Les changements climatiques constituent aujourd'hui un
défi majeur auquel est confrontée l'humanité. Les
conséquences de ce phénomène sont multiples,
irréversibles et dépassent la capacité de réponse
des écosystèmes et des humains qui risquent d'être
altérés ou définitivement détruits. Le Maroc,
à l'instar de nombreux pays en développement, est fortement
atteint par ce phénomène et recense d'ores et déjà
maints effets au niveau national.
La Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques (CCNUCC) a été adopté en 1992. Elle marque la
base pour définir les moyens de stimuler un développement durable
au niveau mondial. A l'issue de cette Convention et du Protocole de Kyoto,
différentes initiatives et actions ont été mises en place.
Ces efforts demeurent néanmoins modestes par rapport à la marge
de manoeuvre restante.
Parmi les éléments saillants rapportés
par GIEC (2013) sur les incidences attendues des changements climatiques pour
le XXIème siècle (MDCE, 2014) :
·
Température : augmentation à la surface du globe
de plus de 1,5°C à la fin du siècle par rapport à
l'époque allant de 1850 à 1900, pour trois des quatre
scénarios de modélisation du climat futur
considérés ;
· Cycle de l'eau : les changements du cycle mondial de
l'eau ne seront pas uniformes. Le contraste des précipitations entre
régions humides et régions sèches ainsi qu'entre saisons
humides et saisons sèches augmentera, bien qu'il puisse exister des
exceptions régionales ;
· Elévation du niveau des mers : comprise selon
les scénarios entre 0,24 m et 0,30 m sur la période 2046-2065 par
rapport à 1986-2005 ;
· Cryosphère : poursuite de la diminution de
l'étendue et l'épaisseur de la banquise arctique, de même
que l'étendue du manteau neigeux de l'hémisphère Nord,
d'environ 7% à la fin du siècle ;
· Acidification des océans : augmentation pour
tous les scénarios. La baisse du pH varie en fonction de ces derniers
dans des intervalles allant de 0,06 à 0,32 ;
· Cycle de carbone : les concentrations
atmosphériques des gaz à effet de serre (GES) ont atteint 400 ppm
en 2013. Les 4 scénarios considérés prévoient une
amplification de l'accroissement des émissions cumulées de CO2
pour la période 2012-2020. La moyenne atteindra 990 GtCO2 pour le
scénario le plus optimiste, et 6180 GtCO2 pour le plus pessimiste.
Le changement climatique n'est qu'une composante de ce qu'il
est convenu d'appeler « changements globaux ». Cette composante pose
beaucoup de controverses jusqu'à ce jour entre les experts du domaine.
D'aucuns disent qu'on ne peut pas parler de changements climatiques sur une si
courte durée quoi qu'il y ait des variations constatées.
Selon le GIEC, le changement climatique s'entend d'une
variation de l'état du climat que l'on peut déceler (par exemple
au moyen de tests statistiques) par des modifications de la moyenne et/ou de la
variabilité de ses propriétés et qui persiste pendant une
longue période, généralement pendant des décennies
ou plus.
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Il se rapporte à tout changement du climat dans le
temps, qu'il soit dû à la variabilité naturelle ou à
l'activité humaine.
Cette définition diffère de celle figurant dans
la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements Climatiques (CCNUCC),
selon laquelle les changements climatiques désignent des changements qui
sont attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui
viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables. Le
réchauffement du système climatique est sans équivoque.
Figure 1. Tendance actuelle du
réchauffement climatique dû aux activités humaines,
par
rapport à la période 1850 - 1900 (GIEC, 2018).
D'après le GIEC (2013), l'augmentation de la
température globale moyenne a atteint 0,6 #177; 0,2 °C au cours du
XXe siècle. Il y a eu un recul
généralisé des glaciers hors des régions polaires.
La surface de la banquise a diminué de 10 à 15 % depuis 1950 dans
l'hémisphère Nord au printemps et en été. La
quantité de chaleur contenue dans les océans a augmenté
depuis la fin des années 1950 et le niveau moyen de la mer a
augmenté d'au moins 10 cm au cours du XXe
siècle.
GIEC développe aussi des scenarii possibles
d'évolution des émissions anthropiques pour établir des
projections des tendances climatiques à venir. Suivant ces scenarii, les
modèles climatiques estiment que d'ici à 2100, les concentrations
de CO2 dans l'atmosphère atteindront 540 à 970 ppm. La
température globale moyenne augmentera de 1,4 °C à 5,8
°C entre 1990 et 2100.
Le changement global est dû à l'augmentation des
concentrations des gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère.
Ces GES ont toujours existé dans l'atmosphère de façon
naturelle car la vie n'est possible sur terre sans l'effet de serre qui assure
une température moyenne de 15°C au lieu de -19°C (GIEC,
2007).
Depuis l'avènement de la révolution
industrielle, les plus dangereux de ces gaz (CO2, CH4, NO2, etc.) ont connu une
augmentation exponentielle dont l'origine est loin d'être naturelle
(Cyrielle Den, 2007). Le CO2 est à lui seul responsable de plus de 50%
de l'augmentation de l'ensemble des GES.
Dans cette situation anormale où la concentration des
GES dans l'atmosphère est très élevée, seule une
petite partie du rayonnement terrestre réfléchi vers
l'atmosphère est absorbée par les GES et diffusée vers
l'atmosphère.
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La plus grande partie du rayonnement est renvoyée vers
la basse atmosphère et la surface du sol, ce qui conduit à la
longue à un réchauffement de la basse atmosphère et de la
surface du sol. Les activités humaines restent les premières
causes de réchauffement, notamment celles relatives à la
consommation de combustibles fossiles pour des usages industriels et
domestiques, et à la combustion de la biomasse produisant des GES et des
aérosols qui affectent la composition de l'atmosphère.
En outre, le changement d'usage des terres, dû à
l'étalement urbain, aux activités agricoles et aux exploitations
industrielles des forêts, altère les propriétés
physico-chimiques et biologiques de la surface de la terre.
Ces changements anthropiques sont très rapides et par
conséquent menacent les écosystèmes souvent fragiles. En
effet, la déforestation continue, aggravée par l'exploitation
sans cesse croissante des forêts par les communautés rurales
(défrichement et mise en valeur) contribue à 20 à 25% de
la totalité des émissions de CO2 (PNUE, 2008). Ces pratiques de
grande envergure font perdre à la forêt son rôle de
séquestration du carbone, amplifiant la quantité de CO2 dans
l'atmosphère.
L'élevage ne fait pas exception et est
étroitement lié aux problèmes climatiques. Selon une
étude de la FAO (Steinfeld et al., 2006), l'élevage est
responsable de 18% des émissions globales de GES (65%NO2, 37%CH4,
5%CO2). Cette part de l'élevage est en presque totalité due au
système intensif qui nécessite le stockage de fourrage. Cette
culture fourragère nécessite de l'engrais, dont la production
s'accompagne d'émission de gaz. De plus, en aval, la conservation, la
réfrigération et le transport des produits finis émettent
également des gaz à effet de serre.