J-3-2 Evolution des exportations des produits agricoles
1980-2019
Source : Auteur
Figure 4: Evolution du taux de croissance annuelle de
l'exportation des produits agricoles en % durant la période
1980-2019
Les recettes d'exportations agricoles au Cameroun ont, comme
dans la plupart des pays de l'Afrique, connu une évolution non
régulière. En effet, les recettes d'exportation ont connu une
augmentation progressive de 1980 jusqu'en 1981 où on enregistre le
niveau le plus élevé des recettes d'exportation de cette sous
période d'étude, soit un taux de 50,80 %. En 1981 en 1982 et en
1983 on note une baisse des recettes d'exportation de -50,00%, de 40,50% et 40%
respectivement par rapport à 1981 à 1982 et à 1983. On
constate qu'également les exportations des produits agricoles progresse
positivement sur la période de 1989, 1991 et 1990 avec un taux
respectivement de 50,60%, 80% et 90% et sur la période de 1999 à
2006, les exportations des produits agricoles influence positivement la
croissance économique. Sur la période de 2006 à 2008, les
recettes d'exportation ont chuté de façon drastique avec des taux
de croissance de -10,00% en 2006, -90,00% en 2007 et - 80,94% en 2008.
L'année 2008 est à la crise alimentaire et qui a provoqué
la baisse de la compétitivité des produits agricoles de
l'économie nationale.
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SECTION II : ETAT DES LIEUX DE LA CROISSANE
ECONOMIQUE DU CAMEROUN
II-1 Evolution de la croissance économique du
Cameroun (2014-2020)
La situation économique du Cameroun se dégrade :
le PIB a connu un taux de décroissance quasi constant de 1,1% entre 2015
et 2017 (le chiffre du PIB pour 2018 sera bientôt disponible). Il
était de 3,5% en 2017, 4,6% en 2016 et 5,7% en 2015 (CIA World Factbook,
2018 ; Institut national de statistique, 2018). Le taux réel de
croissance du PIB est ainsi inférieur aux 8 % requis par la Banque
mondiale (2016) pour faire du Cameroun un pays à revenu
intermédiaire de tranche supérieure d'ici 2035. Selon l'Institut
National de la Statistique (2018), la balance commerciale du Cameroun
(exportations moins importations) était négative d'environ
(moins) -1128 milliards FCFA. En outre, les réserves de devises
étrangères sont en forte baisse en raison, entre autres, d'une
baisse du prix du pétrole, qui s'établit actuellement à
3,1 milliards de dollars, contre 3,6 milliards en 2010 (Banque mondiale,
2017).
C'est une baisse de près d'un demi-milliard de FCFA. En
d'autres termes, le Cameroun dispose de moins de devises
étrangères dans sa banque centrale pour payer ses importations.
La crainte d'une nouvelle dégradation de l'économie ne cesse de
croître car le Cameroun a perdu le droit d'accueillir la Coupe d'Afrique
des Nations (CAN) 2019. Certains entrepreneurs qui avaient obtenu des
prêts des banques pour améliorer leurs installations (afin de les
rendre plus attrayantes pour les visiteurs/touristes) en prévision de
CAN, ont dorénavant des difficultés à trouver de nouveaux
clients.
Le sous-emploi et l'économie informelle dominent au
Cameroun (Nations Unies, 2013). L'Institut national de la statistique (INS)
rapporte que 88,6% des emplois créés au Cameroun sont dans le
secteur informel (2018). En outre, 79% des travailleurs individuels au Cameroun
étaient sous-employés en 2014 et 37,5% des adultes camerounais
ont un revenu moyen inférieur à 931 FCFA (2 dollars) par jour
(Institut national de la statistique (2018). On peut ainsi dire que les emplois
faiblement rémunérés dans le secteur informel et le
sous-emploi au Cameroun en général constituent du chômage
déguisé. Ainsi, le taux de chômage officiel qui est de 4,3%
contre 30% en 2001 (CIA World Factbook, 2018, Nations Unies, 2013) est
très probablement biaisé. En effet, cette baisse significative du
taux de chômage entre 2001 et 2018 est associée à une
redéfinition du terme «chômeur» par l'Institut national
de la statistique, pour inclure les chômeurs à la recherche
d'une
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opportunité mais ayant travaillé à temps
partiel la semaine précédent l'enquête. Par exemple, la
plupart des chômeurs Camerounais sont considérés comme
«employés» par l'Etat parce qu'ils travaillent à temps
partiel dans le secteur informel (Moto taxis, Buyam-Sellam et agriculteurs,
etc.), tout en recherchant des opportunités dans le secteur formel, mais
gagnant parfois moins que le salaire minimum d'environ 36 000 FCFA ou 72
dollars (Institut National de la Statistique, 2018).
