Abstract
Raw materials from agricultural crops (cereals, fruits, etc.)
are frequently contaminated with filamentous fungi that produce mycotoxins.
Among these mycotoxins are aflatoxin B1 and patulin, produced by fungi of the
genus Aspergillus and Penicillium, respectively. Due to the
proven toxicity of mycotoxins, they constitute a real danger relating to food
safety. Until recently, the use of phytosanitary products was privileged to
fight against contamination by mycotoxins. However, the toxicity and harmful
effects of these products encourage the development of alternative control
methods based on the use of natural compounds, such as a phytohormone like
ethylene, to reduce contamination by mycotoxins. Some studies, conducted
exclusively on the production of aflatoxins by filamentous fungi of the genus
Aspergillus, have demonstrated the capacity of ethylene to decrease
the production of mycotoxins in this family. Although the way in which fungi
perceive ethylene is still unknown and in the case of an effect of ethylene on
the production of mycotoxins, the effect of 1-methylcyclopropene (1-MCP), a gas
that inhibits plant receptors ethylene, has been tested. The results obtained
showed that an ethylene treatment had no influence on the growth of the fungi
studied although a general increase in mycotoxins was observed when ethylene is
applied without removing the CO2 naturally produced by the fungal species.
However, when treated with ethylene with soda lime (CO2 trap), the fungi
reacted with ethylene, suggesting the presence of an ethylene receptor, not
characterized to date. Moreover, these same results seem promising for the use
of ethylene as a biocontrol agent since a significant decrease in the
production of mycotoxins has been observed.
Table des matières
I.
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Introduction
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1
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1.
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Les champignons filamenteux
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1
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2.
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Les genres Aspergillus et Penicillium
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2
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2.1. Aspergillus spp
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2
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2.2. Penicillium spp
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3
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3.
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Les mycotoxines, aflatoxines et patuline
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4
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3.1. Les mycotoxines, diversité et
dangerosité
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4
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3.2. Les aflatoxines
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6
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3.3. La patuline
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7
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4.
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Problèmes sanitaires engendrés et
réglementation subséquente
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8
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4.1. Problèmes sanitaires
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8
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4.2. Réglementation
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9
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5.
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L'éthylène et les fruits
climactériques
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9
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5.1. L'éthylène, phytohormone du
stress
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9
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5.2. Les récepteurs à
l'éthylène connus
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10
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6.
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L'éthylène chez les champignons
filamenteux
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11
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6.1. Effet de l'éthylène sur
différentes espèces fongiques
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11
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6.2. Potentiel rôle des GPCR dans la
réponse à l'éthylène
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11
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6.3. Perspective d'utilisation de
l'éthylène comme agent de biocontrôle
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12
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II.
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Matériels & Méthodes
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13
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1.
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Analyses bio-informatiques
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13
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2.
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Souches, origines des gaz et milieux de culture
utilisés
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13
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2.1. Souches fongiques et origines des gaz
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13
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2.2. Milieux de culture
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13
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3.
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Préparation des solutions de spores
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14
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3.1. Revivification des souches fongiques
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14
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3.2. Préparation de la solution de Tween 80
à 0,05%
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14
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3.3. Récupération des spores
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14
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3.4. Numération à la cellule de Thoma
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14
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3.
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Préparation des gaz
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15
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4.
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Ensemencement et conditions de culture
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15
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4.1. Ensemencement des boîtes de Pétri
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15
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4.2. Injection des gaz
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16
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5.
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Détermination de la croissance fongique
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16
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6.
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Extraction des mycotoxines
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16
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6.1. Extraction des aflatoxines
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16
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6.2. Extraction de la patuline
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16
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7.
