1.1. Aspect humain
L'histoire du peuplement de Fitri semble être
controversée (Hagenbucher, 1968). Les documents écrits et les
traditions orales transmises par les uns et les autres sont très
fragmentaires, parfois contradictoires. Les premiers occupants ont
été attirés par le lac et ses potentialités
agricoles, halieutiques et pastorales (Marty et al., 2011). Selon les
documents écrits et la tradition orale récente, le peuplement du
Fitri s'est fait en plusieurs phases successives.Considérés comme
les plus anciens des rives du lac Fitri, les premiers occupants du Fitri sont
connus sous le vocable d'Abou Semen. Selon Hagenbucher (1968),
l'établissement des Abou Semen dans la région du Fitri
remonterait probablement vers les années 1530. A la base des populations
anciennes du Fitri notamment à sa périphérie, il faut
citer également les Saouia ou Sao qui constituaient sur le plan
démographique, le noyau le plus important. Les Saouia seraient les
ancêtres des Kotoko. Ils contrôlaient le pays au détriment
des autres groupes ethniques.
Ces populations ont elles-mêmes des origines très
hétérogènes au sein desquelles les Kouka semblent dominer.
Les Bilala forment une population composite à laquelle on accorde
communément une lointaine origine dite
« Yéménite ». Carbou (1912) affirme
que « les Bilala sont bien d'origine Kanouri ou
précisément Kanembou ». Ce seraient les
descendants d'un certain Ali Gatel Magabirnahostiles au pouvoir des
Séfouwaqui auraient quitté le Kanem pour s'installer au
début du XIVème siècle sur la rive méridionale du
Lac Tchad, à Hajer el Hamis. Ils se seraient ensuite
métissés avec des Arabes Hemat. Les Bilala ne seraient en fait
arrivés au Fitri qu'au début du XVIIème siècle
après avoir été chassés du Kanem oriental par les
Toundjour. Pour confirmer cette thèse, Carbou (1912) rappelle que les 19
premiers sultans de la généalogie des Bilala correspondent
presque entièrement avec celle des Bornouans. Le dernier sultan commun
aux Kanembou et aux Bilala fut Ibrahim Ben Denama, père d'Ali. C'est
cette greffe Kanembou avec des Arabes Hemat qui aurait donné les Bilala.
Mougaled Al Gueneimyrejoint en partie cette thèse mais précise
qu'ils seraient d'origine berbère (Carbou, 1912).
v Une population en forte
croissance
La forte croissance démographique au Fitri trouve son
explication dans la présence du lac qui attire tous les jours des
populations qui arrivent de tous les coins du pays ainsi que de la
sous-région. Ce flux migratoire n'est pas sans effets sur les ressources
naturelles. Selon BIEP (1990), il yavaiten 1989dans la région du Fitri,
42 000 personnes sédentaireset 17500 transhumants résidant 6
à 8 mois par an en petits campements avec 8 000 familles et 160
villages. Selon le BCR(1993), on compte une population de 77000 habitants pour
le département de Fitri pour une densitéde 8,95
habitants/km². Cette population est passée à 110403
habitants en 2009(RGPH,2009) avec une densité de 12,84
habitants/km² pour un taux d'accroissement annuel de 2,27 % (Tableau
1).Avec un tel rythme de croissance, il se pose déjà un
problème d'accès et degestion des ressources naturelles.
Tableau 1 : La population résidante dans le
Département de Fitri
Superficie (km²)
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1993
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2009
|
8 600
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Population
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Densité
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Population
|
Densité
|
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77 000
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8,95
|
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110 403
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12,84
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Source : INSEED, BCR 1993 et Résultat
définitifs du RGPH II, 2009
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