Conclusion
Les religieuses exercent donc des fonctions soumises à
élection et des fonctions d'officières pourvues par concertation
de la supérieure avec son conseil. Si les sources permettent
difficilement d'analyser ces dernières fonctions, les registres
d'élection permettent en revanche une analyse de l'attribution des plus
hautes charges au sein du couvent. Ces registres permettent d'affirmer qu'une
religieuse ne devient supérieure qu'après avoir acquis de
l'expérience au sein du conseil. D'autre part, après avoir
quitté ce poste, l'ancienne supérieure continue à exercer
au sein du conseil, ainsi, elle fait profiter de son expérience qu'elle
peut transmettre.
L'étude des liens familiaux entre les religieuses
permet d'observer l'influence d'au moins deux familles : la famille Ragot
durant la première moitié du XVIIIe siècle et
la famille Berain-Colasse durant la seconde moitié où des
religieuses issues de ces familles se succèdent au conseil. Ils
sembleraient que des religieuses parentes ne se retrouvent pas au conseil en
même temps.
Les registres des élections permettent
également d'identifier les exceptions aux règlements
imposées ou tolérées par les autorités
ecclésiastiques. L'archevêché accepte par exemple de
confirmer l'élection de nombreuses supérieures au-delà du
nombre maximum de mandats autorisés sans avoir imposé ce
maintien : une élection est toujours organisée et
l'autorité ecclésiastique semble respecter ce processus.
D'autre part, ces registres, croisés avec de rares
témoignages, permettent d'identifier quelques éléments qui
influencent les religieuses dans leurs choix. La correspondance de Madame
Roland met en avant les idées anticléricales des religieuses
avant les élections de 1775.
L'archevêché impose cependant une limitation
quand il n'approuve pas l'élection d'une religieuse janséniste au
poste d'intendante des classes. Dans ce cas, c'est la possibilité de
transmettre les idées jansénistes auprès des
élèves que les autorités sanctionnent plus
particulièrement. La présence d'une religieuse janséniste
permet de mettre en lumière un vote janséniste qui fluctue au
gré des événements extérieurs à la
clôture mais qui reste cependant minoritaire. D'autre par, le couvent
n'est touché que par un cas de refus de sacrements sans pour autant
aboutir a une refus de confession et d'enterrement en terre bénite. Le
couvent de la Congrégation de Notre-Dame à Paris est donc peu
touché par la crise janséniste.
Les religieuses de ce monastère, bien que
cloîtrées, exercent des activités utiles à la
société. Elles accueillent des femmes adultes dans des
appartements qu'elles leur louent. Ce sont souvent des femmes
âgées, isolées ou en mauvaise santé, des parentes
des religieuses ou des femmes que la situation familiale oblige à
trouver refuge, au moins momentanément, dans le couvent.
Le témoignage de Madame Roland est précieux
pour décrire l'activité éducatrice des religieuse et
l'organisation du pensionnat, elle témoigne aussi de l'existence de la
classe externe gratuite du couvent mais aucun document ne nous est parvenu
décrivant cette classe. Les archives permettent également de
constater une possible diminution de l'effectif du pensionnat des années
1760 aux années 1780.
Enfin, la longévité des religieuses
témoigne des bonnes conditions de vie de ces dernières dans un
couvent soucieux de préserver leur santé.
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