Conclusion
On observe donc dans le recrutement de la Congrégation
de Notre-Dame à Paris de nombreux points communs avec le recrutement
d'autres établissements religieux Tout d'abord, le couvent de la
Congrégation de Notre-Dame cherche à recruter des filles en bonne
santé et de bonne réputation. Son recrutement s'effectue dans un
premier temps parmi les anciennes pensionnaires du couvent. Ces
dernières peuvent être attirées par la vie religieuse
cloîtrée, elles pensent y trouver leur salut, une certaine
stabilité. D'autres peuvent également suivre l'exemple d'un
parent déjà religieux. Certaines vont imiter une tante ou une
soeur aînée déjà professe au couvent de la
Congrégation de Notre-Dame ou elles peuvent avoir été
inspirées par un oncle ou un frère séculier ou
régulier. Si la perte d'un parent peut expliquer l'entrée en
religion de certaines filles, cela ne semble cependant pas être dans une
proportion plus élevée que dans d'autres établissements
religieux. Le couvent peut cependant être un moyen pour les familles de
placer une fille issue d'un premier mariage et favoriser l'héritage ou
la dot d'une fille plus jeune ou pour y reléguer des orphelines. Dans ce
cas la vocation n'est plus choisie mais forcée. Enfin, les
décès d'un proche, mari ou enfant, ou la faillite provoquent
aussi des entrées en religion. La prise d'habit à la
Congrégation de Notre-Dame est légèrement plus tardive au
XVIIIe siècle qu'au XVIIe siècle, ce qui
rejoint ce qui est observé ailleurs durant cette période. En
revanche, le recrutement de la Congrégation de Notre-Dame ne semble pas
se tarir durant le XVIIIe siècle, excepté à la
veille de la Révolution, et le nombre des entrées en religion
semble combler les diminutions d'effectif afin que le nombre de religieuses
reste constant entre vingt et vingt-cinq religieuses de choeur. Le couvent
semble posséder un vivier important de postulantes qu'une
sélection par le monastère lui-même ou que les abandons
avant la profession réduisent. Cela constitue une originalité de
ce couvent par rapport au déclin de nombreux établissements
religieux aussi bien à Paris qu'en province. L'origine sociale des
religieuses pourrait expliquer cette constance de l'effectif. Les contrats de
profession en religion démontrent que le recrutement se fait
essentiellement dans le milieu des marchands, des artisans. On compte
également quelques procureurs. Ce milieu serait donc toujours au
XVIIIe siècle, le berceau de professions religieuses et les
familles considéreraient toujours les couvents comme convenable pour
leurs filles. Contrairement à de nombreux monastères, la
Congrégation de Notre-Dame semble recruter sans condition de richesse et
donc sans une dot minimum, ce qui ne l'empêche pas de convenir d'une
somme d'argent et d'une pension données au moment de la profession. Ces
dots sont de trois à quatre fois supérieures aux dots de mariage
des parentes des religieuses. D'autre part, l'étude du montant des dots
permet d'observer une hiérarchie au sein des catégories sociales
d'origine des professes. Cependant, cette hiérarchie ne semble pas
affecter celle établie par les religieuses au sein du couvent. Il
convient donc, dans un second temps, d'analyser les carrières des
religieuses afin de mettre en avant les mécanismes qui
établissent cette hiérarchie.
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