Section 2 : les instruments de mesure de biens
environnementaux
"L'économie du bien-être a pour premier objectif
de déterminer, parmi plusieurs états de l'économie, quel
est le meilleur ; elle cherche en outre à indiquer les règles
économiques qu'il convient de mettre en oeuvre pour parvenir à
cet objectif3. La difficulté de retenir a priori
l'équilibre général de Walras comme optimum
économique global vient du fait qu'il correspond à une situation
optimale pour chacun des agents économiques mais qu'il ne fournit pas un
indicateur de bien-être total pour la collectivité. Au niveau
individuel, la mesure du bien-être n'est pas problématique puisque
chaque agent, en décidant lui-même de choisir un panier
particulier de biens parmi d'autres, indique la situation qui lui procure le
maximum de
3 Abraham-Frois, Avant-Propos à
Biaujeaud, 1988.
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Ononino Jean Charles
satisfaction. Il n'est pas nécessaire, dans ce cas, de
recourir à une mesure objective du bien-être : une mesure
ordinale, et non cardinale, du bien-être suffit. Ce n'est pas le cas
quand on souhaite mettre en relation deux niveaux de bien-être
d'individus différents: il n'est pas possible de dire que "la
réduction de bien-être d'un individu, à la suite d'une
mesure donnée, est ou n'est pas compensée par l'augmentation du
bien-être d'un autre individu; le seul cas où l'on est
assuré qu'il y a effectivement accroissement du bien-être
collectif est celui où se produit une augmentation du bien-être
d'un individu au moins, sans diminution de celui d'aucun autre [...]. Ce
critère - dit de Pareto - n'exige aucune mesure cardinale de
l'utilité et n'implique aucune comparaison interpersonnelle des
satisfactions" (Wolfelsperger, 1993). C'est ce critère de Pareto qui
sert, dans la théorie néoclassique, à comparer les
états réalisables d'une économie concurrentielle pour
déterminer un niveau optimal de bien-être collectif. Ainsi, on dit
qu'un état de l'économie est un optimum de Pareto s'il n'est plus
possible d'améliorer la situation d'un agent sans
détériorer celle d'un autre.
2.1. Détermination de l'optimum social par
l'économie du bien-être
L'économie du bien-être, par ses
théorèmes et les outils qu'elle propose, est aujourd'hui le
courant théorique dominant. Elle a des applications multiples, notamment
dans le domaine de l'environnement. Néanmoins, il convient de garder
à l'esprit que cette approche se construit sur la base du paradigme de
l'économie néoclassique et que les préceptes de
l'économie du bien-être ne sont valables qu'à la condition
que l'économie se situe bien en équilibre général,
c'est-à-dire qu'il n'existe ni économies ou
déséconomies externes, ni biens publics qui faussent la
perfection du système de marché. Or, "il est clair que les
économies de marché ne répondent pas, dans la
réalité, à toutes ces conditions et ces 'imperfections'
rendent donc impossible la réalisation d'un optimum" (Wolfelsperger,
1993). C'est également l'objet de l'économie du bien-être
de chercher à réduire ces imperfections et d'assurer in fine que
le système économique fonctionne comme une économie
concurrentielle aboutissant à un équilibre général
et à un optimum social.
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