2.2. Le problème central des externalités
Alors que le courant lausannois de l'économie du
bien-être propose un modèle général d'une
économie optimale, le courant cambridgien s'est penché sur
l'étude des conditions d'équilibre d'un marché partiel
d'un seul bien. C'est cette branche de l'économie néoclassique
qui a su décrire assez rapidement un certain nombre de
dysfonctionnements d'un marché concurrentiel. Dès 1890, Marshall
est le premier à constater que des phénomènes hors
marché peuvent
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Ononino Jean Charles
influencer les comportements des agents économiques et
affecter leurs fonctions-objectif en dehors de toute transaction. Il met en
lumière la notion d'économie externe, qui traduit l'avantage dont
peut bénéficier un producteur de conditions pour lesquelles il ne
supporte aucun coût.
Dans son ouvrage fondateur, The Economics of Welfare (1920),
Pigou présente une solution intermédiaire entre ces deux
positions qui permet de remédier à ces "défaillances de
marché". Il propose la création d'une taxe (dite pigouvienne)
imposée à l'agent qui engendre la déséconomie
externe. Le montant de cette taxe équivaut à la valeur
monétaire du coût externe : le coût social devient alors la
variable prise en compte par l'agent économique. Cette démarche
d'internalisation des coûts externes repose donc à la fois sur
l'intervention de l'Etat, qui impose la taxe, et sur les mécanismes de
marché, qui continuent à diriger les relations
économiques. Cette réduction de la réalité aux
relations marchandes est caractéristique de la démarche de
l'économie du bien-être, et de l'économie
néoclassique en général. L'objectif est de tendre vers
l'accomplissement du paradigme théorique, censé assurer une
optimalité des relations économiques et une maximisation du
bien-être collectif. C'est dans cette mouvance théorique que va
émerger, au début des années 1970, l'économie
environnementale, pour laquelle le traitement des externalités est une
préoccupation centrale.
2.3. La notion de surplus
Les enjeux de l'évaluation économique se
trouvent autant dans la mesure de l'impact des dégradations anthropiques
de l'environnement que dans la mesure des conséquences positives et ou
négatives, de la mise en oeuvre de politiques publiques ou d'initiatives
privées. Le but de l'évaluation économique est de pouvoir
exprimer en grandeur monétaire une augmentation ou une diminution de la
fonction utilité des individus, suite à une amélioration
ou une dégradation de la qualité de l'environnement. Les
préférences des individus pour une qualité donnée
de l'environnement et le surplus du consommateur sont certainement les outils
conceptuels les mieux adaptés à la quantification de cette
grandeur. Une présentation des notions du surplus et des
préférences sera faite avant d'aborder leur application au cas
des actifs naturels.
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