CHAPITRE I
GENERALITES SUR LE
DECLENCHEMENT ARTIFICIEL DU TRAVAIL D'ACCOUCHEMENT
I.1. HISTORIQUE DU
DÉCLENCHEMENT ARTIFICIEL DU TRAVAIL
Depuis les successions hippocratiques, jusqu'à nos
jours, l'histoire de l'induction du travail ou du déclenchement du
travail s'est enrichie de l'expérience de plusieurs recherches.
Différents procédés ont été utilisés
à différentes périodes données.
Tout commence à Londres en 1756. Après une
longue période d'extractions instrumentales laborieuses, les accoucheurs
britanniques décident d'avoir recours au déclenchement
prématuré du travail en cas d'anomalie pelvienne.
Baudelocque, qui est alors un fervent
défenseur de la césarienne, est totalement contre cette pratique.
La naissance du déclenchement artificiel du travail entraine
déjà des avis controversés. Deux siècles plus tard,
Claude Sureau annonce sa volonté d'étendre cette
technique médicale en France. En 1982, au 39ème Congrès de
Gynécologues et Obstétriciens de langue française à
Dakar, il proclame clairement son ambition de maîtriser la parturition.
Il expose l'idée, jusque là inimaginable, du déclenchement
artificiel du travail chez les primipares. Il veut dépasser le respect
absolu de la mise en route spontanée du travail.
[29]
A Paris en novembre 1995 a lieu la Conférence de
Consensus du Collège National des Gynécologues et
Obstétriciens Français (C.N.G.O.F.). Il en
découle une volonté de poser des limites, des règles, afin
d'homogénéiser les pratiques. La fréquence du
déclenchement artificiel du travail en France est passée de 8,5%
en 1972 à 20% en 1995 [30]
Le problème réside essentiellement dans les
disparités inter régionales et inter maternités. Le
C.N.G.O.F. décrit alors onze recommandations. Six ans plus tard, une
enquête prospective est menée. Celle-ci est sans appel : les
disparités sont toujours présentes.
En avril 2008, la Haute Autorité de Santé publie
à son tour des recommandations pour la pratique clinique. Celles-ci
concernent le déclenchement artificiel du travail en cas de grossesse
à terme.
Les objectifs suivent l'histoire et concernent toujours les
mêmes problématiques :
« Leurs buts sont :
o d'homogénéiser les pratiques en
matière de déclenchement artificiel du travail ;
o d'identifier les éventuels risques liés au
déclenchement artificiel du travail ;
o de définir le contenu de l'information
destinée aux femmes enceintes. » [8]
I.2. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DU
DECLENCHEMENT SPONTANE DU TRAVAIL D'ACCOUCHEMENT
L'accouchement résulte de la survenue de contractions
utérines intenses et régulières du muscle lisse
utérin aidées, à la phase d'expulsion, et contraction des
muscles stries de la paroi abdominale et d'autres muscles de l'organisme
associés auparavant à des modifications du col utérin
permettant sa dilatation. Une meilleure compréhension de ces
phénomènes pourrait permettre de mieux maîtriser
l'induction artificielle du travail dans les cas où une circonstance
médicale impose d'interrompre la grossesse ou au contraire la mise au
soin du traitement pour s'opposer au travail lorsque celui-ci survient
prématurément. De nombreuses théories ont
été avancées par différents auteurs pour tenter
d'expliquer le mécanisme de la parturition dans l'espace humaine. Ces
théories, parfois élaborées à la suite
d'expérimentation animale, ne sont toujours pas adaptables au
modèle humain. Citons par exemple HIPPOCRATE, pour qui, c'est le manque
de nourriture à l'intérieur de l'oeuf qui incite le foetus
à s'agiter, rompre les membranes et à sortir dans le monde
extérieur; HARVEY (1651) était lui aussi convaincu que les
mouvements du foetus concourent à favoriser sa naissance. D'autres
arguments suggèrent que soit le foetus émet un ou des signaux qui
initient la parturition, soit au contraire qu'il cesse d'émettre
à terme un ou des signaux contribuant à maintenir la gestation;
ces deux phénomènes n'étaient pas exclusifs l'un de
l'autre. Quel que soit les théories qui ont pu être
avancées, on s'accorde aujourd'hui à reconnaître que le
déclenchement spontané du travail correspond d'une part à
l'apparition d'une activité contractile au niveau du myomètre et
d'autre part à des modifications du col utérin.
Ainsi, deux pôles essentiels apparaissent dans le
déterminisme de la parturition :
o le myomètre, dont l'activité en fin de
grossesse devient intense et synchronisée;
o le col utérin, par l'intermédiaire des
modifications histochimiques qu'il subit surtout en fin de gestation.
[7 ; 12].
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