E. PESCHAUD
Les pouvoirs publics ont pris conscience de
l'hétérogénéité de la répartition des
établissements culturels sur le territoire français
(métropole et territoires ultramarins), mais aussi de la
répartition de l'argent consacré par citoyen pour la culture :
« en Île-de-France, le ministère de la Culture dépense
10 fois plus qu'en région soit 139 euros par habitant et par an contre
15 euros par habitant et par an hors Île-de-France »157.
L'inégalité de la répartition est souvent liée
à l'inégalité des ressources des territoires en termes de
financements consacrés à la compétence culture
principalement. Par exemple, la Région Île-de-France lance durant
l'été 2018 un appel à projet pour le développement
de tiers-lieux en zone francilienne, suite au constat du manque
d'égalité entre la capitale, la petite couronne et la grande
couronne158. Les zones politiques de la ville tendent aussi à
subir les inégalités de développement de lieux culturels
et de tiers-lieux, malgré la volonté d'implanter des Micro Folies
dans ces territoires.
Mettre en place de nouveaux lieux culturels (diffusion et
création) est une solution potentielle pour les territoires, notamment
ruraux, qui sont en déperdition de dynamisme culturel : « ils [les
tiers-lieux] renforcent l'attractivité du territoire auprès de
certaines catégories d'actifs, ce qui pourra se traduire indirectement
par une contribution au maintien d'équipements et de services publics
(exemple : l'ouverture de classes) »159 ; « Ils
apparaissent comme des points névralgiques pour (ré)activer les
ressources des territoires ruraux et ancrer de nouvelles formes d'innovation et
de développement, en dehors des contextes métropolitains. Plus
fondamentalement, les tiers-lieux sont conçus par les pouvoirs publics
comme de nouveaux outils au service de la régénération des
territoires de faible densité (CGET 2015) »160. Pour les
institutions, ces tiers-lieux culturels permettent de diffuser la culture,
d'évoluer dans leurs formes. De plus, les lieux de la lecture publique,
médiathèques et bibliothèques, sont aussi des tiers-lieux
culturels, voire troisièmes lieux, qui sont les plus
institutionnalisés et qui peinent encore à produire leurs propres
contenus culturels (bien que certains établissements tentent d'aller
au-delà de la simple diffusion d'information). Les tiers-lieux culturels
offrent l'idée d'être des espaces avec des moyens de diffusion de
la culture, peut-être celle considérée comme la
culture diffusable.
Les tiers-lieux, et notamment les tiers-lieux culturels, sont
des lieux hybrides. Cet aspect hybride se traduit souvent par la
transversalité des projets, la pluridisciplinarité, la
présence de plusieurs modules. Pour le cas des lieux institutionnels,
s'ajoute la transversalité des ministères porteurs de politiques
différentes161 qui peuvent se retrouver dans les tiers-lieux
culturels. Ainsi, les Micro Folies sont
157 Plan Culture près de chez vous OEuvres et artistes
sur les routes de France, Ministère de la Culture
158 « De plus, le déséquilibre dans la
répartition géographique des tiers-lieux se traduit par une
inégalité d'accès à cette offre. » Appel
à projet de la région Île-de-France
159 Le tiers lieu en territoire rural : un lieu unique aux
impacts multiples, S. PLION, V. LECOMPTE
160 La régénération des territoires
ruraux par les tiers lieux. Le cas des tiers lieux creusois, R. BESSON
161Pratiques artistiques en renouvellement, nouveaux lieux
culturels, Y. PADILLA : « l'hybridation passe aussi par la
transversalité entre les politiques qui dépendent alors de
différents ministères ».
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Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
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