INTRODUCTION
C'est à Mme Emmanuelle DUCRET, responsable du service
douane et réglementation des ventes de Pfeiffer Vacuum SAS, que je dois
l'opportunité de ce stage portant sur les problématiques
contractuelles dans le cadre de la démarche de certification
OEA1.
Pfeiffer Vacuum France, fondée en 1951 à Annecy,
aujourd'hui constituée en Société par Actions
Simplifiée est présidée par Monsieur Eric TABERLET qui est
également Directeur Général de la holding, Pfeiffer Vacuum
AG (Asslar, Allemagne). Son activité consiste en la conception et
fabrication de pompes à vide de détecteur de fuite et de
systèmes de décontamination. Son chiffre d'affaires
consolidé pour 2017 était de 236.000.000€ pour un effectif
de 650 salariés.
Aujourd'hui, les actionnaires principaux sont le Groupe Busch
(Allemagne, environ 40%), Hakuto (Tokyo, Japon), The State of Norway (Oslo,
Norvège) et Allianz Global Investors (Frankfurt, Allemagne). Le Groupe
est organisé autour de la holding Pfeiffer Vacuum AG qui chapeaute 8
sociétés principales dont la société Pfeiffer
Vacuum GmbH, elle-même société mère de 12 filiales
directes et 9 indirectes, et Pfeiffer Vacuum SAS (Annecy)2.
Les technologies du vide et de la détection de fuite
sont des enjeux majeurs pour l'industrie des semi-conducteurs mais aussi celle
de la santé. En effet, la haute technologie numérique et les
nanotechnologies requièrent de plus en plus de vide pour de plus en plus
de précision.
Pfeiffer Vacuum SAS est le fournisseur de grandes entreprises
basées en France, en Corée du Sud et aux USA, et fait
elle-même appel à des fournisseurs spécialisés,
notamment en circuits électroniques ou en matériaux de pointe,
situés en France, en Europe ou ailleurs. Elle met un accent particulier
sur le choix de ses fournisseurs et la prospection de nouveaux clients dans une
compétition mondiale exacerbée.
Pour répondre aux exigences de ses clients, PV SAS est
entrée dans une démarche de « compliance », notion
née au milieu des années 90 dans des secteurs
réglementés,
1 Annexe 1
2 Annexe 6
Mémoire de Stage CARDON-Pfeiffer Vacuum Page 12
banque ou industries, qui implique une démarche de
conformité légale, réglementaire et éthique dans le
but de lutter contre le blanchiment, la corruption et le
terrorisme3.
PV SAS a dû également se doter de
procédures reconnues tant pour son fonctionnement interne que pour ses
expéditions : les certifications ISO 9001 et 14001, le statut de
chargeur connu et celui d'exportateur agréé, avec l'autorisation
OEA (opérateur économique agréé) en vue.
Or, le Guide de l'auditeur OEA dans son annexe 24
fait explicitement référence à certaines sections de la
norme ISO 9001 comme outil à destination tant de l'auditeur que de
l'opérateur pour la conduite de l'audit et l'amélioration des
procédures internes. J'ai donc décidé d'étudier de
plus près les liens qui existent entre ces deux normes afin de savoir si
et comment elles se nourrissent l'une l'autre et quel avantage peut y trouver
l'entreprise.
En conséquence, notre plan sera le suivant : dans une
première partie, nous étudierons l'autorisation OEA et la norme
ISO et puis, dans une seconde, en quoi a consisté ma mission et quels
furent mes apports, avant de conclure par quelques propositions.
3 Guide de bonnes pratiques
pour les contrôles internes, la déontologie et la
conformité de l'OCDE
4 Annexe 10
Mémoire de Stage CARDON-Pfeiffer Vacuum Page 13
PREMIERE PARTIE
AUTORISATION OEA ET NORME ISO
CHAPITRE I- L'AUTORISATION OEA
Nous nous intéresserons d'abord aux origines de
l'autorisation OEA (section 1) avant d'en examiner le contenu plus en
détail (section 2).
Section 1 : Les Origines de l'OEA
§1. Un contexte historique particulier
Après les attentats du 11 septembre 2001, les douanes
américaines ont adopté le programme C-TPAT qui met en place un
partenariat entre les douanes américaines et les opérateurs
commerciaux internationaux par lequel les entreprises qui souhaitent exporter
vers les Etats-Unis s'engagent à appliquer une série de mesures
de sécurité maximale tout au long de leur chaîne
logistique.
