Plateau
Central (Oulmes-Tiddas-Rommani -Ezzhiliga) qui s'étale sur une
superficie de 42.654 ha. Son territoire englobe, en plus des trois communes
d'Oulmes, Ezzhiliga et Ain Sbit, la commune de Tiddas (2258,51 ha) (HCEFLCD,
2018).
Actuellement, une étude est en cours pour
l'élaboration du Plan d'Aménagement et de Gestion du Futur Parc
Natural du Plateau Central dont le but est d'allier les principes de
conservation aux principes de développement par la mise en place de
structures de gestion qui pourront servir de base à
l'amélioration des conditions socio-économiques de la
région. En effet, le parc constitue un pôle d'attraction pour le
développement de l'écotourisme et de la découverte de la
nature.
Il y a lieu de noter que la création de ce parc est
justifiée par l'existence d'une diversité biologique importante,
caractérisée par la présence d'espèces
endémiques rares et menacées de disparition (Lynx, Loutre,
Belette, ...). Par ailleurs, le parc offre des potentialités de
réintroduction de certains ongulés tels la gazelle de cuvier et
le mouflon. En effet, la zone du parc présente les conditions favorables
pour la protection et la conservation de cette gazelle qui existait auparavant
dans le secteur.
Sur le plan forestier, ce parc jouera un rôle important
dans la Conservation de la tétraclinaie menacée par l'action
multiple de l'homme et de ses troupeaux ; et l'écosystème
à chêne liège de montagne.
69
cogestion des ressources naturelles et le suivi de
l'évolution des écosystèmes constitue un gage de
réussite d'un tel programme.
En revanche, la protection des ressources naturelles et de la
biodiversité doit aller de pair avec la valorisation des sites
d'intérêt écologique par diverses activités comme
l'écotourisme, la production apicole biologique et labellisée
dans des espaces circonscrits hautement productifs.
70
|