E. PESCHAUD
Cet élargissement volontaire et
sémantique297 vers les bibliothèques et
médiathèques peut bousculer l'idée que les tiers-lieux
culturels se voulaient éphémères, notamment lorsqu'il
s'agit d'occupation temporaire d'espaces vacants dans la ville298.
Cette interrogation est à poser sûrement à la naissance du
projet, sur le modèle (économique), qui sera mis en place. Ainsi,
certains lieux prédisposés à être
éphémères se voient pérennisés tant leur
impact sur le territoire et sur les usagers est important299 ; a
contrario, d'autres resteront dans une logique d'urbanisme
transitoire300. Bien que la recherche n'ait pas porté sur ce
type de tiers-lieux culturels, l'éphémère et le
pérenne peuvent se croiser dans les tiers-lieux culturels lorsqu'il
s'agit d'évènements : « de nouveaux lieux culturels
évènementiels et éphémères se sont
développés au coeur des villes ces dernières années
»301 . L'exemple le plus pertinent reste celui de La FabricA,
à Avignon302.
L'hypothèse selon laquelle le tiers-lieu culturel est
un outil de territoire est vérifiée, particulièrement si
l'on se place du point de vue des pouvoirs publics. En effet, ils peuvent
offrir à certains territoires l'opportunité d'être «
résilients » et ainsi « réussir leur transition
numérique »303 par exemple ; « [...] attirer la
curiosité des pouvoirs publics qui voient dans ces objets hybrides des
outils de développement des territoires »304.
Comme cela est exposé en introduction, le tiers-lieu
culturel est à la fois un espace (physique ou virtuel), un concept et un
modèle. Comme tout modèle et concept, des limites peuvent lui
être attribuées. L'un des risques que pointe R. BESSON concerne
les « promesses » faites par ces espaces hybrides et la «
réalité » de terrain305, puisque leur ambition
est « immense » : « et par conséquent vouée
à l'échec ». R. BESSON mobilise ici l'exemple de
l'Université. L'Université reste dans « des logiques de
diffusion de connaissances scientifiques », sans être un lieu de
dialogue entre scientifiques et citoyens. Elle reste un lieu d'entre soi, entre
les chercheurs enseignants et les étudiants. Or, comme cela a
été dit, le tiers-lieu (culturel et non culturel) cherche
à s'ouvrir à la société civile.
populations à s'adapter culturellement à la grande
transformation écologique et numérique. » Le tiers lieu,
objet transitionnel pour un monde en transformation, C. LIEFOOGHE
297 Tiers- lieux culturels, refonte d'un modèle ou
stratégie d'étiquette ?, A. IDELON
298 Partie 1
299 Annexe 18 : entretien B. RIDOUX « Les élus
veulent un projet pérenne » / déménagement de La
Quincaillerie vers une friche commerciale qui a été
achetée par la Communauté d'Agglo (1000m2 avec une
« vraie » salle de concert, une salle de spectacle vivant (jauge de
80 personnes assises ou 150 debout, un FabLab en deux parties, un bar
associatif) avec comme intention de « faire évoluer les modules
»
300 Cas de L'Aérosol (annexe 5 : liste des projets
d'urbanisme transitoire de SNCF Immobilier)
301 Les tiers- lieux culturels - Chronique d'un échec
annoncé, R. BESSON
302 La FabricA, un rêve nécessaire,
Entretien avec P. RODIN, propos recueillis par J.-P. SAEZ
303 Le tiers- lieu, objet transitionnel pour un monde en
transformation C. LIEFOOGHE
304 IBID
305 Supra 301
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Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
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