E. PESCHAUD
Durant plusieurs années, la compétence Culture
était rattachée au Ministère de la Culture et de la
Communication, de 1997 à 2017. Ainsi, les institutions porteuses de
projets culturels souhaitent communiquer autour de leurs
évènements ; la communication évènementielle est
l'une des stratégies du marketing territorial. Plus la communication
touche des populations, parfois à un échelon plus large que le
territoire, plus on comptabilise des personnes sensibles à la culture
proposée. On comprend donc que la communication autour des tiers-lieux
culturels se fait à large échelle et doit rayonner, sans toucher
uniquement des publics spécifiques puisque dans le cas du marketing
culturel et des tiers-lieux culturels, l'objectif est d'attirer le plus de
personnes possibles venant de tous horizons.
La culture peut parfois, de manière superficielle,
donner l'impression d'être dans l'air du temps. Ainsi, les
tiers-lieux culturels institutionnels souhaitent probablement attirer les
publics les plus influents. C'est le cas du Centquatre, qui d'ailleurs a connu
des crises et polémiques en raison du manque de fréquentation du
lieu durant la première direction. Le vernissage150 d'une
exposition semble être un lieu de rendez-vous pour « être vu
et pour voir » pour certaines catégories sociales ; en revanche, ce
n'est visiblement pas le lieu de rendez-vous des personnes habitantes du
quartier. De plus, la carte du restaurant par exemple propose des menus
très attrayants avec une cuisine à la mode.
Accueillir un lieu nouveau et culturel comme un tiers-lieu
implique plusieurs aspects, toujours liés au marketing territorial :
« [...] lorsque le projet est porté par un acteur public, le choix
du lieu `totem', sa localisation et son apparence répondent à des
enjeux de développement et d'attractivité territoriale,
d'aménagement, voire de marketing territorial »151.
Ainsi donc, l'ancrage territorial du tiers-lieu est déterminant ;
celui-ci doit être en capacité d'être accueilli par le
territoire (ici, à petite échelle) et doit vivre pour que le
projet ne soit pas un échec. Un échec de tiers-lieu culturel
pourrait communiquer sur l'idée que les politiques publiques n'ont pas
su appréhender les demandes et attentes des populations dans lequel le
tiers-lieu culturel a été monté. Il faut pour cela que le
lieu puisse attirer ; sans doute cela passe-t-il par des démarches de
diagnostic territorial, avec un questionnement sur les habitudes culturelles
des habitants, leurs besoins en termes de culture etc.
Les acteurs publics sont aujourd'hui conscients de ce que peut
être pour leur territoire l'implantation d'un tiers-lieu culturel :
« [...] c'est tout aussi valorisant pour une commune de pouvoir se
prévaloir de posséder ce type de structure »152.
Cette réponse provient d'une élue questionnée sur la
motivation d'avoir un tel lieu sur son territoire. Des communes, comme
Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), pâtissent parfois d'une image de
mauvaise presse, ce qui tend à empêcher des personnes
extérieures à la commune à se rendre sur place. C'est un
manque économique potentiel. Ainsi, le tiers-lieu culturel peut devenir
une source d'attractivité et sur le long terme, une manne
économique. Pour cela, le tiers-
150 Annexe 22 : visite de terrain `personnelle' lors d'un
vernissage d'exposition
151 Le tiers lieu en territoire rural : un lieu unique aux
impacts multiples, S. PLION, V. LECOMPTE
152 Annexe 15 : entretien L. KHARAJA
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Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
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