4.4 Fonction musculaire dans le rôle
d'amortisseur du pied
Soutenir le poids du corps est la fonction principale du pied.
La locomotion, la course, les sauts sont des fonctions secondaires. Afin de
pouvoir exercer ces actions, le pied doit être en mesure d'amortir les
contraintes qui s'exercent sur lui au cours de chaque activité. Au
moment de l'impact au sol, le pied d'appui reçoit en effet deux et demi
à trois fois le poids d corps.
Lors de la position debout, n'entre en action que les
structures passives et en premier lieu les squelettes osseux et fibreux,
à savoir les ligaments et l'aponévrose plantaire qui vont
absorber les contraintes grâce à leur architecture en arche. La
peau et les tissus mous interviennent également dans le support de ces
contraintes. L'ensemble des muscles décrits comme «
intrinsèques » présentent une activité nulle, mais
agissent de façon passive en accompagnant les structures ligamentaires
26 par deux mécanismes : leur tonus de repos qui va permettre
le maintien d'une tension et le maintien supplémentaire de la
voûte 27. Lors de la marche, les systèmes musculaires
intrinsèques et extrinsèques vont permettre un contrôle
dynamique. Kapandji & Judet (2009) 23 décrivent l'action
de la manière suivante : « lors de la prise de contact avec le sol,
la cheville sera en légère flexion, le talon est le point d'appui
du pied sur lequel vient s'appliquer la poussée de la jambe, suivie par
le reste du pied qui se déroule sur le sol. Les tissus de peau et de
graisse absorbent les premières contraintes, suivi par le calcaneum qui
agit comme un pivot et répartit les pressions sur le pied lors de son
déroulement. Les structures passives entre alors en jeu : la membrane
interosseuse de la jambe, les ligaments et le mouvement de divergence du talus
et du calcanéum limitent ces contraintes. Le muscle tibial
antérieur intervient par la suite afin de freiner la chute de
l'avant-pied sur le sol. Lorsque l'avant-pied touche le sol et que le poids du
corps est déporté vers l'avant, la voûte plantaire
s'écrase. Pour éviter cet écrasement ; un premier
phénomène d'amortissement intervient : les muscles plantaires, en
concordance avec le soutien des structures passives se contractent en
réponse à l'affaissement provoqué. Enfin, les muscles
extrinsèques et notamment le triceps sural se contractent pour
déclencher une impulsion motrice. Dans cette phase, la voûte
planaire est un levier inter-résistant, puisqu'elle est entre le point
d'appui au sol en avant, la force musculaire des extenseurs en arrière,
et le poids du corps au milieu. Afin de faire face à ces contraintes et
éviter qu'elle ne s'écrase à nouveau, il
FRESNEAU REDHA
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existe un deuxième effet d'amortissent au cours duquel
les muscles plantaires se contractent. Ils emmagasinent au cours de cette phase
une partie de la force du triceps qu'ils restituent à la fin de
l'impulsion ». Pour une situation de course, il s'agit du même
mécanisme en plus rapide. L'ensemble du système permet un «
amortissement ressort » grâce aux propriétés
viscoélastiques du tendon achilléen et de l'aponévrose
plantaire, combinés à la contraction du triceps sural et de la
musculature intrinsèque et extrinsèque du pied 28. Le
rôle d'amortisseur intervient également lors de saut. Il s'agit du
mouvement inverse du saut. Un saut se traduit par une triple extension des
membres inférieurs. Son amortissement réside dans une flexion,
étape par étape des articulations des membres inférieurs
29. Au moment où l'ensemble du corps redescend, les membres
inférieurs vont reprendre contact avec le sol de façon
liée à partir des extrémités des deux gros orteils,
le dessous des autres orteils, la tête des métatarsiens et enfin
l'isthme et les talons. En parallèle, de façon
synchronisée, Germain. C & Lamotte. A (1990) 30
décrivent la flexion simultanée des chevilles, des genoux et des
hanches pour arriver vers la stabilisation sur les deux jambes. Les muscles du
pied, qu'ils soient extrinsèques ou intrinsèques agissent comme
amortisseur, comme réceptionneur et stabilisateur dans ces
différentes phases.
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