PREMIERE PARTIE : APPROCHE
THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : APPROCHE
THEORIQUE
SECTION 1 : Revue de la
littérature
Bien que les termes « suivi et évaluation »
tendent à être utilisés ensemble, comme s'il ne s'agissait
que d'une seule et même chose, le suivi et l'évaluation sont en
fait deux séries bien distinctes d'activités organisationnelles,
reliées mais non identiques.
La présente revue de littérature portera sur les
concepts suivants: Projet, Programme, Suivi, Evaluation, Suivie-Evaluation,
Système de suivi-évaluation et indicateurs de performance.
Pour Jolivet (2003),
le mot projet a deux sens différents : le chemin (l'action de
projeter = jeter en avant) et le point d'arrivé (l'objet du projet, par
exemple, le produit).
Le chemin : Un chemin se définit comme une
démarche spécifique, qui permet de structurer par étapes
successives une réalité à venir incertaine.
L'objet : Un projet c'est un investissement
(matériel et/ou immatériel) destiné à créer
plus de valeur pour l'entreprise, le client, les acteurs projets et autres
parties prenantes, tant sur le plan économique, technique que humain.
Selon le groupe canadien MDS (2008), un
projet est un ensemble d'activités interdépendantes menant
à la réalisation d'un produit ou d'un produit extrant tangible ou
intangible.
Le guide de l'analyse coût-avantages (fonds
structurels-FEDER, Fonds de cohésion et ISPA) des projets
d'investissement (2003), donne la définition suivante
du projet : « activité d'investissement pour laquelle des
ressources sont dépensées (les coûts) en vue de
créer des actifs permettant de produire des avantages durant une
période de temps prolongée, et possédant logiquement une
unité de programmation, de financement et de mise en oeuvre. Un projet
constitue donc une activité définie, avec un point de
départ et un point d'arrivée spécifique, visant à
atteindre un objectif précis. On peut également l'envisager comme
le plus petit élément opérationnel préparé
et mis en oeuvre comme entité distincte dans un plan ou programme
national. Un projet peut produire des avantages pouvant être
évalués en termes monétaires ou il peut produire des
avantages intangible ».
Selon le groupe canadien MDS (2008), un
programme est un ensemble de projets dont les buts convergent vers un objectif
global commun.
Bien que les termes « suivi et
évaluation » tendent à être utilisés
ensemble, comme s'il ne s'agissait que d'une seule et même chose, le
suivi et l'évaluation sont en fait deux séries bien distinctes
organisationnelles, reliées, mais non identiques.
La banque mondiale 2008 nous montre que le suivi comme
étant un processus continu de collecte et d'analyse d'information, pour
apprécier comment un projet est mis en oeuvre, en comparant les
résultats obtenus aux performances attendus.
Pour le PNUD 2008 le suivi est un processus itératif de
collecte d'analyse d'information pour mesurer les progrès d'un projet au
regard des résultats attendus il fournit donc aux gestionnaires un
retour d'information régulier qui peut aider à déterminer
si l'avancement du projet est conforme à la programmation
Pour Casley et Kumar 1987 assimile le suivi
à une estimation continue du fonctionnement des éléments
du projet dans le contexte de calendriers d'exécution et de l'emploi des
apports par les populations visées en fonction des prévisions
établies au moment de la conception. C'est une activité interne
du projet, un élément essentiel d'une bonne gestion, qui par
conséquent fait partie intégrante de la gestion quotidienne.
Selon Janet Shapiro, le suivi est la collecte
et l'analyse systématique des informations au fur et à mesure de
la progression d'un projet. Le but est d'améliorer la rentabilité
et l'efficacité d'un projet ou d'une organisation. Il est basé
sur des objectifs établis et des activités planifiées
durant la phase de planification du travail. Il aide à garder le travail
sur la bonne voie et permet de faire savoir à la direction si les choses
se passent mal. S'il est fait correctement, c'est un outil inestimable dans une
bonne administration, et fourni une base utile pour l'évaluation. Il
vous permet de savoir si les ressources que vous utilisez sont suffisantes et
sont utilisées comme elles le devraient, si votre capacité est
suffisante et appropriée, et si vous faites ce qui a été
planifié.
A propos du Comité d'Assistance au Développement
(CAD), le suivi se définit également comme un : « processus
continu de collecte systématique continu de collecte systématique
d'informations, selon les indicateurs choisis, pour fournir aux gestionnaires
et aux parties prenantes d'une action de développement en cours, des
éléments sur les progrès réalisés, les
objectifs atteints et l'utilisation des fonds alloués».
