I.1.2. Enjeux de la qualité de l'Éducation
L'éducation, notamment celle de qualité
constitue un atout majeur pour une nation et est un fondement important pour
des sociétés fortes et pacifiques (UNESCO-UIS, 2018). Toutefois,
au vu
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des résultats alarmants10
révélés par les enquêtes internationales sur les
acquis des élèves (PASEC, 2014 ; UNESCO, 2007 ; 2015) auxquels
s'ajoutent le fort taux d'analphabétisme et les plus de 617 millions de
jeunes dans le monde qui ne savent ni lire une phrase simple encore moins
effectuer les calculs mathématiques de base (UNESCO-UIS, 2018), il
devient urgent pour de nombreux pays, plus particulièrement pour ceux en
développement d'adopter des politiques éducatives plus efficaces
(CONFEMEN, 2007) pour atteindre les objectifs mondiaux d'éducation
fixés par la communauté internationale en 2015 avec l'ODD 4 qui
exige une éducation de qualité, de l'enseignement
préscolaire au deuxième cycle de l'enseignement secondaire, pour
chaque enfant, d'ici 2030. Cet engagement international, constitue
désormais un enjeu mondial et vise à apporter une solution
à la crise à laquelle sont confrontés les systèmes
éducatifs des pays.
Pour l'atteinte des objectifs de l'ODD4, avec
l'intégration des compétences nécessaires pour faire face
aux besoins sociétaux tels que la promotion du « vivre ensemble
», la lutte contre le terrorisme et l'extrême violence, il devient
urgent voire impératif pour, notamment les pays en développement,
de s'intéresser aux éléments qui déterminent la
qualité de l'Éducation, et cela d'autant plus du fait de la
rareté des ressources et des nombreux autres défis auxquels ces
pays sont confrontés pour assurer les conditions propices à un
développement du capital humain.
Or, pour bon nombre de pays en développement, il semble
que l'école ait tourné le dos à l'économie. Au
Sénégal par exemple, la publication 2016 de l'Agence Nationale
des Statistiques et de la Démographie (ANSD) sur la situation
économique et sociale, montre qu'en moyenne 64,1% des personnes
occupées n'ont pas fréquenté l'école et 32,9% ont,
au plus, le niveau secondaire. Les personnes occupées ayant un niveau
d'enseignement supérieur ne représentent que 3%. Au Bénin,
l'Enquête modulaire intégrée sur les conditions de vie des
ménages (EMICOV) 2015 publiée par l'Institut national de la
statistique et de l'analyse économique, révèle que plus le
niveau de diplôme est élevé, plus le taux de chômage
est important. En effet, le taux de chômage est de 9,0% chez les
diplômés du supérieur, 4,9% chez les diplômés
du secondaire et 1,9% chez les béninois n'ayant qu'achevé le
niveau primaire. Au Burkina, le rapport d'identification et d'analyse des
freins à l'opérationnalisation des réformes de la
politique de formation professionnelle publié par l'Unesco -
10 Selon le rapport PASE014, par exemple, la grande
majorité des élèves évalués (environ 40 000
dans plus de 1 800 écoles) ne disposent pas des compétences
attendues dans le cycle primaire. En effet, en début de scolarité
(2e année du primaire), 70% des élèves n'ont
pas atteint le seuil « suffisant » de compétences en langue et
plus de 50% en mathématiques ; en fin de cycle (6e
année du primaire), près de 60% sont en deçà du
niveau attendu dans les deux disciplines.
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Pôle de Dakar, montre que pour la période
2010-2014, 68% des sortants du système éducatif sont en emploi,
13% au chômage et 19% inactifs11.
Ces statistiques interpellent sur la qualité des
profils sortis des systèmes éducatifs qui ne semblent pas
répondre aux attentes en termes de connaissances et de
compétences attendues.
