E. PESCHAUD
processus d'institutionnalisation118. Les
différents tiers-lieux culturels qui seront ici évoqués
sont : le concept des Micro Folies (réseau), La FabricA à Avignon
et le Centquatre à Paris.
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118 La démocratie culturelle : un autre modèle
de politique culturelle, A. CHATZIMANASSIS
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Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
E. PESCHAUD
Chapitre 4 : Le tiers-lieu culturel
institutionnel : quand l'institution montre au citoyen
(...)
Le Ministère de la Culture119, à sa
naissance en 1959, sous le nom de Ministère des Affaires Culturelles,
sous A. MALRAUX, s'est octroyé comme mission la démocratisation
culturelle, c'est-à-dire « [...] rendre accessibles les oeuvres
capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre
possible de Français ; d'assurer la plus vaste audience à son
patrimoine culturel ; de favoriser la création des oeuvres de l'art et
de l'esprit qui l'enrichissent ».
Par cette définition, on peut supposer que le «
plus grand nombre possible de Français » comprend les
Français se rendant volontiers sur ces lieux de culture mais
également les Français qui n'y vont pas. On parle alors de
publics empêchés, de non-public et de
non-initiés, pour les personnes qui ne se déplacent pas
vers les lieux dédiés à la culture. Les premiers publics
sont les personnes handicapées, hospitalisées et
emprisonnées. Les deux autres catégories sont les personnes qui
subissent voire même s'imposent d'elles-mêmes une barrière
symbolique : « On peut donc supposer que les « freins », les
obstacles trouvent en partie leur origine dans les représentations de la
culture que construisent les acteurs sociaux »120 . Cette
barrière peut s'expliquer par une certaine appréhension entre soi
et la culture savante, la haute culture. Cette dernière peut
être liée à l'idée d'élitisme. Par
élitisme, on entend l'idée qu'un groupe social est mis en avant
du point de la politique ou ici, de la culture, au détriment d'autres
groupes pouvant appartenir à la classe populaire et à la culture
de masse. Il existerait dans le monde de la culture une hiérarchie des
cultures121 qui tend à muter avec une fois encore,
l'intervention du numérique dans les pratiques culturelles. Il y aurait
une dichotomie entre la haute culture et la basse culture, notamment dans les
sociétés des pays industrialisés comme la France. Chacune
de ces cultures a ses propres valeurs, même si l'existence de
modèle d'opposition semble être aujourd'hui
dépassée122. La démocratisation culturelle
serait le processus qui fonctionne pour ces sphères sociales en
capacité de recevoir cette culture, mais pas de facto l'ensemble de la
population123. La posture des institutions classiques semble
être la culture pour tous et non la culture avec tous, comme le
préconise la démocratie culturelle124.
L'une des raisons évoquées à propos de la
non `participation à la vie culturelle', serait la suivante, si on
mobilise l'exemple des populations immigrées ou des enfants
d'immigrés : tous les groupes
119 Anciennement le Ministère des Affaires Culturelles
120 Le non-public et la culture, Une étude de cas en
banlieue, C. GHEBAUR
121 Peut-on encore distinguer haute culture et basse culture
?, Q. MATARO
122 IBID
123 Le CESE a adopté son avis sur la démocratie
culturelle
124 IBID
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Les tiers-lieux culturels, outils de la démocratisation
culturelle ?
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