Les tiers-lieux culturels, un outil pour la démocratisation culturelle ? Démarche comparative( Télécharger le fichier original )par Emeline PESCHAUD Université de Cergy-Pontoise - Master 2 Développement culturel et Valorisation des patrimoines 2017 |
E. PESCHAUDsociaux ne se reconnaissent pas dans les manifestations culturelles125 organisées par les collectivités. Le fait d'appartenir à la classe populaire, par opposition ici aux classes supérieures, peut paraître pour les non-publics une des raisons les empêchant de participer à des manifestations culturelles mises en place par leur commune par exemple. Les populations ne se sentent ni intégrées ni le récepteur de la culture. En 2008, le Ministère en charge de la Culture a mené une enquête quant à la fréquentation des classes plutôt populaires (notamment ouvrières) vers des lieux culturels classiques (salles de concert pour de la musique classique, musées, monuments historiques...) et a constaté qu'en 2008, ils étaient 65% contre 54% en 1973126 à ne pas fréquenter ce type de lieux. L'un des facteurs de cette baisse de la fréquentation est la hausse des inégalités économiques entre les classes, qui induit un poids des dépenses `obligatoires' du type logement, alimentation, charges, plus important dans le budget des classes les plus populaires et qui réduit par conséquent la part du budget consacrée aux loisirs et à la culture. En somme, le manque de fréquentation des lieux qui diffusent la haute culture peut s'expliquer par plusieurs raisons : raisons physiques (personnes handicapées), raisons économiques (coûts trop élevés et manque de moyens) et raisons sociales (pas de mélange des classes). Conscient de cette réticence à aller vers la culture et ses lieux de diffusion classiques, l'Etat a mis en place depuis janvier 2017 le concept de la Micro Folie. Sa prise de conscience le conduit à mener des activités différentes et ailleurs que dans des lieux culturels classiques, afin que « rentrer dans un musée, dans un opéra devienne quelque chose de banal »127. Il en existe actuellement sept (dont une en Turquie et une en Birmanie) ; environ deux cents nouvelles devraient être créées durant l'année 2018128. L'accueil d'une Micro Folie sur un territoire est à la charge de l'Etat et de la commune accueillante. Le principe de la Micro Folie est simple : il s'agit d'un « musée numérique de proximité », à des fins de « démocratie culturelle129 et d'accès ludique aux oeuvres des plus grands musées nationaux »130. L'ensemble des Micro Folies implantées constitue un « projet global »131, en partenariat avec des établissements culturels prestigieux, des « grands opérateurs du Ministère de la Culture (...) »132 : Musée du Louvre, Centre Pompidou, Musée du Quai Branly-Jacques-Chirac, Festival d'Avignon, Institut du Monde Arabe, Musée d'Orsay, Opéra national de Paris, Musée Picasso, Château de Versailles, Philharmonie de Paris, RNM Grand Palais, Cité des Sciences. Les Micro Folies sont pilotées par La Villette de Paris. La Villette est un parc parisien situé sur d'anciens abattoirs dans le 19ème arrondissement. Les Micro Folies se sont inspirées du style architectural du parc, créé par B. TSCHUMI dans les années 1980. La programmation du parc se veut 125 Annexe 17 : entretien J. LECORBEILLER : « Il faut amener des choses de la culture des gens, s'adapter à la demande. Les gens viennent voir leur culture ». 126 Culture de masse ou cultures de classes ?, N. DUTENT 127 Le CESE a adopté son avis sur la démocratie culturelle 128 Les Micro-folies, musées numériques de proximité : déploiement national, culture.gouv.fr 129 Sur le site Internet des Micro Folies, on y parle plutôt de « démocratisation culturelle » 130 Les Micro-folies, musées numériques de proximité : déploiement national, culture.gouv.fr 131 http://www.micro-folies.com/les-micro-folies/ 132 « [...] et rappelle ainsi leur dimension nationale » http://www.micro-folies.com/les-micro-folies/ 28 Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation culturelle ? |
|