Pourtant, une analyse approfondie de certaines données
de l'Institut national de la statistique permet d'affirmer que le taux de
chômage qui est de 4,3 % ne reflète pas la réalité
de l'économie Camerounaise. La pauvreté est très
répandue : 41,3% des ménages camerounais vivent dans la
pauvreté, selon les données recueillies en 2014 (Institut
national de la statistique, 2018) ; et la situation ne s'est pas beaucoup
améliorée en 2018. Par exemple, 35,3% des Camerounais n'ont pas
accès à l'eau potable (Institut national de la statistique,
2018).
Cependant, le coût de la vie est relativement stable :
le taux d'inflation a chuté à 0,6 % en 2017, contre 0,9 % en 2016
(Institut national de la statistique, 2018), même si ce n'était
pas le cas dans toutes les régions du pays. Il est actuellement
au-dessus de la moyenne nationale à Bertoua et à Bafoussam, en
partie sous l'effet de la hausse du coût de l'électricité,
des boissons, des biens et des services (Institut national de la statistique,
2018).
Les principales menaces à l'économie
Camerounaise sur un court terme résident dans le développement
des infrastructures relatives à la prochaine CAN au Cameroun, la gestion
de la crise anglophone dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du
pays ainsi que la crise dans la région de l'Extrême Nord du pays.
Certaines entreprises ayant un nombre important de clients (entreprises et
particuliers) dans ces régions du pays auraient d'importantes
difficultés financières, du fait de l'insécurité
qui persiste (Lunn, Jon et Brooke-Holland, Louisa, 2018).
Le Cameroun gagnerait à réduire
significativement sa dette sur un long terme ainsi que la masse salariale du
secteur public (représentant 2/5 du budget annuel ou 44% du budget
annuel, soit environ 11% du PIB), pour pouvoir augmenter la part
réservée aux investissements dans le budget national. Le service
de la dette est une série de paiements d'intérêts et de
capitaux obligatoires et constitue 1/5 du budget annuel (1057 milliards FCFA).
La masse salariale gouvernementale représente également 1/5 du
budget annuel (1058 milliards de FCFA) et près d'un tiers des recettes
propres de l'Etat (c'est à dire ses recettes hors prêts). En
d'autres termes, le coût élevé des services de la dette et
la masse salariale gouvernementale, supplantent les dépenses
prioritaires telles que les
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investissements publics (comme en Gambie, Collaborative Africa
Budget Reform Initiative, 2018). Le taux d'investissement dans le budget annuel
devrait passer de 20% en 2016 à 30%, afin d'atteindre l'émergence
en 2035, selon un rapport de la Banque Mondiale (2016) sur l'économie du
Cameroun et le Document de Stratégie pour la croissance et l'emploi
(DSCE).
Bien que le budget d'investissement public 2019 ait
augmenté de 142 milliards de FCFA par rapport à l'année
dernière, il ne représente que 24% du budget annuel (Gouvernement
du Cameroun, 2019), et il représente environ 6% du PIB du Cameroun (soit
35 milliards de dollars selon le CIA World Factbook, 2018). Le déblocage
limité de fonds pour les investissements publics (à l'instar du
Libéria, Collaborative Africa Budget Reform Initiative, 2018) est la
principale raison pour laquelle ce projet de loi budgétaire ne peut,
dans sa forme actuelle, stimuler l'économie du Cameroun vers
l'émergence en 2035. En outre, les investissements sur le capital humain
(éducation, santé publique) restent relativement faibles et ne
contribuent pas à augmenter, de manière significative, le
pourcentage de diplômés des Science, Technologie,
Ingénierie et Mathématiques (STIM) à l'échelle
nationale. Il incombe au gouvernement d'assurer une offre suffisante de
compétences en STIM, car celles-ci sont vitales pour la
productivité d'un pays (Comité des comptes publics de la Chambre
des communes, 2018).
