Les tiers-lieux culturels, un outil pour la démocratisation culturelle ? Démarche comparative( Télécharger le fichier original )par Emeline PESCHAUD Université de Cergy-Pontoise - Master 2 Développement culturel et Valorisation des patrimoines 2017 |
E. PESCHAUDpeuvent mettre en oeuvre des programmes d'action concertés pour l'accès aux pratiques sportives et culturelles. Au titre de leur mission de service public, les établissements culturels financés par l'Etat s'engagent à lutter contre les exclusions ». Pour cela, A. MALRAUX a imposé trois objectifs à son Ministère des Affaires culturelles : la démocratisation, la diffusion et la création138. Après avoir pris connaissance des présentations officielles de chacune des Micro Folies, on se rend compte que la diffusion est davantage mise en avant par rapport à la création, et même à l'innovation et l'expérimentation. On peut ici mobiliser un autre exemple de tiers-lieu institutionnel, le Centquatre139 à Paris. Ce « laboratoire artistique » est situé sur les anciennes pompes funèbres de Paris, rue d'Aubervilliers. En 1998, le site cesse toutes ses activités industrielles autour des pompes funèbres (menuiserie pour les cercueils, peintres, couturiers etc.). De 1998 à 2004, le bâtiment de quelques 39 000 m2 et inscrit aux monuments historiques, n'est plus occupé. En 2004, la Mairie de Paris lance un appel à projet afin de trouver une équipe de direction du lieu, un lieu culturel dépassant son passé lié à la mort. En 2009, une fois les travaux terminés et après son inauguration, l'objectif principal est le suivant, pour ce nouveau Centquatre : « créer un foisonnement et démocratiser la culture. Plus qu'un simple lieu de rencontres artistiques, le Centquatre a pour objet l'insertion sociale à travers l'art »140. Il est aujourd'hui pensé comme une plateforme artistique collaborative, qui met en contact le public avec l'oeuvre et la création, en observant des artistes s'exercer dans les halles. Le Centquatre possède une sorte de module appelé 104Factory, qui s'avère être une pépinière d'entreprises. On note aussi la présence d'une maison pour les petits. Ce lieu est aujourd'hui qualifié de fabrique innovante tant du point de vue de la culture que de l'art. La direction, sous J.-M. GONCALVES, souhaite également mettre en avant l'expérimentation autour de la culture et de l'art. Il y a, selon le site officiel, une réelle volonté de travailler avec le tissu associatif présent autour du site. En se rendant au Centquatre, il est possible de se restaurer, de visiter des expositions, de participer à des activités de bien-être, de se rendre à des concerts etc. Les artistes résidents peuvent aussi créer du contact avec le public en ouvrant les portes de leurs ateliers et « montrer le cheminement de l'art »141. Au contraire des Micro Folies, la création libre est fortement présente au Centquatre. Cependant, les lieux d'expositions restent tout à fait semblables à des lieux de diffusion classiques142. Et concernant la pratique dans les halles, les artistes expérimentent, mais le spectateur reste toujours un spectateur passif et n'a pas de contact avec ces performeurs, il n'y a pas non plus de médiation autour de ces pratiques artistiques visibles par tous. Le Centquatre met en avant l'expérimentation grâce à l'accès libre pour les artistes amateurs de s'exercer dans les halles ou bien encore de louer des salles de répétition. De plus, le 138 Les politiques culturelles d'André MALRAUX à Jack LAND : ruptures et continuités, histoire d'une modernisation, A. GIRARD 139 Parfois orthographié « 104 ». 140 Ce qu'il faut savoir sur le 104, L. BEAUDONNET 141 http://www.104.fr/presentation.html 142 Annexe 16 : visite de terrain `personnelle' lors d'un vernissage d'exposition 30 Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation culturelle ? |
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