E. PESCHAUD
autonomes pour émettre une critique de la
société. Ces tiers-lieux sont aussi un moyen de
réintégrer leur environnement en côtoyant les des
populations, qui peuvent alors à leur tour exprimer leur propre culture.
Ce phénomène de nouveaux lieux touche à la fois l'espace
urbain et l'espace rural.
Afin de poursuivre cette étude des tiers-lieux
culturels et leur aspect d'outil à la démocratisation culturelle,
des choix dans la définition de notre objet d'étude ont dû
être effectués. Ainsi, A. IDELON19 restreint sa liste
des lieux pouvant être qualifiés de tiers-lieux culturels,
à la différence de « faux amis »20 : «
[...] ateliers, résidences, squats d'artistes, friches culturelles,
lieux intermédiaires et `nouveaux territoires de l'art' » , «
ni galerie, ni musée, mi espace de création, mi lieu de
diffusion, ces espaces hybrides peuvent emprunter les traits
caractéristiques des tiers-lieux sans en être pour autant
»21. Cependant, R. BESSON22 considère que les
friches peuvent être intégrées dans la catégorie des
tiers-lieux23. A cela peut s'ajouter la citation d'A.
BURRET24 dans Tiers lieux et plus si affinités
(2015) : « [...] être plus précis serait prendre le
risque d'exclure », ainsi qu'une référence à l'ancien
Tiers-Monde qui regroupait des éléments
hétérogènes sous un tout25. Cette autre
remarque de R. BESSON est à noter : « leur
spécificité réside dans leur capacité à les
articuler et à intégrer les trois dimensions essentielles de
l'innovation : la dimension spatiale des coworking spaces, la dimension
sociétale des Living Labs et la dimension productive des Fab Labs
»26. Deux conditions sont requises, toujours selon R. BESSON :
la communication et le travail coopératif entre les membres du
tiers-lieu, mais aussi vers l'extérieur (d'autres tiers-lieux), afin de
stimuler les interactions sociales et l'interrogation de la
production27 (« le processus prime sur le résultat
»28). Le choix est donc arrêté de
considérer comme des tiers-lieux l'ensemble des lieux hybrides, nouveaux
et innovants, hors des modèles institutionnels ou classiques. Ce choix
pourra être contredit/discuté lorsque la recherche des sciences
humaines sur cet objet aura avancé.
19 Co-fondateur du collectif curatorial BLBC à
Manchester, Arnaud IDELON travaille auprès de nombreux tiers-lieux
culturels du Grand Paris (Station-Gare des Mines, le 6b, DOC...). Il a
fondé Ancoats, coopérative d'entrepreneurs culturels et de
consultants en fundraising, afin d'accompagner des tiers-lieux dans leur
développement économique.
20 Tiers- lieu : enquête sur un objet encore
bien flou (1/2), A. IDELON
21 IBID
22 Expert en socio-économie urbaine et docteur
en sciences du territoire (laboratoire PACTE, université de Grenoble).
En 2013, il fonde "Villes Innovations", un bureau d1études
localisé à Madrid et Grenoble, spécialisé sur les
thématiques des villes innovantes et créatives et des Tiers-
Lieux. Rattaché au laboratoire PACTE, ses travaux de recherche portent
sur les stratégies d'innovation urbaine, les politiques
socioéconomiques et culturelles.
23 Annexe 16 : entretien avec R. BESSON
24 Doctorant en socio-anthropologie et l'un des
créateurs de la Poc Foundation et de Movilab
25 Tiers- lieux et plus si affinités,
A. BURRET, p.73
26 Les tiers-lieux, une notion à
expérimenter et co-construire, R. BESSON
27 IBID
28 Pratiques artistiques en renouvellement,
nouveaux lieux culturels, Y. PADILLA
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Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
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