B- Planification stratégique
Selon la définition du plan d'actions donné
supra et tenant compte de ses missions, la CSPH a défini des objectifs
spécifiques, des sous-programmes, des actions et activités en
cohérence avec les axes stratégiques retenus ci-dessus et s'est
défini les moyens pour les mettre en oeuvre. Cependant, son plan
d'actions n'est pas pluriannuel.
En effet, même si ses activités sont des missions
de service public de routine et supposées répétitives
d'une année à une autre, il est convenable de produire un plan
d'actions pluriannuel. Il permet au manager d'avoir une vision claire et une
lisibilité à long terme, selon les divers scénarios des
influences éventuelles des évolutions de la demande des produits
pétroliers et des prix du pétrole sur le marché
international. Il doit permettre de préparer des actions
réactives et proactives pour faire face à l'évolution de
la situation socioéconomique au niveau national et international.
De même, les projets d'investissements doivent
être projetés dans le long terme en rapport avec les
prévisions des activités économiques, de
l'évolution de la demande et de la croissance de la population.
D'ailleurs, la logique proposée par la théorie du Management des
Ressources de la Production (MRP2) préconise de gérer la
production depuis le long terme jusqu'au court terme25,
autrement, partir du long terme pour définir le court terme serait
opportun.
25 Alain COURTOIS et al. (2003), «
Gestion de production », 4ème édition-35
000 exemplaires vendus, Editions d'Organisation, 1, Rue Thénard, 75240
Paris Cedex 05.
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Mise en place de la budgétisation par programme : Cas
de la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures au Cameroun
C- Programmation
Puisque la CSPH n'a pas élaboré un plan
d'actions pluriannuel, la planification des actions correspond exactement
à la programmation. Le système budgétaire du Cameroun est
conçu de sorte qu'un programme soit rattaché directement à
un ministère et ne peut être créé uniquement que par
une loi de finances. Même s'il peut arriver qu'un programme appartienne
à plusieurs ministères sectoriels, un seul sera chargé de
son pilotage.
Or, la CSPH est sous la tutelle technique du ministère
en charge du Commerce et ses missions s'insèrent dans les politiques
sectorielles conduites par ledit ministère. De ce fait, elle ne peut pas
définir un programme, mais des sous-programmes contenus dans les
programmes pilotés par le ministère du commerce.
Ainsi, le programme auquel sont greffés les
sous-programmes de la CSPH est intitulé régulation du
commerce intérieur, dont l'objectif est de
structurer les circuits de distribution en vue d'assurer un
approvisionnement régulier du marché intérieur dans des
conditions de saine concurrence. Avec trois sous-programmes au
début, dont deux opérationnels et un pilote, elle a
fusionné les deux sous-programmes opérationnels en un seul pour
en compte aujourd'hui deux, dont l'un est opérationnel et l'autre
pilote. Le sous-programme opérationnel comprend cinq actions, vingt-six
activités, treize indicateurs de performance, et le sous-programme
pilote compte huit actions, soit un total de quarante une activités et
vingt-et-un indicateurs de performance.
D- Budgétisation
Le budget de la CSPH est présenté et suivi en
autorisation d'engagement et en crédit de paiement (voir annexe 6). Il
est adopté par son Conseil d'administration et exécuté
dès son adoption. La démarche d'élaboration du budget est
participative, mais uniquement au niveau interne à l'entreprise, les
parties prenantes extérieures ne sont pas consultées dans ce
sens.
Dans la pratique, les cinq étapes
énoncées par Henri Bouquin (1992) sont suivies. Les
hypothèses portent sur la revue des situations sociale, politique et
économique sur le plan national et international, ayant un impact
quelconque sur la transformation, le transport et la mise à la
consommation des produits pétroliers. Elles portent notamment sur le
cours prévisionnel du Brent par baril et par dollar, la parité du
dollar par rapport au Franc de la Communauté Financière Africaine
(FCFA), la cotation moyenne du gaz de pétrole liquéfié
(GPL) en FCFA par tonne métrique, le prix CAF à l'importation du
GPL, la consommation nationale du GPL et des produits pétroliers blancs
sur les marchés positif et négatif, l'estimation du taux de
péréquation transport. Ces données permettent de calculer
les recettes mobilisables et les dépenses réalisables de
l'année de référence.
Les recettes proviennent essentiellement des produits des
péréquations transport, la stabilisation du GPL et des revenus
financiers et produits assimilés. Elles sont obtenues par l'utilisation
des opérations arithmétiques simples (addition, soustraction et
multiplication) effectuées entre les différentes
quantités, taux de péréquation et cotation moyenne de
GPL.
Les dépenses sont en majorité des charges
d'exploitation réparties en charge de stabilisation et en prise en
charge du surplus des dépenses de transport des produits
pétroliers du dépôt principal de Douala vers les
dépôts secondaires de l'intérieur du pays.
L'évaluation de celles-ci est basée sur l'estimation du niveau de
consommation nationale de l'année budgétaire. Les dépenses
d'administration sont financées principalement par les recettes des
revenus financiers et produits assimilés. Les recettes sont
évaluées sur la base des prévisions du niveau des
consommations nationales sur le marché positif.
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Mise en place de la budgétisation par programme : Cas
de la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures au Cameroun
L'estimation des coûts est faite de manière
ascendante, partant de l'évaluation monétaire des tâches
jusqu'au niveau du sous-programme, en passant par les activités et les
actions. Une action est composée d'un ensemble d'activités
cohérentes entre elles, de même, une activité est un
ensemble des tâches mises en cohérence pour sa réalisation.
Le coût de réalisation d'une tâche est évalué
en additionnant les différents coûts engendrés par le
personnel employé, les fournitures de bureau, le matériel, les
locations, bref tous les services sollicités pour la réalisation
de la tâche. Ensuite, une agrégation est faite au niveau de chaque
activité, puis au niveau de chaque action et enfin au niveau de chaque
sous-programme. Pour se rapprocher le plus de la réalité,
d'autres méthodes d'évaluation des coûts des tâches
sont mises à contribution, à l'instar de l'évaluation par
le coût unitaire et la dotation forfaitaire. Le budget tel que
présenté est cohérent et bien ordonné, et peut
servir de modèle économique à l'entreprise.
La CSPH est un établissement public qui doit
répondre à une double exigence comptable et produire les
états financiers selon la comptabilité des entreprises, mais
aussi tenir trois autres types de comptabilité publique26,
à savoir la comptabilité budgétaire des recettes et des
dépenses, la comptabilité générale et la
comptabilité analytique. Pour le moment, les états financiers de
la comptabilité générale sont normalement produits
annuellement, accompagnés de toute la liasse fiscale y afférente,
ainsi que les comptes de gestion de l'ordonnateur et du comptable public et le
rapport de performance. Ces documents sont régulièrement
présentés au Conseil d'Administration.
Les défis à relever dans un avenir très
proche sont de tenir une comptabilité analytique et produire les comptes
administratifs à présenter au Conseil d'administration. Dans le
souci d'assurer le suivi et la cohérence entre les comptes de l'Etat et
les comptes de la comptabilité générale, l'harmonisation
des deux comptes est souhaitable.
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