Pour cela, il existe plusieurs types de suivi en Management de
projets mais, leur regroupement fait ressortir deux grandes catégories
à savoir le suivi des réalisations et le suivi du
déroulement (Verrière, 2002).
Le suivi des réalisations consiste à
vérifier dans quelle mesure les ressources du projet sont
employées en se référant au budget alloué et au
calendrier prévu. Il vise également à savoir si les
résultats sont obtenus dans les délais et s'ils tiennent compte
de l'efficacité et de l'efficience dans la gestion. Ce type de suivi
cherche également à identifier les problèmes et à
les corriger immédiatement.
Le suivi des réalisations est lui-même
subdivisé en trois catégories de suivi à savoir: le suivi
des délais, des coûts et le suivi des aspects physiques
(Fofana, 2008).
· Le suivi des délais
Le suivi des délais consiste à veiller à
ce que l'ensemble des activités du projet soient réalisés
à temps, dans les délais impartis et selon le calendrier
prévu. Son objectif principal est de mesurer les écarts
(lorsqu'ils se produisent) entre les délais réels et ceux
planifiés, et d'essayer d'y apporter des explications aussi bien sur les
causes que sur les conséquences que cela pourraient avoir sur le
début et l'achèvement des autres activités.
· Le suivi des coûts
Le suivi des coûts sert à vérifier si
l'exécution des activités du projet est réalisée en
suivant la ligne budgétaire qui avait été prévue.
Il permet de comparer tout au long de l'exécution du projet, les
coûts effectifs avec les coûts prévus et relever les
écarts à l'attention des décideurs, expliquer les causes
et proposer des mesures correctives pour éviter ainsi tout
dérapage de coûts (Oger, 2009).
· Le suivi des aspects physiques
Pour ce qui est du suivi des aspects physiques, il s'occupe de
l'état d'avancement des réalisations physiques du projet. Il
couvre trois aspects essentiels à savoir: le suivi des ressources, le
suivi des approvisionnements et le suivi de la conformité physique des
réalisations (Fofana, 2008).
- Le suivi des ressources
Le suivi des ressources concerne l'élaboration et le
suivi des procédures de mise en oeuvre qui utilisent de façon
optimale les ressources disponibles. Son rôle principal est de veiller au
planning d'utilisation des ressources, de dénoncer le cas
échéant et à temps toutes les déviances et les
erreurs de gestion constatées et ceci par comparaison au planning
initial.
- Le suivi de la conformité physique des
réalisations
Le suivi de la conformité physique des
réalisations cherche à vérifier et s'assurer que
l'exécution du projet s'effectue suivant les règles de l'art,
tout en respectant scrupuleusement ce qui avait été prévu
dans le cahier de charge, en conformité avec les normes de
qualité.
- Le suivi des approvisionnements
Le suivi des approvisionnements enfin permet de
vérifier que tout les intrants nécessaires à la
réalisation sont fournis et mis à la disposition du projet en
quantité suffisante, en qualité et suivant le niveau de
coûts prévu tout au long de son exécution du projet.
L'efficacité et la crédibilité du suivi
des réalisations dépendent de la fiabilité et de la
pertinence des informations fournies par le système d'information mis en
place dans le cadre du projet; cela dépend également de la
pertinence des indicateurs choisis. Ce problème de
crédibilité se pose avec une plus grande acuité lorsque le
processus de traitement de l'information est manuel.
Le suivi des coûts pose le problème de la
pertinence des prévisions budgétaires. Certain auteurs demandent
de s'appuyer sur les projets similaires qui ont été
réalisés dans le passé pour estimer les
réalisations à venir, d'autres par contre pensent qu'il faudrait
s'appuyer sur la situation présente pour pouvoir évaluer les
coûts à venir. Un troisième courant qui se situe au milieu
de cette logique pense qu'il faudrait utiliser les informations provenant des
projets similaires passés, ajouté aux informations provenant de
la situation présente pour effectuer une bonne estimation des
coûts prévisionnels (Oger, 2009).
