2.2. ENJEUX ET DEFIS DU BUDGET-PROGRAMME
L'adoption de la gestion axée sur les résultats
nécessite des mutations très profondes. Les enjeux vont
au-delà de l'environnement interne de l'entreprise et touchent aussi
à son environnement externe, même dans le cas des administrations
publiques qui fournissent des
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Mise en place de la budgétisation par programme : Cas
de la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures au Cameroun
services non marchands pour le bien de la population. Ils
concernent aussi la phase d'élaboration du plan stratégique que
la phase de suivi et d'évaluation en passant par l'élaboration
des plans d'actions, la programmation et la budgétisation. Ils touchent,
entre autres, la structure organisationnelle, le mode de management, les
relations avec les partenaires, les ressources humaines, le système
d'information, etc.
2.2.1. Structure organisationnelle
Une bonne organisation du travail au sein d'une entreprise ou
d'une administration favorise un bon fonctionnement du système
budgétaire, inversement, le budget-programme donne une très bonne
lisibilité de l'organisation administrative et fonctionnelle. En fait en
1971, 27Philippe GALY le
faisait déjà remarquer que l'objet du budget-programme n'est
pas de refondre l'organigramme de l'administration qui l'adopte, mais de
l'éclaircir.
Le chapitre précédent a permis de comprendre que
la phase d'élaboration du budget-programme nécessite de passer
préalablement par la définition du plan stratégique, la
détermination du plan d'actions et la programmation des actions à
court et moyen termes. Un programme a été défini comme un
ensemble cohérent d'actions ou de projets et une action est un ensemble
cohérent d'activités, et dans la même veine, une
activité est un ensemble cohérent de tâches. Il est
important d'avoir à l'esprit que la définition d'un programme,
d'une action et d'une activité respecte une certaine cohérence et
un ancrage dans la stratégie correspondante.
L'organisation opérationnelle des programmes
nécessite de désigner des responsables de programme, d'action,
d'activité et des agents chargés d'exécuter les
tâches. Or, l'administration est organisée de telle sorte qu'on
retrouve des responsables à différents niveaux des unités
administratives déconcentrées, il s'agit du ministre ou du
directeur général, des directeurs, des chefs de division, des
chefs de cellule, des chefs de service et des chefs de bureau.
Pour des raisons de cohérence évoquées
ci-dessus, pour une bonne exécution et un meilleur suivi des
activités, il arrive très souvent qu'un programme regroupe en son
sein des actions relevant de plus d'une direction, et qu'une action regroupe
des activités appartenant à plus d'un service. Face à une
situation pareille, le responsable de l'unité administrative
chargé de l'exécution de l'activité est différent
du responsable de l'action à laquelle appartient l'activité,
dès lors, les risques de conflit d'intérêt sont probables
et le suivi de la mise en oeuvre des activités devient difficile. C'est
la raison pour laquelle, l'adoption de la gestion axée sur les
résultats doit s'accompagner des réformes organiques, qui
permettent d'aligner l'organisation fonctionnelle et administrative du travail
sur la déclinaison des différents programmes et sous-programmes
en actions, en activités et en tâches.
En effet, pour suivre la logique de la performance, c'est
l'organisation des programmes ou des sous-programmes qui devraient orienter la
définition de l'organigramme de l'entreprise ou de l'administration
concernée. La Loi portant Régime financier de l'Etat
précise que le programme appartient à un ministère
sectoriel bien précis, et même s'il arrive un chevauchement entre
deux ministères sectoriels ou plus, un seul d'entre eux en aura la
responsabilité. Le responsable du programme est le ministre en question
ou un de ses plus proches collaborateurs selon le rang hiérarchique, il
peut correspondre à un responsable d'une direction donnée. Les
actions correspondent aux différentes directions administratives, les
activités aux différents services et les différentes
tâches aux bureaux.
27 Philippe GALY (1971), « le budget
programme », La Revue administrative, 24ème
année, N°140 (mars-avril 1971), des presses universitaire de
France.
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Les textes organiques actuels de la CSPH existent avant la
mise en place du budget-programme, certaines actions sont bien ajustées
aux différentes directions, mais d'autres regroupent les
activités de plus d'un service et nécessitent de réadapter
l'organisation actuelle pour être en conformité avec ces actions
et activités.
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