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Problématique de la planification familiale dans les ménages de Kasha: cas du quartier Cikonyi


par Jean Claude AGANZE BASHIGE
ISDR/Bukavu - Graduat 2018
  

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II. 1. SUR LE PLAN SOCIOECONOMIQUE

Plus on a des personnes à sa charge, moins on investit matériellement, moins on épargne et moins on satisfait à ses besoins et ceux des personnes pris en charge.

En 1958, la liaison dynamique entre croissance démographique et accumulation de capital est décrite par les analyses pionnières de Coale et Hoover. Ils identifient, sur une double base théorique et empirique, une série d'effets démographiques négatifs sur les conditions de l'accumulation.

L'effet de diversion détourne l'investissement d'emplois directement productifs vers des emplois non directement productifs; l'effet de dilution du capital résulte arithmétiquement de la dynamique d'un rapport macroéconomique dont le dénominateur est la taille croissante de la population; et l'effet de dépendance relie négativement la capacité d'épargne d'un ménage ou de l'économie avec la part des inactifs par rapport à la population active.

Simultanément, et sous l'influence des modèles de développement dualistes, certaines analyses insistaient alternativement sur les capacités d'absorption d'une force de travail qui suit le rythme de l'accroissement démographique et sur les risques de paupérisation de masse liés au développement du cercle vicieux élargi entre la croissance rapide de la population, la pression sur l'accumulation, le chômage et le sous-emploi.

Enfin, les ratios de dépendance importants impliqués par la forte croissance démographique conduisaient à l'augmentation du besoin en investissements démographiques, non directement productifs, et limitant corrélativement le capital disponible pour les investissements directement productifs. Certains modèles décrivirent sur ces bases une trappe d'équilibre de bas niveau dans laquelle la croissance démographique engluait la croissance du revenu par tête21(*).

Plusieurs auteurs ; à l'instar de deux cités ci-haut, ont apporté leur contribution à ce sujet, et ont démontré dans leurs résultats finals que : « La croissance démographique rapide ralentit la croissance des revenus par tête dans les pays en développement, et tend à perpétuer les inégalités dans la répartition des revenus. Elle tire vers le bas les niveaux de l'épargne et de l'investissement capitalistique dans les facteurs de production, et limite par conséquent le taux de croissance du PIB. L'offre alimentaire et la production agricole doivent être fortement accrues pour satisfaire aux besoins des populations en croissance rapide, ce qui exerce une contrainte sur l'allocation des ressources à d'autres secteurs économiques et sociaux. Le nombre des entrants dans la force de travail augmente très rapidement.

Du fait de l'excès des individus à la recherche d'un emploi sur le nombre d'emplois disponibles, le chômage et le sous-emploi sont des problèmes de plus en plus sérieux. Un nombre toujours plus grand de travailleurs ne peut être absorbé dans le secteur moderne (industrialisé). Ils se rabattent alors sur des occupations de service non productives ou vers le secteur traditionnel (agricole) avec sa productivité faible et ses salaires de subsistance22(*).

Une pauvreté à grande échelle, la productivité faible du travail, la demande alimentaire croissante, et la faible industrialisation distordent et dégradent les conditions de l'échange international pour les pays les moins développés ».

Ce cas n'est pas loin de celui du quartier Cikonyi où plus de 30% d'hommes et 35% des femmes sont sans emplois. Ces femmes et hommes vivent au dépend de leurs familiers et amis, ce qui ne permettra pas à ces hôtes d'investir comme ils devraient le faire. Seulement 20% des ménages ont un compte à la banque, 80% n'en ont pas, vu le nombre des personnes prises en charge, comparativement à leurs revenus.

Ø Tableau 8: Revenus mensuels des ménages de nos enquêtées

 

Revenus mensuels

Fréquence

Pourcentage

Pourcentage Validé

Cumulé

 

moins de 30$

5

12,5

12,5

12,5

31à 50 $

11

27,5

27,5

40,0

51 à 100$

8

20,0

20,0

60,0

101 à 150 $

7

17,5

17,5

77,5

151à 200 $

5

12,5

12,5

90,0

251 à 300

2

5,0

5,0

95,0

301 $ et plus

2

5,0

5,0

100,0

Total

40

100,0

100,0

 

Les ménages sans réserve des biens auront difficile à répondre aux futures dépenses surtout les dépenses plausibles. Les enfants nés de ces ménages ont moins de chances de s'épanouir, pire encore, s'ils sont très nombreux par rapport à leurs revenus.

Le revenu moyen des ménages par moi est de 50 à 150$ pour servir des familles composées en moyenne de 7 (sept) enfants et deux ou un parent (responsables) et peut être un familier, ce qui fait un nombre de huit à dix personnes dans un appartement de trois à cinq chambres, généralement trois.

Avec pareil revenu, les familles (ménages) devraient être composées de trois à six personnes : deux parents, un ou quatre enfants; trois pour ceux des faibles revenus et six pour ceux des revenus élevés enfin de capitaliser la satisfaction de leurs besoins. Malheureusement la majorité des couples voudraient avoir beaucoup d'enfants sans tenir compte de leurs capacités financières, ce qui cause d'énormes difficultés conduisant à l'insécurité alimentaire.