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Dosage des mycotoxines par HPLC
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16
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7.1. Préparation des gammes étalon
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16
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7.2. Analyse HPLC des aflatoxines
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17
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7.3. Analyse HPLC de la patuline
17
8. Dosage de l'éthylène par GC
18
8.1. Courbe standard 18
8.2. Analyses GC 18
9. Dosage de CO2 par infrarouge
18
10. Analyses statistiques 18
III. Résultats & discussion
18
1. Analyses bio-informatiques 18
2. Dosage de l'éthylène
19
3. Aspergillus flavus 20
4. Penicillium expansum 22
5. Aspergillus parasiticus 24
IV. Conclusion & Perspectives
25
V. Bibliographie 26
VI. Annexes 35
Liste des figures
Figure 1 - Culture d'A. flavus
Figure 2 - Culture d'A. parasiticus
Figure 3 - Culture de P. expansum
Figure 4 - Structures des molécules de la
famille des aflatoxines
Figure 5 - Structure de la molécule de
patuline
Figure 6 - Réplicats techniques d'une
même concentration d'éthylène injectée en GC
Figure 7 - Mesure de la croissance radiale
d'A. flavus avec et sans chaux sodée après 72h
d'incubation
Figure 8 - Dosage de l'AFB1, AFB2 et du CO2 chez
A. flavus sans chaux sodée après 72h d'incubation
Figure 9 - Dosage de l'AFB1, AFB2 et du CO2 chez
A. flavus avec et sans chaux sodée après 72h
d'incubation
Figure 10 - Mesure de la croissance radiale de
P. expansum après 72h d'incubation
Figure 11 - Dosage de la patuline chez P.
expansum sans chaux sodée après 72h d'incubation
Figure 12 - Mesure de la croissance radiale
d'A. parasiticus sans chaux sodée après 72h
d'incubation
Figure 13 - Dosage de l'AFB1 et AFB2 chez A.
parasiticus sans chaux sodée après 72h d'incubation
Figure 14 - Dosage de l'AFG1 et AFG2 chez A.
parasiticus sans chaux sodée après 72h d'incubation
Liste des tableaux
Tableau 1 - Exemples de mycotoxines,
d'espèces productrices, de sources et d'effets les plus
fréquents
Tableau 2 - Teneurs maximales en Aflatoxines
Tableau 3 - Teneurs maximales en Patuline
Tableau 4 - Concentrations en mycotoxines des
différentes gammes étalon utilisées
Tableau 5 - Exemple de dosage de la
concentration en éthylène dans les bocaux
Glossaire
AFB1 : Aflatoxine Blue 1
AFB2 : Aflatoxine Blue 2
AFG1 : Aflatoxine Green 1
AFG2 : Aflatoxine Green 2
AFM1 : Aflatoxine Milk 1
AFM2 : Aflatoxine Milk 2
CAST : Conseil de la Science et de la
Technologie Agricoles
cAMP : Adénosine MonoPhosphate
Cyclique
CIRC : Centre International de Recherche sur
le Cancer
CYA : Czapek Yeast Agar
DAD : Détecteur à barrette
diode
ETR1 : Ethylène Receptor 1
GC : Chromatographie en phase gazeuse
GPCR : Récepteur Couplé
à une Protéine G
HPLC : Chromatographie Liquide à Haute
Performance
NCBI : Centre National pour l'Information
Biotechnologique
PICA : Protéine Kinase A
PPM : Partie Par Million
1-MCP : 1-MéthylCycloPropène
1
I. Introduction
Grâce à leur évolution depuis des
millénaires, les micro-organismes appartenant au royaume des champignons
constituent un clade très diversifié d'eucaryotes
représentant un des plus grands groupes de la biodiversité
mondiale actuelle. Ils sont retrouvés dans pratiquement tous les
environnements, mais surtout dans les écosystèmes terrestres
(Richards et al., 2017 ; Stajich, 2017). Ils participent activement
à la transformation de l'environnement en tant que décomposeurs
de la matière organique, mais également en se liant à
d'autres organismes (plantes, procaryotes, animaux...) permettant la mise en
place de relations symbiotiques (Galagan et al., 2005).
Par leur capacité à produire des structures
macroscopiques, l'étude des champignons se faisait traditionnellement
par des techniques microbiologiques. En effet, elles étaient
basées sur la culture fongique ainsi que la caractérisation de
structures spécialisées et de leurs effets sur leurs hôtes
ou partenaires symbiotiques. Cependant, au cours des dernières
décennies, l'avènement des techniques de génomique a
permis une évolution considérable en termes de connaissance et de
compréhension dans le domaine de la mycologie et de la toxicologie. Ces
avancées ont alors mis en lumière un grand nombre de souches
fongiques productrices d'un large panel de métabolites secondaires.
