INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le changement climatique fait partie intégrante de
réalité dont il est urgent de chercher à limiter les
impacts. Le Giec, (2013) a mentionné qu'à l'échelle de la
planète, il s'est déjà manifesté par une hausse des
températures de 0,75 °C en moyenne par rapport à 1860, par
l'élévation du niveau des mers de 1,8 mm/an depuis 1961 (3,1
mm/an depuis 1993) et par la recrudescence de phénomènes
météorologiques extrêmes à l'origine d'importantes
pertes humaines et matérielles (canicules, sécheresses, ouragans
et inondations).
Il est à prévoir que certains
écosystèmes seront incapables de s'adapter au rythme des
changements. La production alimentaire en souffrira, tout comme
l'approvisionnement en eau. Les changements climatiques survenus au cours des
dernières décennies du XXe siècle ont altéré
la diversité biologique. En effet, le réchauffement de certaines
régions de la planète a modifié la période de
reproduction de la faune et de la flore, le moment de migration des animaux, la
durée de la saison de végétation, la répartition
des espèces et la taille des populations, ainsi que la fréquence
des invasions et des épidémies. Les pays démunis ont du
mal à y faire face et sont les plus vulnérables.
Par ailleurs, depuis quelques décennies, les
forêts Méditerranéennes en général et
marocaines en particulier, sont au centre des débats à cause des
menaces qui pèsent sur leur existence. L'exploitation dont elles font
l'objet par les différents acteurs qui s'y interfèrent, est
fonction des intérêts, mais aussi de la durée dans laquelle
s'inscrit chaque type d'exploitation. Les ressources dont disposent ces
forêts sont depuis la nuit des temps, d'une utilité
multifonctionnelle pour la vie traditionnelle des populations locales.
Dans les forêts domaniales, la dégradation
résulte d'un ou plusieurs évènements de perturbations sur
une période donnée. Ces perturbations peuvent être de
natures diverses : exploitation forestière, prélèvements
de produits ligneux ou non-ligneux issus de la forêt, chasse, feux,
changements des conditions environnementales (suite à la fragmentation
forestière par exemple), etc. Ces perturbations varient en
intensité et en fréquence. Elles peuvent être ponctuelles
(exploitation forestière) ou quasi-permanentes (changements des
conditions environnementales ou chasse).
Les feux de forêt, la fragmentation due à
l'ouverture de terres agricoles, l'exploitation sélective du bois
d'oeuvre, la collecte de bois de feu pour la production de charbon de bois et
le pâturage sous couvert forestier sont les principales perturbations
responsables de la dégradation des forêts (Pinheiro et al.
2016).
L'exploitation sélective conduit également
à des transformations du couvert forestier, elle crée des
trouées d'exploitation, des pistes de débardage et de
débusquage. L'exploitation blesse des arbres, ce qui entraîne une
hausse de la mortalité des individus restants et contribue de
manière significative aux pertes de biomasse (Sist et al. 2014).
Ce travail présente une modeste contribution à
l'étude de ce problème et prend pour exemple particulier la
région de Tiddas où toute une population s'adonne aux pratiques
agroforestières pour survivre ; ce qui constitue la base de
l'économie locale.
Nous avons essayé d'étudier les
conséquences du changement climatique dans cette zone pour en tirer par
la suite des perspectives et de proposer des recommandations nécessaires
pouvant atténuer les effets néfastes de ce
phénomène.
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Dans les zones forestières et
péri-forestières co-existent plusieurs groupements humains, ayant
chacun sa spécificité dans l'exploitation des ressources du
milieu., Cependant, les principaux problèmes grosso modo dont ils font
face concernent (Naggar M, 2003) :
? La faiblesse des revenus : Les
systèmes de production restent caractérisés par une
agriculture pluviale et un élevage extensif. Les difficultés
d'accès aux services socio-économiques et d'encadrement ont
placé la population rurale des zones forestières, dans une
situation de pauvreté et de précarité ;
? La dégradation des ressources
naturelles : Ce problème est lié essentiellement
à une forte densité démographique dans les zones rurales,
associée à la rareté des terres cultivables due à
l'importance du relief montagneux, cette situation se traduit par la mise en
culture des terres marginales et le défrichement de la forêt ;
? L'enclavement et le manque d'accès
à l'information : La forte marginalisation des populations
rurales est liée à leur faible organisation, mais surtout
à un appui insuffisant en matière d'encadrement, de formation et
d'information. L'insuffisance en infrastructure est considérée
comme un facteur limitant pour la valorisation des productions agricoles et
l'accès aux services particulièrement la santé et la
scolarisation.
