E. PESCHAUD
Chapitre 8 : (...) Pour ensuite
s'accorder autour de partenariats, de réseau(x), d'objectifs communs
(...)
Dans l'optique de mettre en pratique toutes ces pistes de
nouveautés et d'aboutir à « réinventer les modes
traditionnels d'intervention des collectivités »221, il
est nécessaire pour les acteurs de tous bords, de trouver des axes
communs d'intervention. S'accorder signifie ne pas « nuire au
caractère ascendant » des tiers-lieux culturels citoyens et
signifie élaborer des politiques de soutien aux projets. En effet, un
poids trop important de l'acteur public peut « compromettre la
neutralité politique (au sens politicien) du projet
»222.
Les tiers-lieux culturels à portage public peuvent
devenir des services à part entière, sans tomber dans
l'externalisation des missions de service public. C'est le cas de La
Quincaillerie223. Les salariés du tiers-lieu travaillent pour
le développement territorial et pour l'animation numérique du
territoire, sur l'appui de laboratoire224. Les pouvoirs publics
peuvent émettre le souhait de se doter d'un tel lieu, comme la Friche
Belle de Mai (Marseille), le subventionner mais sans gérer le
fonctionnement, à la différence du Centquatre225. A
l'inverse, des porteurs de projets issus de la société civile ont
la possibilité d'aller à la rencontre des élus locaux pour
proposer un projet culturel, comme Archipel 21.
La coopération entre acteurs et la mutualisation de
ressources est nécessaire pour qu'un tiers-lieu culturel
équilibré s'épanouisse. Ainsi, les
établissements de la lecture publique, dénomination sous laquelle
sont regroupées principalement les médiathèques et les
bibliothèques226, se voient « métissés par
de nouveaux services et irrigués par l'apport de nouvelles
compétences »227, comme l'accompagnement vers
l'insertion numérique. Les médiathèques et
bibliothèques répondent bien à la définition de
tiers-lieu, bien qu'OLDENBURG ne les mentionne pas directement (en revanche, le
sociologue R. PUTMAN le fait)228. Pour aller plus loin, on peut
ajouter que la lecture publique entrerait davantage dans la notion de
tiers-lieu que d'autres sites, si l'on se réfère à
l'article Les bibliothèques, des troisièmes lieux culturels
à forte valeur humaine ajoutée de M. SERVET229.
Les bibliothèques et médiathèques proposent aujourd'hui de
nouvelles « fonctionnalités »230 à leurs
usagers mais aussi avec leurs usagers. Ainsi, nous prendrons ici l'exemple de
la fracture numérique et de l'accompagnement des usagers vers la
maîtrise informatique. Cet apprentissage de l'informatique
221 Les laboratoires citoyens madrilènes : la fabrique
des « communs urbains », R. BESSON
222 Supra 218
223 Annexe 6 : services proposés à La Quincaillerie
de Guéret
224 Annexe 18 : entretien B. RIDOUX
225 Partie 2
226 Bien sûr, il existe des établissements de la
lecture publique qui sont associatifs, mais nous choisissons de
considérer ici les établissements à gestion publique
uniquement.
227 Les bibliothèques, des troisièmes lieux
culturels à forte valeur humaine ajoutée, M. SERVET
228 IBID
229 Observatoire des politiques culturelles, N°52
230 Supra 208
47
Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
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