Conclusion
Les sources permettent de reconstituer une histoire,
principalement collective, de la Congrégation de Notre-Dame, rue
Neuve-Saint-Etienne-du-Mont à Paris durant la Révolution. Dans un
premier temps, les religieuses continuent à vivre en communauté
dans leur couvent mais elles sont obligées d'ouvrir leur porte à
des visiteurs municipaux. Elles doivent également déclarer leurs
biens et surtout, elles reçoivent de nouvelles lois qui leur permettent,
entre autres, de faire le choix de quitter le couvent. Les sources
décrivent surtout les difficultés financières auxquelles
elles font face après la nationalisation des biens du clergé. Les
documents permettent aussi d'observer que si les religieuses se plient aux
différentes visites et demandes, elles peuvent résister au
changement de façon passive en maintenant leurs pratiques
électives telles qu'elles ont toujours été.
D'autre part, on observe que, face à la liberté
de quitter le couvent, malgré deux départs et quelques
hésitations liées aux événements, les religieuses
souhaitent en majorité conserver leur mode de vie en communauté
dans leur monastère. Elles sont pourtant forcées de le quitter
à l'automne 1792 et la trajectoire de nombreuses religieuses nous est
inconnue à partir de cette date. Un petit groupe se reforme cependant
à Rungis et c'est donc encore par le biais collectif que leur histoire
nous parvient car les regroupements illégaux d'ex-religieuses font
l'objet d'une surveillance accrue jusqu'à l'été 1794 ce
qui met en évidence une résistance au changement et surtout une
volonté de conserver le mode de vie qu'elles avaient choisi.
Après cette date, cette surveillance se relâchant, il devient
difficile de constater cette résistance mais l'achat par la
supérieure Marie-Elisabeth-Cécile Pellier de bâtiments en
1807 pour y reformer son couvent atteste de la persistance de sa vocation et de
celle de ses compagnes durant cette période. De cette histoire
collective, les sources mettent en évidence les parcours individuels de
Marie-Elisabeth-Cécile Pellier, d'Anne-Victoire Pellier et de
Marie-Françoise-Honorée Morand mais les événements
et le contexte des interrogatoires imposent la prudence avant de conclure sur
leurs opinions par rapports à la Révolution car ses
dernières semblent surtout vouloir préserver la
tranquilité de leur vie.
Enfin, si c'est l'histoire collective qui nous permet de
reconstituer quelques trajectoires de ces religieuses, c'est l'histoire
singulière d'une figure de la Révolution, Manon Roland, qui
permet de retrouver l'histoire individuelle d'une soeur converse,
Angélique Boufflers alors que les trajectoires de ces converses sont
justement souvent peu documentées.
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