2.3.3. Approximation de Willig de la Mesure hicksienne du
surplus du consommateur
Les estimations des surplus compensés peuvent
être considérées comme des intervalles de confiance de
l'estimation du surplus ordinaire du consommateur (Willig, 1976). Sous cette
hypothèse, le surplus marshallien du consommateur apparaît comme
un bon estimateur du changement de bien-être. C'est donc à partir
de la mesure traditionnelle du surplus du consommateur que peut être
envisagé d'estimer la valeur économique de certaines ressources
de l'environnement5.
Les principes théoriques de mesure du bien-être
sont directement applicables aux biens économiques standards, qui se
caractérisent par un usage unique et par un prix de marché. Il
est plus difficile d'appliquer cette démarche à des biens
multi-usages, comme le sont la plupart des actifs naturels. Un environnement
naturel est en mesure de répondre à plusieurs types de demande ou
d'offre; par conséquent, sa valeur ne peut pas être estimée
à partir d'une seule courbe de demande ou d'offre reconstituée.
Un parc urbain, par exemple, répond à une demande de loisirs,
d'aménité paysagère... La disparition de cette ressource
multi-usages entraîne la disparition de ses différentes
utilisations et des surplus qui y sont attachés.
1.3.4. Les préférences individuelles
Pour apprécier le changement de la situation d'un
individu entre un état initial et un état final, on utilise
davantage la variation compensatoire du revenu et la variation
équivalente du revenu. La notion de surplus du consommateur se situe
donc entre variation compensatoire et variation équivalente du revenu.
Elle représente une approximation satisfaisante de la variation de
l'utilité du consommateur. L'exercice d'évaluation suppose que
les préférences individuelles sont les
5 Lescuyer Guillaume, `Evaluation Economique et
Gestion Viable de La Forêt Tropicale'.
27
Ononino Jean Charles
fondements de la révélation de la valeur, et que
les individus sont les meilleurs juges de leurs préférences.
L'utilité d'un individu n'est pas observable, mais la variation de son
utilité peut être approchée par une variation du surplus,
à la condition qu'un certain nombre d'hypothèses concernant ses
préférences soient respectées. Ces hypothèses sont
liées à celles de la relation de pré ordre totale. Il est
fondamental que ces dernières demeurent stables et cohérentes.
Les préférences des individus sont
révélées sur le marché et s'expriment en termes de
consentement à payer (CAP) et de consentement à recevoir (CAR).
Le CAP est la somme maximale d'argent qu'un individu est prêt à
payer plutôt que de renoncer à une amélioration d'un
service rendu par un actif naturel. Il s'agit de la somme d'argent que le
consommateur est disposé à payer pour ne pas subir de pertes
quant à la qualité de l'environnement. Le CAR ou le consentement
à accepter (CAA) est la somme minimale d'argent qu'un individu exigerait
pour volontairement renoncer à une amélioration de la
qualité de service rendu par un actif naturel. Autrement dit, c'est une
compensation monétaire que le consommateur est prêt à
recevoir pour subir une perte de bien-être. Dans le cas où les
individus ne sont pas prêts à donner leur disposition à
payer parce que ne désirant pas le bien. Le CAP n'est pas dans ce cas
une mesure exacte de l'avantage global procuré à la
collectivité6. Par contre certains individus peuvent
être prêts à payer plus que le prix du marché. La
dépense effectuée lors de l'achat du bien représente ainsi
le consentement à payer. Le prix du bien étant unique, ces
individus retirent un bénéfice supplémentaire de la
consommation de ce bien qui n'est rien d'autre que le surplus du consommateur.
Le consentement à payer peut être formalisé comme suit :
CAP = dépense (Prix) + surplus du consommateur.
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