En outre, l'offre de formation à l'entrepreneuriat au
Cameroun, qui vise à développer le sens des affaires
(créativité/innovation) des stagiaires pour créer des
emplois, est très limitée (Ndedi, A., 2015). Pour que la vision
2035 d'un Cameroun émergent et démocratique devienne une
réalité, le Cameroun doit libérer le potentiel de son
secteur privé et créer des emplois (Banque mondiale, 2016).
Malheureusement, la plupart de ces «formations à
l'entrepreneuriat» proposées sont en fait des formations à
la gestion des petites entreprises et ne couvrent pas les compétences
pour innover et créer des emplois (Ndedi, A., 2015). Le budget
alloué à la modernisation et à la professionnalisation des
facultés ordinaires (dont l'objectif est de doter les étudiants
de l'enseignement supérieur des compétences et des
capacités nécessaires pour trouver et/ou créer des
emplois) n'a pas changé : 2,62 milliards de FCFA par rapport à
l'année dernière. En résumé, il y a un
décalage entre la formation à l'entreprenariat actuellement
offerte au Cameroun et les besoins sur le marché du travail : le budget
alloué pour l'adaptation de la formation des enseignements secondaires
à l'environnement socioéconomique a diminué de 129
millions par rapport à l'année dernière et est
désormais de 62,747 milliards FCFA.
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La pandémie du COVID-19 soumet les chaînes
d'approvisionnement agricole et alimentaire mondiales à des pressions
sans précédent. Elle a déjà provoqué des
goulets d'étranglement dans les industries d'amont, la production
agricole, la transformation alimentaire, les transports et la logistique, et
suscité des modifications de grande ampleur de la demande de produits et
services alimentaires. L'OCDE et la FAO oeuvrent de concert aux
côtés de nombreuses autres organisations internationales pour
répondre à ce besoin. Cette nouvelle édition des
Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO présente donc des
projections de référence complètes à moyen terme
concernant les marchés nationaux, régionaux et mondiaux des
produits agricoles, ainsi qu'un premier scénario des
répercussions du COVID-19. Cette analyse préliminaire indique que
l'effondrement de la croissance économique en 2020 pourrait favoriser
une nouvelle chute des prix des produits agricoles, au moins à
brève échéance.
II-2 Contribution de l'agriculture à la
croissance économique du Cameroun (2016-2019)
Les trois dernières années, selon les comptes
nationaux du Cameroun, l'activité agricole a enregistré une
croissance entre 8,8% et 9,8% et a contribué avec USD 3,7 milliards
à 10,7% du PIB en 2016. Elle emploie 70,0% de la population active soit
7.128.000 de personnes. Le Cameroun dispose de conditions naturelles favorables
qui lui permettent de cultiver des produits pour la consommation locale
(igname, manioc, mais, mil, sorgho, et les légumes comme la pomme de
terre, oignon ou le haricot) et l'exportation (banane, café, cacao,
caoutchouc, coton, thé).
En 2017 Le ministère en charge de l'Agriculture
(Minader) se félicite des performances de son secteur en 2017. Selon
cette administration, la contribution de l'agriculture à la croissance
économique du Cameroun a été de 76,38% en 2017. En 2016,
cette contribution était de 68%.
Pour parvenir à ces résultats, le Minader
indique qu'il a mené des activités dans le but de promouvoir le
développement des filières agricoles à fort potentiel de
valeur ajoutée. Dans ce sens, un accent a été mis sur
l'appui à la promotion de la mécanisation agricole et des
équipements dans les filières stratégiques : cacao,
café, coton, caoutchouc, riz, banane, manioc, etc. Tout cela a permis
d'accroître la production, par exemple la production du cacao qui a connu
un taux d'accroissement de 9% en 2016. Une croissance de 18% est
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prévue en cette année 2018. Pareil pour la
banane dont le taux d'accroissement était de 1% en 2016 et se situerait
à 5% en 2018.
