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Etude comparative des privilèges et immunités en droit congolais et droit belge : cas du ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale


par Raphael KABAMBA KAZADI
Université de Mwene-Ditu - Graduat en droit, département de droit public 2021
  

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Section 3 : Les organes bénéficiaires de la protection diplomatique

L'expression agent diplomatique utilisée par la convention de vienne du 18 avril 1961 est restrictive en ce sens qu'elle laisse penser que cette protection diplomatique n'est stipulée qu'au profit des ambassadeurs accrédités auprès de différents Etats.

§1. Les organes au sens large

Point n'est besoin de souligner que tous les sujets de l'ordre juridique international sont à ce jour des êtres abstraits, ce qui ne préjuge toutefois pas de la personnification qui est prêtée à tort ou à raison, à des personnes physiques lorsqu'il leur est accordé par le traité un droit d'accès devant une autorité juridictionnelle internationale. Tous réels qu'ils soient, ces

(22) DUPUY, Droit international public, 2ème éd. DALLOZ, Paris 1993, P.82

(23) Idem, P. 83

(24) NGUYEN QUOC, Droit des relations internationales 4ème édition, CUJS, 1998, P. 47.

(25) SALOMON Jean ULB, manuel de droit diplomatique ; Brulant, Deltat, Bruxelles, 1994, P. 28-32.

[14]

sujets abstraits ne peuvent dès lors concrètement agir qu'à l'intermédiaire des personnes physiques à qui les actes sont imputés aux conditions que fixe la loi. (26)

On conçoit en pareille perspective que les privilèges et immunités soient le cas échéant, accordés aux organes sujets de droit international quand bien même ces derniers ne bénéficient pas toujours d'un traitement privilégié, ils pourraient d'ailleurs aisément se faire octroyer néanmoins des immunités en raison du rôle décisif qu'ils jouent dans la matérialisation d'une capacité juridique qui est appelée à demeurer virtuelle si elle ne trouve pas des organes pour la réaliser.

Ainsi, il y a lieu d'entendre par organes toutes les personnes (agents, fonctionnaires etc.) dont les actes engagent l'Etat en droit international. Ces organes ainsi compris sont très diversifiés, cette diversité se comprend sans peine, elle reflète tout à la fois la multiplicité des sujets du droit international et la liberté d'organisation interne dont ceux-ci jouissent normalement lorsqu'ils ne doivent pas leur existence et leur personnification à un acte conventionnel. Il est vrai que cette multiplicité est réduite et que la liberté évoquée n'est pas totale.

§2. Les relations diplomatiques et consulaires

A vrai-dire ; la qualité des relations diplomatiques est relative. Elle est fonction des facteurs historiques, culturels, idéologiques, politiques, économiques et psychologiques. Il est certain que le passé colonial a un poids dans les relations entre une ancienne colonie et une ancienne puissance coloniale. Comme il est évident qu'entre pays arabes, la langue arabe et la religion musulmane entre autres, influent sur la qualité de leurs relations mutuelles. L'élément économique joue dans les relations entre japon et les Etats unis par exemple alors que le facteur psychologique pèse dans les relations entre la chine et les Etats unis etc.

Les relations diplomatiques sont fort anciennes mais ce n'est qu'à partir de 1648 avec les traités de WESPHALIE qu'est apparue la diplomatie permanente. Elles ont d'abord été coutumières avant d'être codifiées. La première codification intervient au congrès de vienne de 1815 par l'adoption du règlement de vienne sur les agents diplomatique. Ce dernier sera complété le 12 novembre 1818 par le protocole d'AIX-la chapelle. Il a fallu attendre les incidents de la guerre froide pour voir enfin l'assemblée générale des nations unis s'intéresser à ce sujet, par le vote de la résolution 685 du 5 décembre 1952, l'assemblée a demandé à la commission du droit international d'étudier en priorité la codification des relations diplomatiques. Une autre résolution votée par la suite en son sein décida de la convocation

(26) BARKEN state immunity diplomatic; immunity and act of state, Delta, Bruxelles 1994.

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d'une conférence qui devrait se réunir à vienne, ainsi la convention de vienne sur les relations diplomatiques fut adoptée le 18 avril 1961 et entrée en vigueur le 24 avril 1964. (27)

Quant aux relations consulaires, leur règlementation est issue des coutumes ; des décisions de juridictions nationales. La convention sur les relations consulaires a été adoptée à vienne le 24 avril 1963, lors d'une conférence de codification. Elle est entrée en vigueur en mars 1967.

§3. Les organes chargés des relations diplomatiques

Il est à noter que l'Etat agit à travers notamment les organes politiques et des organes administratifs.

a) Les organes politiques

Il va sans dire que les relations entre entités politique par excellence que forment les Etats empruntent en ordre prioritaire les canaux politiques, c'est à ce niveau que se lèvent des options fondamentales qui gouvernent les relations entre membres de la communauté internationale. (28)

Ordinairement l'organe exécutif joue un rôle moteur de la politique extérieure de l'Etat. Encore que l'organe législatif dispose des moyens relatifs d'un régime à un autre de contribuer, sinon à l'énoncé de grandes orientations de la politique étrangère ; tout au moins à posteriori de contrôler la conduite de celle-ci.

Habituellement le chef de l'Etat joue un rôle essentiel dans les relations internationales. Toutefois une évolution récente depuis le déclin des régimes monarchiques. Dans les Etats où le chef de l'Etat ne dispose plus que des fonctions symboliques, c'est le chef du gouvernement qui tend à assumer la première place dans les relations extérieures. Comme on peut s'en apercevoir, il s'agit là des situations exceptionnelles à la pratique générale des Etats.