Si le suivi des réalisations donne la
possibilité au manager de projet de s'assurer que les délais des
activités sont respectés, les coûts sont
maîtrisés et les aspects physiques sont bien gérés,
il ne permet pas d'avoir une visibilité sur le déroulement, avec
une analyse critique des outils et méthodes utilisés, ainsi que
de la fiabilité et de la pertinence de l'information obtenue. Il est
donc nécessaire d'envisager la mise en place d'un système de
suivi du déroulement du projet.
Le suivi du déroulement permet d'examiner et de
vérifier le degré d'efficacité des méthodes et
outils utilisés dans le suivi de la réalisation du projet. En
effet, pour assurer un bon suivi, il faut que les méthodes et outils
utilisés permettent de collecter et de générer une
information pertinente, capable d'éclairer les décideurs dans
leur processus décisionnel.
Le suivi du déroulement étudie également
l'attitude des bénéficiaires tout au long du projet, ainsi que la
qualité du produit et /ou du service fourni(s), il est aussi
question de voir comment l'environnement externe affecte la mise en oeuvre
normale du projet. En effet selon Casley et Kumar (1987), le
suivi des réactions des bénéficiaires est la clé de
réussite de tout le suivi d'un projet. Au fur et à mesure que
l'on évolue dans l'exécution du projet, la réaction des
bénéficiaires contribue à intensifier la demande dont les
services fournis font l'objet, soit à rendre ces services de plus en
plus inutiles. Si les attentes des bénéficiaires ne concordent
pas avec les raisons d'être du projet, cela montre que l'exécution
du projet n'évolue pas dans le sens de l'atteinte des objectifs
développementaux
Nous retiendrons ainsi que le but du suivi consiste à
suivre les progrès réalisés par rapport aux plans
établis, et vérifier leur conformité avec les normes
établies. Il est basé sur des objectifs établis et des
activités prévues durant la phase de planification du travail. Il
aide à garder le travail sur la bonne voie, et permet de faire savoir
à la direction si les choses se passent mal ou bien.
Il existe un grand nombre de définitions de
l'évaluation, cela traduit la réalité qui lui permet
d'avoir une grande diversité de démarche.
L'évaluation a un sens assez large. Elle englobe les examens
périodiques auxquels procède l'équipe de direction, tout
comme des interventions à appellation précise effectuées
à des dates fixes, comme l'évaluation à mi-parcours,
l'évaluation terminale et l'évaluation rétrospective
(Casley et Kumar, 1987).
Par contre, la Banque mondiale (2008)
définit l'évaluation comme étant « une mesure,
aussi systématique et objective que possible, des résultats d'un
projet, d'un programme ou d'une politique en vue de déterminer sa
pertinence, et sa cohérence, l'efficience de sa mise en oeuvre, son
efficacité et son impact ainsi que la pérennité des effets
obtenus ».
Enfin pour Neu D.
(2001),« évaluer, c'est apprécier la
qualité pour faciliter la décision ».
Egon G. Gub a et Yvonna S. Lincoln ont
défini l'évaluation « comme étant le processus de
description d'une évaluant (l'entité évaluée) et
d'appréciation de son mérite et de sa valeur". Le mérite
est la qualité inhérente à un objet, alors que la valeur
se rapporte à l'utilité relative que celui-ci a pour quelqu'un
dans un contexte particulier » Daniel L. Stufflebeam a
défini l'évaluation comme « le processus de
délinéation, d'obtention et de fourniture d'informations utiles
pour opérer un choix entre différentes solutions».
Janet Shapiro disait, l'évaluation est la comparaison
entre l'effet réel du projet et le plan stratégique sur lequel
vous vous êtes mis d'accord. Elle se rapporte à ce que vous aviez
entrepris de faire, ce que vous avez accompli et la façon dont vous avez
mené à bien vos activités.
« L'évaluation est un ensemble de méthodes,
de techniques et de qualités de perspicacité permettant de
déterminer si un service offert à des personnes est
nécessaire et susceptible d'être utilisé, s'il est
dispensé de la façon prévue et s'il est effectivement
utile aux personnes ».
(Posavac et Carey, 1980).
Selon CAD, l'évaluation se définit
également comme une appréciation systématique et objective
d'un projet, d'un programme ou d'une politique, encours ou terminé, de
sa conception, de sa mise en oeuvre et de ses résultats. Le but est de
déterminer la pertinence et l'accomplissement des objectifs,
l'efficience en matière de développement, l'efficacité,
l'impact et la durabilité. Une évaluation devrait fournir des
informations crédibles et utiles permettant d'intégrer les
leçons de l'expérience dans le processus de décision des
bénéficiaires et des bailleurs des fonds. Le terme «
évaluation» désigne également un processus aussi
systématique et objectif que possible par lequel on détermine la
valeur et la portée d'une action de développement
projetée, en cours ou achevée.