Par ailleurs, des productions de semences et de
matériel végétal de qualité ont été
mises à la disposition des producteurs pour permettre d'accroître
les rendements des différentes spéculations. La mise en place des
exploitations agricoles à l'échelle nationale a permis
d'augmenter les superficies cultivées.
D'une manière générale, l'activité
économique camerounaise (2019) a été marquée par
une croissance réelle du PIB de 3,8% par rapport à la même
période en 2018. Selon l'Institut Nationale de la Statistique(INS),
cette évolution résulte du dynamisme des activités dans
tous les trois secteurs. Si le secteur primaire reste le moins performant, avec
une contribution de 0,6 point au PIB, force est de constater qu'il connait
néanmoins une nette progression de 0,1 point. Cette évolution est
en grande partie due à la bonne tenue des activités dans les
branches de l'agriculture industrielle et d'exportation qui croissent de 5,6%.
La performance du secteur primaire est également portée par les
activités de l'élevage, la pèche et la chasse qui
connaissent une hausse de 5,8% en dépit du ralentissement du rythme de
l'activité dans ses branches.
La branche sylviculture dont la contribution à la
croissance s'établit à 0,1 point, renoue avec la croissance
(3,1%) après un repli enregistré en 2019. A contrario, l'on
enregistre une perte de vitesse dans l'agriculture vivrière, qui
progresse de 2,6% contre 5,0% par rapport à la même période
en 2018. Le principal levier de l'activité économique dans le
secteur primaire connait quant à lui un tel ralentissement à
cause des tensions inflationnistes sur les prix des produits vivriers. Une
inflation qui a persisté dans le pays tout au long de l'année
à cause du durcissement des conditions de sortie de devises, ainsi que
l'insécurité persistante dans certaines régions.
A la fin de l'année 2019, l'INS annonçait
déjà une inflation de 2,7%. Dans la région de
l'Extrême-Nord en particulier, indiquait l'INS, du fait des inondations
ayant occasionné les pertes de cultures, de centaines de têtes de
bétail et des surfaces de pâturage, les marchés ont
été de moins en moins approvisionnés (maïs, riz, mil,
sorgo), oignons, viande de boeuf, etc. A cela vient s'ajouter la crise
sécessionniste dans les régions anglophones du pays qui a fait
perdre 845 milliards à l'économie nationale et plus de 16000
emplois. Les premiers touchés sont les entreprises agro-industrielles
telles que CDC, Pamol qui sont pratiquement à l'arrêt. « En
raison de la nature de leurs activités qui s'étalent sur des
hectares, ces
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dernières se retrouvent quasiment démunies face
aux attaques et sont dans l'impossibilité de sauvegarder leurs actifs,
surtout le matériel végétal » Précisait le
Groupement Inter-patronal du Cameroun en 2019 dans son tableau de bord de
l'économie camerounaise.
L'INS informe que l'activité économique du
Cameroun, en 2018, s'est traduit par une amélioration du produit
intérieur brut (PIB) de l'ordre de 4,5% par rapport en 2017. Du
côté de l'offre, cette évolution résulte de la bonne
tenue des activités dans le secteur tertiaire qui, avec une croissance
de 3,6%, a contribué de 2,0% point à la croissance, ainsi que
dans le secteur secondaire (1,7%) et primaire (0,4 point).
Toutes fois, un ralentissement du rythmes d'activité
est observé dans le secteur primaire dont la croissance est
estimée à 2,8% au trimestre de l'année 2019. Cette
situation résulte de la morosité affichée par certains
produits agricoles d'exportation tels que banane, le café et le
caoutchouc. La tendance a aussi caractérisé les activités
dans l'agriculture vivrière, en liaison avec les effets de la crise dans
le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
Source : Auteur
Figure 5: Evolution de l'agriculture à la
croissance économique du Cameroun (2016-2019)
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