E. PESCHAUD
lieu culturel doit diffuser la culture qui peut sensibiliser
bien plus que les populations de la commune ; il faut potentiellement
être en capacité d'attirer des élites sur son
territoire.
Il est intéressant de savoir que les DOC des
collectivités territoriales intègrent la volonté de
développer un projet de tiers-lieu culturel sur leur territoire, lors de
la présentation aux acteurs de la politique culturelle de ces
collectivités153. La connectivité est un axe sur
lequel les politiques publiques peuvent s'appuyer afin de toucher le plus grand
nombre grâce au numérique. Un territoire éloigné de
Paris peut par exemple se vanter de posséder des oeuvres
remarquables grâce à la numérisation de ces
dernières. La culture numérique des tiers-lieux culturels
institutionnels devient alors un outil politique.
En résumé, la communication autour de la culture
permet de la rendre tangible pour le plus grand nombre, de toucher
différents publics selon les axes stratégiques de communication
choisis. Ces derniers se dirigent vers l'axe suivant : « donner
l'accès au plus grand nombre, à tous ». Evoquons ici
à nouveau l'exemple de La FabricA souhaitant s'ouvrir aux publics du
quartier dans lequel elle est implantée, l'intégration d'une
Micro Folie pour augmenter les jours et horaires d'ouverture.
La combinaison de l'upperground et du marketing territorial
autour des tiers-lieux culturels sont les faire-valoir de la lutte contre la
ségrégation culturelle. En effet, être gestionnaire de tels
lieux contribue à repenser le maillage du territoire en
équipements culturels publics.
153 Ou dans leur réseau d'équipements culturels
communautaires (24/05/18, Présentation officielle du Grand Pari
culturel de GPS&O aux acteurs culturels du territoire).
35
Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
E. PESCHAUD
Chapitre 6 : (...), quand enfin les
institutions s'emparent du tiers-lieu culturel pour lutter contre les zones
blanches culturelles et pour légitimer davantage les politiques
culturelles.
L'Etat et l'ensemble des pouvoirs publics semblent avoir pris
conscience de l'engouement autour des tiers-lieux culturels, des lieux hybrides
de diffusion, de création, d'apprentissage. Par conséquent, des
collectivités ont décidé de lancer des projets de
tiers-lieux culturels sur le territoire français (et même à
l'étranger) : les Micro Folies, le Centquatre et La FabricA notamment,
qui servent d'exemples concrets de tiers-lieux culturels institutionnels. Ces
deux lieux et réseau ont des modèles de projets
différents, tout comme les tiers-lieux culturels citoyens d'ailleurs.
Ainsi, les Micro Folies forment un concept de lieux accueillis par des communes
au sein d'un lieu culturel déjà existant (par exemple la Micro
Folie intégrée à la Médiathèque aux Mureaux)
; le Centquatre est un site ouvert toute l'année et la FabricA est une
sorte d'annexe du Festival d'Avignon qui rassemble les professionnels de la
culture et les citoyens. Ces deux établissements et ce réseau
sont sous gestion publique et possèdent des financements publics ; la
programmation culturelle dépend donc d'acteurs publics. Leur
activité tourne autour de la production, et de la diffusion (sauf pour
La FabricA), avec la volonté d'être des espaces conviviaux. Il
faut noter que ces deux lieux et ce concept, qui forment l'échantillon
(faible), ne mentionnent aucune fois le terme de laboratoire à
la différence d'autres tiers-lieux culturels avec divers modèles
de fonctionnement. En plus de cela, la médiation auprès des
publics ne semble pas être une priorité154. Ainsi, les
activités sont en direction des publics mais sans obligation de faire
avec les publics (au Centquatre les artistes citoyens viennent
librement s'exercer, peuvent louer des salles mais sans médiateurs du
site ; à La FabricA, ce sont surtout des artistes qui viennent
répéter en juillet, en vue de leurs prestations au festival
d'Avignon). Ces deux lieux et réseau se situent dans des zones urbaines
et périurbaines. Ils sont destinés à perdurer, ce qui
laisse suggérer que ce sont des investissements territoriaux et non des
lieux de transition155. Etant subventionnés, ces tiers-lieux
culturels institutionnels obtiennent peut-être plus facilement les moyens
financiers de développer des activités autour du
numérique, avec notamment des Fablabs (Micro Folies, qui ont en plus de
cela un musée numérique dans leurs modules, et La FabricA par
conséquent) ; le Centquatre organise une conférence sur le
numérique Le Rendez-Vous des métiers du numérique
en novembre 2018. Il y a donc une volonté de créer des lieux
attractifs, qui peuvent toucher une grande partie de la population grâce
au numérique, malgré l'existence de la fracture
numérique156. Cela se traduit par une volonté de
donner accès aux nouvelles technologies à tous, de familiariser
les publics à ces outils du numérique.
154 Partie 2 : choix de la Médiathèque aux Mureaux
comme tiers-lieu équilibré - Annexe 19 : entretien avec M. ROBERT
- Annexe 28 : tableau B3
155 Partie 3, urbanisme transitoire
156 Partie 3
36
Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
|