Pour l'AFITEP, « l'évaluation est une
appréciation aussi systématique et objective que possible de la
pertinence, de l'efficacité, de l'efficience, de l'impact et de la
viabilité d'une action par rapport à ces objectifs ».
(Dictionnaire de management de projet, AFITEP, Afnor
éditions, 2010, Page 109.)
Selon l'Organisation de Coopération et de
Développement Economiques (OCDE), l'évaluation est aussi une
appréciation systématique et objective d'un projet, d'un
programme ou d'une politique, en cours ou terminé, de sa conception, de
sa mise en oeuvre et de ses résultats en vue de déterminer la
pertinence et l'accomplissement des objectifs, l'efficience en matière
de développement, l'efficacité, l'impact et la durabilité.
Une évaluation devrait fournir des informations crédibles et
utiles permettant d'intégrer les leçons de l'expérience
dans le processus de décision des bénéficiaires et des
bailleurs de fonds.
Selon la charte de l'évaluation de la
Société Française de l'Evaluation (SFE),
l'évaluation prend en compte de façon raisonnée les
différents intérêts en présence et recueille la
diversité des points de vue pertinents sur l'action
évaluée, qu'ils émanent d'acteurs, d'experts ou de toute
autre personne concernée.
Ces définitions prises individuellement restent
incomplètes mais ensemble, elles traduisent avec une plus grande
fidélité la réalité de l'évaluation dans sa
pratique et sa finalité.
Les démarches évaluatives se distinguent par
leurs rythmes et leurs fréquences. Selon (Neu, 2001),
il existe quatre types de démarches évaluatives.
Dans le temps, cette demarche vise à vérifier et
à modifier la stratégie d'une organisation, à orienter,
poursuivre ou interrompre un partenariat, un projet ou un programme.
En effet, l'évaluation doit apprécier la
qualité d'un projet, à un moment particulier de son
déroulement, pour contribuer aux orientations d'un processus plus long
et plus vaste (Verrière, 2002). On parle aussi
d'évaluation « évènement »
(Neu, 2001) qui a souvent besoin de s'appuyer sur des
informations récoltées tout au long du déroulement du
projet. Les évaluations « évènement »
interviennent dans le projet à des rythmes différents et à
des moments précis à savoir: avant, pendant, juste après
ou longtemps après.
On distingue:
- l'évaluation ex ante pour désigner les
études préalables à la conception et au lancement du
projet ;
- l'évaluation à mi-parcours qui permet de
réajuster les stratégies de mise en oeuvre pour un bon
déroulement et pour une atteinte des objectifs du projet ;
- l'évaluation finale qui généralement est
réalisée juste après la fin du projet pour en faire le
bilan et voir s'il ya lieu de le reconduire ;
- l'évaluation ex post qui correspond à des
études réalisées plusieurs mois, voir plusieurs
années après la fin du projet, pour mesurer ses effets sur la
population bénéficiaire.
· Dans le jeu des acteurs
Plusieurs acteurs sont associés à la
réalisation d'une évaluation parmi lesquels on retrouve le
maître d'oeuvre qui est l'organisation pour qui l'évaluation est
réalisée, le maître d'ouvrage qui est celui ou
l'organisation qui réalise l'évaluation, les
bénéficiaires et les autres partenaires (Etat, bailleurs de
fonds...).
· Dans le type de démarche induite
Le type de démarche dépend
généralement de l'objet à évaluer. C'est ainsi que
chaque famille d'objet renvoie à des ensembles d'outils et de
méthodes très modelés par des démarches parfois
très normées (Neu, 2001).
· Dans leur rôle d'aide à la décision
Une évaluation doit contribuer à éclairer
le gestionnaire dans sa prise de décision. Il s'agit de tirer des
leçons du processus de gestion du projet mis en oeuvre dans le
passé et de guider les actions ultérieures par des propositions
pertinentes, pour éclairer les décisions qui doivent être
prises en compte dans un champ bien délimité à l'avance
(Bergeron, 2008).
Suivant la finalité de l'évaluation on distingue
deux types: l'évaluation formative et l'évaluation sommative
(Bergeron 2008).