Ø Tableau 9: Nombre des repas journaliers pris par les ménages des enquêtées

 

Nombre de repas journalier

Fréquence

Pourcentage

Pourcentage validé

Cumulé

 

1 repas

7

17,5

17,5

17,5

2 repas

24

60,0

60,0

77,5

3 repas

7

17,5

17,5

95,0

plus de 3 repas

2

5,0

5,0

100,0

Total

40

100,0

100,0

 

Selon les standards, un homme doit manger cinq fois par jour mais dans le quartier Cikonyi, la situation est loin de la réalité ; seulement 5% de la population mange trois fois et plus par jour, 17,5% mangent trois fois, 60% mangent deux fois et 17,5% mangent une seule fois.

Sans décrire la qualité de la nourriture qui s'offre selon les moyens de tout un chacun, le tableau nous montre que 5% de la population échantillon mange très bien, 17,5% mange bien et 77,5% ne mange pas bien. Les circonstances pareilles, aggravent la malnutrition avec toutes ses répercutions chez les enfants en particulier et sur toute la famille en générale.

De ce fait, sur 341 personnes malnutries encadrées dans le BCZS Bagira-Kasha, 167 soit 49% sont des CS Mulezi et Uhaki du quartier Cikonyi23(*).

A ces problèmes, se joignent d'autres difficultés selon la position, le statut, les moyens et/ou les dépenses de ménages. De ce fait, chaque famille a décrit les différentes difficultés qu'elle parcoure dans la réalisation et gestion de ses dépenses. Le tableau ci-dessous en donne plus d'éclaircissement.

Tableau 10: Les conséquences de non mise en pratique de la planification familiale selon les enquêtées

 

Conséquences

Fréquence

Pourcentage

Pourcentage validé

Cumulé

 

Difficulté de scolariser les enfants

9

22,5

22,5

22,5

Mortalité infanto-maternelle

7

17,5

17,5

40,0

Insatisfaction des besoins familiaux

6

15,0

15,0

55,0

Instabilité sociale

3

7,5

7,5

62,5

Vieillissement précoce de la femme

2

5,0

5,0

67,5

Mauvaise santé de la famille

9

22,5

22,5

90,0

Aucune

4

10,0

10,0

100,0

Total

40

100,0

100,0

 

Au regard des résultats de ce tableau, la difficulté la plus exposée, c'est l'obstacle de scolariser des enfants jusqu'à finir tout le cursus universitaire, voire secondaire et même primaire pour certaines familles. Il se remarque que parmi nos enquêtés : 10% n'ont pas fréquenté l'école, 25% ont fait le primaire, 60% on fait le secondaire et seulement 5% ont fait les études supérieur ou universitaire.

Ceux-là qui font les études secondaire, moins sont ceux qui finissent le cursus et obtiennent leurs diplômes dû soit par manque de moyens, soit la fille se fait engrosser car n'ayant pas mis en application les méthodes de la planification familiale. Un des facteurs qui nous a conduits à aboutir au résultat selon lequel 10% des femmes célibataires enquêtées favorisent la polygamie et les naissances des enfants hors mariage à 12,5%.

Seulement 52,5% des enfants dans les ménages ayant l'âge scolaire étudient normalement, contre 47,5% qui ne vont pas à l'école car ils manquent les moyens et sont très souvent marginalisés. Parmi ces enfants, certains se réfugient dans la rue pour y vivre et se retrouvent dans la catégorie des enfants dit « enfants dans la rue » qui au finish causent tort à leurs famille et à la communauté entière.

Il est probable que tous ces enfants ne puissent pas finir l'année ; les uns peuvent abandonnés pour que leurs ainés continuent, les autres parce que les parents vont répondre à d'autres besoins familiaux ou soit par déficit financier de la personne qui sponsorise ses études. Ces éventuelles situations ne contribuent pas à l'émergence sociale.

Notre population échantillon reconnait que ces éléments ci-haut repris, ont comme conséquences ; la difficulté de scolariser les enfants, la mortalité infanto-maternelle, l'insatisfaction des besoins familiaux, l'instabilité sociale, un vieillissement précoce de la femme, la mauvaise santé de la famille, etc.

Toutes ces conséquences évoquées selon la perception des ménages sont déjà expliquées d'une manière ou d'une autre dans les pages antécédentes, elles seront commentées davantage dans les points qui vont suivre. De ce fait, le point suivant va parler de conséquences de non application de la planification familiale sur le plan sanitaire.

* 21Eric ROUGIER, « Les conséquences économiques de la croissance démographique: 35 ans de débat entre orthodoxie et relativisme », centre d'économie du développement ; université de Montesquieu-bordereau IV, 6- 7 Pages

* 22 Eric ROUGIER, « Les conséquences économiques de la croissance démographique: 35 ans de débat entre orthodoxie et relativisme », centre d'économie du développement ; université de Montesquieu-bordereau IV, 7-8 Pages

* 23BCZS Bagira-Kasha, rapport annuel 2017, page 26

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