La problématique de l'adaptation au changement
climatique dans le cadre de ce mémoire se pose en termes de gouvernance
locale. La lutte au changement climatique devrait se faire au niveau local
d'abord, car ce sont surtout les actions collectives des communautés qui
doivent répondre aux impacts des changements climatiques.
Ainsi, les populations rurales se trouvent selon les
années de plus en plus confrontées à des formes
climatiques extrêmes (irrégularités des
précipitations, sècheresses récurrentes, chutes de
grêle, inondations etc.), dont les impacts sont considérables.
Ceux-ci risquent, si rien n'est fait, de compromettre les moyens de subsistance
des petits agriculteurs. Par conséquent toute action de
développement qui se veut efficace et durable doit intégrer la
dimension du changement climatique.
L'adaptation au changement climatique doit se faire localement
et se baser sur les connaissances et pratiques locales. Celle-ci exige une
prise en compte de la vulnérabilité liée au risque et des
capacités d'y faire face.
Par ailleurs, l'élaboration des plans d'adaptation
permet aux communautés de mieux s'organiser en vue de faire face aux
enjeux complexes qui entourent la pauvreté. Ces plans s'inscrivent bien
évidemment dans la logique d'améliorer durablement les biens et
les moyens d'existence terre et production, eau et ressources aquatiques,
arbres et produits forestiers, faune, biodiversité et services
environnementaux.
Notre étude concerne l'Analyse de la
vulnérabilité et l'adaptation des communautés villageoises
face aux changements climatiques aux moyens d'enquêtes et d'entretiens
structurés. Elle s'inscrit dans la suite logique des études
antérieures effectuées par d'autres chercheurs dans ce
domaine.
Objectifs de recherche :
Notre recherche s'intéresse à l'organisation du
territoire, c'est-à-dire que nous voulons comprendre Comment
les acteurs locaux s'organisent-ils pour faire face aux défis
d'adaptation aux changements climatiques ? Cette question
générale est accompagnée des questions spécifiques
suivantes :
1) Examiner la documentation existante en vue
de comprendre et fournir un appui à la prise de décision dans
l'adaptation des communautés rurales des ZFP aux impacts du changement
climatique dans les territoires de Tiddas,
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2) Passer en revue les principaux impacts du
changement climatique au Maroc et d'examiner les stratégies de lutte
élaborées par les pouvoirs publiques concernant les aspects
d'adaptation et d'atténuation du CC,
4) Effectuer une évaluation de la
vulnérabilité du CC et de l'intégration des
stratégies d'adaptation au niveau local,
5) Apprécier les formes de mobilisation des acteurs
locaux en vue de réduire la vulnérabilité face aux impacts
du changement climatique en milieu naturel,
6) Proposer des recommandations de développement local
afin d'intégrer les aspects du CC pour renforcer les capacités
d'adaptation et d'atténuation et de résilience au changement
climatique des communautés locales vulnérables.
Partant d'une méthodologie adéquate pour aboutir
à des propositions concrètes qui traduisent les véritables
préoccupations des communautés rurales, pour faire face aux
changements climatiques. Ces propositions synthétisées lors des
investigations peuvent faire l'objet d'un plan d'actions pour l'adaptation des
activités agro-sylvo-pastorales, l'atténuation des effets des CC
et la résilience des communautés vulnérables en vue
d'engranger le développement local durable et d'enrayer la
pauvreté.
Ainsi, notre travail est décliné en cinq (05)
chapitres :
Le premier étant dédié à la
définition des changements climatiques à l'échelle du
globe, de la méditerranée et du Maroc. Les impacts de ces CC
seront passées en revues et les engagements du Maroc pour lutter contre
ces phénomènes climatiques sont soulignés.
Le deuxième chapitre traite la notion de la
vulnérabilité du secteur forestier marocain et fait état
des principales initiatives et/ou stratégies adoptées par le
Maroc en vue de réduire les risques des changements climatiques.
Dans le chapitre 3, nous décrivons les
éléments du cadre physique de la zone d'étude. Il est
aussi question de relever les différentes composantes de ce milieu qui
sont utilisées par les populations locales.
Le quatrième chapitre concernent les questions de
recherche qui émergent de l'analyse des chapitres
précédents. Il présente aussi les caractéristiques
des données utilisées dans ce travail : sources, méthodes
de collectes et principales questions liées à leur
utilisation.
Enfin, le cinquième chapitre énumère et
commente les principaux résultats obtenus par cette étude ainsi
que les recommandations qui s'y rapportent.
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