· L'évaluation formative
L'évaluation formative vise à améliorer
le fonctionnement d'un projet, d'un programme où d'une politique
existante. Cela dit, elle est effectuée durant la mise en en oeuvre du
projet et correspond à l'évaluation en cours ou à
mi-parcours. Cette évaluation associe acteurs et operateurs, qui vont se
former durant l'évaluation pour ensuite orienter le cours du projet si
nécessaire. Cependant, cette évaluation peut-être
réalisée aussi bien par l'équipe de suivi
évaluation interne au projet que par une équipe
d'évaluation externe. Lorsque l'évaluation est mis en oeuvre par
l'équipe de suivi évaluation interne au projet, les conclusions
de l'étude courent le risque de ne pas avoir un point de vue neutre ou
d'être l'influencées par la direction du projet, ce qui pourrait
biaiser la prise de décision (Fofana, 2008). Ce type,
d'évaluation reste limité car, il ne permet pas d'avoir une
lisibilité claire des résultats et de l'impact du projet.
· L'évaluation sommative
L'évaluation sommative vient couvrir les limites
observées dans l'évaluation formative. En effet, elle est
effectuée pour évaluer les résultats des projets et
programmes, ainsi que les effets générés. Ceci
étant, elle est réalisée juste après, ou alors bien
après la fin du projet. Dans le dernier cas, il s'agira de mesurer
l'impact du projet sur les populations bénéficiaires.
Pour une bonne conduite des projets de développement, les
évaluations formatives et sommatives restent complémentaires.
L'évaluation permet alors de tirer des enseignements
sur les raisons et les facteurs explicatifs de l'atteinte ou de la non atteinte
des objectifs d'une action ou d'un projet ; d'apprécier les
retombées sur divers plans : économique, social, environnemental,
institutionnel ... et de prendre des décisions sur la suite à
donner à l'action ou au projet au point de l'orientation, de la
stratégie d'intervention, etc.
Une évaluation devrait fournir des informations
crédibles et utiles d'intégrer les leçons de
l'expérience dans le processus de décision des
bénéficiaires et des bailleurs de fonds. (OCDE,
2002).
Pour ADIAMBIOKOU J. (2007), « le
suivi-évaluation est considéré comme un flux continu
d'informations, une courroie de transmission d'informations en rapport avec les
objectifs du projet et ses actions, un outil interne d'aide à la prise
de décision à mettre à la disposition de chacun des
responsables du projet ». Il doit permettre à l'équipe du
projet de répondre aux questions suivantes : est-ce que tout se
déroule comme prévu (suivi et exécution) et quel
changement a-t-il induit dans la zone ?
Le suivi-évaluation doit répondre aux
préoccupations suivantes :
· informer à temps les responsables du projet des
anomalies ou distorsions survenues au cours de l'exécution des
activités du projet et pour des décisions de correction ou de
modification à prendre ;
· rendre compte des réalisations des projets
à travers ses composantes ;
· apprécier les effets et impacts induits par le
projet en rapport avec les réalisations du projet.
Pour JOLIVET. (2008), les
dérapages et le dysfonctionnement dans le pilotage de projet
résident entre autres dans le fait que : l'information circule mal et
reste pour certains une source de pouvoir ; mais aussi que celui qui
travaille sur le projet ne sait pas « à quoi cela sert »
l'information ou pourquoi il faut la collecter.
Legros (2011) définit le suivi
évaluation comme « une analyse des écarts, ainsi que les
ajustements périodiques à envisager dans le déroulement du
programme ». Il peut être considéré comme un passage
du statique à un suivi plus actif comme processus continu
d'évaluation, de réflexion, d'étude et d'alimentation /
création des outils et d'adaptation des méthodes.
Ibrahim (2011) le système de
suivi-évaluation est un mécanisme qui permet d'enregistrer au fur
et à mesure les informations et les données nécessaires
pour suivre l'évolution ou le progrès d'un projet.
D'après le Guide de S&E de
Pseau, le suivi-évaluation consiste à recueillir des
données sur l'état d'avancement du projet, puis à les
analyser régulièrement afin d'en tirer des conclusions en termes
de pilotage du projet : dans quelle mesure est-on en capacité
d'atteindre les objectifs assignés au projet ? Y a-t-il lieu de modifier
certaines activités ? Eventuellement, faut-il réorienter certains
aspects du projet ? Etc.