Or, pour ces trois pays, l'éducation constitue le
premier poste budgétaire dans les politiques publiques. En effet, au
Burkina, au Bénin et au Sénégal, c'est respectivement
4.17%, 4.36% et 4.46% du PIB qui ont été alloués au
secteur de l'éducation en 2015, soit un peu plus que la norme de 4 %
proposée dans le Cadre d'action Éducation 2030. Mais,
malgré les efforts consentis par ces pays, nous assistons de plus en
plus, d'une part à une baisse des niveaux des apprenants et d'autre part
à un échec massif des élèves, avec un taux de
redoublement de 6,32%12 au Burkina, 11.5%13 au
Bénin et 3.6%14 au Sénégal. Ce constat est
partagé par le PASEC qui souligne dans son rapport 2014 que «
malgré les progrès réalisés et les engagements par
les Etats, la qualité de l'éducation reste un immense défi
pour la plupart des pays francophones du Sud ». En effet, selon ce
rapport, en début de cycle, plus de 70% des élèves n'ont
pas atteint le niveau « suffisant » en langue, et plus de 50% en
mathématiques. En fin de cycle, près de 60 % des
élèves sont en deçà de ce niveau dans les deux
disciplines. Au Bénin, c'est plus de 80 % des élèves qui
n'atteignent pas le seuil « suffisant » en langue et 60 à 70%
ont des difficultés en mathématiques. Au Burkina Faso, bien
qu'environ deux tiers des élèves n'atteignent pas le seuil en
langue, près de 60% des élèves disposent de
compétences suffisantes en mathématiques. Au
Sénégal, 70 à 80% des élèves n'atteignent
pas le seuil « suffisant » de compétences en langue, avec
toutefois la moitié des élèves qui atteint ce seuil en
mathématiques (Rapport PASE014).
Ces statistiques inquiétantes interpellent avec
acuité sur la question de la qualité des apprentissages dans les
écoles. Cette problématique n'épargne pas, dans une
moindre mesure, certains pays développés. En effet, selon un
rapport de 2010 de l'Inspection générale de l'Éducation
nationale (IGEN), le système scolaire français produit 50%
à 60% d'élèves dont les résultats sont
satisfaisants ou très bons, 20% à 30% dont les résultats
sont insuffisants et 15% à 20% en grande difficulté scolaire.
Or, réussir une éducation de qualité ne
saurait être le seul apanage des enseignants ou des pouvoirs publics
centraux et/ou locaux, en charge du secteur de l'éducation. En effet,
une éducation de
11 Les inactifs sont considérés comme
les personnes ayant une qualification, n'ayant pas un emploi et qui n'en
cherchent pas également (Cf. Cours J. F. Giret - Module 16MSE 565 :
Marché du Travail-Emploi-Qualifications)
12 Source : Annuaire statistique, DGESS/MENA,
2011-2015
13 Selon les données des annuaires statistiques
de 2006 à 2015 du Ministère des Enseignements Maternel et
Primaire.
14 Source : Rapport national sur la situation de
l'éducation, MEN/DPRE, 2015.
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qualité nécessite, au moins, un espace de
collaboration au sein de l'école (Leclerc et Labelle, 2013) et dans
lequel siègent les différents acteurs de l'école
(administration scolaire, organisations des parents d'élèves,
autorités locales, etc.) pour partager leurs réflexions et
résoudre les problèmes.
C'est donc dans ce contexte que se situe l'importance de la
communauté des parents dans la gestion de l'école, et s'inscrit
cette présente étude qui entend contribuer à identifier
les déterminants de la qualité de l'Éducation sous l'angle
de l'implication de cette communauté dans la gestion des écoles.
Il sera question d'étudier si l'implication de la communauté des
parents dans la gestion de l'école contribue à améliorer
les résultats des apprentissages des élèves et, du
même coup, si ce déterminant pèse sur la qualité de
l'Éducation. Ce questionnement entre dans plusieurs axes de la
qualité de l'éducation, notamment : l'efficacité interne
des systèmes éducatifs, l'environnement scolaire et le
financement de l'éducation, tel qu'indiqué au point I.1.1 du
présent document.
Par ailleurs, le choix de souscrire notre appréciation
de la qualité de l'éducation à la seule dimension «
performances des élèves », se justifie entre autres raisons
par la complexité de la question de la qualité et le
défaut de temps pour investir la question, qui pourra être
difficilement cernée dans son entièreté dans le cadre d'un
mémoire. Aussi, prendre toute la mesure de la qualité de
l'éducation nécessite surtout de disposer de données, qui
souvent proviennent de sources différentes, mais peut également
nécessiter de mener parfois des enquêtes spécifiques.
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