4.2. Effets des facteurs naturels sur la
végétation ligneuse
Les facteurs naturels qui participent à la
dégradation des ressources naturelles sont les sécheresses
(déficits pluviométriques qui sont des phénomènes
diffus mais presque continuels)et les vents.En effet, depuis les
sécheresses des années 1973 et 1984, la pluviométrie a
été particulièrement déficitaire au Sahel. Les
variations climatiques de ces dernières années ont eu des
conséquences environnementales et socio-économiques lourdes pour
la zone du Sahel en général et la région du Fitri en
particulier.
L'assèchement du lac dans le cadre de la
désertification de la zone sahélienne est une idée
courante au Fitri, tant chez les gestionnaires que parmi les populations
résidentes (Tashi et al,. 2017).L'année 1972 correspond à
une année de grande sécheresse dans tout le Sahel. Au Fitri, les
faibles pluies accumulées dans le bassin versant et localement au Fitri
ont fortement limité l'extension de la zone humide. Dans la saison
sèche qui a suivi la crue de 1972, le lac s'est asséché (
Lemoalle., 1979) suivi d'un autre assèchement en 1985.
Parmi les principales causes de la dynamique de la
végétation ligneuse dans le Fitri, le climat semble avoir la plus
forte influence : c'est le facteur qui a les effets le plus
déterminant. Parmi ces facteurs climatiques, seuls les diminutions des
pluviosités ont été déterminants dans la dynamique
régressive des espèces végétales. Les effets des
sécheressessuccessives se sont donc manifestés au niveau de la
végétation ligneuse par la baisse de la richesse floristique et
l'augmentation de l'hétérogénéité de la
végétation avec l'apparition le plus souvent d'une
végétation en mosaïque où aucune espèce ne
domine. Suite à une diminution des réserves hydriques du sol due
à une baisse de pluviosités, il a été
également observé une forte mortalité ligneuse. Ainsi, les
ligneux peu adaptés à l'irrégularité des
précipitations sont devenus rares ou ont complètement disparu.
Sur le terrain, la dynamique liée aux déficits
pluviométriques s'était également manifestée par la
survie aléatoire de quelques rares espèces et une absence de
régénération chez d'autres (Salvadora persica, Cordia
sinensis, Tamarindus indica, Anogeissus leiocarpus, Kigelia africana...).
Celles-ci se trouvent donc à terme menacées. Cette dynamique
s'est également manifestée par la disparition de la
végétation initiale qui se trouveremplacée par une
végétation nouvelle très contractée et à
faible recouvrement.
Ainsi, dans le Fitri, la végétation ligneuse
dominée par des espèces climaciques représentées
par Khaya senegalensis, Tamarindus indica, Faidherbia albida, Celtis
integrifolia, Sclerocarya Birrea, Ziziphus mauritiana, Borassus aethiopium,
Piliostigma reticulatum, Stereospermum kunthianum, Acacia sieberiana et
Anogeissus leiocarpusa été remplacée par des
faciès à Acacia nilotica, Balanites aegyptiaca et
Acacia tortilis.Les espèces ligneuses qui se sont
raréfiées ou disparues et qui ont donc du mal à
régénérer sont nombreuses : Tamarindus indica,
Stereospermum kunthianum, Piliostigma reticulatum, Kigelia africana, Salvadoria
persica, Cordia sinensis, Acacia senegal... Néanmoins, pendant les
mêmes périodes où certaines espèces se
raréfient, on remarquela prolifération d'autres espèces
comme Acacia nilotica, Acacia tortilis et Balanites aegyptiaca
dans les périphéries proches du lac et dans les zones
argilo-limoneux à hydromorphie temporaire.
On rencontre également des ligneux qui ont
survécu aux sécheresses successives ou aux remaniements
éoliens. Ce sont, Acacia raddiana, Acacia senegal (en
régression), Balanites aegytiaca, Leptadeniapyrotechnica, Combretum
glutinosum et Sclerocarya birrea aujourd'hui en mauvais état. Il
est important de remarquer que l'Anogeissus leiocarpus est devenu
très rare dans le sud-ouest et a complètement disparu au
nord-est du Fitri et que l'Acacia senegalensisse trouve en très
forte régression. Les peuplements de Balanites aegyptiaca
autour des villages forment l'essentiel du peuplement ligneux.
Hyphaene thebaica et Borassus aethiopium sont souvent en
peuplements de mauvais état à cause de leur utilisation
constante. Nos observations sont similaires à celles faites par (Marty
et al.,2012) et(Béchir et al., 2015).
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