S'agissant du guide pratique de S&E de FIDA, le
système de suivi-évaluation, l'ensemble des procédures de
collecte, de traitement, d'analyse d'informations et d'établissement des
rapports auxquelles s'ajoutent l'ensemble des conditions et des
compétences nécessaires pour que les résultats du S&E
contribuent valablement au processus de prise de décision, de
réflexion critique et de capitalisation.
Dans le guide de Verriere Veronique « suivi
évaluation d'un projet de développement, démarche,
dispositif, indicateurs »(2002. 86 Pages). Le suivi est
une activité continue de collecte et de traitement d'informations.
L'auteur nous fait comprendre son point de vue de la démarche de suivi
pour un projet. Selon Verriere le suivi est une démarche de gestion et
de connaissance approfondie, évolutive et critique de l'action en cours
de réalisations.
Pour Degbeko (2007), le
système de Suivi-Evaluation peut être défini comme un
ensemble intégré qui englobe les processus de planification, de
collecte systématique de données, d'analyse, d'exploitation, de
synthèse, et de circulation de l'information, et qui prévoit les
moyens et les compétences nécessaires pour mettre en oeuvre le
système en vue d'améliorer la base de prise de décision
dans le cadre de la gestion et la mise en oeuvre du projet ou de la
capitalisation de ses expériences.
Toute en reconnaissant que des différences existent, il
est important de rappeler que le suivi et l'évaluation sont
intégralement liés ; le suivi fournit des données pour
l'évaluation tandis que des éléments d'évaluation
(appréciation) ressortent parfois du suivi.
Ainsi Selon Janet Shapiro, le suivi et
l'évaluation sont tous deux dirigés vers l'apprentissage, la
connaissance et ce à partir de ce que vous faites et de la façon
dont vous le faites en vous concentrant sur l'efficacité, l'efficience,
l'impact et la performance.
Pour Buttrick (2004), le renforcement des
capacités des organisations par la création d'un entourage
propice, la mise en place de ressources humaines qualifiées et de
ressources financières adéquates sont à la base d'un bon
mécanisme de suivi.
Gueneau (1984), met en exergue l'importance
du suivi au niveau des projets de développement, pour lui le manque de
formation et la concentration des responsables qui fait reposer le projet sur
peu d'individus sont parmi tant d'autres des facteurs qui bloquent les projets
dans la phase de suivi.
Selon Arnould et Renaud (2008), le point
d'avancement des tâches et des travaux se repose sur la phase de suivi
afin de s'assurer de la cohérence entre les dates prévues par le
planning et les dates réelles de réalisation. Deux techniques
sont utilisées pour l'avancement des travaux selon eux. Ils distinguent
en premier lieu la méthode de la ligne isochrone ou le réseau
PERT puis par la suite la méthode de la ligne référence ou
le planning de GANT inventé par Monsieur GANT au
début des années 1900. Ce diagramme est
constitué d'un système d'axes cartésien qui
représente le temps en abscisse et, en ordonnée, les tâches
à accomplir ou phases du projet. Ce diagramme est clair, simple et
compréhensible. Il est davantage utilisé quand on est en
présence de plus d'une vingtaine de tâches. Il permet :
d'avoir une idée sur la mesure de l'état d'avancement du projet,
de contrôler les coûts et la qualité du produit obtenu.
Le PERT visualise à une date donnée,
l'état d'avancement du projet et précise si une tâche a
commencé en avance ou en retard. Sa particularité est qu'il
utilise trois évaluations pour la durée de chaque activité
à savoir : une durée optimiste, une durée pessimiste
et une durée probable. Ses auteurs retiennent que le PERT permet une
évaluation probabiliste de la durée normale estimée.
Amoussou-Guenou(2007), pense que le
recrutement de personnel en nombre suffisant et qualifié par la
pérennisation du capital technologique c'est-à-dire le savoir et
le savoir-faire sont des conditions sine qua non pour rendre performant le
système de suivi-évaluation.
Dans la même optique, Bagoudou B.
(2004), cité par Degny à l'issue de ses recherches a
précisé les conditions qui favorisent la bonne exécution
des projets à savoir qu'il faut réaliser des activités en
utilisant les ressources disponibles pour atteindre des résultats
prédéfinis d'une part, et réaliser l'adéquation
entre les caractéristiques des produits obtenus après le
processus de transformation des intrants avec la description du produit
souhaité ou les termes de référence d'autre part.
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