Au sens du gouvernement, le ministre des affaires étrangères par définition joue ou a un rôle considérable. Il peut cependant s'ajuster au rôle du chef de l'Etat et éventuellement du chef du gouvernement. D'autre part, le développement de la coopération internationale dans les domaines de plus en plus spécialisés permet ainsi aux autres membres du gouvernement d'intervenir dans des relations internationales.

L'accroissement de la technique des rapports intergouvernementaux font qu'aujourd'hui plusieurs autorités évoluent et agissent sur la scène internationale en

(27) BULA BULA Sayeman ; Notes de cours de Droit international public, G3 UNIKIN, 2008, inédit

(28) Idem.

[16]

prétendant toutes aux statuts d'agents diplomatiques. C'est ainsi que cette qualité est reconnue aux personnes telles que :

? Le chef de l'Etat ;

? Le chef du gouvernement ;

? Le ministre des affaires étrangères.

Il sied de noter que nous allons plus nous intéresser au ministre des affaires étrangères qu'aux autres dans le cadre de la rédaction de notre objet d'étude.

Alors pour ce qui est des ambassadeurs ; des consuls, membres des missions diplomatiques permanentes, eux représentent leur Etat auprès de l'Etat accréditaire, ils protègent les intérêts de leurs Etats et de leurs ressortissants, informent leurs gouvernements sur la vie politique, sociale et économique, font connaître et apprécier leurs Etats et les réalisations en assurant la promotion de leurs intérêts et négocient enfin avec les Etats de résidence.

Au personnel diplomatique, il lui est reconnu les privilèges et immunités suivants :

? Les agents diplomatiques bénéficient de l'inviolabilité personnelle. Ce principe oblige l'Etat accréditaire d'assurer une protection complète au personnel diplomatique des Etats accréditant. Ce personnel doit bénéficier de la liberté de déplacement et de circulation sur l'ensemble du territoire sauf dans les zones des tensions ou de guerre où l sécurité ne peut être garantie ;

? Les personnes diplomatiques bénéficient aussi de l'immunité juridictionnelle c'est-à-dire qu'elles ne peuvent être jugées par les juridictions de l'Etat accréditaire excepté le cas où elles exercent des activités libérales ou commerciales en dehors de leurs fonctions officielles. Elles bénéficient également des exemptions fiscales. Leurs membres de famille bénéficient de mêmes privilèges et immunités. (29)

Pour les relations consulaires, nous dirons d'abord que le poste consulaire est une représentation administrative chargée de la protection des intérêts de l'Etat et de ses ressortissants, de favoriser les relations commerciales, économiques, culturelles et scientifiques, d'exercer des fonctions vis-à-vis des nationaux liées à l'Etat civil, l'assistance judiciaire, la délivrance des passeports, d'accorder des visas aux étrangers qui désirent se rendre dans le pays d'envoi etc.

(29) VERHOLVEN, Droit international public, Bruxelles, Lanciers 2000, P. 204.

[17]

Les relations consulaires ne doivent pas connaître d'entraves car elles contribuent au développement des relations amicales entre les nationaux, elles assurent une protection et assistance aux étrangers qui résident sur le territoire d'un autre Etat. De ce fait, le consulat et les agents consulaires jouissent des privilèges et immunités conformément au droit international mais à un degré moindre que les membres des missions diplomatiques.

Pour ce qui est des fonctionnaires en missions diplomatiques ad hoc ; ils sont désignés pour remplir auprès d'un ou plusieurs Etats ou organisations internationales et avec leur accord, des missions d'une portée limitée, dans le temps et pour leur objet et dans toutes circonstances dont l'importance justifie l'intervention des responsables de haut niveau ou dont le contenu exige celle des personnels spécialisés possédant des compétences spécifiques. (30) Tel est le cas du secrétaire général des nations unies et de ses nombreux représentants spéciaux, qui interviennent dans les relations internationales dans le cadre du maintien de la paix tendant au règlement pacifique des différends, c'est aussi le cas des envoyés spéciaux des chefs d'Etats.

La mission spéciale se définit comme une mission temporaire ayant un caractère représentatif de l'Etat, envoyé par un Etat auprès des autres Etats avec le consentement de ce dernier pour traiter des questions déterminées ou pour accomplir une tâche déterminée. (31)

Il est à préciser que les statuts de ces diplomates ad hoc sont très semblables à celui des diplomates de carrière. Des immunités leur sont reconnues dont l'étendue varie selon la personnalité et qui n'ont bien entendu qu'une durée limitée puisque liées à l'accomplissement des missions déterminées. (32)

S'agissant des experts, ils sont souvent appelés par un Etat ou une organisation internationale pour mettre à sa disposition leur compétence technique. Ils sont inviolables et ne sauraient faire l'objet d'arrestation et de détention puisqu'ils jouissent de l'immunité de juridiction étant limitée aux actes officiels. (33)

(30) Convention sur les relations consulaires du 24 avril 1863 entrée en vigueur en 1967 lire dans son ensemble

(31) Convention des Nations unies sur les missions spéciales adoptées le 16 décembre 1969 dans sa résolution 2530 entrée en vigueur le 21 juin 1995, art. 1.

(32) BULA BULA Sayeman, op.cit., P. 186

(33) Idem.

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CHAP. II : PROTECTION DIPLOMATIQUE DU CHEF DE L'ETAT, DU PREMIER MINISTRE ET DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DE LA COOPERATION INTERNATIONALE

Le chef de l'Etat et les autres ministres en exercice spécifiquement le ministre des affaires étrangères représentent l'Etat. Pour cela, il faut que nous puissions approfondir l'étendue de la protection diplomatique dont jouissent certaines personnes jouant un grand rôle pour les intérêts de la nation avant d'étudier les limites que peut connaître cette protection en cas des violations par elles des principes impératifs du droit international désignés sous l'expression « jus cogens ».

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984