L'OMD, dans ses normes SAFE (2005), préconisa
d'octroyer le statut d'OEA à des entreprises qui répondent aux
exigences de sécurité et dont le fret est jugé à
faible risque. Elle définit l'OEA comme « une partie intervenant
dans le mouvement international de marchandises à quelque titre que ce
soit et qui a été reconnue par ou au nom d'une administration
nationale des douanes comme respectant les normes de l'OMD ou des normes
équivalentes en matière de sécurité de la
chaîne logistique »5.
Sur la base des informations fournies par les Membres de
l'OMD, l'édition 2018 du Recueil sur les OEA montre les résultats
suivants :
5 Guide de l'Auditeur OEA,
OMD, page I/4
Mémoire de Stage CARDON-Pfeiffer Vacuum Page 14
? 77 programmes d'OEA sont en place dans le monde et 17
programmes d'OEA sont en cours d'élaboration.
? 57 ARM (accords de reconnaissance mutuelle) ont
été conclus, 35 ARM sont en cours de négociation et des
pourparlers concernant 4 ARM multilatéraux ont également
été entamés.
? 31 programmes de conformité douanière sont en
place et 2 autres programmes de conformité devraient bientôt
être déployés.6
C'est dans cette perspective que l'Union Européenne a
adopté le Règlement n°648/2005 dit « amendement
sécuritaire au Code des Douanes »7 puis le
Règlement n°1875/2006 définissant le statut
d'Opérateur Economique Agréé8 qui reprend le
cadre du programme SAFE.
Ces règlements établissent clairement le statut
d'OEA comme « clef d'entrée » du CDU9 et
prévoient trois types d'OEA désormais appelés «
autorisations » :
o simplifications douanières (OEA-C) ;
o sécurité/sûreté (OEA-S) ;
o simplifications douanières et sécurité/
sûreté (dit autorisation combinée ou OEA-F).
En parallèle, les administrations douanières
négocient des accords de reconnaissance mutuelle10 afin que
chacune reconnaisse les programmes OEA des autres. Cela permet aux entreprises
bénéficiaires d'obtenir des avantages identiques ou comparables
à ceux octroyés à des entreprises participant à un
autre programme d'OEA.
6 Recueil sur les programmes d'OEA, OMD, édition 2018
(Annexe 7)
7 Règlement (CE) NO 648/2005 du Parlement
européen et du Conseil du 13 avril 2005 modifiant le règlement
(CEE) no 2913/92 du Conseil établissant le code des douanes
communautaire dit amendement sécuritaire au Code des Douanes.
8 Règlement (CE) n 1875/2006 de la Commission du 18
décembre 2006 modifiant le règlement (CEE) n° 2454/93 fixant
certaines dispositions d'application du règlement (CEE) n° 2913/92 du
Conseil établissant le code des douanes communautaire et
définissant le statut d'Opérateur Economique
Agréé.
9 Règlement (UE) No 952/2013 du Parlement
européen et du Conseil du 9 octobre 2013 établissant le Code des
Douanes de l'Union, JOUE, 10 octobre 2013
10 Reconnaissance mutuelle des OEA, Guide stratégique
Recueil sur les programmes d'OEA, OMD, édition 2018
Mémoire de Stage CARDON-Pfeiffer Vacuum Page 15
§2. Au niveau des échanges internationaux et des
procédures de qualité dans les entreprises
Avant la création du programme OEA, les
procédures douanières étaient les mêmes pour tous
les opérateurs. Aucun accord de reconnaissance mutuelle ne liait les
administrations douanières et chaque opération d'import/export
était traitée de manière similaire, sans distinction selon
les opérateurs, ce qui débouchait sur une lourdeur au niveau des
contrôles douaniers physiques et documentaires, ainsi qu'un traitement
complexe des informations dans le cadre des déclarations sommaires
d'entrée (DSE) et déclarations de sorties.
Or, du fait de la complexification des flux et du besoin
croissant de sécurisation du commerce international, les administrations
doivent pouvoir se concentrer sur les vrais enjeux en termes de
sécurité et conformité.
En matière de procédures internes, seules les
normes ISO 9001 ou « Principes de management de qualité »
faisaient figure de référence.
|