Parmi ces derniers, certains présentent des propriétés
toxiques et sont appelés mycotoxines. Ces dernières
représentent aujourd'hui un des problèmes majeurs en
matière de sécurité sanitaire des aliments et de
préjudices économiques pour les producteurs de denrées
contaminées. Pour pallier cela, depuis plusieurs années, le
recours à des produits phytosanitaires pour réduire la
contamination fongique était encouragé. Cependant, la
toxicité de ces produits pour l'Homme, l'animal et l'environnement,
conduit progressivement les chercheurs à développer d'autres
moyens de lutte tels que l'utilisation d'agents de biocontrôle ou de
composés naturels pour réduire la contamination fongique et la
production de mycotoxines.
L'objectif de ce stage était d'étudier les
potentiels effets de l'éthylène, phytohormone de stress, et de
son inhibiteur compétitif, le 1-MéthylCycloPropène
(1-MCP), sur la croissance de trois champignons filamenteux, Aspergillus
flavus, Aspergillus parasiticus et Penicillium expansum et de la
production de leurs mycotoxines associées, les aflatoxines et la
patuline.
1. Les champignons filamenteux
Les champignons filamenteux, appelés également
moisissures, forment un règne à part entière : le
règne fongique ou des Fungi (du latin fungus, le
champignon). Le terme courant de « moisissure » fait
généralement référence à leur texture
laineuse/cotonneuse pouvant être observée mais n'a pas de sens
phylogénétique étant donné que différentes
espèces appartenant à différents phylums
(ascomycètes et zygomycètes) sont regroupées sous cette
même appellation. Les champignons filamenteux sont des micro-organismes
eucaryotes pluricellulaires, ubiquistes et généralement
saprophytes ou parasites. Ils sont incapables d'assurer la photosynthèse
et se nourrissent par dégradation de molécules organiques
présentent dans l'environnement, les qualifiant ainsi d'organismes
hétérotrophes. La colonie fongique est constituée d'un
appareil végétatif composé de
2
filaments appelés hyphes et l'ensemble des hyphes
forment le mycélium. Des structures spécialisées au sein
du mycélium, appelées « conidiophores », sont
responsables de la production de nombreuses spores qui confèrent aux
champignons filamenteux un pouvoir de dissémination
considérable.
Les moisissures sont des organismes au potentiel encore trop
inexploré. En effet, les champignons filamenteux ont la capacité
de produire un grand nombre de métabolites secondaires. Contrairement
aux métabolites primaires, ces métabolites secondaires ne sont
pas indispensables au développement et à la survie de
l'organisme. Le rôle de ces métabolites secondaires est encore
aujourd'hui source de questionnement. Cependant, quelques hypothèses
émergent telle que la facilitation procurée par ces
composés dans la colonisation de substrats par le champignon filamenteux
dans un contexte de compétition entre micro-organismes (Ballester et
al., 2015). Toutefois, l'étude de ces métabolites a
montré que ces molécules peuvent être
bénéfiques pour l'Homme. En effet, les métabolites
secondaires fongiques sont utilisés dans de nombreux domaines tels que
:
- Les industries pharmaceutique et médicale :
synthèse de médicaments et d'antibiotiques
(la pénicilline par Penicillium chrysogenum ou la
céphalosporine par Cephalosporium acremonium).
- L'industrie alimentaire : production de fromages tels que le
roquefort (Penicillium roqueforti)
ou le camembert (Penicillium camenberti) (Ropars
et al., 2012) ; la production d'acides (citrique et gluconique)
utilisés comme additifs alimentaires (Karaffa et al., 2001) ;
ou encore dans la synthèse d'enzymes (maltase, dextrinase) capables de
convertir le maltose et l'amidon en alcool (Lv et al., 2008).
Cependant, à l'opposé de ces aspects
bénéfiques, les champignons filamenteux peuvent également
produire des métabolites secondaires néfastes, appelés
mycotoxines, représentant un risque pour la santé humaine et
animale. Les moisissures toxinogènes sont capables de facilement se
développer à partir du moment où les facteurs
environnementaux, tels que la température et l'humidité, sont
propices à leurs croissance (Paterson, 2006). Elles sont donc en mesure
de contaminer un panel très large de substrats alimentaires allant
d'aliments d'origine végétale comme les céréales,
les fruits et leurs dérivés jusqu'aux aliments d'origine animale
tels que le lait, la viande et leurs dérivés (Yiannikouris et
Jouany, 2002). De plus, les mycotoxines sont des molécules
extrêmement résistantes aux procédés de
stabilisation des denrées (pasteurisation, stérilisation),
augmentant ainsi leur capacité à perdurer dans la chaîne de
production alimentaire (Escrivá, et al., 2017)
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