II. Comment mesurer ces impacts ?
Les impacts territoriaux de l'organisation d'un
évènement sportif sont assez difficile à évaluer et
à quantifier, car si l'on rappelle qu'un impact est une évolution
positive ou négative à la suite d'un évènement, on
cherche donc à mesurer un différentiel pour calculer l'impact. Ce
différentiel a lieu entre deux situations, avec
l'évènement, et ce que ça aurait été sans
celui-ci.
Si les dépenses et les recettes sont des variables
quantifiables facilement, tout comme les audiences et les
bénéfices, les retombées économiques sur le
territoire sont compliquées à quantifier
précisément, il s'agit d'un travail minutieux et chevronné
afin de rassembler toutes les données et d'imaginer les résultats
sans l'évènement. Pour cela, nous allons nous appuyer sur 2
méthodes économiques.
1. La théorie de la base économique
Comme dit précédemment, les impacts
économiques sur le territoire peuvent être évalués
grâce à différentes variables, tel que l'emploi, et les
flux monétaires pour les parties prenantes. La théorie de la base
économique que nous allons voir prend justement en compte ces variables
dans le cadre
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du développement du territoire, qui dépend
directement de ses activités exportatrices en échange de flux
monétaires extérieurs.
Pour se faire, on s'appuie sur la sectorisation de 2 grands
secteurs de l'économie, le secteur basique qui rassemble les
activités qui créent des flux monétaires de
l'extérieur vers la région (exportations ou activités
tertiaires de rayonnement national ou international comme le tourisme), et le
secteur induit qui a pour objectif la satisfaction des besoins courants de la
population locale (principalement des activités de service) et assure la
circulation de l'argent attiré par le secteur basique.
L'évènement sportif s'inscrit donc dans la mesure de cette
captation de flux monétaires de l'extérieur, grâce
notamment aux déplacements de populations et aux dépenses
touristiques qu'il créé. L'objectif du calcul de base
économique est de mesurer l'évolution totale de l'activité
économique sur le territoire grâce à
l'évènement, à partir de chaque unité
monétaire attirée dans la région.
Cette théorie semble particulièrement
adaptée pour évaluer l'impact économique de
l'évènement sportif sur son territoire d'accueil, mais pour cela,
les différentes variables impliquées doivent être
pertinentes. Pour se faire, il faut définir un espace d'analyse pour
lequel l'impact mesuré est exclusif, et qu'il soit pertinent par rapport
au lieu de compétition. Ensuite, 3 catégories de dépenses
seront comptabilisées car elles sont à l'origine d'une injection
monétaire :
-les dépenses des visiteurs (personnes hors de l'espace
d'analyse)
-les dépenses d'organisation
-les investissements en infrastructures
Une fois les différents indicateurs choisis, il faut
procéder à une analyse complète de l'origine et de la
destinations des fonds, afin d'isoler les dépenses locales et
extérieures. Une fois les flux monétaires entrants
comptabilisés, il faudra soustraire les fuites (épargne, taxes,
achats importés). Pour calculer l'apport total de richesse lié
à l'évènement, il faudra appliquer le coefficient
multiplicateur de la base (qui traduit les rondes successives de revenus et de
dépenses profitant au secteur induit, pour chaque unité
monétaire attirée dans la région) à l'injection
monétaire.
Cependant, cette méthode à ses limites, et bien
que la prise en compte du déplacement temporel des dépenses
(Preuss, 2004), des effets d'éviction (Fourie, 2009) et des doubles
comptes (Barget, Gouguet, 2010) a permis de faire progresser la méthode,
certaines approximations liées à la méconnaissance de
l'évènement, de la complexité des relations, ou de la
ventilation des produits et charges d'organisation, va conduire à des
imprécisions sur le calcul. Des imprécisions qui seront accrues
à cause de la non prise en compte des relations entre les parties
prenantes de l'évènement.
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